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Notes d’Hervé Martin

lundi 25 octobre 2021, par Cécile Guivarch

L’instinct du tournesol / Patricia Castex Menier / Éditions Les-Lieux-Dits
Collection Cahier du Loup bleu / 1er Trimestre 2020 / 42 pages / 7 €

D’une famille de végétaux qui répond au doux nom d’Hélianthe, le « Soleil » comme un symbole de vie est au centre de ce livre. Patricia Castex Menier au prix de fines observations établit des rapprochements entre le tournesol et l’être humain.

L’héliotropisme est un phénomène par lequel cette plante, qui n’est pas malgré ses pétales tout à fait une fleur, suit ou semble suivre la trajectoire journalière du soleil. En recherchant la clarté maximum dont elles nourrissent leur plante, ses feuilles courbent le végétal de leur poids et l’inclinent vers le soleil.

Aux césures du vers, à leurs brièvetés, le rythme de l’écriture semble s’accorder à la lenteur par laquelle le tournesol s’incline,

« On / ne m’aura pas vue / pivoter vers la lumière. / C’est / fait./ Labeur/ imperceptible,/ mon/ secret,/ cran/après cran. »

Avec un premier poème qui dit un refus de la finitude, le livre est tourné vers une énergie vitale. En observant la plante, la poétesse montre dans les poèmes les raisons de vivre et les moyens de survivre,

« D’un / crépuscule à l’autre,/ qui/ m’a appris à ce point la patience ? / Peut-être/ la lenteur des planètes/ qui /s’appliquent depuis toujours / à / l’ordre de l’univers. »

Le tournesol et la poétesse alors se rejoignent mais l’avenir reste pour tous deux incertains,

« Mauvais/ réveil, matin en loques, Ce/ soir peut-être/ je / m’inclinerai/ »

Tout en soulignant que le poème suivant approche le phénomène de la photosynthèse, comment ne pas voir des similitudes entre le tournesol et le Poète ?

« Si / j’ai un visage, / face/ au soleil il est aveugle./ Tout/ se passe dans l’intime,/ je / capte tranquille la clarté/ par / la dilatation de tous mes pores. »

Notamment avec le lent travail du poète qui nourrit l’écriture aux flux des émotions.

La forme des poèmes ainsi maîtrisée de part en part et ce rapprochement d’une espèce végétale avec l’être humain, soulignant qu’ils partagent un même monde, font de ce livre un ouvrage réussit.

 

Une présentation de la collection Cahier du Loup bleu

Un bruit de terre / Po&psy- Collection / Myriam Eck

Dans l’esprit du bandeau noir qu’arbor(ai)ent les personnes en deuil sur les revers des cols de vestes ou au pourtour du bras, Myriam Eck dispose les caractères noirs des vers courts de son poème sur chacune des 54 pages blanches que compte Un bruit de terre.
Avec ce poème chargé d’une densité émotive, mémorielle et affective, elle dit l’intensité d’une peine et le sens intime de son hommage qui témoigne d’une expérience douloureuse.

Myriam Eck a choisi de publier son poème sur des pages de un à cinq vers, laissant penser à des poèmes brefs. Ils évoquent les moments difficiles du deuil. Un bruit de terre est à lire continûment dans le rythme lent des pages que l’on tourne où parfois certains vers forcent au recueillement.

Myriam Eck est accompagnée par la graphiste Marie-Christine Béguet dont les lignes rassemblées parallèlement, semblant prendre racine dans des encres sombres et parfois translucides, font échos à ces vers dans un minimalisme pictural et abstrait qui renvoie à notre imaginaire.

Le poème Un bruit de terre est un hommage, écrit au gré d’émotions et de sensations brèves qui s’est traduit sur la page en des flots de vers courts, comme des respirations. Quelques éclats de lumières grises et vives qui nous touchent dans la lecture.

 

Une note sur les 10 ans de Po&psy

Hervé Martin


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