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Thomas Krampf traduit par Jean-Marcel Morlat

jeudi 6 octobre 2022, par Cécile Guivarch

Nouvelle sélection de poèmes de Thomas Krampf : Satori West
[Satori West, dans Thomas Krampf, Selected Poems, Salmon Poetry, p. 67-76.]

Thomas Krampf est l’auteur de huit recueils de poésie : The Divine Genome (Guernica, 2017), Selected Poems, avec l’essai Perfecting the Art of Falling (Salmon Poetry, 2013), Poems to My Wife and Other Women (Salmon Poetry, 2007), Taking Time Out : Poems in Remembrance of Madness (Salmon Poetry, 2004), Shadow Poems (Ischua Books, 1997), Satori West (Ischua Books, 1987) et Subway Prayer and Other Poems of the Inner City (Morning Star Press, 1976). Sa nouvelle collection de poèmes, Sea of Perpetuity, vient de paraître, avec des illustrations d’Edith Feuerstein Schrot (qui a déjà illustré les Shadow Poems et Satori West) sous la forme d’un chapbook. Dans le monde francophone, certains de ses poèmes (traduits par Jean-Marcel Morlat) ont paru dans Traversée, Recours au poème et Terre à ciel. Cette sélection provient de Satori West et est tirée des Selected Poems (pp. 67-76).

Diplômé du Dartmouth College, Thomas Krampf a animé de nombreux ateliers d’écriture auprès d’enfants, de toxicomanes, ainsi qu’en milieu carcéral, et présenté son œuvre dans les écoles secondaires, les universités et à la radio (National Public Radio, à Buffalo et New York). À Olean, durant de nombreuses années, il a organisé des événements littéraires avec de prestigieux invités (Wendell Berry, Gregory Corso, Peter Matthiessen, entre autres). En 2001, il a été écrivain en résidence au Linenhall Arts Centre de Castelbar en Irlande. Il a également été l’un des premiers poètes américains à avoir participé au festival littéraire d’Eden Mills (Ontario, Canada). En 2006, il a aussi participé au festival littéraire « Le printemps des poètes », à la Rochelle (France). En 2011, il a participé à un récital avec la compositrice Sun Mi Ro au Houghton College, dans l’État de New York. Lui et son épouse Françoise, ingénieure à la retraite, après avoir vécu à New York et à Hinsdale dans l’État de New York (pendant 40 ans), résident maintenant près de La Rochelle. Comme l’écrit la poétesse américaine Margaret Gibson : « Il est temps que les lecteurs et le monde de la poésie découvrent les poèmes de Tom Krampf. Ce dernier est plus sensible aux subtilités de l’esprit et du cœur que la plupart. Sa compassion est rare, et sa capacité à entendre la musique qui relie chaque mot à un autre dans un poème est sans faille. Cette sélection de poèmes est pointue, courageuse et sincère. » Et Neil Baldwin, de confesser : « Depuis plus de trente-cinq ans, j’éprouve une profonde admiration pour la trajectoire enchanteresse des poèmes de Thomas Krampf. Celui-ci est le frère post-millénaire sage et dérangé de Blake et de Whitman, qui répond à l’exigence de Pound que poésie = condensation, mais qui reste pourtant toujours le maître du vers chantant et traînant. Depuis sa retraite rurale et montagneuse, Krampf persiste à envoyer des paroles pour nous rappeler à quel point nous sommes chanceux d’être vivants dans ce monde beau et fracturé. »

Satori West

Je mange un croupion de poulet.

Tout le pouvoir de l’univers, l’abnégation
et la compréhension
résident dans le croupion d’un poulet.

C’est pour cela que j’en mange.

Satori West

I eat the behind of a chicken.

All power of the universe and selflessness
And understanding
Resides in the behind of a chicken.

That’s why I eat them.

Satori de la relation

Dans mon œil gauche, une lueur de divine intelligence.

Dans mon œil droit, un soupçon de lubricité absolue.

Satori of the Connection

In my left eye, a glimmer of divine intelligence.

In my right eye, a hint of absolute lust.

Satori de l’écoulement éternel

Fais-le une fois.

Apprends à ne pas le changer.

Satori of the Eternal Flow

Do it once.

Learn how not to change it.

Satori de la dystrophie musculaire
Un poème pour mon bon ami, Joseph Bellido

La mémoire est une maladie.

Satori of the Muscular Dystrophy
A poem for my good friend, Joseph Bellido

Memory is a disease

Satori du gâteau au chocolat

Dans une église,
Je me suis agenouillé.

Je me suis déchiré l’entrejambe.

Blackout Cake Satori

In the Church,
I knelt.

I ripped my crotch.

Satori de l’agresseur d’enfants

« J’aimerais écrire
un poème

« Mais je n’ai rien
à dire… »

Satori of the Child Abuser

“I would like to write
A poem

“But I can’t think of anything
to say…”

Satori du thé miracle

Papa,
Si je m’occupe de mon bébé

Ce soir, je te promets que tu m’achèteras
Une crème glacée.

Satori of the Miracle Tea

Daddy,
If I take care of my baby

Tonight, I promise you’ll buy me
Some ice-cream.

Satori du sanctuaire

Puisque
tous

m’ont été
refusés

en eux
je réside

Satori of the Sanctuary

Because
all of them

have been denied
to me

within them
I reside

Satori du chewing-gum

J’ai jeté un chewing-gum sur la voie ferrée.

Mon Dieu, me suis-je dit.

Le train. Il est collé.

Gum Satori

I threw a piece of gum on the tracks.

My God, I thought to myself.

The train. It’s stuck.

Satori de la réparation

Trois fois
le silence, je l’ai volé.

Maintenant, en toute humilité
je le rends.

Satori of Reparation

Three times
the silence, I have stolen it.

Now, in all humility,
I return it.


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