Cécile Guivarch, Sa mémoire m’aime. Les Carnets du Dessert de Lune, 2023
Dans ses précédents recueils, Cécile Guivarch évoquait souvent sa mère, d’origine espagnole, qui lui racontait inlassablement son enfance en Galice, l’histoire de sa lignée.
J’ai neuf ans. Dix, peut-être. Devant le petit-déjeuner. Tartines-pain-beurre-confiture. Fraise et moi petite. C’est dimanche ou mercredi. Ma mère parle. Elle raconte les histoires de son enfance. Ou celles de sa grand-mère et de son arrière-grand-mère aussi. Elle dit. Elle transmet. Mémoire de l’une à l’autre. (Sans Abuelo Petite, Les Carnets du Dessert de Lune, 2017)Dans ce livre, sa mère porteuse de mémoire est atteinte de la maladie d’aimer : Le médecin a écrit le mot Alzheimer. Je lis le mot Aimer. […] J’écris All Z aimer.
Cécile se souvient de sa propre enfance et de ce lien indéfectible qui la liait à sa mère. De la nature et des fleurs, si importantes pour elles deux. Elle se définit comme un prolongement de sa mère, sa mère arbre et elle fleur : Je fleuris sur toutes ses branches. La prolonge de tous côtés.
Sa mère lui a appris le nom des fleurs. Sa mère fleur parmi les fleurs. Lui a transmis le sens de la beauté. Lui a montré ce qui est beau.
Cécile devenue femme et maman à son tour. Est toujours restée petite et fille de sa mère. Devient la mère de sa mère. Quand s’ouvre un pays inconnu. Celui de la maladie.
Et les souvenirs de Cécile affluent. Sa mère entourée de nature.
Elle grimpe dans les arbres de son pays. Dans le figuier la bouche emplie de figues. Son corps ne fait qu’un avec l’arbre. Se balance dans le feuillage.Comme pour mieux combler ce vide qui peu à peu gagne du terrain. Des blancs s’installent. Les repères vacillent. Ne sait plus si elle a déjà arrosé les fleurs. Les scènes du présent peu à peu remplacent celles du passé. Au foisonnement et à la luxuriance font place des fragments d’absence.
J’entends un silence répété dans ton pays perdu.Cécile raconte des scènes, picorées ici ou là, de ce qui est devenu le quotidien de sa mère. Comme des anecdotes. Sans trop de gravité. Les mêmes phrases répétées en boucle. Les mêmes gestes répétés. Comme arroser les fleurs. Plusieurs fois de suite. L’installation à l’EHPAD. Un EHPAD qui s’appelle Les libellules.
J’écris la mémoire. J’écris ma mère. La mémoire de ma mère entretenue comme un jardin. J’écris ma mère en friche dans son jardin. Dans les allées de son jardin je suis entourée de ma mère et de sa mémoire. J’écris sa mémoire s’en va.Ce livre est une lettre d’amour d’une fille adressée à sa mère. D’une fille à celle qu’elle appelle désormais sa petite maman. Sa maman redevenue petite. Mère et fille étroitement imbriquées. L’une dans l’autre. Se disent des mots d’amour. Se disent « Je t’aime ». Se préparent à d’autres départs.
Elle est fée ma mère. Le soleil ne se cueille pas ni le coquelicot. Ma mère son vase dans les fleurs. Lys d’un jour. Arbre aux papillons. Fée ma mère. L’hier dans l’aujourd’hui jamais envolé.Un recueil profondément touchant.
Romain Fustier, toutes ces bêtes autour. Les Lieux-Dits (Cahiers du Loup bleu), 2023Recueil de terroir, toutes ces bêtes autour a pour cadre les paysages du Sancy et de l’Artense, régions qu’affectionne particulièrement Romain Fustier. Depuis la route, ou bien au cours de randonnées, les rencontres avec la faune ne sont pas rares. Lire ces pages, c’est plonger en immersion dans une région rurale où prospèrent ruisseaux et rivières. À travers de menues scènes rapportées, dans lesquelles se devine la présence de la compagne, des enfants, Romain Fustier évoque un quotidien imprégné par l’attention à la nature, par les sensations, par les gestes simples comme plonger ses doigts ses bras en quête / de beaux cailloux dans l’eau de la rivière.
