Lorsque j’écris des notes de lecture, j’essaie d’aller regarder au près, la fabrication, j’essaie d’analyser un peu.
Avec ce livre d’Amandine Marembert « Et s’il ne parlait pas », que les éditions « Les Arêtes » ont réalisé, je n’ai pas eu le désir de prendre ce chemin parce que je ne souhaitais pas ausculter l’enfance qui y est dite, d’un petit garçon qui a pris des chemins différents pour communiquer, ni ausculter la douleur qui y est dépassée .
Il faut écouter, il faut entendre. Et je n’ai donc que l’envie de vous inviter à lire, à suivre la petite musique d’Amandine Marembert, que l’on retrouve dans ce livre encore, avec cette manière si personnelle de poser les mots au bord du silence qui en accompagne l’ouverture dans la suite des possibles.
Quel beau livre d’amour, de générosité, pour le « Prince de la lune » et « sa Rose » , le frère et la sœur !
[lilas]« je l’aime qui touche les framboises
les fraises
la lumière
et même le ciel
déclare sa petite sœur
une cerise ouverte sur la paume
le noyau rouge du pacte
entre les lèvres » p,13[/lilas]
Quel beau livre d’une femme, d’une mère, dans la force de son attention aimante !
[lilas]« La maîtresse me dit
qu’il est éparpillé
entre différents lieux
dans sa tête aussi
qu’est-ce qui ferait le liant
de la colle blanche
à l’amande » p,43
[lilas]« quel chemin fera-t-on
pour aller le plus possible à sa rencontre
y aura-t-il un jour
un endroit où nos bras
pourront l’étreindre complètement » p,52[/lilas]
Mais c’est aussi le livre d’une poète dans la délicatesse d’une langue qui écoute l’autre langue, essaie de la rejoindre en inventant des phrases à l’envol de plumes et de vent !
[lilas]« les mots pour lui
sont peut-être accrochés en haut des arbres
sous les pierres du chemin
toujours prêts à s’envoler
au bout de ses doigts » p,39
[lilas]« la fragilité de sa parole
tient dans le cœur
de cette rose blanche
effeuillée par la pluie » p,14 [/lilas]
Toutes choses que nous évitons d’entendre dans la norme de nos vies.
Oui, lisez ce livre, le livre d’un être humain, non pas face mais offert à l’insondable mystère de l’Autre, quand l’Autre, habitant d’une marge, ne joue plus les semblants de nos communications.
[lilas]« et si son babil
était une réponse au chant des oiseaux
et si le remuement de ses lèvres
était une langue à apprendre
bes et ongles » p,19 [/lilas]
Et s’il ne parlait pas
Amandine Marembert
éditions Les Arêtes, mai 2013
Patricia Cottron-Daubigné
dans les rencontres du marché de la poésie
à Saint-Sulpice, juin 2013
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