Terre à ciel
Poésie d’aujourd’hui

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Adeline Baldacchino

mardi 10 octobre 2017, par Sabine Huynh

Poèmes inédits – série : D’écrire

1

créer serait cela :
ce désir qui fermente dans le corps
peuplé de mots qui le débordent

la coupe est pleine
de nuit qui singe la lumière
tu ne sais plus écrire

faut-il ou non
fracasser les sentinelles du rêve
contre la chair molle du temps ?

2

parfois tu t’étrangles d’effrois
mêlés au bruit sourd de la nuit
dans le corps qui craque

il faut écrire enfin
soulager la meute épuisante
des mots perdus

retranscrire le paradis
sur parchemin
pour l’inventer.

3

souvent tu navigues à vue
dans l’éclatante ascèse
des solitudes

vers quel amer
qu’il suffirait de dire
pour le croire

de se rappeler
de l’arbre juste
du juste qu’on enlaçait.

4

tu n’as pas besoin de hache
pour émonder
la stupeur

n’as-tu pas besoin
de souvenirs
pour devenir ?

il faudrait que tu sois
cette paume plus ouverte
plus oublieuse

5

ni brûler ni
se noyer même pas
sur les bords

ni jouir ni
s’en dédire même pas
sur le principe

juste s’avancer
dans la joie qui t’effleure
ou te fuit

6

sourdre de toi-même
ou t’allonger
sur le dos du temps

te laisser
porter
chevaucher

t’écarteler
volontairement
te déjouer

7

puis te donner
tout entière
à qui ne demandait rien

sans verso ni versets
sans reliures sans revers
sans prières ni pliures

renversée
sur les pages blanches
plus nues que la peau.



ADELINE BALDACCHINO, née en 1982 à Rillieux-la-Pape, a étudié la philosophie et l’ethnologie avant d’entamer un cursus en politique publique qui la mène à la Cour des comptes. Elle publie de la poésie depuis 1999. Ses deux derniers recueils sont parus chez Rhubarbe : 33 poèmes composés dans le noir (pour jouer avec la lumière) en 2015 et 13 poèmes composés le matin (pour traverser l’hiver) en 2017. Elle anime depuis deux ans un cycle de rencontres mensuelles de poésie vivante au Théâtre des Déchargeurs en partenariat avec le Printemps des poètes. Enfin, elle collabore régulièrement à l’aventure du collectif et du magazine Ballast. Son site : http://abalda.tumblr.com/

Bibliographie

Poésie et proses poétiques
13 poèmes composés le matin (pour traverser l’hiver), Ed.Rhubarbe, 2017
La chair et l’ombre, livre d’art avec Michel Rémaud, 2017
33 poèmes composés dans le noir (pour jouer avec la lumière), Ed.Rhubarbe, 2015
Petites peaux de poèmes, Hors-série de la revue 22 montée des Poètes, 2006
Le poème du (c)RIEN, Hors-série de la revue 22 montée des Poètes, 2004
L’outre-nuit, collection Franche-Lippée, Ed. Clapas 2002
Voyages de la sève, collection Les Ami(e)s à voix, Ed. Clapas 2001
Traduit de l’éclair, collection Franche-Lippée, Ed. Clapas 2001
Parois d’un Miroir, collection Les Ami(e)s à Voix, Ed. Clapas 2000
Plein masque, collection Franche-Lippée, Ed. Clapas 2000
Il faut aimer avant de vivre, collection Tiré-à-Part, Ed. Clapas 2000
Ce premier monde…, collection Les Ami(e)s à Voix, Ed.Clapas 1999
Que le mot d’escriture…, collection Franche-Lippée, Ed.Clapas 1999
Les ombres du Graal, collection Les Pierres du Pressoir, Ed Clapas 1999

Essais
Michel Onfray ou l’intuition du monde, Ed. Le Passeur, 2016
La ferme des énarques, Ed.Michalon, 2015
Fragments inédits de Diogène le Cynique, présentation et traduction, Ed.Autrement, 2014
Max-Pol Fouchet, Le feu la flamme, Une rencontre, Ed. Michalon, 2013 (prix docteur Carrière 2015 de l’Académie des sciences morales et politiques)