Dans ce cadre propice au calme, le regard se pose sur les noisetiers, sur les arbrisseaux / recouverts de mousse, se laisse surprendre par une chauve-souris / qui volette derrière la baie vitrée du chalet. De micro-événements viennent ébranler la tranquillité apparente. Ainsi, un crapaud sort / de sous la voiture en sautant, un renard apparaît à découvert dans un pré moissonné, un blaireau apeuré surgit sur la route dans les phares / virages du col.
ce chevreuil surpris
parmi la prairie aux chevaux fleurs
au petit-déjeuner
nous le suivons
du regard à travers la vitre
dans les taillisson corps rétrécit
disparaît peu à peu avec lenteur
en s’éloignantLes fleurs aussi, gentianes ou campanules, sont sources d’émerveillement, surprennent par leur beauté, viennent ébranler la vie journalière. La joie éclate, tandis que la cascade égaie l’atmosphère de sa musique cristalline.
toutes ces bêtes autour, devinées, aperçues, croisées, approchées, émaillent de leur présence le recueil, laissant se dessiner un monde encore un peu préservé, dans lequel la qualité du silence permet d’entendre les poissons dans la nuit.
le silence est
tel qu’elle entend les poissons
dans la nuit
ils sautent haut
sautent-mouton à la surface calme
de l’étangpar la fenêtre
à quasi deux-cent-cinquante mètres
leur clapotis seulpas d’agitation
autour où la région reprend haleine
savoure sa paix
Julie Nakache, Le sang des filles. Visuels de Diego Arrascaeta, Éditions Exopotamie, 2023Le sang des filles est celui qui relie toutes les femmes, toutes les filles, quels que soient leur origine, le pays où elles vivent. Il est le symbole du féminin. Julie Nakache aborde le thème de la féminité dans ce qu’il comporte de beauté et de douleur, de vie et de mort. Être femme peut porter son poids de fardeau.
Le sang des filles marque la fin de l’enfance, il est aussi ce qui coule de génération en génération, il est cette mémoire qui se transmet, d’une femme à l’autre.
Il y a celles qui ont enfanté, cousu, tissé, plié, repassé. Celles qui ont enfoui leurs larmes, contenu les graines de révolte qui germaient en elles.
Il y a celles qui ont connu la guerre, qui ont donné, ont adouci, de leur présence, le quotidien malmené. Celles qui se sont dévouées.
elles portent en elles le soleil les forêts
et dans la chaleur de leurs tabliers on se
réchauffe.Il y a celles qui sont parties sans revenir, qui ont refusé la loi des pères / la loi des hommes.
Il y a la femme sauvage, celle qui habite les mythes les légendes, celle qui court vers la forêt / dans le souffle du vent / avec le chant des arbres.
Toutes ces femmes, si différentes, aux destins éclairés ou brisés, libres ou entravées, ont en commun ce sang qui coule en elles, à travers elles, et qui les relie, tel un ruban, créant une communauté, une sororité.
Enceinte des mots
enceinte du monde
Elle tisse la laine
chante le sang
Le sang des filles
de toutes les filles
et toutes les femmes.La femme est celle par qui vient l’amour, en opposition à la guerre.
Elle fait pousser des fleurs.Le recueil débute avec la perte de l’enfance, et se termine avec les dernières années de vie. Les fleurs perdent leur éclat.
Les mémoires de toutes les femmes,
transmises,
se sont endormies dans le jardin
souvenances en friche de l’amour
poire pour la soif
elles rampent sous la pierre
– dans le désert d’un rêve –
quittent la terre pour les lumières d’un ciel.
