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Lus et approuvés (avril 2024) par Valérie Canat de Chizy

samedi 13 avril 2024, par Valérie Canat de Chizy

Judith Wiart, Pas d’équerre. Éditions Louise Bottu, 2023

Pas d’équerre est un livre hybride, à la fois récit et carnet de bord. On y trouve des textes en prose et des poèmes, des dialogues rapportés, des extraits du « Café pédagogique » et des citations de réformes et de directives ministérielles concernant l’enseignement.

Judith Wiart enseigne le français et l’histoire en lycée professionnel, à des élèves en CAP maçonnerie ou menuiserie. Dans une écriture alerte, sur un ton enlevé, elle dresse le portrait sociologique d’une catégorie d’élèves issus majoritairement des milieux les plus défavorisés, provenant de pays étrangers. Certains, arrivés depuis un an ou deux en France, sont des mineurs isolés et vivent dans l’attente de leurs papiers, dans la crainte de ne pas les obtenir ou d’être sous le coup de l’OQTF.

Ils ont traversé des déserts, des terres et des mers pour arriver jusqu’à nous. Ils s’accrochent à leurs études comme à une bouée orange dans la Méditerranée.

Ces élèves, fatigués et parfois défiants envers les adultes, Judith Wiart tente de les sensibiliser à la poésie. Elle leur fait écrire des poèmes, leur fait découvrir des auteurs contemporains, les emmène au théâtre. Une note d’espoir quand l’horizon semble bouché, quand tout part en déliquescence, à commencer par l’établissement, « déglingué » et les programmes qui, au fil des années, réduisent l’enseignement du français et de l’histoire en lycée professionnel à une peau de chagrin.

Leur donner accès à la voix intérieure.

Qu’ils l’entendent, celle qui dit autre chose, autrement. Qu’ils se laissent surprendre par cette inconnue.

Qu’ils aient envie d’y revenir.

Qu’a-t-elle à leur dire ? Plus qu’ils ne le pensent.

La prof qui écrit ici ne manque pas de vivacité d’esprit, ni d’inventivité. Elle n’est pas non plus du genre à s’en laisser conter, a le sens de la répartie.

  • Vous savez pourquoi Abdelkarim n’est pas là ?
  • Il s’est pas réveillé, madame.
  • Et vous, pourquoi étiez-vous en retard ce matin, Romain ?
  • Parce que je me suis pas réveillé non plus.
  • Je vais finir par plus me réveiller, moi non plus.
  • Vous pouvez pas, vous êtes obligée de venir, c’est vous la prof.
  • Hé bien, je vais finir par ne plus venir du tout.
  • Vous aurez plus de métier ?
  • J’en trouverai un.
  • Ah bon. Quoi ?
  • Hôtesse de bar à ongles.

En dressant le portrait de ces jeunes, Judith Wiart aborde aussi leur rapport au sexe opposé, leur conception de l’avenir. Certains deviendront éboueurs, d’autres « cantonniers », terme plus éloquent que « agent d’entretien communal ». Cela ne décourage pas pour autant cette super prof qui en profite aussi pour faire le constat de la situation de l’enseignement en lycée professionnel.

Je regarde mes élèves disparaître dans la bouche de métro, des bouquins plein les mains, les poches et les sacs à dos Eastpack, puis j’écoute la sonate en A major de Schubert dans mon casque sur le chemin du retour pour rester un peu à la hauteur du moment.

À leur hauteur.

Philippe Leuckx, Le traceur d’aube. Aquarelles de Caroline François-Rubino. Al Manar, 2023

Nous cheminons dans la clarté bleue des aquarelles, magnifiques, de Caroline François-Rubino. Le traceur d’aube nous invite à le suivre. Il sème quelques galets bleus gris, nous convie à apprécier la beauté fragile des choses.

Quelque chose dans l’air
en suspens en attente
ce si peu à brusquer
qu’un miracle protège
comme un reste de beauté

Le poète sait se tenir immobile, à l’écoute de ce qui se trame dans l’invisible, de ce qui s’apprête à surgir. Il sait toucher du doigt ce qui reste d’enfance, d’innocence, ce tremblement dans la naissance du jour. Cela ouvre un espace de possibles, une capacité à goûter des vies secrètes / et rares. Ainsi, le poème peut émerger.

