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Michela Zanarella, traduite de l’italien par Alain Bourdy

lundi 28 octobre 2019, par Cécile Guivarch

Quelques extraits du recueil L’Estetica dell’Oltre

Forse madre non sai

Nell’utero elastiche origini,
il tocco bianco di Dio
e in un lembo nudo
d’acqua
l’esile macchia
del mio esistere.
Forse madre non sai
che dal tuo docile grembo
ho appreso come suonano
sembianze di luce,
in quel mare di sorte
e somiglianza
che ci avvicina,
come pioggia
alle pozzanghere.

Peut-être mère ne sais-tu pas

Dans l’utérus origines élastiques,
la touche blanche de Dieu
et dans une simple nappe
d’eau
la frêle tache
de mon existence.
Peut-être mère ne sais-tu pas
qu’à partir de ton sein docile
j’ai appris comment résonnent
des apparences de lumière,
dans cette mer de destinée
et de ressemblance
qui nous rapproche,
comme la pluie
rejoint les flaques d’eau.

Forse soltanto l’amore

Forse soltanto l’amore
sa riempire le superficie nude
dei miei sensi.
E di continuo tesse intrecci
di fiato ed epidermidi,
come un impero di luce
dai palmi impazienti,
che posa uno schianto trasparente
nel liscio accadere
di schiume.

Seul peut-être l’amour

Seul peut-être l’amour
sait remplir les surfaces nues
de mes sens.
Et sans cesse il a tissé des mélanges
de souffle et d’épidermes,
comme un empire de lumière
aux paumes impatientes,
qui produit un fracas transparent
dans la douce apparition
d’écumes.

Come una luce materna

Come una luce materna
mi curo del cielo
e delle sue stanze.
In una timida ricchezza
d’altezze
riverso il mio silenzio più puro.
Stringo immensità
ed occhi di trasparenza
scostando le sillabe dell’alba.
Si presenta alla mia gola
l’intimità della vita,
l’adagio respiro di un giorno
che rinnova il suo nettare
in un brusio di nuvole.
E sento il paradiso ritornare,
dove l’ampiezza di un orizzonte
si fa creta per l’eternità.

Comme une lumière maternelle

Comme une lumière maternelle
je prends soin du ciel
et de ses chambres.
Dans une timide richesse
de hauteurs
je reverse mon silence le plus pur.
J’embrasse de l’immensité
et des regards de transparence
en écartant les syllabes de l’aube.
Elle se présente à ma gorge
l’intimité de la vie,
le long souffle d’un jour
qui renouvelle son nectar
dans un bourdonnement de nuages.
Et je sens le paradis revenir,
là où l’ampleur d’un horizon
se change en argile pour l’éternité.

Terra interiore

In questo tempo
di solitudine
e tramonti in abbandono,
la mia terra interiore
non ha piena certezza
della purezza degli orizzonti
e della ragione delle civiltà.
L’identità
si perde al tatto
di un precipizio inaspettato,
dentro l’insistente avidità
di un mondo
che impedisce gli sguardi
di Dio.
Spinta dalla vita
ad essere donna che crede
trascino un pezzo di luce
tra le vene
e mi separo dalle miserie
di un’epoca
che non sa capire
il mio bisogno
di dolcezza eterna.

Terre intérieure

En cette période
de solitude
et de crépuscules à l’abandon,
ma terre intérieure
n’a pas la pleine certitude
de la pureté des horizons
et de la raison des civilisations.
L’identité
se perd au contact
d’un précipice inattendu,
dans l’insistante avidité
d’un monde
qui détourne les regards
de Dieu.
Poussée par la vie
à devenir croyante
je transporte un brin de lumière
parmi mes veines
et je m’écarte des misères
d’une époque
qui ne sait pas comprendre
mon besoin
de douceur éternelle.

Diafane incadescenze

Veglia fedele il tappeto d’erba,
stesa fra il bisbiglio
e l’impronta della notte.
Gocciola diafane incandescenze
nel cedere il peso
del giorno al cosmo.
È luce intermittente a ritmo di luna
che annusa il polso
della terra,
lampeggia come linfa alla radice.
S’annida in petali
di vento
il lampo di chiarore
che nasce e affoga
nel fruscio di una stella.

Incandescences diaphanes

Fidèle veille le tapis d’herbe,
répandue entre le murmure
et l’empreinte de la nuit.
S’écoulent des incandescences diaphanes
dans le transfert du poids
du jour au cosmos.
C’est lumière intermittente au rythme de lune
inhalée par le pouls
de la terre,
elle scintille comme sève à la racine.
Il se blottit en pétales
de vent
l’éclair de clarté
qui prend naissance et se noie
dans le grésillement d’une étoile.


Michela Zanarella est née à Cittadella, dans la province de Padoue, en 1980.
Elle vit et travaille à Rome.
Elle a commencé à écrire des poèmes en 2004. Elle a publié les livres suivants : Credo (éd. MeEdusa, 2006), Risvegli (éd. Nuovi Poeti, 2008), Vita, infinito, paradisi (éd. Stravaggio, 2009), le recueil de nouvelles Convivendo con le nuvole (éd. GDS, 2009), Sensualità, poesie d’amore d’amare (Sangel Edizioni, 2011), Meditazioni al femminile (Sangel Edizioni, 2012), puis en 2013 paraissent L’Estetica dell’Oltre (éd. David and Matthaus) et Le identità del cielo (éd. Lepisma), et en 2015 Tragicamente rosso (éd. David and Matthaus), recueil contre la violence avec monologue théâtral. Elle a publié en 2017 Le parole accanto (Interno Poesia), ainsi que L’esigenza del silenzio en collaboration avec Fabio Strinati. En mars 2019 est paru un nouveau recueil de poèmes, L’istinto altrove.
Elle a obtenu différents prix nationaux et internationaux, dont le Creativity Prize dans les prix littéraires Naji Naaman de l’année 2016. Elle rédige des comptes rendus et des interviews pour divers journaux en ligne. Elle s’occupe également de relations internationales pour EMUI EuroMed University.

 
 

Après une licence en langue et littérature italienne, Alain Bourdy a continué d’approfondir sa connaissance de la culture et de la poésie italienne pour laquelle il se passionne particulièrement.
Il a effectué de nombreuses traductions en français de divers poètes italiens contemporains qu’il a lues régulièrement pendant quelques années à la Maison de la Poésie d’Avignon, et dont quelques-unes sont parues dans des revues.

C’est avec émotion qu’il a découvert depuis quelques années la poésie de Michela Zanarella. Elle représente pour lui l’une des voix majeures de la poésie italienne de ce début de siècle.


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