Traductions des paroles de l’album Laughing stock du chanteur Mark Hollis (Talk Talk)
Une proposition de traduction en français des textes de Mark Hollis dans l’album Laughing stock
Longtemps j’ai écouté mes disques de pop rock anglo-saxons sans me préoccuper de la signification, et encore moins de la valeur littéraire des paroles des chansons. Ce n’est que vers 1995, alors que je m’intéressais de plus en plus à la poésie comme genre d’écriture, que j’ai souhaité avoir une meilleure compréhension des textes, mon niveau correct en anglais me le permettant sans trop d’efforts. De plus, l’internet grand public donnait pour la première fois instantanément accès à une multitude de lyrics, jusqu’alors difficiles à se procurer. La remise du prix Nobel de littérature à Bob Dylan en 2016 n’a fait que me conforter dans l’idée que tous ces textes avaient, pour les plus réussis, un potentiel poétique intrinsèque, et méritaient que l’on s’y penche plus attentivement.
C’est au milieu des années 90 que j’ai écouté pour la première fois l’ultime album de Talk Talk, Laughing stock, album très novateur qui ouvrait de nouvelles voies dans lesquelles allaient s’engouffrer plus tard des groupes tels que Radiohead ou Sigur Ros. Le chanteur de Talk Talk, Mark Hollis s’exprimait ainsi dans une interview de 1991 au mensuel Les inrockuptibles : « Mes paroles parlent avant tout de valeurs et d’attitudes. C’est une constante, les seuls sujets sur lesquels je peux chanter avec conviction. Le mot ‘soul music’ a pris un sens totalement différent, de ‘musique de l’âme’. Mais aujourd’hui, je me sens proche de ça, du gospel. C’est le cœur qui chante. En ce sens, oui, mes paroles sont religieuses. Mais pas d’une religion spécifique, seulement humanistes. Voilà où s’arrête ma religion. De toute façon, mes paroles sont écrites à propos d’un personnage qui n’est pas moi-même. C’est lui qui ressent les sentiments, qui les exprime. Et curieusement, quand je chante ces textes, quand je ferme les yeux, je ressens exactement les mêmes choses que lui. »
De nombreuses difficultés attendent le traducteur des textes de Hollis, car ils jouent beaucoup sur les sonorités, les homophonies, les polysémies, et utilisent des mots peu courants ou même archaïsants. Je ne prétends nullement que mes traductions soient les plus exactes ou définitives qui se puissent faire, car elles comprennent, comme toute traduction et surtout en poésie, une large part d’interprétation et d’adaptation. J’ai juste essayé de ne pas trahir l’esprit original du texte et l’ambiance liée aussi à la musique. A ma connaissance, un tel travail n’avait encore jamais été publié ou même tenté, la plupart des fans français de Talk Talk considérant que ces textes, trop énigmatiques voire hermétiques, valaient surtout dans leur version chantée et devaient être pris en quelque sorte comme des curiosités sans grande portée artistique. J’espère avoir au moins ici suggéré le contraire.
Denis Hamel, octobre 2023
Le porteur de myrrhe
amène mon fauteuil à la porte de l’arrière-boutique
porte moi
je ne peux plus attendre
amour béni, l’amour que j’ai vu
escaliers se succédant au ralenti
foi : un chemin, le second : dans la crainte
yeux baissés, naïf ai-je été
et foule de mes pieds la faiblesse
viens tout de suite
quelque chose se passe ici
Myrrhman
Place my chair at the backroom door
Help me up,
I can’t wait anymore
Blessed love, the love I’ve seen
Stair by idle stair, faith
one path and the second in fear
Stare down, a half wit am I read
And tread dependance beneath my feet
Step right up,
something’s happening here
Le jour de l’Ascension
je parie que je serai damné
Construis la dette, double aujourd’huije parie que je serai damné
devient plus difficile à sentir, à navigueradieu, mère lasse et dévouée
je crois que la chance nous voit de la même façon
pesée ma main
tuer le pari, je brûlerai le jour du jugement
pesée ma main
être heurté par le péché, navigueradieu, mère lasse et dévouée
double dette , une saison trop avancée pour s’effondrer si tôt
Je crois que la chance nous voit de la même façonadossé dans le lit
j’ai avoué mon enfer, j’ai avoué mes mois de mai
adossé dans le lit