Dominique Sampiero, Le wagon qui ne voyage que la nuit. Illustrations de Zaü. La Boucherie littéraire, Collection Sur le billot pour tous, 2023Dominique Sampiero a été sollicité pour animer un atelier de paroles et d’écriture par le Centre social de l’Épinette à Maubeuge, dans le Nord. Il a proposé le thème de l’enfance à neuf femmes marocaines et algériennes. L’une d’elles, Cora, a souhaité lui confier en privé son enfance passée dans un wagon. Son père avait fui la guerre d’Algérie en 1954 et avait été embauché en France à la SNCF. Il vivait avec sa famille, dans un wagon, sur un terrain désaffecté. C’est l’histoire de Cora que Dominique Sampiero raconte, à travers des poèmes concis, dépouillés. Dans le recueil, Cora est appelée Djamila.
Cora naît dans une boîte à chaussures, comme un oiseau tombé du nid. Ses souvenirs émaillent les pages illustrées par Zaü, elle se souvient de son enfance dans un village de wagons, une sorte de bidonville. Une enfance dans des conditions de vie plus que sommaires, mais qui, pourtant, ne fut pas malheureuse. Elle se souvient de la vue sur la prairie pleine de boutons d’or / et d’herbes folles au printemps. Elle se souvient des petites fenêtres, du gel sur les vitres en hiver. La bassine dans laquelle tous les membres de la famille se lavaient, en commençant pas le moins sale, et en terminant par Bobi, le chien.
Dominique Sampiero raconte, mais toujours avec le point de vue de Cora, son regard d’enfant.
Il y avait les aventures dans les champs avec les autres enfants, les pommes, les noisettes, les cerises volées. Le fermier polonais chez qui Djamila allait chercher le lait, et elle en profitait pour dérober des œufs, à la sauvette.Sa femme préparait le fricot du soir
le fermier n’était pas encore rentré
de la traite, et hop, Djamila glissait
deux ou trois œufs en douce
dans son tablier.Une enfance colorée, emplie de péripéties, mais aussi de poésie.
D’un côté des barbelés, le ciel,
le troupeau. De l’autre, les wagons.
Elle faisait signe au revoir
aux vaches avec un mouchoir blanc
dans sa main.Mais le train ne démarrait jamais.
Un jour, alors qu’elle a quatorze ans, son père décide de la marier à homme de quarante-deux ans. Elle décide de s’enfuir avec l’argent du mariage. Pour Dominique Sampiero, Cora est une féministe avant l’heure, dotée d’une forte personnalité.
Au début des ateliers, Cora ne voulait pas raconter son histoire devant les autres participantes, car elle avait peur que l’on se moque d’elle. Finalement, Dominique Sampiero a lu le texte qu’il a écrit lors d’un atelier, et le groupe s’est resserré autour d’elle en applaudissant !
Une belle histoire, publiée par La Boucherie littéraire, dans la collection Sur le billot pour tous, qui s’adresse à tous les lecteurs de 7 à 107 ans.
Philippe Mathy, Derrière les maisons. Peintures de Ramzi Ghotbaldin. L’herbe qui tremble, 2023
Éloge de la nature. Douceur du plaisir résidant dans les choses humbles. Derrière les maisons se cachent des jardins, petits havres de paix. Tout l’art du poète est de faire vivre, à la manière d’un impressionniste, cette plénitude résidant dans la façon simple d’être au monde, à la campagne. Dans le printemps jardinier, savourer le goût de plonger les mains dans la terre. Atmosphère d’un jardin qui est, à lui seul, un paradis. Menus détails sur lesquels porter son attention, et qui sont un ravissement à eux seuls.
Ainsi, la fauvette à tête noire :
Elle se baigne
s’ébroue
gouttes d’eau
éclaboussées de soleil
Rien qu’un instant
En s’envolant
c’est tout un après-midi
qu’elle dépose en nousPhilippe Mathy excelle dans l’art de restituer la manière dont une simple perception se déploie et prend son expansion. Les sens sont en éveil. Les yeux puisent dans le rouge des feuilles. Les oreilles captent le chant d’un oiseau. Les doigts caressent les pétales des fleurs. Le nez capte leur parfum. Des poèmes de ce recueil émane un sentiment, celui d’être en vie. On peut sentir en soi pousser / les ailes d’être libre.
