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Mark Hollis, traduit par Denis Hamel

mardi 28 novembre 2023, par Cécile Guivarch

Traductions des paroles de l’album Laughing stock du chanteur Mark Hollis (Talk Talk)

Une proposition de traduction en français des textes de Mark Hollis dans l’album Laughing stock

Longtemps j’ai écouté mes disques de pop rock anglo-saxons sans me préoccuper de la signification, et encore moins de la valeur littéraire des paroles des chansons. Ce n’est que vers 1995, alors que je m’intéressais de plus en plus à la poésie comme genre d’écriture, que j’ai souhaité avoir une meilleure compréhension des textes, mon niveau correct en anglais me le permettant sans trop d’efforts. De plus, l’internet grand public donnait pour la première fois instantanément accès à une multitude de lyrics, jusqu’alors difficiles à se procurer. La remise du prix Nobel de littérature à Bob Dylan en 2016 n’a fait que me conforter dans l’idée que tous ces textes avaient, pour les plus réussis, un potentiel poétique intrinsèque, et méritaient que l’on s’y penche plus attentivement.

C’est au milieu des années 90 que j’ai écouté pour la première fois l’ultime album de Talk Talk, Laughing stock, album très novateur qui ouvrait de nouvelles voies dans lesquelles allaient s’engouffrer plus tard des groupes tels que Radiohead ou Sigur Ros. Le chanteur de Talk Talk, Mark Hollis s’exprimait ainsi dans une interview de 1991 au mensuel Les inrockuptibles : « Mes paroles parlent avant tout de valeurs et d’attitudes. C’est une constante, les seuls sujets sur lesquels je peux chanter avec conviction. Le mot ‘soul music’ a pris un sens totalement différent, de ‘musique de l’âme’. Mais aujourd’hui, je me sens proche de ça, du gospel. C’est le cœur qui chante. En ce sens, oui, mes paroles sont religieuses. Mais pas d’une religion spécifique, seulement humanistes. Voilà où s’arrête ma religion. De toute façon, mes paroles sont écrites à propos d’un personnage qui n’est pas moi-même. C’est lui qui ressent les sentiments, qui les exprime. Et curieusement, quand je chante ces textes, quand je ferme les yeux, je ressens exactement les mêmes choses que lui. »

De nombreuses difficultés attendent le traducteur des textes de Hollis, car ils jouent beaucoup sur les sonorités, les homophonies, les polysémies, et utilisent des mots peu courants ou même archaïsants. Je ne prétends nullement que mes traductions soient les plus exactes ou définitives qui se puissent faire, car elles comprennent, comme toute traduction et surtout en poésie, une large part d’interprétation et d’adaptation. J’ai juste essayé de ne pas trahir l’esprit original du texte et l’ambiance liée aussi à la musique. A ma connaissance, un tel travail n’avait encore jamais été publié ou même tenté, la plupart des fans français de Talk Talk considérant que ces textes, trop énigmatiques voire hermétiques, valaient surtout dans leur version chantée et devaient être pris en quelque sorte comme des curiosités sans grande portée artistique. J’espère avoir au moins ici suggéré le contraire.

Denis Hamel, octobre 2023

Source photo Mark Hollis

Le porteur de myrrhe

amène mon fauteuil à la porte de l’arrière-boutique

porte moi

je ne peux plus attendre

amour béni, l’amour que j’ai vu

escaliers se succédant au ralenti

foi : un chemin, le second : dans la crainte

yeux baissés, naïf ai-je été

et foule de mes pieds la faiblesse

viens tout de suite

quelque chose se passe ici

Myrrhman

Place my chair at the backroom door

Help me up,

I can’t wait anymore

Blessed love, the love I’ve seen

Stair by idle stair, faith

one path and the second in fear

Stare down, a half wit am I read

And tread dependance beneath my feet

Step right up,

something’s happening here

Le jour de l’Ascension

je parie que je serai damné
Construis la dette, double aujourd’hui

je parie que je serai damné
devient plus difficile à sentir, à naviguer

adieu, mère lasse et dévouée

je crois que la chance nous voit de la même façon

pesée ma main
tuer le pari, je brûlerai le jour du jugement
pesée ma main
être heurté par le péché, naviguer

adieu, mère lasse et dévouée

double dette , une saison trop avancée pour s’effondrer si tôt
Je crois que la chance nous voit de la même façon

adossé dans le lit
j’ai avoué mon enfer, j’ai avoué mes mois de mai
adossé dans le lit
séparez-vous, jour de l’ascension

adieu, mère lasse et dévouée

je crois que la chance nous voit de la même façon
je crois que l’amour nous traite de la même manière

