Extraits de La fabrique de levure/Drożdżownia, Jakub Kornhauser, Introduction et Traduction Isabelle Macor, bilingue, éditions LansKine, mars 2018.
Le petit pâtissier (Soutine)
Un terrier effrayé aux longues pattes, sa langue pend entre le grenier à blé et l’estaminet. Il n’y a pas de passage à cause des tracteurs garés là, les dindes piaillent dans les baquets. Quelques pompiers tiennent un évier, il faut faire attention sinon le tuyau va rompre. Les autres surveillent des brioches sucrées et des gâteaux aux pommes emballés dans des mouchoirs. Les vieilles oreilles d’Aman traînent dans le glaçage. Mon Dieu, et où est le gâteau pavot-fromage ? C’est le garçon manchot qui l’a mangé, celui qui habite chez la maire du village. Nous nourrissons les souris avec la forêt noire. Non – c’est le cheval qui l’a mangé, il a déchiré le sac à dos avec ses dents, a sorti les pralines et les stylos. Une entreprise de Tarnów fait la canalisation, nous on laisse couler.
Mały cukiernik (Soutine)
Wystraszony terier z dużymi łapami, język zwisa między spichlerzem i barem. Nie ma przejścia, bo parkują traktory, indyki popiskują w baliach. Kilku strażaków trzyma umywalkę, trzeba uważać, bo pęknie rura. Inni pilnują słodkich bułek i szarlotek owiniętych chusteczkami do nosa. Stare uszy gniją w polewie. Jezu, a gdzie seromak ? Zjadł chłopiec bez ręki, ten, co mieszka u sołtysowej. Myszy karmimy czarnym lasem. Nie – to jednak koń zjadł, gryzł plecak, wyciągał pralinki i długopisy. Firma spod Tarnowa robi kanalizację, rurę odpuszczamy.
Les toits d’Ostende (Ensor)
Les toits s’effondraient sous la pression du ciel. Il me fallait les pousser dans la cheminée, et alors les choucas me picoraient les cuisses et me volaient mes pinceaux. Il y avait plus de toits que de choucas et les plus nombreux étaient les nuages. Les grandes hirondelles mangeaient la kasha que je mettais sur le rebord de la fenêtre. Sous les toits se pressaient les immeubles, sourds aux incartades des squelettes. C’est une duperie : en réalité il n’existait rien hormis les toits imprégnés de plomb. J’ai remarqué que quand il pleut, les toits cessent de briller et essaient de se cacher. Je ne pensais même pas que dans mon atelier puissent tenir tant de toits.
Dachy Ostendy (Ensor)
Dachy załamywały się pod naporem nieba. Musiałem wsuwać je do komina, a wtedy kawki dziobały mnie po łydkach i kradły pędzle. Było więcej dachów niż kawek, a najwięcej było chmur. Wielkie rybitwy jadły kaszankę, którą wystawiałem za okno. Pod dachami tłoczyły się kamienice, głuche na harce szkieletów. To oszustwo : w rzeczywistości nie istniało nic poza nasączonymi ołowiem dachami. Zauważyłem, że gdy pada deszcz, dachy przestają szeleścić i próbują się ukryć. Nie sądziłem nawet, że w mojej pracowni może zmieścić się tyle dachów.
La maison du mélamed I
Personne ne se souvient des gels qui crépitaient, des arbustes d’aubépine, des fauvettes qui tissaient leur nid sous le plafond. Les caisses en bois se sont vidées, les martres ont sorti les derniers kaftans et les chemises repassées avec soin. Quelqu’un a essayé de monter sur le toit de la boulangerie mais l’échelle s’est cassée et il n’est resté que quelques photographies sales. Sur l’une d’elles un vieux rabbin se voile la face avec le Livre tandis que la fumée s’élève au-dessus des branches chauves. La neige a fondu sous les bottes et le soleil, dans la maison du melamed les bougies brillaient tard dans la nuit. Chaque année les marchands grattaient les rides bleues des murs, des tapis s’écoulaient le pavot et le sable. Les fauvettes revenaient toujours au printemps bien qu’on ne les voie sur aucune des photographies. Ni les biches et les blocs de glace sur le fleuve. Les pompiers qui arrivaient de localités voisines éteignaient le feu. Ils avaient de grandes mains chaudes et des yeux noirs.
Dom mełameda I
Nikt nie pamięta trzaskających mrozów, krzewów głogu, piegż, które założyły gniazdo pod sufitem. Drewniane skrzynie opustoszały, kuny wyniosły ostatnie chałaty i starannie wyprasowane koszule. Ktoś próbował wejść na dach piekarni, ale drabina złamała się i pozostało tylko kilka brudnych fotografii. Na jednej z nich stary rabin zasłania twarz Księgą, a dym wznosi się ponad łysymi konarami. Śnieg topniał pod butami i słońcem, w domu mełameda do późna płonęły świece. Każdego roku handlarze wydrapywali błękitne zmarszczki w ścianach, z dywanów sypały się mak i piasek. Piegże zawsze wracały wiosną, chociaż nie ma ich na żadnej fotogra i. Ani saren i lodowych kier na rzece. Ogień gasili strażacy, którzy przyjechali z okolicznych miejscowości. Mieli duże, ciepłe dłonie i czarne oczy.
Jakub Kornhauser
Poète, traducteur, chercheur en littérature, né en 1984, Jakub Kornhauser enseigne à l’Université Jagellonne de Cracovie. Membre de la rédaction de l’une des plus importantes revues littéraires en Pologne, « Literatura na świecie » [« La Littérature dans le monde »], il a publié trois recueils de poésie : Un paragraphe dangereux (Niebezpieczny paragraf) (2007), Existences troubles (Niejasne istnienia) (2009) et La Fabrique de levure (Drożdżownia) (2015) pour lequel il a reçu le Prix Wisława Szymborska 2016.
Isabelle Macor est traductrice littéraire, enseignante, chercheur. Elle est l’auteur d’une thèse de Doctorat intitulée Poésie polonaise et poésie française d’après-guerre : deux concepts de la réalité, parue aux Presses de l’Université de Lille III. Elle a publié à ce jour une vingtaine d’ouvrages, de nombreux articles dans les revues d’art et littérature, en France et en Pologne, traduit des pièces de théâtre et des poèmes pour des festivals. Ses travaux portent essentiellement sur la poésie française et polonaise contemporaine mais elle s’intéresse aussi au théâtre, au roman et à la nouvelle, à la philosophie et à l’histoire médiévale et contemporaine. Elle traduit également de l’anglais et participe à des travaux collectifs de traductions d’autres langues. Ses traductions de poésie ont été récompensées par le Prix Horace du Cénacle européen francophone des arts et des lettres, juin 2015 et plusieurs fois nominées pour le Prix Nelly Sachs. Elle a reçu la Bourse découverte du CNL en 1999. Poursuit également un travail d’écriture personnel et recueille les récits d’enfants cachés rescapés de la Shoah.