So Far So Good Tel Aviv, April 2002 What did I learn That day I walked fast stopping to peer out suspicious and whispered One time I hung on and the column “These are indeed (This poem was published in So Far So Good, 2004) |
Jusqu’ici, tout va bien Tel Aviv, avril 2002 Qu’ai-je donc appris Le jour où j’ai pressé le pas en m’arrêtant pour scruter les profils et souffler Une fois, tel Samson qui a murmuré « En effet nous sommes |
The Eternity of Menopause for Anne Sexton So there you are, nude This is it, Anne, your last chance Hang on a bit – God I remember your age ! Believe me, dear, it gets better (This poem was published in So Far So Good, 2004) |
L’éternité de la ménopause pour Anne Sexton Ainsi te voilà, nue Tu l’as saisie, Anne, ta dernière chance Sois patiente – Mon Dieu je me souviens de ton âge ! Crois-moi, chérie, ça s’arrange |
Statistics just explain away the wonder The thing about miracles is their unexplainability. (From Miracles, 2012) |
Le prodige désamorcé par la statistique Ce qu’il y a de bien avec les miracles |
In A Tel Aviv Hospital If you close your eyes (From Miracles, 2012) |
Dans un hôpital de Tel Aviv Si vous fermez les yeux |
Trying to Pray It is not only the problem of letters : In the hospital the believers read the Psalms (From Miracles, 2012) |
S’essayer à la prière Ce n’est pas qu’une question d’alphabet : À l’hôpital les croyants lisent |
A chocolate left on my pillow falls out onto the floor of the ward recalling (From Miracles, 2012) |
Un chocolat déposé il tombe soudain par terre rappelant |
Today I suddenly understand the fear of the evil eye. (From Miracles, 2012) |
Je viens juste de le réaliser la peur du mauvais œil |
I don’t know where to begin After such an illness everything Maybe that was the deal : (From Miracles, 2012) |
Je ne sais pas par où commencer Après une telle maladie C’était peut-être le contrat : |
Dedication After “Dedication” by Czeslaw Milosz You for whom I’m living my life Freed from the responsibility of ancestors, When I die my poems of you will be (This poem was published in Layers, Simple Conundrum Press, 2012) |
Dédicace D’après le poème “Dédicace” de Czeslaw Milosz Vous pour qui je vis ma vie Libérés de la charge des ancêtres À ma mort mes poèmes sur vous seront des graines |
Karen Alkalay-Gut , poète juive israélienne née à Londres en 1945, a vécu à Rochester (Etats-Unis) à partir de 1948, et a émigré en Israël en 1972. Sa poésie d’exilée, empreinte de compassion et de vie, est résolumment contemporaine, pénétrante, indépendante, engagée, philosophique, et souvent mordante, car elle tourne à merveille la réalité en dérision, afin d’attirer notre attention sur ce qui compte vraiment. Personnalité hors normes, rieuse et généreuse ; poète influencée sans conteste par la beat generation ; professeur de littérature à l’université de Tel Aviv depuis 1977 ; sa voix remue, réveille, fait réfléchir, à la fois sur le passé de son peuple et sur la réalité israélienne d’aujourd’hui : elle est à écouter sans modération, à travers pas moins d’une vingtaine d’ouvrages. Traductrice également, passeuse de langues et de culture – yiddish notamment, dont l’humour et l’esprit transparaissent dans ses textes et sa vision du monde –, son travail a été traduit dans une dizaine langues. Les poèmes proposés ici sont extraits de Layers (Simple Conundrum Press, 2012), de So Far So Good (Sivan/Boulevard, 2004), et de Miracles (2012, recueil inédit).
« In a way I wanted to be an orphan, to grow up without the burden of my family’s past. To grow up without the past of my people, without the imperative of my gender, without the rules that seem to dominate the way we think. »
« D’une certaine manière, j’aurais aimé être orpheline, grandir sans le poids du passé de ma famille. Grandir sans le passé de mon peuple, sans les contraintes imposées par mon sexe, sans les règles qui semblent régir la façon dont nous pensons. » (Karen Alkalay-Gut, interviewée par Doug Holder)