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Poèmes d’Ada Salas, traduction Jean Gabriel Cosculluela

jeudi 7 avril 2016, par Cécile Guivarch

Dame seca la sed para invocarte
olvido. El coro de las cosas entona
su reclamo. Se acercan en bandadas
los ruidos de los hombres. A través del balcón
resplandece la tarde.

__________________ Dame
no respirar.

Para siempre renuncio a la certeza.

Donne-moi la soif pour t’invoquer
oubli. Le cœur des choses
t’appelle. S’approchent ensemble
les bruits des hommes. Traversant le balcon
resplendit l’après-midi.

__________________ Donne-moi
de ne pas respirer.

Pour toujours je renonce à la certitude.

__

La tarde es una larga conspiración de sombras.
Alza voces remotas. Asalta la morada
de los ídolos. Incendia un corazón
como un paisaje. Arrasa anega
ciega

y la noche al acecho.

L’après-midi est une longue conspiration d’ombres.
Elle élève des voix lointaines. Elle assaillit la demeure
des idoles. Elle incendie un cœur
comme un paysage. Elle dévaste elle inonde
elle aveugle

et la nuit est à l’affût.

__

No sabe del dolor la piedra
que golpea. No la estremece el grito
ni acaricia la mano
que la lanza. Obedece a su peso
y al deseo del aire.
__________________ Mineral
es mi voz.

Hambriento corazón qué puedo darte.

Ne sait rien de la douleur la pierre
qui heurte. Le cri ne la bouleverse pas
ni ne la caresse la main
qui la lance. Elle obéit à son poids
et au désir de l’air.
__________________ Minérale
est ma voix.

Cœur affamé que puis-je te donner.

__

No limpian las palabras.
Alumbran una isla en el lugar
del miedo y extienden una rama
al paso de los pájaros. Acogen
cuanto nace del hambre de las cosas
y mueren en sielencio.
Pero su amor no limpia.

Como no limpia el llanto el rastro
de estar vivos.

Ils ne purifient pas les mots.
Ils mettent en lumière une île dans le lieu
de la peur et tendent une branche
au passage des oiseaux. Ils recueillent
tout ce qui naît de la faim des choses
et meurent en silence.
Mais leur amour ne purifie pas.

Comme ne purifie pas les pleurs le fait
d’être en vie.


Ada Salas est née à Cáceres en 1965. Elle a publié les livres de poésie suivants :

  • Arte y memoria del inocente / Art et mémoire de l’innocent (1988, éd. Université
    d’Extrémadure, Prix Juan Manuel Rozas),
  • Variaciones en blanco / Variations en blanc (1994, éd. Hiperión, Prix Hiperión),
  • La Sed / La Soif (1997, éd. Hiperión),
  • Noticia de la luz / Nouvelle de la lumière (2003, éd. Ecole d’art de Mérida),
  • Lugar de la derrota / Lieu de la défaite (2003, éd. Hiperión),
  • Esto no es el silencio / Ceci n’est pas le silence (2008, éd. Hiperión, Prix Ville de Córdoba),
  • No duerme el animal / L’animal ne dort pas (2009, éd. Hiperión)

puis en 2010, en collaboration avec le peintre Jesús Placencia, Ashes to Ashes / De cendres à cendres (Editions Régionales d’Extremadure). En outre, elle a publié un livre de proses autour de l’écriture poétique Alguien aquí / Quelqu’un ici (éd. Hiperión, 2005) et un essai El margen, el error, la tachadura / La marge, l’erreur, la rature (2011, éd. Diputación Provincial de Badajoz, Prix de l’essai Fernando Pérez).

Vient de paraître en 2013 ce qui est son dernier livre de poésie pour l’heure Limbo y otros poemas / Limbe et autres poèmes, aux éd. Pre-Textos.

Voir la page d’auteur de Jean Gabriel Cosculluela sur Terre à ciel
Dans ce même numéro, un livre d’artiste co-créé par Jean Gabriel Cosculluela et Sylvie Deparis

Source photo : El Día de Córdoba


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