Terre à ciel
Poésie d’aujourd’hui

Accueil > Voix du monde > Lia Faur

Lia Faur

samedi 19 juillet 2014, par Valérie Canat de Chizy

Trois poèmes bilingues français-roumain

je te porte en moi ta respiration aussi…

je te porte en moi ta respiration aussi
et j’ai honte de te dire que
le train est alors passé comme une fusée
seuls quelques banlieusards ont sauté sur le quai
étourdis de sommeil parmi eux personne
qui demande où l’on était
aucun d’entre eux n’avait un coquillage dans la poche
ne rêvait d’une île aux pélicans
aucun n’avait sur le dos un sac avec des nectarines
les vitres du train étaient sales telles les verres
des lunettes égarées dans la poche du manteau
les rails gémissaient fatigués
trop vite tombait la nuit et tous se demandaient pourquoi

te port în mine cu respira ?ia ta

te port în mine cu respira ?ia ta
 ?i m ? ru ?inez s ?- ?i spun c ? atunci
trenul a trecut ca glon ?ul prin gar ?
au coborât doar câ ?iva naveti ?ti
ame ?i ?i de somn ?i nu era nimeni
s ? întrebe unde
niciunul din ei nu purta o scoic ? în buzunar
 ?i nu visa la insule cu pelicani
niciunul nu purta în rucsac nectarine
geamul de la tren era murdar ca o sticl ?
de ochelari r ?t ?cit ? în buzunarul mantalei
 ?inele scâr ?iau obosit
venise noaptea prea repede ?i to ?i se întrebau de ce


« v » de vivant

trop tard pour raconter comment
je tombais amoureux chaque saison
et comment jaillissaient de mes ongles
tels des serpents calmes et séduisants
des voies lactées d’étoiles
qui pourraient envahir le monde jusqu’aux pôles
c’était comme de l’amour c’était presque bien
on aurait pu rester si heureux
prisonniers des rochers de cet été là
amnésiques et gluants pareils aux escargots
collés aux morceaux de verre tranchants
tels les rochers au fond des mers
si seuls nous sommes impuissants
nous tombons malades des maladies incurables
comme le miroir d’un lac où les algues se multiplient
nos organes grandissent éloignés les uns des autres
et nous ne nous retrouverons plus
évitons donc autant que possible la mort
ô mon amour nous aurons des branchies
et des écailles nous n’aurons pas d’ailes

”V” de la viu

e târziu s ? mai vorbesc despre cum
în fiecare anotimp m ? îndr ?gosteam
 ?i cum ?â ?neau din unghiile mele
ca ni ?te ?erpi cumin ?i ?i îmbietori
c ?i l ?ptoase de stele
ce puteau împresura lumea pân ? la poli
p ?rea s ? fie dragoste ?i p ?rea s ? fie bine
am fi putut râmâne atât de ferici ?i
înghesui ?i printre stâncile de ast ?-var ?
amnezici ?i lipicio ?i ca melcii
încleia ?i printre cioburi t ?ioase
ca stâncile de pe fundul m ?rilor
suntem neputincio ?i noi doi atât de singuri
 ?i ne îmboln ?vim incurabil
ca oglinda unui lac peste care se înmul ?esc algele
organele ne cresc departe unul de altul
 ?i nu ne vom apropia niciodat ? definitiv
s ? evit ?m pe cât posibil moartea
o dragostea mea cum ne vor cre ?te
branhii ?i solzi dar nu ?i aripi


Autre poème d’amour

en t’attendant quelqu’un déclame doucement
un poème d’amour nordique
les mots s’entremêlent
ainsi qu’à l’aube du monde les langues
et l’on entend une sorte de murmure
dans les hautes herbes
c’est l’été à nouveau
jamais le même
nous sommes si loin
si sourds
les poèmes volent comme des abeilles dans l’air
par-dessus les pommiers en fleurs
et quand la nuit tombe
dans son sillage elle détruit tout
quelque chose de toi restera à jamais en moi
malgré les histoires
quelque chose de toi restera à jamais en moi
malgré les nuits

Alt poem de dragoste

în a ?teptarea ta cineva roste ?te încet
un poem nordic de dragoste
cuvintele se amestec ?
precum limbile la-nceput
 ?i se aude un fel de murmur ?optit
printre ierburi înalte
e var ? iar
dar niciodat ? aceea ?i
suntem atât de departe
 ?i atât de surzi
poemele zboar ? ca albinele-n aer
peste merii-nflori ?i
 ?i noaptea când vine
strive ?te în urm ? totul
ceva din tine va r ?mâne ve ?nic în mine
în ciuda întâmpl ?rilor
 ?i ceva din tine va r ?mâne ve ?nic în mine
în ciuda nop ?ii

traduit du roumain par Alfred Hamm
Poèmes publiés aux éditions Vinea, directeur éditorial Nicolae Tzone, en roumain sous le titre « Lamé », 2014, et en français, « Lamé », collection Vinea International, 2014, Bucarest.


Lia Faur

Recueils de poèmes : Exerci ?iu de striptease / Exercice de streapteaseus, éd. Mirador, 2002 ; Piele de împrumut / Peau d’emprunt, éd. Vinea, 2009 ; Poeme pentru fluturi bolnavi / Poèmes pour papillons malades, éd. Brumar, 2013.
Figure dans les anthologies : Deranj / Perturbation, Nigredo, 2011 ; Al ?ii / Autres, Brumar, 2012.
Livres d’entretiens : E ?ichier / Echiquier (avec ?erban Foar ?? et Lia Faur), Brumar, 2012 ; Cum e s ? fii femeie ? / Ca fait quoi d’être femme ? (avec Alex ?tef ?nescu et Lia Faur), éd. Ma ?ina de scris, 2012.
Prix pour le premier livre de l’Union des Ecrivains de Roumanie, filiale Arad.
Elle a publié des poèmes dans la revue slovène APOKALIPSA (Ljubljana), en 2013.
Membre de l’Union des Ecrivains de Roumanie.

Proposition de Sanda Voïca


Bookmark and Share


Réagir | Commenter

spip 3 inside | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0 Terre à ciel 2005-2013 | Textes & photos © Tous droits réservés