Terre à ciel
Poésie d’aujourd’hui

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Cédric Landri

samedi 28 mars 2015, par Cécile Guivarch

Les étoiles tanguent
bateaux sans ancre
dans l’océan voûte
liquide sombre
presque tombe.

Elles ne vacillent pas
ne coulent ne meurent
au contraire elles dansent
valsent sur les ondes
des rondes lactées.

J’aime ton optimiste
toile des étoiles.

Le croissant doré
de la lune
titille ma gourmandise.

Tel qu’il est ciselé
il ne me donne pas
faim
je crains trop
de me perforer le palais.

La pleine lune te rassurerait ?

Pas vraiment mieux
l’étouffement.

Sous le pâle éclat lunaire
tout est flou
ombres chinoises
les frontières des corps
se diluent
et chaque paire d’yeux
appartient à l’immense
pénombre.

Au hululement que j’entends
les iris là-bas se fixent
à une frimousse
hulotte.

Ou à une pénombre qui l’imite.

Les dernières lueurs
sans pitié gobées
par les cumulus
l’obscurité
pèse trop soudain
sur nos épaules courbes.

Je devine encore
un peu les limites
du chemin.

Où mène-t-il au fait ?

À la lumière j’espère.

Pose ta main tendrement
sur la terre
la matière poussiéreuse
dis-moi
que tu es sûr et certain
de ne pas tourner en rond.

L’obscurité a beau rattraper
notre sombre marche
je ne la laisserai
jamais ô non jamais
nous prendre
pour une bourrique
égarant le nord.

Doux rêveur je te trouve
doublement à l’ouest.

Alors que l’écharpe noire
de la nuit
rhume de nuages
nous bouche toute vue
n’est-ce pas devant nous
un groupe de sauveurs ?

Les points minuscules
à ras des chaussures ?

Oui
malgré leur taille
un peu pouce
ils suffisent à nous orienter
ces vers luisants.

Les nuages
importuns dans la nuit
s’éloignant
nos yeux désespérés
revoient lentement les étoiles
et je perçois de nouveau
autour du chemin
formes reliefs
senteurs.

Les ténèbres t’avaient ôté
l’odorat ?

Je ne sens
que ce que je vois.

Cette étoile
filante
un peu timorée
tisse un territoire
pour nos vœux
presque multipliables
à l’infini.

Excuse mon sourire
rire naissant
mais tu confonds
astre et avion.

Profitant de l’obscurité
une créature indiscrète
nous suit.

C’est ton imagination
qui déborde
de ton crâne
et laisse une traînée.

Connais-tu des imaginations
capables de produire
ces grognements ?

Les chimères
dans tes oreilles ?

Se libérant de l’horizon
le soleil pointe
petit à petit
le bout d’un crayon rayon
fin trait de lumière.

Mon regard arrivait
presque à s’habituer
aux pénombres.

Enfin avançons
confiants et visibles
tels des feutres fluo
sur un papier
crème.


Mini entretien avec Clara Regy

Peux-tu dire que l’écriture a toujours été présente pour toi ?

Presque. Quand j’étais à l’école primaire, j’avais des cahiers sur lesquels je notais de brèves histoires. Pas toujours cohérentes d’ailleurs, mais avec une imagination que l’on perd un peu, hélas, en devenant adulte...
J’ai commencé à écrire des poèmes bien plus tard, à l’université, lors de mes études de Lettres. Car à force de lire de la poésie classique, on a envie de tenter à son tour de faire rimer des vers. Même si le résultat n’est pas toujours concluant. Quant à la poésie contemporaine, c’est plus récent, deux-trois ans environ.

As-tu ce que l’on pourrait nommer un « rituel » d’écriture ?

Pas de rituel à proprement parler, mais un moment me semble plus propice à l’écriture (même si ce n’est pas le seul), c’est celui de la lecture. Car j’ai souvent envie de passer de l’autre côté de la plume. Peut-être parce que les idées insufflent d’autres idées. L’inverse est vrai aussi, écrire me donne envie de lire.

Quelle place occupe-t-elle dans ton quotidien ?

C’est très variable. Il arrive que je ne lise et n’écrive de poésie pendant plusieurs jours, voire des semaines. Ou au contraire, j’ai parfois une frénétique envie d’écrire qui me titille. Au cas où, j’ai désormais souvent un carnet sur moi. Et si je ne l’ai pas, qu’une idée éclot dans ma petite tête, je la note sur un post-it voire... en mémo sur mon téléphone. Tous les moyens sont bons !

Quels poètes ou romanciers marchent ou ont marché à côté de toi ?

Pendant mes études de Lettres, entre autres : Hugo, Verlaine, Rimbaud, Baudelaire et surtout La Fontaine, pour ses fables.
Pour la poésie contemporaine, je n’en connais pour le moment qu’une minorité, l’univers étant encore nouveau pour moi. Mais j’essaie de rattraper mon retard, et je commence à avoir des préférences qui se dessinent, surtout au niveau de la génération des années 70-80 : Amandine Marembert et Romain Fustier, Jean-Baptiste Pedini, Sabine Huynh, Morgan Riet, Guillaume Siaudeau, et bien d’autres. En général, plutôt des auteurs dont le style est fluide, abordable, imagé.
Pour les romanciers, je n’en lis plus beaucoup ; quand je le fais, c’est par genre davantage que par auteur. Ces temps-ci, ce sont les thrillers.

Quels mots pourrais-tu associer à celui de « poésie » ?

« Liberté », « fantaisie », « mots », « musique ». Et « libellule », pour ses douces sonorités.

Cédric Landri

Vivant en Basse-Normandie, Cédric Landri aime tenter de temps en temps l’écriture de différents genres poétiques : la fable, le haïku, le pantoun, le tanka, la poésie libre, etc. Certains de ses textes ont été publiés dans des anthologies (notamment Une Poignée de Pierreries) et revues (Les tas de mots, Traction-Brabant, Paysages Écrits, 17secondes, Ploc¡ la revue du haïku, la Revue du Tanka francophone, Pantouns...).

Publications individuelles :

  • Plaquette de fables : La Décision du Renard, Clapàs (2013)
  • Recueils de poèmes : Les échanges de libellules, La Porte (2014) et L’envolée des libellules, La Porte (2015, à paraître)

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