Terre à ciel
Poésie d’aujourd’hui

Accueil > Voix du monde > Nouveaux poèmes de Michela Zanarella, traduits de l’italien par Alain Bourdy

Nouveaux poèmes de Michela Zanarella, traduits de l’italien par Alain Bourdy

lundi 1er juillet 2024, par Cécile Guivarch

Les 4 poèmes suivants sont extraits du recueil Recupero dell’essenziale et les 2 autres de L’eredità del bosco

Chiedere riparo alla notte
per tutto il dolore vissuto
respirare un buio che sa di luce assorta
ne scuotono il rumore le stelle
ed è come se accadesse un sussulto
al cielo di novembre
l’autunno prende fiato nei sogni compiuti
e la luna pare un segreto di sole
rimasto impigliato tra i rami
un destino immutabile
uguale al colore di albe già viste.

Demander protection à la nuit
pour toute la douleur ressentie
respirer une obscurité imbibée de lumière
elles en font vibrer l’écho les étoiles
et c’est comme s’il se produisait un sursaut
dans le ciel de novembre
l’automne exhale un soupir dans les rêves accomplis
et la lune semble un secret du soleil
qui s’est empêtré dans les branches
un destin immuable
pareil à la couleur d’aubes déjà perçues.

Spegnemmo la voce al primo sole
avremmo voluto tacere più forte
e affidare agli occhi i colloqui con la luce.
Il silenzio portava lo sciame dei giorni
in cui il tempo era in viaggio
sulla nostra pelle muta.
Ci guardavamo dalla guglia della memoria
avevamo smosso il cuore – qualcosa
aveva interrotto la resa delle labbra.

Nos voix se sont tues au lever du soleil
nous aurions voulu nous taire davantage
et confier à nos yeux les entretiens avec la lumière.
Le silence emmenait l’essaim des jours
où le temps était en voyage
sur notre chair muette.
Nous nous regardions depuis la flèche de la mémoire
nous avions ému nos cœurs – quelque chose
avait interrompu le laisser-aller de nos lèvres.

La notte ha una maternità luminosa
spinge scintille dentro il buio
mentre i sogni si arrampicano come siepi taciturne
in cima alle vertebre del tempo.
Reclamano l’alba ad un passo dalla luna
nuvole sottocielo
l’autunno è in ascolto, vedrà arrossire le arterie
delle strade
gli alberi parlare con la stessa lingua delle stelle,
innamorarsi dell’aria e poi svanire.

La nuit a une maternité lumineuse
elle émet des étincelles dans l’obscurité
tandis que les rêves se hissent tels des haies silencieuses
au sommet des vertèbres du temps.
Des nuages sous le ciel
réclament l’aube à deux pas de la lune
l’automne est à l’écoute, il verra rougir les artères
des routes
les arbres parler la même langue que les étoiles,
s’éprendre de l’air et puis dépérir.

Dobbiamo avere fiducia nel cielo
credere nel suo immenso lontano
aprirci un varco nella memoria delle stelle
e portare la radice della luce
là dove sembra tutto troppo sommerso.
Saper distinguere un riflesso ordinario
da un bagliore che sa osare l’orma della luna
e diventare alba
passando di lato alle metamorfosi della notte
non è cosa per chi ha sguardi rivolti unicamente al proprio tempo.
Il sole si fa guardare da chiunque
ma pochi sanno quanto buio ha dovuto attraversare
prima di splendere.

Nous devons avoir confiance dans le ciel
croire en son immensité lointaine
ouvrir une brèche dans la mémoire des étoiles
et apporter le germe de la lumière
là où tout semble trop enseveli.
Savoir distinguer un reflet ordinaire
d’une lueur qui sait oser l’empreinte de la lune
et devenir une aube
en frôlant les métamorphoses de la nuit
n’est rien pour qui n’a les yeux tournés que vers son présent.
Le soleil se montre à tous les regards
mais peu de gens savent quel degré d’obscurité il a dû traverser
avant de resplendir.

