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Panos Kyparissis, traduit du grec par Anne Barbusse

jeudi 9 février 2023, par Cécile Guivarch

Panos Kyparissis est né dans la communauté Oxya de Ioannina. Il a étudié les mathématiques et la philologie à l’Université d’Athènes et le théâtre à l’école d’art dramatique d’art grec de Karolos Koun. Il a travaillé comme acteur et metteur en scène au théâtre, à la télévision et au cinéma. Il a également été employé comme professeur de philologie et de mathématiques dans l’enseignement secondaire pendant plus d’une décennie. Pendant huit ans, il a travaillé comme professeur d’art dramatique pour les écoles de « Veakis », « Nouveau théâtre hellénique - Giorgos Armenis » et « Délos - Dimitra Hatoupi ». Panos Kyparissis écrit de la poésie, des essais et traduit de la littérature dramatique. Son œuvre a été traduite en plusieurs langues. En 2014, il a reçu le Prix national de poésie pour son livre Τα τιμαλφή (Objets de valeur), traduit en anglais sous le litre Valuables, et le premier prix du Festival international du film documentaire d’Ierapetra pour son film Ioannina of Contemplation and Legend.

http://poets.gr/en/poets/kyparissis-panos

Extraits du recueil Τα τιμαλφή ( Objets de Valeur) de Panos Kyparissis, paru en 2013 aux éditions Melani

Τα τιμαλφή

        Βαθαίνει η λέξη
        ώς τη σιωπή της

 

Η πύλη

Αιφνίδιο σαν από καθρέφτη
ξαφνικό το πρόσωπό µας, ξένο
τρωτό, κάποτε νικηµένο

Λεηλατεί ο καιρός
κι ο µύθος ασωτεύει
Κίρκες, σειρήνες πολύφηµες
ανύπαρκτες Ιθάκες

Νησί του ήλιου η γη
τραύµατα και εγκαύµατα
γάζες νωπές
προθέσεις αναµµένες

Καράβια µακρινά
αθλήµατα αντοχής πολεµικά
κι ο θάνατος µόνος κριτής στο πλάι

Επιτύµβια λευκά
χρυσά κλειδιά στα σωθικά της

Objets de valeur

        Le mot s’approfondit
        jusqu’à son silence

 

La porte

Brusque comme dans un miroir
soudain notre visage, étranger
vulnérable, parfois vaincu

Pille le temps
et le mythe dilapide
Circés, sirènes de grande renommée
Ithaques inexistantes

Île du soleil est la terre
blessures et brûlures
gazes fraîches
intentions enflammées

Navires lointains
sports d’endurance et de combat
et la mort seul juge à côté

Pierres tombales blanches
clefs d’or dans ses entrailles

∆ική σου η επιλογή

Και στον κήπο της Γεθσηµανής
υπάρχει πάντα µια σχισµή
που σε καλεί να µετρηθείς

Να χωθείς για να σωθείς
ή πολεµώντας να πεθάνεις

Le choix t’appartient

Et dans le jardin de Gethsémani
il y a toujours une brèche
qui t’invite à te mesurer

A te cacher pour être sauvé
ou bien à mourir au combat

Σε κεντάει ο γυρισµός
να δεις σαν τον φονιά
το ανυπολόγιστο
που µυστικά κι αργά
ο φόβος του σε λειώνει

         στον Κουρτ Γκέντελ

T’aiguillonne le retour
pour voir tel le meurtrier
l’incalculable
dont secrètement et lentement
la peur te consume

         à Kurt Gödel

Λέξεις στου πόνου τα σεντόνια
και θύρες ανοιχτές

Ζητούν
να τις σηκώσεις από βιβλία ξεχασµένα
από στρώµατα βρεγµένα
φράσεις άρρωστες, φθαρµένες

Να τους βρεις εικόνες πάλι και σφυγµό
ροή και θέρµη
που κρατούν χειµώνες στη σιωπή τους

Να ’ρχεσαι νοσηλευτής
µε ανάπαιστους αναπνοής
πανί και ξίδι στους κροτάφους
µε χλωρές µατιές να τις γιατρεύεις

Να τις µάθεις να µη ρωτούν
γιατί ρωτώντας
χάνουν το βάρος τους και κινδυνεύουν

Mots dans les draps de la douleur
et portes ouvertes

Ils demandent
que tu les lèves des livres oubliés
des matelas mouillés
phrases malades, usées

Que tu leur trouves à nouveau images et pulsation
flux et fièvre
qui gardent les hivers dans leur silence

Qu’infirmier tu viennes
avec anapestes de la respiration
linge et vinaigre sur les tempes
que tu les soignes de regards tendres

Que tu leur apprennes à ne pas questionner
parce qu’en questionnant
ils perdent leur poids et sont en danger

Όσο τρέχεις
τόσο πιο γρήγορα νυχτώνει

Σε σπρώχνει ο χρόνος στ’ ανοιχτά
κι αθέατη άµµος σε βυθίζει

Σιωπή στη σιωπή
καταλήγει βουβή η κλεψύδρα σου
γράφοντας παύσεις µικρές
ασύµµετρες ροές
ώς τον τελευταίο κόκκο της
που πέφτει πάνω τους
ανάλαφρη τελεία

Plus tu cours
plus vite il fait nuit

Le temps te pousse vers le large
et un sable invisible t’engloutit

Silence dans le silence
finit muette ta clepsydre
écrivant de petites pauses
flux asymétriques
jusqu’à son dernier grain
qui tombe sur eux
léger point

Χαµηλό το φεγγάρι

Ηµίφωτο επιτύµβιο
κλίνει ξαφνικά µέχρι το χώµα
ν’ αποθέσει τα σπασµένα δάχτυλά του
ο νεκρός

Basse la lune

Stèle demi-éclairée
penche soudain jusqu’à la terre
pour que dépose ses doigts brisés
le mort

Anne Barbusse
Née en 1969, agrégée de Lettres Classiques, je reprends mes études à l’Université Paul Valéry en 2012 et obtiens un master traduction en littérature néo-hellénique en 2017, où j’ai traduit, en pleine crise grecque, l’œuvre inconnue en France de Takis Kalonaros (Du bonheur d’être grec, Athènes, éditions Euclide, 1975, réponse à Du malheur d’être grec de Nikos Dimou, traduit et édité en France en 2012 aux éditions Payot).
J’ai également traduit un ouvrage de Yiorgos Stergiopoulos, Exil à la naissance, éditions Gavrielidis, 2015.


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