Collier de feuilles sous le portique
où s’ouvriront bientôt
les fleurs de la clématite
J’avance à pas lents
dans les méandres du jardin
mains vides
ouvertes
avec beaucoup à donner
à recevoir
dans le vent qui passePhilippe Mathy nous invite également à le suivre sur les chemins, ou au bord d’une rivière. Les plantes sauvages s’y déploient, la quiétude est toujours présente. Il nous invite à retrouver la joie / enfouie au fond de soi. À apprivoiser un rire inaudible.
Apprendre à recevoir
le monde entier
dans quelques
rayons de lumière
Véronique Wautier, Ton nom maintenant. L’Herbe qui tremble, 2022Cet ensemble de poèmes de Véronique Wautier est publié ici à titre posthume. Ce sont des textes qu’elle n’avait pas eu le temps de publier de son vivant. Ils se répartissent en six cycles, dont le premier, intitulé Bleu matisse, évoque une couleur neuve, associée à l’enfance. Un tremblement d’enfant ouvre les bras, dans la chapelle de Matisse et ce n’est que de l’amour / mais c’est de l’amour. Peut-être bleu innocence, bleu douceur, il y a de la fatigue et du chagrin, mais ce bleu-là apporte la joie.
dehors bleu le matin rompt le pain
la lumière couvre très doucement
l’inusable chagrin
ses fleurs
je recopie seulement le paysage
que puis-je dire
en-dessous bien en-dessous
du bleuLe bleu Matisse est le bleu qui reste comme une joie intacte malgré les coups et les blessures.
dans l’arrière-pays de Matisse
ce qui était inaudible dedans
éclate en pépites dehorsLa vie est inouïe malgré la douleur, malgré la peur : c’est ce que nous dit Véronique Wautier, et les mots sont là aussi, qui accompagnent, comme les fleurs, ils apportent la joie et la tendresse.
La vie inouïe, c’est donc ce bleu, le rouge élancé d’une fleur de sauge / des citrons des oiseaux / des jarres de pensée. C’est aussi quelques oiseaux ensemble / dans le jardin.
Tremblement du début à la fin du recueil, tremblement du soleil à travers la pluie, tout est frêle et pourtant lumineux, il faut entrer tout doucement / dans l’inquiétude et son revers.
La poète nous parle du mystère d’être soi, de cette tentative d’être petit dans le grand partout et des mots, de leurs silences aimants.
les mots sont de très vieux arbres
des nouveaux-nés aussi
petits poèmes
petits tambours sur les pierresDouceur d’une écriture qui nous touche, nous émeut. Une écriture qui dit l’oiseau et la fleur, qui dit la peine et la joie, le soleil mêlé de pluie.
Dans la dernière partie, Véronique Wautier s’adresse à Ossip Mandelstam, le grand poète russe qui écrivit : « mourir et puis sauter sur son cheval », comme une préfiguration de son propre saut.
ô la lumière ce matin dans le ciel
Ossip Mandelstam
son bel enfant silencieux
j’aime je t’aime nous aimons
être aimé par ce chant
son rire de géant
Florence Saint-Roch, Préparer le ciel : sept fois quatorze stations. Les Lieux-Dits. Collection Les Parallèles croisées, 2023Pendant plusieurs mois, Florence Saint-Roch est allée déambuler devant le chemin de croix qui orne la cathédrale de Saint-Omer. Elle s’est inspirée des bas-reliefs figurant les quatorze stations du Christ portant sa croix depuis le tribunal de Pilate jusqu’au moment de sa crucifixion, avec l’idée d’écrire sur la manière toute contemporaine de « préparer le ciel », de nourrir nos rêves et nos aspirations, malgré les obstacles qui se dressent devant nous.
Le chemin de croix est à l’origine un chemin d’épreuves. Florence Saint-Roch, qui n’est pas croyante, tente de suggérer comment, aujourd’hui, chacun, chacune, peut évoluer pour accéder à une dimension supérieure, à un idéal, à quelque chose de plus haut que soi.