Les mots nous portent à plus de sève
le temps s’infléchit quoiqu’il y ait
peu de répit
de la marche à la phrase
quand le cœur se laisse aller
vers la rive en petites joies
singulières

Ainsi les mots sèment des ailleurs, et avec eux, l’espace-temps s’agrandit. Nous sommes dans l’ouverture et dans l’accueil. Des voix palpitent dans le silence.

Philippe Leuckx se souvient des lieux qu’il a visités en Italie, des ruelles dans lesquelles il a déambulé, de l’été romain.

La solitude est évoquée à plusieurs reprises. Il y a des soirs avec plus personne pour te héler / ou te surprendre, des jours où le chagrin est prégnant. Alors, les mots sont comme des amis, des présences qui accompagnent.

Traceur d’aube.
Traqueur d’ombre.
Sans cesse.
D’un volet l’autre.
Entre lumière naissante
et repli en refuge.
Au cœur des mots.
Dans cette chambre
de l’écriture.

Ici, le cœur est confiné, n’ose trop s’ouvrir, a la tentation du repli. Comme s’il avait peur d’être blessé. Peines, séparations. Déflagrations. Alors, le poème agit comme un baume apaisant. Il est cet espace dans lequel il est possible de s’abandonner, ce cocon dans lequel on se sent à la fois entouré et protégé.

Au plus noir de la vie, des éclaircies surviennent, éblouissent de leur présence. Philippe Leuckx est ce traceur d’aube qui chemine en compagnie de cette lumière toujours vivace qu’est le poème.

Écrire pour le bleu étoilé
de la verveine
pour le sang renouvelé
des pages à venir
pour éviter l’écueil
du voyageur déçu
d’avoir manqué à soi.

Stéphane Bataillon, Permettre aux étoiles. Éditions Bruno Doucey, 2024

Permettre aux étoiles / de respirer un peu. Dans notre monde actuel, avec ses injonctions sociales, l’omniprésence du numérique, comment donner forme à nos rêves et à nos désirs ? Comment laisser émerger, en soi, un souffle nouveau, trouver sa place / retrouver le sens / devenir soi ? La société dans laquelle nous vivons laisse finalement peu de place à la singularité de chacun et à la fragilité. Il s’agit de trouver sa voie, de tracer des sillons pour accéder à la liberté d’être simplement heureux.

Stéphane Bataillon écrit des poèmes pour nous parler du monde dans lequel nous vivons, avec ses bouleversements. Face aux médias et aux réseaux sociaux qui divulguent des bribes d’histoires et des fake news se succédant les unes aux autres, il préfère ne pas commenter, mais écrire de la poésie. Le poème devient alors cet espace qui lui permet de respirer. Il est aussi un moyen de partager son opinion ou sa vision des choses.

Il y a des élections

« c’est peut-être le moment
d’essayer autre chose »
dit l’homme de la rue
à la télévision

« peut-être le moment
d’essayer autre chose »

comme
se trancher les doigts
avec la lame du boucher.

Le recueil a un côté philosophique, avec une réflexion sur la nature humaine et la capacité de chacun d’accéder au bonheur.

Je sais
tu aurais pu devenir
quelqu’un d’autre

mais lui, l’autre
c’est peut-être bien de toi
qu’il rêvait.

Stéphane Bataillon nous parle aussi de lui. Il nous partage ses origines syro-libanaises, la communauté Chawam, minorité chrétienne de l’Église grecque-catholique à laquelle sa famille appartenait, l’exil de celle-ci en Egypte au XIXe siècle, puis le départ plus récent pour la France.

Il aborde son changement de religion et la façon dont sa grand-mère a accueilli sa décision de se faire baptiser protestant.

Il nous parle de sa compagne et de son fils, qui lui ont apporté le soleil.

Marcher sur le chemin
détrempé par la pluie

se contenter
de l’odeur des sols
et des reflets du temps

d’un mouvement dans l’air
je trace des sillons
pour permettre aux étoiles
de respirer un peu.

