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Silvia Bre traduite par Silvia Guzzi

mercredi 30 décembre 2015, par Cécile Guivarch

Sept poèmes extraits de La fine di quest’arte, Giulio Einaudi Editore, 2015.

Photo de Silvia Bre ©Dino Ignani

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La brevità va riguardata
come la cerva vede
una costa innevata di montagna

da questo crinale esercita
alla morte, dall’altro
inosservata, salta.
La brièveté est à revoir
comme la biche voit
une côte enneigée de montagne

de cette arête elle exerce
à la mort, de l’autre
inobservée, elle saute.

Quando si tuffa la faccia in un lago
torna subito a pelo dell’acqua, non riesci

serve un fucile
per forzare il reale a farsi largo

devi esserci
per poter sparire.

Quand on plonge le visage dans un lac
il revient à l’instant au ras de l’eau, impossible

il faut un fusil
pour forcer le réel à s’ouvrir

on doit être-là
pour pouvoir disparaître.

l’acqua che mi riflette
e che mi pensa
fermissima
mi tiene
come un suo bene

acqua io sono in lei, anima persa
altra io sono in lei
quello che posso
quello che vorrei

l’eau qui me reflète
et qui m’imagine
immobile
elle me tient
comme un de ses biens

eau moi je suis en elle, âme perdue
autre moi je suis en elle
ce que je peux
ce que je voudrais

Il corpo protegge un’ombra fredda, affilata
seria, l’ascia di una guerra mai saputa
che la morte un giorno dissotterra

quel giorno la metafora è svanita.

Le corps protège une ombre froide, aiguisée
sérieuse, la hache d’une guerre jamais connue
que la mort un jour déterre

ce jour-là la métaphore s’est évanouie.

Un giorno scelse d’apparirmi.
Chi lo direbbe che a disegnarci vivi
basta un’ombra
il fuori che filtrava
chi direbbe che fu un capillare pulsante
a forma di ramo a rapirmi
in questa storia.

Un jour choisit de m’apparaître.
Qui le dirait qu’à nous dessiner vivants
il suffit d’une ombre
le dehors qui filtrait
qui dirait que ce fut un capillaire battant
en forme de branche à me ravir
dans cette histoire.

Devo scrivere bava
e dopo perla
e poi collana
chissà se mai compaia controsole
la pagina spiegata che le avvolga
qui tutto si dipana da due occhi
che nel bruciare si scavano una tana

ne va di un mondo
un punto che lo aspetta
e lo pretende senza
aver ragione
devo scrivere bava
e dopo perla
e poi collane.

Je dois écrire bave
et après perle
et puis collier
apparaîtra-t-elle jamais à contre-soleil
la page dépliée qui les enveloppe
ici tout se dénoue depuis deux yeux
qui en brûlant se creusent une tanière

il en va d’un monde
un point qui l’attend
et l’exige sans
avoir raison
je dois écrire bave
et après perle
et puis colliers.

Ma pensare, pensare è affrancarsi,
mente che sogna addormentata nella terra :
in te che mi riguardi e sei
quello che sono
distendo questo mio corpo fedele
nato per raccontare della luna
quando va via da sé
quando senza più noi va da nessuno.

Mais penser, penser c’est s’affranchir,
esprit qui rêve endormi dans la terre :
en toi qui me regardes et es
ce que je suis
je détends mon corps fidèle
né pour raconter la lune
quand d’elle-même elle s’en va
quand sans nous désormais elle va vers personne.

Silvia Bre est écrivain, poète et traductrice. Elle vient de publier chez Einaudi son dernier recueil de poésie « La fine di quest’arte » (2015). Elle a reçu le prix Montale en 2001 pour son recueil « Le barricate misteriose » (Einaudi) et le prix Viareggio de poésie pour « Marmo » (Einaudi, 2007). Elle a traduit, entre autres, deux anthologies d’Emily Dickinson, « Centoquattro poesie » (2011) et « Uno zero più ampio » (2013), ainsi que « Il Canzoniere » de Louise Labé (Mondadori, 2000) et « Il giardino » de Vita Sackville-West (Elliot, 2013).

Silvia Guzzi est traductrice de l’italien, de l’espagnol et de l’anglais. Après avoir obtenu sa licence en traduction avec distinction, à l’Institut Libre Marie-Haps de Bruxelles, avec un mémoire de traduction commentée du roman Temblor de Rosa Montero, elle a suivi une formation au Centre européen de traduction littéraire dirigé par Françoise Wuilmart.
Ses traductions de poésie italienne contemporaine ont été accueillies par les revues de poésie Terres de femmes, Terre à ciel, Poetarum Silva et Irisnews. Elle a traduit un roman et de nombreux ouvrages en sciences humaines. Son site internet : www.traductions.it


Lire d’autres poèmes traduits, du même recueil :

La poca la povera cosa poème extrait de La fine di quest’arte, traduction Silvia Guzzi

Io amo chi siede poème extrait de La fine di quest’arte – traduction Silvia Guzzi

se ti chiamassi e almeno poème extrait de La fine di quest’arte – traduction Silvia Guzzi


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