l’homme qui était en fait un épouvantail (extraits)
αργο- [aryo-] et αργό- [aryό] élém. « lent, oisif ». αργός, - ή, -ό adj. (βήμα, ρυθμός, κινήσεις) lent. / désoeuvré, oisif, inoccupé. / ( λίθος) brut. αργά adv. (μιλώ) lentement. / tard. αργότερα adv. plus tard. αργία n. f. oisiveté θ. / jour férié αρ. // (sport, etc.) suspension θ. αργοκίνητος, -η, -ο adj. lent. αργόμισθος, -η, -ο adj. planqué αργοπορία n. f. retard αρ. αργοπορώ (-έω) v. intr. (27). être en retard, retarder. αργοπορημένος, -η, -ο adj. et n. en retard, retardataire. αργοσβήυω [αργόσβησα] v. intr. mourir à petit feu. / vaciller. αργόσχολος, -η, -ο adj. et n. désoeuvré, oisif, fainéant αργώ (-έω) v. intr. (27). tarder, être en retard. / (théâtre) faire relâche
alors le pilote
plongera
dans mon œil
ne pourra pas
détourner
son œil de mon œil
alors le pilote arrivera
à détourner
son œil
de
mon œil
ou plutôt c’est l’appareil
qui poursuivant sa course
et personne n’a rien vu le copilote
fait des blagues
au
pilote qui
regarde droit
devant lui ne voit rien regarde
en fait derrière lui en fait dedans
sa tête l’homme qu’il a vu qui est moi
qui ne bouge pas
au point de ralentir tout
ce qui m’entoure
metríste mékhri to tría
la guerre est loin
d’ici où tous les déserteurs se retrouvent
metríste mékhri to tría
la grèce est loin on ne touche
presque pas terre
on sait à peine le temps qu’il fait
les oiseaux sont
remplis de mousse sur les arbres
les arbres sont en carton
metríste mékhri to tría
il ne faut pas s’appuyer sur les arbres
il ne faut pas s’adosser aux murs
il faut retenir son souffle
jusqu’à voir des couleurs
je suis assis
l’hiver
me lève
ne vient pas
je construis des cabanes ou
des bateaux ou des tours où j’attends
et quand je sors je
rentre avec de grandes
brassées de bois
o khimónas tha érthi
tin epómeni evdomáda
kai tha teliósi
aftó pou akolouthí
alors il sera temps de
faire semblant de
ne pas trouver le chemin
de ma maison en sucre
sachant bien qu’aucune
malheureusement sorcière n’attend derrière la porte
ni devant la cheminée où un grand feu
sachant bien qu’il n’y a pas de cheminée
ou qu’on n’allume plus
alors certains
posent leurs
paumes
sur les plaques de cuisson
alors le bois
trempé enfume la pièce
l’église sonne quinze coups je crois
il est trop tard
trop tard vraiment pour tout
traduction des passages en grec
metríste mékhri to tría : : comptez jusqu’à trois
o khimónas tha érthi : l’hiver viendra
tin epómeni evdomáda : la semaine prochaine
kai tha teliósi : et finira
aftó pou akolouthí : celle qui suit
Entretien avec Clara Regy
Qu’est-ce qui vous a conduit à la poésie, ou vers elle si vous préférez ?
Mon premier recueil est né d’un long voyage en solitaire à travers la Scandinavie. L’écriture s’est imposée comme une nécessité à partir du moment où j’ai eu l’impression d’avoir « quelque chose à dire ». Certes, j’écrivais depuis très jeune, essentiellement de la poésie d’ailleurs, mais l’idée du recueil à publier ne s’est imposée qu’à partir de cette expérience initiatrice en quelque sorte, dont l’intensité et la singularité ne pouvaient pour moi être transmises que de cette manière.
Est-ce la lecture de poètes ou d’auteurs particuliers qui vous a donné l’envie d’écrire des textes aussi musicaux et intrigants que ceux que vous nous proposez ici ?
J’ai été fortement marqué par la lecture de James Sacré, et notamment son recueil America solitudes, dont j’admire la simplicité et la déconstruction syntaxique/idéologique. Plus récemment, je me suis intéressé aux poètes influencés par l’objectivisme américain, dans la lignée d’Emmanuel Hocquard. Le parti pris de décentrement et le retour à la performance ont ouvert de nouveaux horizons dans mon écriture. Je travaille également à la traduction d’une poétesse grecque contemporaine, Phoebe Giannisi, dont la lecture m’a poussé à me tourner vers des formes proches du poèmes en prose.
Vos moments d’écriture sont-ils quotidiens, ritualisés ou plutôt impromptus voire sauvages ?
J’écris de manière quotidienne, mais cela par périodes. Je peux passer plusieurs mois sans écrire une ligne, mais lorsque j’entreprends un projet d’écriture ou de traduction, j’essaie de m’astreindre à une discipline d’écriture quotidienne.
Qu’aimeriez ajouter ici ?
Ma génération a la chance de voir naître de nombreuses jeunes voix poétiques, et notamment des voix féminines. Tout événement, toute revue, toute maison d’édition devrait selon moi prendre en compte cette réalité et donner à ces personnes une réelle représentation.
Et enfin quels sont les 3 mots qui vous sembleraient définir ce que l’on nomme « poésie » ?
réel
rythme
transe
En bref, je suis né en 1998. J’ai grandi entre l’Auvergne, la Normandie et la région lyonnaise (ma ville de cœur). J’étudie actuellement les Lettres Modernes (M2) à l’ENS Ulm tout en préparant une école de journalisme (le CFJ). L’an dernier, j’ai eu la joie de remporter le prix de La Crypte, et c’est donc dans cette maison que j’ai publié mon premier recueil : volvere. Je suis tout juste de retour en France après un séjour de plus de cinq mois en Grèce. J’ai pu apprendre la langue, lire la poésie contemporaine grecque (que j’espère commencer à traduire bientôt) et amorcer l’écriture d’un recueil que je viens d’achever : l’homme qui était en fait un épouvantail.