Cécile Guivarch, Alexia Atmouni, Partir. L’Atelier des Noyers, 2023

C’est un bijou que ce petit livre publié à l’Atelier des Noyers. Les textes de Cécile Guivarch sont magnifiés par les encres d’Alexia Atmouni. Parfois, on voudrait Partir, suivre son désir. La vie est faite de rencontres, d’attirances, des sentiments peuvent naître, et c’est cela qui est beau. Ce peut être une passion, ou bien quelque chose de beaucoup plus doux, la délicatesse de l’amour. Alors, on voudrait Partir, dévier la trajectoire, tracer de nouveaux sillons. Cécile Guivarch aborde avec beaucoup de pudeur

Le possible désir
la vie de partout

Ajoncs dans les talus
soleil dans un peu d’herbes

La vie est riche de possibles, toujours prête à nous surprendre. Rien n’est jamais figé, pour peu que l’on soit réceptif. Les mots et les encres disent les souvenirs, fragiles, tremblants, et la beauté d’une fleur, l’envol d’un oiseau. La vie est mouvement, et nous sommes ce mouvement, comme naître et être dans chaque instant au printemps. Ici, l’eau qui s’écoule évoque la continuité dans le mouvement, la naissance en soi perpétuelle, l’ouverture à la vie, au désir.

Blancheur d’une main, évanescence, beauté, temps suspendu.

L’arbre sa nudité
deux oiseaux sur une branche

Ailes
battement de paupières
entre

Les images vont et viennent, les oiseaux s’envolent, le rouge-gorge chante, le jardin s’éveille, les fleurs s’ouvrent. Dans le printemps naissant, songe ou rêverie emportent loin au bord d’une rivière, dans les souvenirs.

Ne pas troubler cette lumière, la beauté du ciel, ce paysage et son envol.

Ce qui surgit resplendit, irradie, éblouit.

Jonquilles soleils vers le soleil
mon visage vers le tien
-tu t’en souviens –
l’un éclairant l’autre

Judith Chavanne, De mémoire et de vent. L’herbe qui tremble, 2023

De mémoire et de vent nous parle de cet âge qu’atteint une mère quand les enfants ont grandi et ne sont plus des enfants. Peut-être même entrent-ils dans l’âge adulte. Alors, demeure quelque chose de révolu, d’inaccessible désormais, de l’enfance de nos enfants, / de leurs jeux, de leur confiance, // celle qui éclaboussait autrefois / dans la non-lumière de décembre.

La nature est omniprésente. Variation des couleurs des fleurs du jardin, iris dont les violets s’approfondissent, premiers pétales des cerisiers, naissance du printemps. Le temps de la naissance de l’enfant est loin désormais, et l’on avance en âge, mais avec le temps s’approfondit / l’espace de résonance ; / il n’y a peut-être pas de moindre ni de plus grand.

Passage du temps. Pourtant dans le jardin, la vie suit son cours, se renouvelle de saison en saison. Au fond, tout bouge et rien ne bouge. La vie est là, toujours prête à jaillir et à nous éblouir. La mémoire fait le reste. Souvenirs du temps où l’enfant lui tenait encore la main. L’enfance alors se prolonge dans le jardin.

Peut-être simplement cela :
la gardienne de l’enfance de mes enfants
– une sorte de berger.

J’aurai déroulé pour leurs pas un pré,
pour leurs pas et leur connivence,
pour la métamorphose de l’herbe
en une nappe jonchée de pièces de dînette
et que les amis soient conviés, les invités.

Judith Chavanne marche dans les pas de ses souvenirs. Période comblée d’une vie de mère. Quand les enfants étaient encore enfants. La mémoire toujours à l’affût. Elle voudrait rester encore cette jeune mère qu’elle a été. Le parquet alors était jonché de feuilles quadrillées, de jouets éclairés par le soleil.

Il est un temps de l’autrefois.

Au jardin quand vous étiez ici,
quand vous étiez enfants, le vent
s’ébruitait clair
dans les longs feuillages froissés
des peupliers.

