Sulle mie montagne
c’è il mare.
Lo guardo appoggiando
l’ombra a un palo.
Sempre tempestoso
riflette gli animi
di questa gente.
Chi vive lì sotto
vede fosche giornate
ripetersi, inutili,
senza sogni, né
speranza di cambiare.Siamo pochi
rimasti a guardare
questo mare.
Scompare
a Mezzogiorno,
quando la bassa marea
assorbe le sue nuvole.Sur mes montagnes
il y a la mer.
Je la regarde plaquant
l’ombre à un poteau.
Toujours agitée
elle reflète les âmes
des gens d’ici.
Qui vit au-dessous
voit les journées brumeuses
se répéter, inutiles,
sans rêves, ni
espoir de changement.Sous sommes peu nombreux à être
restés à regarder
la mer.
Elle disparaît
à Midi,
quand la marée basse
absorbe ses nuages.Poèmes extraits de La grazia dei frammenti, Ladolfi editore 2020
Il continente perso, Terra a novembre
1.
trema la terra, le vene hanno sangue che geme e ti riempie.
è un fiotto la terra che lotta, sussulta, avviluppa. confonde
la terra che affonda, ti rende sua onda, presente a ogni lato
soffoca il fiato, ti afferra, collutta, si sbatte, si spacca, ti vuole
e combatti, chiede il contatto, ti attacca, ti abbatte. è fuoco
la terra del dopo risucchia di poco le crepe : la terra che trema
riempie memoria. ti stana, si affrange, ti strema, è padrona.la terre tremble, ses veines sont pleines d’un sang qui gémit et vous envahit.
la terre qui lutte est un flot qui tressaille, enveloppe, confond tout
la terre qui s’enfonce, vous absorbe dans sa vague, de partout
vous étouffe, vous saisit, lutte, se débat, se déchire, vous réclame
et vous combattez, elle cherche le contact, vous attaque, vous abat. elle est de feu
la terre qui ensuite lèche à peine ses fissures : la terre qui tremble
envahit la mémoire, vous expulse, se brise, vous épuise, elle est la maîtresse.
3
pochi i passi, le case, gli improvvisi abbracci
e una sfida alla luce dei primi fuochi :
restare sveglio fino all’alba, segno che ero
grande e cosciente col controllo sui pensieri.
qualcuno mi diceva di dormire, ora che
nel lampo dei miei 10 (dieci) anni affrontavo
le paure.3.
rares les pas, les maisons, les étreintes inattendues
et un défi à la lumière des premiers feux :
rester éveillé jusqu’à l’aube, signe que j’étais
grand et réfléchi, maître de mes pensées
quelqu’un me disait de dormir, maintenant que
dans la fulgurance de mes 10 (dix) ans j’affrontais
mes peurs.
7.
tornare nelle case a piano terra, nei garage
dormivegliare sulla sedia. in 3 (tre) giorni
ero cresciuto, avevo più forza e pazienza.
cercavo di costruire già le case
con le graste dure delle tegole : iniziavo
a sfidare la presenza della terra mentre
altrove si scavava e nella terra si moriva.7.
retourner dans les maisons en rez-de-chaussée, dans les garages
somnoler sur une chaise. en 3 (trois) jours
j’avais grandi, j’avais davantage de force et de patience.
j’essayais déjà de construire des maisons
avec les éclats robustes des tuiles : je commençais
à défier la présence de la terre tandis
qu’ailleurs on creusait et dans la terre on mourait.
10
questa sera ceniamo con la morte, così ogni notte
ci riuniamo e guardiamo le pietre ancora scosse
la terra senza volto arresa. non c’è più sorpresa
tranne i pacchi arrivati con gli aiuti, la carne
in scatola il latte le pretese. il fumo ci consuma
gli occhi ora che il camino sbocca nella casa
e crescono ammassati villaggi di container.10
Ce soir nous dînons avec la mort, comme chaque nuit
nous nous réunissons et regardons les pierres encore branlantes
la terre abandonnée sans visage. il n’y a plus de surprise
hormis les colis arrivés avec les secours, la viande
en boîte, le lait, les produits de première nécessité. la fumée nous brûle
les yeux maintenant que la cheminée débouche dans la cuisine
et que grandissent et s’entassent des villages de containers.
13.
è della notte il grido ancora vivo
mentre sistemiamo i pacchi in numeri
col pennello rosso che segna le pietre.
si rimette ordine classificando i danni
le case sbriciolate, le vite perdute,
ma nel conteggio si perde lo strazio
le lacrime versate, il futuro inaridito.13.
le cri encore vivant appartient à la nuit
tandis que nous disposons les multiples paquets
avec le pinceau rouge qui marque les pierres.
On remet de l’ordre en classant les dommages
les maisons en miettes, les vies perdues,
mais dans le décompte on perd le déchirement
les larmes versées, l’avenir tari.Poèmes extraits de La grazia dei frammenti, Ladolfi editore 2020
Novembre
Foglie morte
Accendo una candela
per ogni foglia morta,
gocciola la cera
sulla strada in processione.
Così crescono i miei alberi,
cera ammucchiata per la notte.Feuilles mortes
J’allume une bougie
pour chaque feuille morte,
la cire coule
sur la route en une procession.
Ainsi grandissent mes arbres,
de la cire accumulée au milieu de la nuit.Poème extrait de La grazia dei frammenti, Ladolfi editore 2020
Il centro del mondo, Natura domestica & Lampioni
finale
Sono restato seduto dietro una panchina per anni
il cielo è rosso vermiglio e ricordo la tua pelle liscia
quando mi scorre il latte sulle guance.
