La sonnette feule. Dans le sommeil, je trouve le gîte et le couvert ; les arbres ont pour fruits les mots passés. Il y a des miettes de phrases auxquelles ma mère n’avait pas fait d’ourlet ; il y a un orchestre effiloché.
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Accueil > Un ange à notre table
Dernier ajout : 6 avril.
La sonnette feule. Dans le sommeil, je trouve le gîte et le couvert ; les arbres ont pour fruits les mots passés. Il y a des miettes de phrases auxquelles ma mère n’avait pas fait d’ourlet ; il y a un orchestre effiloché.
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C’est de l’autre côté, tu sais, le ciel au bout du cloche-pied — craie couleur marelle — Lance ton caillou, marche pas sur la ligne !
C’est de l’autre côté, le vert, l’herbe en liberté Avance sur les mains ! tu sens ? ventre affolé tourterelle disséminé dans l’aubépine
C’est de l’autre côté, mon soleil ton oubli, le rebord de la fenêtre
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Certains soirs, je rouvre la plaie. J’appelle à moi le manque.
Sur ma table s’entassent des feuilles, des mots agglutinés que je racle à vif. Demeure la trace d’une langue soufflée bas.
L’œil de lampe éclaire une partie de la table.
On doit tâcher d’être à nu, sans socle. Un œil sévère.
J’ai des trous dans l’enfance qui me reviennent en braille en neiges éternelles
Des cœurs noircis par la suie des jours sans fin de petites cicatrices (mal refermées) sur des lueurs d’insouciance
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peut-on faire l’ inventaire des visages croisés aimés oubliés peut-on cerner dis cerner la trace laissée par les regards familiers ou lointains que l’on porte en soi et dont le poids s’ accroît sans cesse
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Je découvre ma foi dans la vérité des ombres . L’arbre ne subsiste pas au vert, il révèle son obscurité. Une rafale laisse voir le feuillage tremblant.
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Au wasserfall, on rit à gorge déployée, et lui-même déploie ses eaux : on a l’impression de rire ensemble, l’impression d’un rire collectif.
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