Olivia Elias, poète de la diaspora palestinienne
Naissance, Haïfa- Palestine. Réfugiée avec ma famille au Liban, j’ai vécu au Canada où j’ai effectué mes études universitaires et enseigné les sciences économiques jusqu’au début des années 1980. Depuis, je réside en France, mis à part la période 2005-2009 durant laquelle j’ai vécu et travaillé en Syrie et en Egypte.
Extraits de Ton nom de Palestine
Tant d’entre nous sont tombés
fauchés par une balle ou trop de peine
Pour les honorer je veux
au milieu du désert
un espace dépouillé de simples tombes
PAS de décoration PAS de fleurs Pas de couronnes
et SURTOUT pas de sang
Je laisse la couleur sang aux colonisateurs
et à leurs toréadors
PAS de discoursDevant le grand carré dédié aux enfants
de Palestine Gaza Jérusalem Hébron
Deir Yassine Jénine Yarmouk Sabra et Chatila______JUSTE
______des cerfs-volants
______ et des ballons blancs______
______*Je prie le sable de leur faire à tous
une couverture tiède et tendre
Je demande à la lune bleutée
aux myriades d’étoiles de les veiller
au soleil de composer en leur honneur
de fabuleux décors illuminés
d’orangé et de violet
au vent d’égrener leurs noms
sur tous les continentsPaix soit à leurs âmes !
Poèmes inédits, extraits de Poèmes-flammèches
Migration des étoiles
Dans ce pays les étoiles n’étaient pas stabilisées
Elles pouvaient tout aussi bien s’envoler
migrer vers des contrées où le bonheur
était moins précaire
Et c’est ce qui arrivaEn fait il en était ainsi de tout ____ la vie même pouvait s’envoler l’eau s’arrêter de couler ____ la maison et le champ s’évanouir comme ça Pschitt ____ à leur place ____ un Mur bouche l’horizon
Une maison de béton surgissait ____ bientôt suivies de milliers d’autres ____ toutes semblables ____ habiter auprès était comme camper ____ au bord d’un volcan prêt à exploser ____ la nuit les laves jaillissaient ____ les loups rôdaient babines retroussées
Les femmes avaient beau jeter des cailloux ____ faire des nœuds à leur mouchoir accrocher des perles bleues ou de petites croix au cou des enfants il y en avait tous les jours davantage
Savez-vous le bruit que fait un olivier qui s’écroule racines à l’air ?
Et celui d’une balle touchant un homme en pleine tête ?
Feu de la brûlure
Je suis née en ce temps éruptif où mon pays changeait de nom
Je suis née en ce temps sismique qui engloutissait jusqu’au nom de mon père et du père de son pèreLa terre tremble toujours et l’ombre de la prison s’étend
J’ai grandi sur le volcan d’une terre d’expiation
élue par un Dieu surgi d’un buisson ardent
Ses geysers de sang illuminent la nuit sauvageCombien de temps encore corps et âmes passés au feu de la brûlure ?
Sous les pommiers
Longtemps je me suis levée prête au combat
Me reposant sous les pommiers
j’ai compris que nous étions
des êtres ô combien imparfaitsIl me reste encore deux ou trois choses à vérifier
Est-il possible que trop de rage tue la rage
comme trous noirs dévoreurs d’étoiles ?Est-il égal de courir après le bonheur ou d’attendre
qu’il franchisse à pas de chat le seuil du foyer ?Comment résoudre l’équation d’advenir au pays des absents et des présents-absents pays qui joue à cache-cache avec l’existence ?
APPEL
18 ans la mer pour horizon
Si longtemps a rêvé de déployer son feuillage
de prendre la mesure de ses pasDe même que la terre ne peut contenir
la sève cette force qui fait exploser
graines et bourgeons
chaque printemps grandit l’appel18 ans la mer pour horizon
Enfin obéir au commandement
lancer les dés du destin
et traverser le mur liquide
Pas ____ Caillou ____ Rêve
____ UN PAS ____ ____ ____ FROID
________ ____ ____ UN PAS ____ ____ ____ EFFROI
UN PAS ____ ____ ____ CHIEN
____ ____ ____ UN PAS ____ FAIM
____ UN PAS ____ SOIF
_ PAS ____ ____ APRES ____ ____ PAS
La vie agrippée au fil d’un rêve lesté d’une pierre blanche comme la maison surplombant la mer là-bas au pays d’autrefois
II dort serrant dans la main le caillou à l’existence duquel il croit plus qu’à la sienne propre
Dans ses yeux un grand chagrin qui se déverse dans le ciel couleur des cendres jetées sur ses souvenirs
Publications
J’ai toujours écrit mais n’ai décidé de publier que récemment. A l’heure actuelle, je finalise le manuscrit d’un nouveau recueil, Poèmes-flammèches.
Déjà parus :
-* Ton nom de Palestine, éditions Al Manar, Paris, janvier 2017.
- L’espoir pour seule protection, préface de Philippe Tancelin, éditions alfabarre, Paris, février 2015.
-* Je suis de cette bande de sable, mai 2013 (épuisé).
Poèmes publiés dans le supplément littéraire de L’Orient le jour, les revues Phoenix et Concerto pour marées et Silence, Recours au poème.
Traduction d’une vingtaine de poèmes en italien par Giancarlo Cavallo, poète co-fondateur de la Casa di Poesia di Baronissi (région de Naples).
Membre de l’équipe des collaborateurs réguliers de Recours au poème depuis mars 2017. En mai, chroniques consacrées à Gilles Ortlieb & Patrick Mac Guiness. D’autres suivront dédiées aux poètes François Cheng, Ernst Jandl , Sladan Lipovec, Pierre Tanguy...
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