MINI-ENTRETIEN AVEC SABINE HUYNH

Mon grand-père m’a offert quand j’avais dix ans le bel ouvrage illustré Les plus belles pages de la poésie française (Sélection du Reader’s Digest, 831 pages). J’ai découvert récemment, lors d’une discussion que nous avons eue, que de ton côté, tu avais toi aussi reçu ce livre, de ta grand-mère ! Mon amour pour la poésie et des anthologies de poésie est né de ce merveilleux cadeau, ma Bible poétique pendant des années. Qu’en est-il pour toi ?
Oui, j’ai été très heureuse de découvrir cette incroyable coïncidence, de celles qui relèvent du « hasard objectif » auquel je ne peux cesser de croire ! En fait, tout a commencé pour moi en deux temps : d’abord le temps des livres lus – ce fut grâce à ma grand-mère, Mamy Paule, à qui je dédie d’ailleurs un poème de mon tout dernier recueil, et le temps des livres à écrire – ce fut grâce à un instituteur, je vais te raconter cela… Cette anthologie, donc, recouverte de (faux ?) cuir rouge et à la tranche dorée, a constitué un viatique, une sorte d’encyclopédie de la beauté qu’on pouvait fabriquer avec des mots. Je me souviens en particulier d’y avoir découvert « Le lac » de Lamartine avec des frissons. Quelques années plus tard, ma grand-mère m’offrit l’un des rayons tout entier de sa bibliothèque, peut-être celui auquel elle tenait le plus : ce furent les douze volumes bleus de l’anthologie des éditions Rencontre sous la direction de Robert Kanters et Maurice Nadeau, qui date de 1966. Le plus beau cadeau du monde…

Quand as-tu commencé à écrire de la poésie ?
Je date très bien cette « première fois » : j’étais à l’école primaire de Vaulnaveys-le-Haut, un tout petit village de l’Isère. Le maître d’école était un fou de poésie qui avait eu une idée géniale : nous demander de piocher au hasard dans un immense bac plein de livrets de poésie classique et contemporaine, et de choisir chez nous, chaque soir, le poème que nous voudrions lire le lendemain matin devant les camarades. Il n’y avait pas de notion de contrôle ou d’obligation attachée à cela. Il ne s’agissait pas d’apprendre par cœur mais seulement de lire pour découvrir puis partager. Il s’y ajoutait même la dimension du jeu, puisque le maître nous demandait de deviner le nom de l’auteur du poème et participait lui-même à l’exercice. Un jour, mue par je ne sais quelle impulsion, j’écrivis un poème sur l’immense cerisier du voisin qui donnait dans la cour d’école, je le cachai dans un volume – je ne sais plus si c’était de Lamartine ou d’Aragon, et quand ce fut mon tour de lire, je déclamai le texte, comme si de rien n’était. Je suis certaine aujourd’hui qu’il devina aussitôt ce qu’il en était, mais il eut l’intelligence de jouer le jeu – nommant une dizaine de noms célèbres avant de risquer le mien. J’en fus ébahie, flattée sans doute comme une petite fille de huit ou neuf ans peut l’être, très fière. Et toute l’année, je continuai d’alterner, dans les lectures, entre mes tout petits poèmes et ceux de Guillevic ou d’Eluard. Ce fut le début de tout… Il s’appelait René Colin et je lui ai chaque année, jusqu’à la fin, adressé à Noël une carte de vœux et les textes que je publiais. Il me répondait toujours avec des cartes de l’association des amis d’Henri Bosco. Il y a des magiciens qui vous changent la vie sans le savoir.

Trois mots qui pour toi ont à voir avec la poésie ?
L’amour. La mer. La mort.
Indissolublement liés. Mais chacun se ramifierait à l’infini. L’amour c’est aussi l’enfance, et la chair et son ombre, et la douceur qui signale peut-être le véritable miracle, quand on retourne à l’enfance comme par un jeu de miroir, quand 1+1 découvrent le désir de faire 3. La mer dit la liberté, la folie, la puissance, tout ce que la nature nous offre d’étoiles renversées, de vagues démentes, d’écume qui miroite et qui noie. La mort implique la mémoire, la fidélité, le destin. La poésie n’est qu’une autre manière d’explorer à l’infini les ressorts du mystère d’exister. Le poète emploie d’autres moyens que ceux du philosophe mais ne cherche rien d’autre : qu’à se supporter, qu’à se consoler, qu’à se rassembler.

