Extraits de Alors, traduits par Yves Roullière
II
L’exil n’existe pas
l’exil c’est moi
quittant toujours le lieu d’où je ne suis pas parti.*
Les eaux du névé descendent
et viennent jusqu’à moi dans leur silence.
Elles viennent la nuit
pour brûler la soif
pour continuer à courir au plus profond.*
Comme le soleil
l’eau nomme les choses sans les nommer
sa silencieuse voix
est un baptême du monde.*
La rigole mouille la verte lèvre de la forêt
et les fleurs sylvestres se multiplient par milliers.
Labyrinthe sans aucun centre que l’épaisseur.
La beauté guette de toutes parts.*
Les paupières s’en sont allées avec le soir
et un crépitement d’oiseaux fleurit dans les pupilles.
Le calme pleut goutte à goutte.*
Je sens ta brûlure d’oiseau dans le soir.
Tu fuis vers moi
comme la soif qui décide
de revenir.
Des extraits de « Les éléments » à lire sur Terre à Ciel
Leandro Calle (né en 1969) vit à Córdoba en Argentine, où il enseigne la littérature et anime des ateliers de poésie. Depuis 1999, il publie des poèmes dont une suite (« Une lumière venue du fleuve : Via crucis ») a été traduite par Yves Roullière dans la revue Nunc (n°4, octobre 2003). Il a lui-même traduit Guy de Maupassant et Abdellatif Laâbi.
Yves Roullière (né en 1963) vit en région parisienne, où il est éditeur. Il a publié des essais et des études dans diverses revues et collectifs, et a traduit de l’espagnol des poèmes de Lope de Vega, Miguel de Unamuno, José Bergamin, Ricardo Paseyro et Horacio Castillo.