On n’était pas les seuls
À espérer un souffle plus haut
Un vent plus vif
Avec patience
On a démêlé les fils
Libéré les sceauxTant d’efforts
Pour éclaircir nos heuresEt d’évoquer les obstacles que nous pouvons rencontrer et qui peuvent être les illusions, les faux-semblants, jeux d’influences obscures flatteries, qui exigent de savoir démêler le vrai du faux, de faire preuve de clairvoyance. Il s’agit de trouver sa voie, de ne pas se perdre dans la masse, de s’en tenir à l’essentiel. D’avancer sans repères, de chercher des signes qui aideront à s’orienter, car, parfois, l’esprit s’opacifie, l’horizon s’obscurcit, et l’on n’y voit plus rien.
C’est fini
Cependant
De nouveau il fait jour
Le vent ramène les parfums de santal
Le doux ramage des palmiers
L’éclat sans faille du soleilRien de grave si son or
Se moud sans nousAvec une grande subtilité et une grande finesse d’esprit, Florence Saint-Roch esquisse les aléas rencontrés au cours d’une démarche de progression que tout un chacun peut initier, que ce soit sur le plan spirituel, artistique, ou social. Chacun peut avoir sa part de ciel à atteindre, son idéal, et la poésie ici permet de comprendre, de questionner. Florence Saint-Roch met en lumière les enjeux d’une telle démarche, par exemple en évoquant les fondations intérieures, qui peuvent vaciller au moindre mouvement.
Quand on veut aller loin
Mieux vaut vérifier ses appuis
Rassembler ses forces
Savoir pourquoi on est là
Dans le brouhaha
Certains gestes parlent clairÀ rebours des codes attendus
On peut désigner encore
Créer du possible
Où chacun pense
Qu’il n’y en a pas
Emmanuelle Le Cam, Le partage des chants et Au tableau des nuits blanches. Citadel Road Éditions, 2023
Emmanuelle Le Cam fait paraître deux de ses recueils dans sa propre maison, Citadel Road Éditions.
Le partage des chants est traversé par une atmosphère de plénitude que nous ne sommes pas habitués à trouver chez cette autrice. La route aux étoiles trace une voie dégagée, elle est celle qui relie par-delà la distance grâce à l’écriture, au pouvoir des mots ; elle permet de recouvrir les blessures d’un / apaisement immense.
Viennent les paysages de la Bretagne, avec ses bruyères violettes et ses embruns, sources de réconfort. de tous les paysages le plus chéri / elle me connaît, me respire et / chante chant assourdi en mon / honneur. Emmanuelle Le Cam s’adresse à un tu, interlocuteur imaginaire, double idéal ou âme sœur. Elle parle des chats qui l’entourent, véritables compagnons qui comblent sa solitude.
Siam mort, trois chattes me restent
elles sont silencieuses et secrètes
j’aime leur discrétion, l’étonnante
pupille des yeux magnifiques –
elles vivent ces jours limpides en
toute fluidité, et je leur sais gré de
meubler ma solitude, transitoire.Dans Au tableau des nuits blanches, les poèmes sont plus concis, ciselés et empreints de violence. La poète aborde son besoin d’écrire, évoque les mots qui la hantent, se dit droguée de vocables / toxicomane // du mot.
Le mot ôte
le sommeil
contrecarre
les projets
de la mortil est si puissant
– il le sait –
qu’il crée des mondesdes houles, des chagrins.
Le mot est ici associé à la douleur, au noir, à la violence, au diable et à l’enfer ; il troue la peau, torture, talonne, ne laisse aucun répit. Il déchire et / répare tout à / la fois ; il donne autant / qu’il prend.
Ces deux plaquettes se complètent bien, dévoilent l’univers d’Emmanuelle Le Cam, un univers à la fois tourmenté et apaisé, marqué par le clair-obscur, par l’alternance de la lumière et de l’obscurité.
Valérie Canat de Chizy