Poésie contemporaine : que signifient ces mots à tes yeux ?
Quelque chose de très simple et qui n’a rien à voir avec des affaires de « courants » ou d’école. La « poésie contemporaine » n’est jamais que le nom que je donne à la poésie des vivants, à celle qui s’écrit et se publie en ce moment ou, mettons, dans les 50 dernières années, après la dernière page des « manuels » de poésie qui s’arrêtent plus ou moins avec Aragon, Char, Saint-John Perse. Interrogeons dans la rue, au hasard, les gens pour savoir quel est le nom du poète le plus récent qui leur vienne à l’esprit : « poésie contemporaine », pour moi, recouvre tous ceux auxquels l’inconnu du micro-trottoir ne pensera pas s’il ne les a pas croisés dans un festival, dans une librairie, dans une émission de radio. Ces contemporains qui sont pourtant légion, des bons et des mauvais, certains que j’aime follement et d’autres que je ne comprends même pas.
Ce que je me refuse absolument à faire, c’est à enfermer les poètes dans des cases ou des boîtes à outils. Je me moque de savoir qui est lyrique ou zutiste, poète sonore ou poète casqué, qui se veut moderne ou classique, objectiviste ou que sais-je. Les poètes contemporains sont comme les poètes de tout temps : leur force ne réside que dans leur absolue singularité, quelle qu’en soit la forme. Cette singularité, c’est la capacité qu’ils ont de parler de notions universelles et intemporelles (l’amour, la mer, la mort…) d’une façon qui leur est absolument propre et qui nous atteint directement par ce caractère d’évidence, une sorte de « reconnaissance » aux deux sens du terme. Evidemment, chacun de nous, avec sa biographie, ses idiosyncrasies, sa sensibilité, peut se sentir bouleversé différemment, plus ou moins par l’une ou par l’autre de ces voix qui lui parlent dans le brouillard. Et c’est tout le miracle de la poésie, quand elle n’est pas une imposture – j’entends par imposture ce qu’en disait déjà Roger Caillois, une poésie qui renoncerait à dire quelque chose, se perdrait dans la pure superfluité de l’automatisme, dans la pure gratuité du bazar verbal sans queue ni tête.

Quelle place a la poésie dans ta vie quotidienne ?
Une place variable selon les périodes. Il peut arriver que je n’en lise pas ni n’en écrive pendant des semaines. Puis que je ne lise plus que cela et n’écrive plus que des poèmes pendant des mois. Je n’en ai pas une pratique ascétique ni contrôlée. C’est l’espace verbal de la plus grande intensité : par elle que passe l’extrême joie, qui n’est jamais aussi grande que quand on la raconte pour la dilater, et l’extrême douleur, qui n’est jamais aussi supportable que quand on la décrit pour la circonscrire. La poésie, c’est le bras armé des émotions, la colonne vertébrale du temps : ce qui traduit la splendeur et donne consistance à la fureur, ce qui exalte l’existence et la retient quand elle n’en peut plus, ce qui permet un instant de briser le cercle de la solitude. Par elle, on croit rejoindre. C’est une illusion, celle de l’asymptote : la ligne qu’on tend vers l’autre se rapproche de lui à l’infini mais ne le touche jamais. Ce n’est pas bien grave. Je crois qu’à force de se rapprocher, on finit au moins par sentir un souffle, une caresse, un rien de tendresse. Ce petit rien qui fait tout. Sans la poésie, je me sentirais amputée de la meilleure part de moi-même, et privée de la plus belle part des autres.

