Le froid pèle les faces
Plus de trous de nez à nos statues
Que des stalactites qui nous relient à la débâcle
Bon signeJ’attends tu attends
Que ça redémarre
Un rayon de soleil
Puis le cycle de l’eau
Dans les caniveaux
Avant de t’enfuir au levant
Qui ressemble à un couchantTa silhouette est la dernière main
Ajustée sur l’horizon livide
Tu tournes au coin de l’avenue
Et à cet instant je jure que notre ville
Est un fétu d’absence
La sirène des pompiers met à distance
Les accidentsCe n’est pas pour aujourd’hui
Que sera visée notre case
De bataille navaleAu loin quelques bateaux roulants coulent
Comme des notes impromptues
Et tant pis pour ces mauvais conducteurs
S’ils déchantent le jourLa sirène des pompiers nous prie de rester
Immobiles
Devant la falaise de l’entendementTout bien entendu
Bien entendu
A l’heure du couvre-feu
Pour nous qui courons toujours
Vers une cachette plus performante
Le sage suit exactement les bords de la route
Qui sont les clôtures des immeubles fermés
Les bordures de forêts piégées
Les talus des no man’s land paysagers
Il en conclut que la vie
Est une question d’ensembles
Mais lui refuse d’entrer à l’intérieur
Comme un corps déshabillé
Par ces mondes curieux
Il refuse d’être irradié en douceur
Au hasard des bienfaisances d’humains
Saisies au passage
C’est lui le passage
C’est lui la force
Qui a choisi de ne pas finir au placard
Dans un endroit d’où sortir juste
En marche arrière
Mini entretien par Cécile Guivarch
D’où vient l’écriture pour toi ?
Question trop vaste pour y répondre complètement. Pour résumer, l’écriture vient avant tout chez moi d’un sentiment d’ennui qui me pousse à essayer de rendre à mes yeux la réalité plus intéressante, plus réelle en quelque sorte, et dans laquelle les possibilités seraient plus nombreuses. Et même s’il ne s’agit que d’écriture...
Comment travailles-tu tes écrits ?
Plutôt sur du papier que sur un écran. Et dès que j’ai un moment de libre...
Quelle est ta bibliothèque idéale ?
Elle se compose pour moitié de poésie et pour moitié d’autres textes de fiction : et d’ailleurs, ma bibliothèque idéale existe déjà en partie. Côté fictions, des livres de Melville, Conrad, London, Verne, Selby junior, Martinet, K Dick et côté poésie, des livres de Rimbaud, Lautréamont, Laforgue, Corbière, Trakl, Duprey, Maïakovski...
Petite bio-bibliographie
Né en 1971 à Nevers, Patrice Maltaverne a publié des poèmes dans une trentaine de revues ainsi que les textes suivants (derniers parus) :
- Faux partir, éditions Le Manège du Cochon seul, 2009
- Prélude à un enterrement sur la lune, 36° Edition, 2010
Anime le poézine Traction-brabant depuis janvier 2004 : 49 numéros en circulation à ce jour, ainsi que les toutes récentes éditions Le Citron Gare, http://lecitrongareeditions.blogspot.fr/