Le temps présent est celui du jardin, dans lequel on s’assoit sur la chaise / posée contre l’arbre. Le chat, les mésanges ont remplacé les enfants. Nostalgie de cette période révolue où sans doute des cris de joie fusaient dans le jardin.

Douceur, sérénité de l’automne,
de toutes les saisons, celle-ci est le fruit.
Ni rouge, ni jaune acide ; l’ocre et le roux.

En été le jardin est encore dans son effort,
l’herbe même désormais est mâtinée
comme la crinière blond séché que l’on voit aux poneys.

Rien ne meurt,
tout est accompli – c’est ce qui semble ;
dans la pomme, le soleil est devenu suc et chair.

On a vécu ; cela aussi est un fruit.

Patricia Ryckewaert, Ce qu’il reste de pluie. Les Lieux-Dits (Collection Jour & Nuit), 2023

Je découvre une auteure que je ne connaissais pas du tout : Patricia Ryckewaert. Son recueil, Ce qu’il reste de pluie, paru aux éditions Les Lieux-Dits, dans la collection Jour & Nuit dirigée par Jacques Goorma, m’a immédiatement happée. Une poésie d’une sensualité inouïe, qui est un hymne au féminin, en ce qu’il comporte de douceur et de réceptivité. Des poèmes écrits par une femme qui aime l’amour. Vertige de l’étreinte, attente de l’autre, don de soi, acceptation de l’impermanence : il y a de tout cela dans Ce qu’il reste de pluie.

Je t’attends entre chien et loup
entre deux averses

l’ombre silencieuse vacille
les vents la plient un peu
le crachin colle les cheveux
je suis plus belle que jamais

tu viendras un poème dans la bouche
t’allonger sur mes peines
leur caresser le dos

Chaque texte est à la fois une ascension et un vertige. Atteindre le point culminant, l’acmé, mais sans risquer la chute, car ici, la douceur de la femme enveloppe, est source de chaleur ; elle adoucit, est comme un écrin, un édredon dans lequel s’enfouir.

Patricia Ryckewaert est cette femme qui n’a pas peur de donner. La pluie est là, omniprésente, symbole de la réceptivité. Et l’on repense aux vers de François Cheng : Toi le féminin / Ne nous délaisse pas / Car tout ce qui n’est pas mué en douceur / ne survivra pas (in Le livre du vide médian).

Ici, l’amour n’est pas exempt de douleur, mais il est ce qui permet de se sentir vivant.

Arracher le bandeau des yeux
sentir la brûlure

lécher le museau de la douleur
tout m’atteint, rien ne me blesse
je suis vivante

la pluie veut encore
le rouge-gorge dans la faille
tente un dernier cri.

Pluie, humus. Plaisir, douleur. Il y a l’autre, la rencontre, et il y a le poème, qui est réceptacle. Le poème, ce récipient, recueille l’eau de pluie et irrigue le cœur. Il nous invite à lâcher nos peurs et à oser aimer sans retenue. L’autre, c’est le monde. Aller à sa rencontre, c’est aussi aller à la rencontre de soi. Dans le poème, les mots germent, deviennent grains de vie. La poésie nous permet de nous ouvrir à l’autre, et au monde.

Ma poésie comme une terre promise
Je t’écris les mains enfouies dans la glaise
les yeux grands ouverts sur le monde

tout jaillit

éclaboussures de lumière et d’eau
mille yeux sans paupières posés sur toi

Germain Roesz, Un silence dans le ventre. L’atelier du Grand Tétras, 2024

Au commencement, la mère porte l’enfant. L’enfant grandit, devient adulte, la mère vieillit, puis meurt. Il reste ce silence, ce vide, dans le ventre du fils dépossédé de sa mère. Un silence dans le ventre dit la dépossession, le chagrin en soi. Cette mère qui a tant donné, s’est dévouée au point de ne pas pouvoir s’occuper d’elle-même, voilà qu’elle n’est plus.

Les premiers textes disent l’importance du regard. Dans les dernières années de la vie de sa mère, Germain Roesz tente de percevoir ce paysage qu’elle regarde et qu’il ne connait pas. Comment voir à travers les yeux de l’autre ? Tentative de se mettre à la place de l’autre, d’éprouver ce qu’il ressent, dans un don de soi. Le fils tente de donner à son tour afin de préserver le lien entre lui et sa mère.