Comment lierais-tu (si tu les lies, mais je pense que oui) poésie et engagement politique ?
C’est une grande question que je n’ai toujours pas complètement réglée. Il y a une tension constante entre l’individualisme et le collectivisme dans la réflexion politique qui m’est le plus chère – celle des anarchistes. Je parle évidemment là des anarchistes « positifs » de la grande tradition libertaire qui part de Diogène, pas des poseurs de bombes ou des assassins. La poésie constitue peut-être un pont (parmi d’autres, je n’ai pas envie de prétendre qu’elle a vocation à changer le monde, ce serait se payer de mots) entre l’aspiration furieuse à la liberté personnelle et la volonté méthodique d’aider ceux qui souffrent en participant donc à des actions organisées. La poésie serait une manière d’échapper sans cesse à la tyrannie renaissante. De rappeler, même aux révolutionnaires, que la révolution ne sert à rien si elle doit à son tour étouffer la révolte.
Il y a eu un grand débat au vingtième siècle, au sortir de la seconde guerre mondiale, avec des gens comme Benjamin Péret ou Claude Cahun qui refusaient absolument la notion de poésie engagée en considérant qu’elle était pure propagande d’ordre nationaliste ; et tous les poètes dits de la Résistance, qui ont au contraire considéré que c’était leur honneur que d’avoir affirmé par leurs vers le refus de plier. Je ne veux pas choisir, je ne veux pas des cases qui sont des cages. Il a pu y avoir de grands et de médiocres poètes engagés. De grands et de médiocres poètes « dégagés ». Je ne peux pas cracher avec Péret sur Eluard ou Aragon. De manière plus générale, je n’aime pas beaucoup le registre sardonique du reproche ou du mépris, la pose dandy de l’art pour l’art et de l’esthétique pure. Je crois simplement qu’il ne faut pas tout confondre. Il y a un temps – celui de la parole – pour la poésie, et il y a un temps – celui des actes – pour la politique. Je ne crois pas à la poésie pure en lévitation par-dessus le réel et qui ne dirait rien des conceptions du réel que se fait le poète. Je ne crois pas plus aux éructations confortables du littérateur de salon. Je crois à une humilité de la parole poétique, qui doit être sans illusions, mais sans renoncement. Dire le monde, et tant mieux si cela contribue à nous faire prendre conscience qu’il faudra aussi le changer.
La poésie ne suffit pas mais la poésie peut beaucoup. Parce qu’elle ouvre des brèches dans l’âme, charge à chacun de s’y engouffrer de tout son corps. Je crois assez que toute vraie poésie est révolutionnaire, qu’elle le veuille ou non, mais il peut s’agir aussi bien de révolution spirituelle que matérielle, et vice versa. Le poète n’admet pas de se taire, c’est en cela qu’il sera toujours à sa façon, plus ou moins virulente ou tendre, impérieuse ou discrète, une mouche du coche au sens de la Fontaine.

Je ne peux m’empêcher de te demander si ta formation d’énarque après une formation littéraire a modifié ta façon d’appréhender la lecture et l’écriture.
J’espère bien que non ! J’ai écrit tout un livre (La ferme des énarques, un hommage à Orwell) pour m’en expliquer. L’ENA n’apprend ni à lire ni à écrire. Mais n’empêche pas non plus de continuer à lire – et d’écrire plus que jamais, j’essaie de le prouver. Bien sûr, il faut pour cela constamment se garder de la tentation du conformisme confortable, des masques odieux et de l’arrogance parfois inconsciente que confère la posture de technocrate tout-puissant. Garder, plus que jamais, la distance critique. Ne rien céder aux moqueurs qui inventent le cynisme à rebours, celui des lécheurs de bottes, et se souvenir de Diogène, n’aimant les chiens qu’en grands aboyeurs de vérités qui font mal. Je suis cependant persuadée que si cette école doit continuer d’exister, cela se discute d’ailleurs, il faut absolument qu’elle retrouve sa vocation initiale, à savoir insuffler « le sentiment des hauts devoirs que la fonction publique entraîne » et « donner les moyens de les bien remplir » (c’est le texte même de son ordonnance fondatrice en 1945). Et pour cela il faudra redonner, de manière volontariste cette fois, sans laisser place au seul hasard des parcours individuels, une place mille fois plus importante à l’étude de grands classiques comme de contemporains engagés. Le véritable humanisme, que défait petit à petit le néolibéralisme, est à ce prix.