Senti come soffia ad alta voce il vento
timidi i cigliegi lo lasciano sfogare tra i rami
mentre è quiete nel sole
che accompagna l’estate a restare tra i sentieri
è quasi un crescendo di respiri dal cielo
che porta le nuvole e qualche rondine a volare
da lontano un’eco di campane
distoglie il tempo dal silenzio
ma qui il mondo non viene a far rumore
l’eternità è vicinissima
ride con ogni filo d’erba
e fa luce ai rovi.

Écoute comme à voix haute souffle le vent
timides les cerisiers le laissent s’épancher parmi les branches
tandis qu’il est paisible sous le soleil
qui accompagne l’été le long des sentiers
c’est presque un crescendo de souffles venus du ciel
qui pousse les nuages et quelques hirondelles à voler
dans le lointain un écho de cloches
dénoue le temps du silence
mais ici le monde ne vient pas faire de bruit
l’éternité est toute proche
elle rit en chaque brin d’herbe
et illumine les buissons.

Pioggia rintanata tra le nuvole
l’aria ha premura che giunga frescura
sui prati zittiti dall’arsura dell’estate.
Il cielo concede appena qualche goccia
finge di aver bagnato di luce l’erba
e di aver fatto maturare l’ombra della luna
sui rami di betulla
mentre il silenzio continua a far tacere le strade.
Riposo in un orizzonte
che sembra abbia scelto di allinearsi ad una quiete universale
a fianco soltanto le intimità del tempo
un sole che abbandona la sera
e una memoria di bosco
spinta al massimo chiarore nella notte.

Pluie dissimulée parmi les nuages
l’air a hâte que la fraîcheur arrive
sur les prés réduits au silence par la chaleur estivale.
Le ciel délivre à peine quelques gouttes
il feint d’avoir baigné l’herbe de lumière
et d’avoir fait mûrir l’ombre de la lune
sur les branches de bouleau
tandis que le silence continue à museler les routes.
Je me repose dans un horizon
qui semble avoir voulu s’aligner sur une paix universelle
côtoyée seulement par les intimités du temps
un soleil que le soir abandonne
et une mémoire sylvestre
menée à la plus grande clarté dans la nuit.

Michela Zanarella est née à Cittadella, dans la province de Padoue. Elle vit et travaille à Rome.

Elle a publié les livres suivants : Credo (2006), Risvegli (2008), Vita, infinito, paradisi (2009), le recueil de nouvelles Convivendo con le nuvole (2009), Sensualità, poesie d’amore d’amare (2011), Meditazioni al femminile (2012), L’Estetica dell’oltre et Le identità del cielo (2013), Tragicamente rosso (2015), Le parole accanto (2017), L’esigenza del silenzio (avec Fabio Strinati, 2017), L’istinto altrove (2019), La filosofia del sole (2020), Infinito celeste (bilingue italien/arabe, 2021), Recupero dell’essenziale (2022), L’eredità del bosco (2023) ainsi que le roman Quell’odore di resina paru en 2024.

Michela Zanarella a obtenu différents prix littéraires nationaux et internationaux dont le Creativity Prize du Prix international Naji Naaman de l’année 2016. Elle est ambassadrice pour la culture et représente l’Italie au Liban pour la Fondation Naji Naaman. Elle s’occupe de relations internationales pour EMUI EuroMed University. Rédactrice de Periodico italiano Magazine et de Laici.it, elle est aussi présidente de l’Association de Promotion Sociale Le Ragunanze de Rome qui organise annuellement un prix littéraire.

Après une licence en langue et littérature italienne, Alain Bourdy a continué d’approfondir sa connaissance de la culture et de la poésie italienne pour laquelle il se passionne particulièrement.
Il a effectué de nombreuses traductions en français de poètes italien-ne-s qu’il a lues régulièrement pendant quelques années à la Maison de la Poésie d’Avignon, et dont certaines sont parues dans quelques revues. Il est l’auteur d’un recueil intitulé Subtiles résonances paru aux éditions Maïa en 2019.


Bookmark and Share


Réagir | Commenter

spip 3 inside | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0 Terre à ciel 2005-2013 | Textes & photos © Tous droits réservés