séparez-vous, jour de l’ascensionadieu, mère lasse et dévouée
je crois que la chance nous voit de la même façon
je crois que l’amour nous traite de la même manièreAscension day
Bet I’ll be damned
Built the debt, I turned two’s up todayBet I’ll be damned
Gets harder to sense, to sailFarewell, mother numb to and devout to
Reckon luck sees us the same
Weighted my hand
Kill the bet, I’ll burn on judgement day
Weighted my hand
Get hard hit to sin, to sailFarewell, mother numb to and devout to
Double deal, a season wrapt too lax to lapse so soon
Reckon luck sees us the sameBed on my back
Dealt my hell, I’ve dealt my months of May
Bed on my back
Get parted, ascension dayFarewell, mother numb to and devout to
Reckon luck sees us the same
Reckon love deals us the same
Après le déluge
sans âme j’ai chanté fort
comptant sur la chair et rien d’autre
jusqu’au puits où je me suis noyé
tromperie, comme ils viennent
une armée de Caïnmains tremblantes
mon visage tourné vers le sol
mort pour le respect, le respect d’être né
de peur d’oublier qui repose
seulla foule
rejet après rejet, blâmant ce qui suit
assoiffés, aveugles, tondus
tués en massesmains tremblantes
mon visage tourné vers le sol
mort pour le respect, le respect d’être né
de peur d’oublier qui reposeAfter the flood Sang soulless loud
Herding step on flesh and nothing else
To well, to drown and drown
Sleight of reason, how they come
Cain in numberShake my head
Turn my face to the floor
Dead to respect, to respect to be born
Lest we forget who lay
Alone, the crowd
Spurning step by state, blame something else
Thirsting within, without
Sighted, weeded, how they run
Slain in numberShake my head
Turn my face to the floor
Dead to respect, to respect to be born
Lest we forget who lay
Tête de lecture
quand tu sais, tu sais, tu sais que tu apprends
tu meurs dans le péché, renais ensuiteavec la volonté de passer, d’errer, de monter
à travers la pointe de l’aiguille, pour consentirquand tu sais, tu sais, tu sais que tu apprends
arrives une fois de plus au printempset toujours t’élèves au-delà du reflux
et de la piste terminale
vacarme de foire
l’aiguille, la sangle
source solidifiéede poussière à poussière, à poussière, à poussière
dévore
pour ce qui est valeur
selon moi
éclosant, enclosTapehead
When do you know, you know, you know you learn
D’you die in sin, born againWith will to wind and wander, climb
Through needle neck to consentWhen do you know, you know, you know you learn
Arrive at spring once againAnd still to rise beyond the tide
And mortal track
Fretful of fair
By straw, by strap
Toughening tearDust to dust, to dust, to dust
Consume
For what is worth
Upon me
Nascent, naissant
Floraison
régénéré
songeant au retour de l’amour, tu chantes
les jours errants m’ont envahi
seuil d’illusion, oignez moi. ruisseau tiède
jaillit à l’intérieur de moi
une faim exempte de règne terrestre
sept sacrements chantés
versifiés en christ, dû la puissance me délaisser
ils viendront, ils viennent
régénéré
songeant au retour de l’amour, tu chantes
le ciel attend
un jour, le royaume de christ adviendra
vers l’ouest, soleil du soir en retrait
définir mon vœu de repos
tenir à cœur ouvert
cœur ouvertNewgrass
Lifted up
Reflective in returning love, you sing
Errant days filled me
Fed me illusion’s gate in temperate stream
Welled up within me
A hunger uncurbed by nature’s calling
Seven sacraments to song
Versеd in Christ, should strength desert me
They’ll come, they come
Come, they’ll come, come do theyLifted up
Reflected in returning love, you sing
Heaven waits
Someday Christendom may come
Westward, evening sun recedent
Set my resting vow
Hold in open heart
Open heart
runeii
bien, n’êtes-vous pas accompli
en réponse choisissez
excuses acceptées
une effigie bénie
lent à saigner, noble fils
abrogé
bien, n’êtes-vous pas incertain
en réponse non lue
serpentement questionné
tellement béni avec effort
lent à saigner, noble fils
Runeii
Well, aren’t you success
In answer select
Apologies met
An effigy blessed
Slow to bleed, fair son
Rescinded
Well, aren’t you suspect
In answer unread
Meander contest
So effortly blessed
Slow to bleed, fair son
Paroles originales de Mark Hollis. Tous droits réservés.