La notte è un piedistallo e restiamo immobili solo io e te
con gli occhi che sono camaleonti
sotto la luce dei lampioni. Il verde condiziona il giorno
schiarendo le tonalità del cielo
ora che tutto è disteso e senza confini
non si vedono più le staccionate
e il buio serve solo a consolare.
Voglio consegnarmi alle distese della terra fertile
lontano dal mare. Qui nulla ti riconosce e inganna
c’è un profumo di uva secca e muschio
una finestra per il sole, senza un confine netto
tra vivere e sperare.final
Je suis resté assis derrière un banc pendant des années
le ciel est rouge vermillon et je me rappelle ta peau lisse
quand le lait coule sur mes joues.
La nuit est un piédestal et nous restons immobiles juste toi et moi
nos yeux sont des caméléons
sous la lumière des réverbères le vert impacte le jour
en éclaircissant la tonalité du ciel
maintenant que tout est vaste et sans limite
on ne voit plus les palissades
et l’obscurité ne sert que de consolation.
Je veux m’en tenir aux distances de la terre fertile
loin de la mer. Ici rien ne te reconnait ni te trompe
il y a un parfum de raisins secs et de musc
une fenêtre pour le soleil, sans limite bien nette
entre vivre et espérer.Poème extrait de La grazia dei frammenti, Ladolfi editore 2020
Il centro del mondo, A margine
Proteggi – amore – questi giorni
intriganti : il vino rosso
spuma ad ogni sorso
e rivela i sentimenti.Gronda tra le nostre labbra
il frutto maturo
e si offre mutato il gusto degli acini
che ora rigeneri nei baci.
Bevo il sorso
che ti ridono a fiotto nella bocca
uniti nell’odore acerbo della pioggia.L’anima ha stretto i denti
per partorire i frutti di ottobre :
sono grappoli fecondi, assolati e densi.
Lenti vuotiamo i bicchieri
ricolmi dei sensi.Protège – ô amour - ces jours
singuliers : le vin rouge
mousse à chaque gorgée
et dévoile les sentiments.Il ruisselle entre nos lèvres
le fruit mûr
tandis que s’offre métamorphosé le goût des grains
que maintenant tu régénères dans les baisers.
Je bois la gorgée
qu’à flots je redonne à ta bouche
unis dans l’odeur verte de la pluie.L’âme a serré les dents
pour donner naissance aux fruits d’octobre :
ce sont des grappes fécondes, ensoleillées et fournies.
Avec lenteur nous vidons les verres
débordants de volupté.
Questa sera vengo a cercarti
nel sapore di un vino corposo
che nasconde le tue carni rosse
dal vezzo cerimonioso, è un aglianico
delle colline irpine dove sorge
la poesia nella frescura del mattino
e solo nella notte a pensarti cingo
la mano al bicchiere, i tuoi esili
polsi. È un gioco fermarti
e stringere fino a che il sapore
sgorga rubandoti ai baci.Ce soir, je viens te chercher
dans la saveur d’un vin corsé
qui cache ton teint empourpré
d’une grâce majestueuse, c’est un Aglianico
des collines d’Irpinia où surgit
la poésie dans la fraîcheur du matin
et seul dans la nuit, à ta pensée, de ma main
j’entoure le verre, tes frêles
poignets. C’est un jeu de t’arrêter
et de serrer jusqu’à ce que la saveur
jaillisse en te dérobant aux baisers.Poèmes extraits de La grazia dei frammenti, Ladolfi editore 2020
Nel bicchiere da consumare, sei poesie sul vino
Le poète Domenico Cipriano est né à Guardia Lombardi (AV) et vit à Irpinia, en Campanie.
Vainqueur du prix Lerici (prix de l’inédit) en 1999 il a publié Il continente perso (Le continent perdu) Fermenti, 2000, prix Camaiore du premier recueil, Novembre (Novembre) Transeuropa, 2010, finaliste du Prix Viareggio, Il centro del mondo (Le centre du monde) Transeuropa, 2014, prix Pisano, November (Novembre), édition bilingue, Gradiva Publications, New York, 2015 e L’Origine (L’origine), L’arcolaio, 2017. En janvier 2020 paraît La grazia dei frammenti (La grâce des fragments) poèmes choisis 2000-2020, Giuliano Ladolfi editore.
Intéressé par les liens que peut entretenir la poésie avec les autres formes artistiques, il collabore avec des acteurs, des peintres, des photographes, des musiciens. Il a réalisé un CD de jazz et poésie Cipriano, Marangelo, Orefice – Jpband” : Le note richiamano versi (les notes exigent des vers) Abeatrecords 2004 et dirige le groupe de musique et poésie “E.VERSI” jazz-poetry-band avec Carmine Cataldo e Fabio Lauria. En décembre 2021 paraît chez Abeatrecords Ramificazioni (Ramifications) avec Carmine Ioanna et Paolo Fresu.
Pendant le confinement est né, de sa collaboration avec le guitariste Alessandro Cataldo, l’espace Parole Necessarie.
Présent en revues et anthologies, Domenico Cipriano est aussi rédacteur de la revue Sinestesie.Le site de l’auteur
Une critique de La grazia dei frammenti parue dans le dictionnaire encyclopédique Treccani
Wikipedia