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Comment vivre sur la planète terre, Nanao Sakaki

lundi 3 juillet 2023, par Cécile Guivarch

Traduit par Danièle Faugeras, éditions PO&PSY érès, une lecture de Cécile Guivarch

Nanao Sakaki (1er janvier 1923 - 22 décembre 2008) est un poète japonais considéré comme un représentant majeur de la « Transnational Beat Generation ».

Ancien combattant de la Deuxième Guerre Mondiale, il adopte dès 1947 une vie d’errance, vagabondant dans les rues du quartier Shinjuku, à Tōkyō, en compagnie d’artistes et de marginaux. Il commence à écrire de la poésie, à peindre et à dessiner. En 1963, il rencontre Gary Snyder et Allen Ginsberg, alors en voyage à Kyoto. En 1965, il forme Buzoku ou The Tribe, un groupe communautaire opposé à l’industrialisation, après avoir reçu des terres et créé une exploitation agricole dans la préfecture de Nagano. En 1967, avec Gary Snyder et des vétérans japonais de la Deuxième Guerre mondiale, il fonde le Banyan Ashram sur l’île quasi-désertée de Suwanose-jima dans l’archipel Ryûkyû, au sud du Japon, aidés notamment par l’architecte et artiste suisse Franco Beltrametti.

En 1978, il fait un premier voyage aux États-Unis, où il retournera souvent pendant les 6 décennies suivantes, se rendra jusqu’en Alaska, en Colombie britannique et aux Cascades de l’État de Washington, dans le Maine et à Terre-Neuve, ainsi qu’au Mexique. Sa route de Beatnik le mena aussi en Europe, en Australie, dans l’arrière-pays aborigène, en Asie jusqu’aux plaines de Mongolie, aux gorges de Chine, à la Sibérie orientale, au port taïwanais de Chi Lung, à Pusan en Corée et à l’Indonésie. Difficile de douter que Sakaki fût « transnational » !
Editions Erès

WHY

Why climb a mountain ?

Look ! a mountain there.

I don’t climb mountain.
Moutain climbs me.

Moutain is myself.
I climb on myself.

There is no mountain
Nor myself.
Something
moves up and down
in the air

POURQUOI

Pourquoi escalader une montagne ?

Regarde ! une montagne, là.

Je n’escalade pas la montagne.
La montagne m’escalade.

La montagne est moi-même.
Je m’escalade moi-même.

Il n’y a ni montagne
ni moi-même.
Quelque chose
monte et descend
dans l’air

Ma lecture – Mon coup de cœur

Des poèmes écrits au fil des années, entre 1966 et 2003, en marchant – sur les routes souvent, au Japon d’où vient Nanao Sakaki, et au-delà (Amérique, Australie…). Poète voyageur, il écrit avec ses pieds disait Gary Snyder. Mais surtout, il invite au bonheur, il invite à Vivre.

Comment vivre sur la planète Terre ? Tout simplement en portant attention à ce qui scintille et tout peut scintiller ! Même Nanao est scintillant ! Même nous, nous sommes scintillant. Nanao offre un manuel pour vivre heureux : « Nanao garde ton esprit propre » […] « Nanao, dors bien cette nuit ». Manuel à la manière d’un Tao Te King.

« Quand tu souffres
Ecoute le vent »
[…]
« Il n’y a
Pas de pays magique
Pas d’Epoque magique
Tu
Es
Magique »

Ainsi s’aimer et être heureux. Vivre en harmonie avec ce qui nous entoure, la nature, les éléments, les saisons, le jour et la nuit.

« Je ne serai jamais fatigué de la vie »
[…]
« Je m’assieds tranquillement en lotus, méditant, méditant pour rien ».

D’après Nanao, laisser danser la lumière et rire, c’est vivre. Comme de savoir que les étoiles brillent, que les fleurs fleurissent. Partout, des morceaux de soleil… Nanao n’oublie pas d’évoquer ce qui détruit le monde, le nucléaire et les guerres.

Cécile Guivarch

Pure ode à la joie de vivre, les poèmes de Sakaki engagent à se débarrasser des poncifs nourris par l’idéologie d’un homme tout-puissant et à se ressourcer auprès de la nature.

Venu de nulle part
Allant nulle part,
miracle.

Grand marcheur sous tous les cieux, Nanao Sakaki (1923-2008), poète et "militant contre-culturel pour une société libre de matérialisme », a rencontré en 1947 Gary Snyder et Allen Ginsberg, poètes de la Beat Generation alors en voyage au Japon. Pendant les six décennies qui suivirent, il eut l’occasion de se rendre régulièrement aux États-Unis, accueilli par les militants de ce mouvement. Il est considéré comme un représentant majeur de la Transnational Beat Generation.
Le présent ouvrage propose une sélection de 40 poèmes couvrant la période de 1966 à 2003, tirés des 5 recueils constituant l’œuvre complète du poète, How to Live on the Planet Earth, publiée en langue anglaise en 2013.
Ses poèmes, il ne les avait pas écrits avec sa main ou avec sa tête mais avec ses pieds. Ces poèmes étaient venus à l’existence, avaient marché dans l’existence, pour y être laissés comme des traces d’une vie vécue pour vivre. (Gary Snyder)
Editions Erès


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