Es-tu une « touche à tout », comme Max-Pol Fouchet, à qui tu as consacré un ouvrage biographique ?
Je pourrais en tout cas répondre, comme lui, que tout me touche. Et que je tente de transmuter ce qui pourrait être un défaut et mener à la dispersion en une force, de faire un bouquet de ces passions et de ces appétits, de cultiver mes neuf vies comme font les chats, mais en une seule, ici et maintenant, puisque je ne suis pas certaine des huit autres. C’est Camus qui le disait encore mieux : « Il n’y a pas de limites pour aimer, et que m’importe de mal étreindre si je peux tout embrasser… ». Bon, il m’importe aussi de bien étreindre, mais seulement un homme, un enfant, un animal, une fleur, une mère, un poème… Le reste est fait pour être effleuré.

Quels sont les poètes, ou écrivains, ou penseurs, qui comptent le plus à tes yeux ?
Cela a toujours été une question difficile pour moi qui n’aime pas choisir. J’ai d’abord rêvé avec Jules Verne, Alexandre Dumas et tous les écrivains de l’aventure, de London à Kessel. Découvert le monde et sa psychologie avec Balzac et Dostoïevski. J’ai été marquée par Henry de Montherlant et Colette, indépassables pour le style. Beaucoup lu Cioran, côté nuit, et Giono, côté lumière. J’ai violemment aimé Henry Miller à l’adolescence. J’ai dévoré Nietzsche et Montaigne, soupçonné que Spinoza me plairait un jour, exploré la lignée libertaire qui passe par Orwell, Camus, mène à Onfray, Michéa ou Ragon de nos jours. Rêvé d’écrire les mémoires d’Omar Khayyam comme Marguerite Yourcenar a écrit celles d’Hadrien. Du côté des romanciers, je n’en finirais pas, encore que sur les purs contemporains, il en est peu dont je guette vraiment les sorties, peut-être Quignard, Chamoiseau, Rolin, Deville, quelques autres. À mon petit Panthéon personnel de poètes, j’inscrirais volontiers des gens aussi différents qu’Eluard et Cendrars, Saint-John Perse et Supervielle, Michaux et Jaccottet, plus près de nous encore Siméon et Maulpoix, Nimrod et Maximin en héritiers/frères de Senghor et Césaire. Mais il y a tant de voix magnifiques – on les retrouve souvent du côté des « Hommes sans épaules », une revue qui compte beaucoup pour moi et qui a pris la relève des surréalistes et de Reverdy. Et puis de nouvelles voix, y compris engagées comme celle de Joseph Andras qui a récemment sorti un recueil étonnant chez Actes Sud, avec un rappeur, D’de Kabal. Je n’ai pas d’idoles, mais des emportements, des extases, des admirations. Et Rimbaud et Rilke alors ! Et Leonard Cohen ! Mais il faut que je m’arrête avant de transformer cette réponse en inventaire à la Prévert – tiens, en voilà encore un dernier, donc, pour la route…




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1 Message

  • Adeline Baldacchino « Une caisse de poèmes » Le 18 juillet 2018 à 10:22, par Lucien Noullez

    L’anecdote de votre fabuleux instituteur me ramène à mon amie Christine Henrard, qui fut longtemps professeur de français dans le secondaire, en Wallonie. Elle ouvrait une boite à trésor analogue pendant cinquante minutes, toutes les semaines, et laissait les élèves de 17 ans se régaler de poésie. Certains n’ouvraient aucun livres, mais ils demeuraient en silence. Parfois, l’un ou l’autre s’endormait. Cela mettait en fureur quelques collègues de Christine : « - C’est qu’ils ont besoin de sommeil ! » disait-elle. La poésie était associée au seul fait d’être là, à la liberté de vivre… Inutile de vous dire que, lorsque Christine me permettait de rencontrer ses classes, pour témoigner de ma vie de poète, je tombais sur des jeunes gens vraiment bien préparés, posant des questions judicieuses… et il ne m’étonnerait pas que certains d’entre eux, de vrais adultes, aujourd’hui en lisent encore.

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