quelques heures
une nuit peut-être
s’apercevoir que
les objets ont revêtu
d’autres voix
il y a peu encore
le bruissement des feuilles
les roches
les bruyères
tout cela embrassait
la magie
du vent
à l’ombre des arbres
le silence se repose
envisage d’autres
couleurs
__________d’autres
chemins à poursuivre
seulement habité par
les vestiges les visages
les souvenirs
l’arbre nouveau
contemple sa forêt
a-t-il su un jour
les dérobades
les regards absents
les silences retenus ?a-t-il su tout cela
bien avant
le fracas des nuits
qui ignorent le jour à venir ?
de loin en loin
quelques arbres
quelques routes aussi
acceptent
nos voix
nos visages
sous nos yeux
les ruines
les bruyères
comme un silence
qui cherche à se défaire de ses
paysages
au bout de l’horizon
les racines se perdent
se laissent
envahir
par d’autres souvenirs
les temps___les visages
marqués
creusés
à force de mots
il n’y a plus
les étoiles les collines
les regards marqués
par la folle volonté
Ne pas perdre le fil
Mini-entretien de Cédric Merland par Clara Régy
Peux-tu dire quand et comment la poésie est venue vers toi, ou peut-être es-tu allé vers elle ?
Cela s’est fait un peu par hasard. Oui, c’est peut-être elle qui est (re)venue vers moi : après plusieurs années sans écrire (et j’étais convaincu que je n’écrirais plus !) : un ami plasticien m’a demandé des textes pour accompagner ses estampes. Cette idée de partage, de dialogue m’a séduit et redonné envie de mots. J’attache beaucoup d’importance à cette idée d’échange, comme dernièrement à l’occasion d’un livre pauvre avec Philippe Agostini, mais bien sûr également avec mes ami-e-s poètes.
As-tu des petits (ou grands) rituels lorsque tu écris ?
Non, je n’ai pas réellement de rituels lorsque j’écris : cela se fait simplement tard le soir, dans ma cuisine. Je peux ne pas écrire pendant plusieurs semaines et remplir un petit carnet en quelques soirées. Cela dépend notamment du projet puisque certains de mes poèmes sont conçus comme des séries (où tout se joue sur les répétitions et variations) tandis que d’autres sont plus indépendants les uns des autres, même si j’aime bien trouver une certaine cohérence pour chaque carnet. A partir de là, je travaille très peu mes textes.
Dans ces textes la nature semble très présente est-ce une bonne piste pour te lire ?
C’est vrai que la nature est très présente... moi qui suis de la ville et n’imagine pas les promenades en forêt le dimanche ! En fait, la nature constitue à mes yeux un ancrage pour évoquer le temps qui passe, comme des paysages intimes qui disent - tentent de dire - notre rapport au monde et au temps qui s’échappe. C’est sans doute un prolongement de mon activité de photographe, dans laquelle j’ai un intérêt tout particulier pour les lieux usés, leurs traces d’existence en cours d’effacement.
Quels sont les auteurs qui te suivent dans ton quotidien ?
Il sont nombreux ! Disons que plusieurs familles co-existent et se croisent. Parmi les plus importants, il y a Blaise Cendrars, Aragon et Raymond Carver, mais aussi de nombreux poètes américains comme Allen Ginsberg (que j’ai eu le plaisir de rencontrer), Richard Brautigan, Charles Bukowski et Dan Fante.
J’ai également une grande sympathie pour de nombreux poètes contemporains, parmi lesquels Lionel Ray, Alexandre Bergamini, Thierry Radière, Estelle Fenzy, Serge Prioul, Jean-Christophe Belleveaux, Sandra Lillo ou Christophe Bregaint, Isabelle Bonat-Luciani, Alissa Thor et Pénélope Corps.
Comme je lis également de nombreux romans, d’autres noms me viennent en tête : Olivier Sebban, Philippe Annocque, Stéphane Vanderhaeghe, Patrick Deville, Carole Zalberg ou Joseph Incardona, qui tous m’intéressent par l’originalité de leur univers et la force de leur travail sur le langage.
Peux-tu résumer l’écriture en 3 mots ?
Voix . Intime . Paysage
(Page établie avec la complicité de Roselyne Sibille)
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