Nous rivons nos yeux et le lien qui les serre
est
comme un brouillard

Les textes semblent hachés, tout de verticalité, ils disent la mère du temps où elle est encore vivante, la dissociation de la présence, l’effroi, la parole fragmentée, l’esprit qui se disloque.

juste un cri petit
étouffé
inaudible
oui pour dire « je suis là » et « pas là »
elle dit que « puis-je dire d’autre »
ça m’a rattrapé
ça m’a pris il y a longtemps
j’avais oublié
et puis c’est là
dans le manque
dans l’absence du sourire
dans une vie sans saveur
d’un glacis dans le corps
qui fait froid
elle dit « il fait froid »
si froid qu’il gèle ce qu’on pourrait dire
les mots se rétrécissent
ils ne disent pas ce qui se passe

Impuissance du poète face à la fêlure de sa mère, face au brouillard qui l’entoure, au sol qui se dérobe sous ses pieds.

Puis, un jour, la chambre devient chambre froide.

Alors, le lien casse.

Dire la douleur, avec la peinture. Le thème du regard revient, mais ce n’est plus le même regard, qui s’efforce de voir à travers celui de celle qui n’est plus. C’est un regard dans lequel le noir se fond dans le blanc. Noir et blanc.

La mâchoire se serre, l’air manque.

l’air manque partout
partout tout manque
comment respirer ce qui n’est plus l’air
autre chose
une sorte de boue poussière
qui ne bougerait pas

Germain Roesz écrit la douleur et ses répercussions sur son propre corps. pas mâcher pas manger pas parler / mâchoire serrée. L’écriture, hachée, sans phrases développées, exprime l’hébétement, les mots qui manquent, la sidération. Sidération face à la cassure, au lien coupé. Alors qu’à la naissance, la section du cordon ombilical permet au nouveau-né de respirer, ici, au moment de la mort de la mère, la coupure du lien maternel bloque la respiration.

Et puis, le temps passe. Alors, écrire pour, une dernière fois, tenter de Re-joindre.

Julie Nakache, Entre chiens et louves. Visuels de Kolet Goyhenetche. Exopotamie, 2024

Entre chiens et louves est le deuxième livre de Julie Nakache paru aux éditions Exopotamie, après Le sang des filles. Il y est question de filiation, du lien à la mère, à la nature, aux hommes. Pour Julie Nakache, chaque femme possède un pouvoir insoupçonné, une force de création. La femme se mêle intimement au végétal, à l’animal, elle est femme-monde. Elle a un pouvoir de transmutation.

Mâcher les pétales
Croquer les corolles
Avaler les tiges
Des racines poussent dans nos gorges

Pourtant, cette force de vie est souvent obscurcie par les forces du mal. On retrouve les jeunes filles assassinées. Partout dans le monde, des femmes sont bafouées, privées de liberté, victimes de violences, ou tuées.

Les mouches creusent l’ombre des mères
Les nuits cousent les filles
Les épines poussent gonflent grandissent
Les silences taillent le jour
Les lèvres vomissent des promesses
Les dents crachent des barbelés
La terre s’ouvre et se lézarde
Le sol se fissure se fracasse

Il y a des cicatrices qu’on offre comme
des lumières

À l’amour maternel succède l’amour de l’homme, mais cet amour a un goût de mort. La guerre, la violence sévissent. Nous passons du paradis de l’amour maternel qui n’est qu’abondance et don de soi, source de béatitude et d’harmonie, à la dislocation qui se produit lorsqu’arrive l’homme et sa force de destruction.

Mais la femme possède des ressources insoupçonnées. Elle sait percevoir l’invisible, apprivoiser l’inconnu / accueillir l’autre. Elle sait toujours rester vivante / et écouter le bruit de la terre qui monte.

Julie Nakache chante la capacité de résilience des femmes, leur lien au sauvage, au sacré. Elles savent renaître de leurs cendres, dépasser les épreuves.

Valérie Canat de Chizy


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