Ascension day

Bet I’ll be damned
Built the debt, I turned two’s up today

Bet I’ll be damned
Gets harder to sense, to sail

Farewell, mother numb to and devout to

Reckon luck sees us the same

Weighted my hand
Kill the bet, I’ll burn on judgement day
Weighted my hand
Get hard hit to sin, to sail

Farewell, mother numb to and devout to

Double deal, a season wrapt too lax to lapse so soon
Reckon luck sees us the same

Bed on my back
Dealt my hell, I’ve dealt my months of May
Bed on my back
Get parted, ascension day

Farewell, mother numb to and devout to

Reckon luck sees us the same
Reckon love deals us the same

Après le déluge

sans âme j’ai chanté fort
comptant sur la chair et rien d’autre
jusqu’au puits où je me suis noyé
tromperie, comme ils viennent
une armée de Caïn

mains tremblantes
mon visage tourné vers le sol
mort pour le respect, le respect d’être né
de peur d’oublier qui repose
seul

la foule
rejet après rejet, blâmant ce qui suit
assoiffés, aveugles, tondus
tués en masses

mains tremblantes
mon visage tourné vers le sol
mort pour le respect, le respect d’être né
de peur d’oublier qui repose

After the flood

Sang soulless loud
Herding step on flesh and nothing else
To well, to drown and drown
Sleight of reason, how they come
Cain in number

Shake my head
Turn my face to the floor
Dead to respect, to respect to be born
Lest we forget who lay
Alone, the crowd


Spurning step by state, blame something else
Thirsting within, without
Sighted, weeded, how they run
Slain in number

Shake my head
Turn my face to the floor
Dead to respect, to respect to be born
Lest we forget who lay

Tête de lecture

quand tu sais, tu sais, tu sais que tu apprends
tu meurs dans le péché, renais ensuite

avec la volonté de passer, d’errer, de monter
à travers la pointe de l’aiguille, pour consentir

quand tu sais, tu sais, tu sais que tu apprends
arrives une fois de plus au printemps

et toujours t’élèves au-delà du reflux
et de la piste terminale
vacarme de foire
l’aiguille, la sangle
source solidifiée

de poussière à poussière, à poussière, à poussière
dévore
pour ce qui est valeur
selon moi
éclosant, enclos

Tapehead

When do you know, you know, you know you learn
D’you die in sin, born again

With will to wind and wander, climb
Through needle neck to consent

When do you know, you know, you know you learn
Arrive at spring once again

And still to rise beyond the tide
And mortal track
Fretful of fair
By straw, by strap
Toughening tear

Dust to dust, to dust, to dust
Consume
For what is worth
Upon me
Nascent, naissant

Floraison

régénéré

songeant au retour de l’amour, tu chantes
les jours errants m’ont envahi
seuil d’illusion, oignez moi. ruisseau tiède
jaillit à l’intérieur de moi
une faim exempte de règne terrestre
sept sacrements chantés
versifiés en christ, dû la puissance me délaisser
ils viendront, ils viennent

régénéré

songeant au retour de l’amour, tu chantes
le ciel attend
un jour, le royaume de christ adviendra
vers l’ouest, soleil du soir en retrait
définir mon vœu de repos
tenir à cœur ouvert
cœur ouvert

Newgrass

Lifted up

Reflective in returning love, you sing
Errant days filled me
Fed me illusion’s gate in temperate stream
Welled up within me
A hunger uncurbed by nature’s calling
Seven sacraments to song
Versеd in Christ, should strength desert me
They’ll come, they come
Come, they’ll come, come do they

Lifted up

Reflected in returning love, you sing
Heaven waits
Someday Christendom may come
Westward, evening sun recedent
Set my resting vow
Hold in open heart
Open heart

runeii

bien, n’êtes-vous pas accompli

en réponse choisissez

excuses acceptées

une effigie bénie

lent à saigner, noble fils

abrogé

bien, n’êtes-vous pas incertain

en réponse non lue

serpentement questionné

tellement béni avec effort

lent à saigner, noble fils

Runeii

Well, aren’t you success

In answer select

Apologies met

An effigy blessed

Slow to bleed, fair son

Rescinded

Well, aren’t you suspect

In answer unread

Meander contest

So effortly blessed

Slow to bleed, fair son

Paroles originales de Mark Hollis. Tous droits réservés.


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