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Vincent Calvet

vendredi 6 octobre 2017, par Sabine Huynh

Présentation

Vincent Calvet est né en 1980 à Carcassonne. Il a grandi à Perpignan. Après des études de lettres modernes à l’université du Mirail à Toulouse (mémoire de maîtrise sur l’expérience du temps dans la poésie de Léon-Paul Fargue), il passe le concours des écoles et exerce actuellement dans le secteur spécialisé à Toulouse. Il anime des ateliers d’écriture avec des enfants handicapés et organise des projets avec des poètes. En 2005, il remporte le Grand Prix de la ville de Béziers pour Solitude des rivages (Encre et Lumière, 2006). En 2007, il remporte le Prix de la Vocation de poésie de la Fondation Marcel Bleustein-Blanchet pour La Haute Folie des mers (Cheyne, 2007). En 2010, il rencontre Paul Sanda avec qui il fonde la revue poétique Mange Monde. En 2016, il commence une collaboration avec les jeunes musiciens Félix et Lucien Lacquement pour des lectures publiques et prépare actuellement un premier CD avec eux. Participe à de nombreuses lectures publiques (Voix Vives de Sète, festival Sémaphore de Quimperlé Bretagne, festival de Saint-Martin d’Hères, ENS de Tunis Tunisie, Institut français de Saint-Pétersbourg Russie). Un premier livre a été traduit en arabe par le poète tunisien Aymen Hacen et publié chez Mutawassit éditions.

Extrait de Solitude des rivages (Encre et Lumière, 2006) :

Quelle ombre au visage des femmes de marins__les rides__les ruines__les coquillages limitrophes__l’eau vaste__et toutes ces lames qui affleurent à peine au grès de nos tristes partages__en longueurs d’ondes__l’orage__l’aile blanche et rare__l’art dérisoire des mouettes fugitives
ces vagues__pauvres mains qui sablent l’air__je suis devenu aussi triste que ces moules d’or
je dors bien__sur le sable les pattes des mouettes__il fait froid__je suis bien sous verre et sel sirènes__cierges__almées__migraines pierres__voix polies par l’eau__nous chante insensiblement un poème
[…]



Extrait de La Haute folie des mers (Cheyne, 2007)

Élégie d’un naufrage...__qui vive__qui suis-je dans l’orage__qui sourit derrière l’ombre__qui souligne d’un trait grave ou d’un soupir

Qui parle avec l’écume__qui chante avec la houle__qui plume mes oiseaux de nuit__mes oiseaux blancs

Qui soulève la pierre au fond de la mer__qui libère le dauphin de la nasse__qui rappelle les vagues

Qui grave sur les tables de basalte des abysses quelques mots transis__qui trace sur le sable d’étranges arabesques

Quelles ruines__quels trésors non traduits__nulle limite ô

Poème



Extrait de Coquillages limitrophes (Rafael de Surtis, 2009)

La mer n’a pas l’angoisse
__________ de la page blanche
ni moi
ni moi ni elle ne connaissons
l’ennui
nulle paroi ne s’élève
__________ entre nous
nulle limite
si peu de vent
une plume de tristesse
__________ légère



Extrait de Blasons (Encres Vives, 2010)

L’herbe fraîche et humide
est pleine d’odeurs
vibrante et vivante

Un ruisseau coule
une source jaillit
un fleuve souterrain

On s’y glisse en silence
avec précaution
avec délice

On y reste des nuits entières
à errer à rêver
à compter les étoiles

Son sexe est bon comme du bon pain



Extrait de Femme-Océan (Trames, 2010)

tu
_____je dis__tu
face à elle
_____la belle__l’illimitée
je__fragile
____________ départ
comme un rêve
__________ de la langue
révélée
_____dans l’écume



Extrait de Continuum amoureux (Rafael de Surtis, 2011)

L’Amour rend consistance à l’Espace et au temps : il est un continuum par lequel la conscience est durée créatrice. Il n’est plus question d’un Temps qui fuirait oui qui ne passerait pas : le Temps enfin est, il est l’amour.

Le poète s’était contenté d’imaginer le geste du dévoilement. Or, il restait en deçà. Fécondé par l’Amour, il se trouve maintenant au delà.

La gravitation est une propriété de l’Espace. Elle est l’Espace. Elle est l’Amour. La matière est spirituelle dans l’Amour. La conscience amoureuse agit sur elle et modifie ses contours.



Extrait de Principe d’indétermination (Gros Textes, 2012)

Toute notre lumière ne vient pas du soleil.

Je comprends le rêve de celui qui se fait un navire.

Échapper à l’attraction tout en restant dans son corps, c’est possible !



Extrait de 44 grenouilles (Le Petit Pois, 2013)

J’irai au fond comme un cétacé
fouiller dans la vase intime des fosses

l’étreinte du poulpe rôdeur des côtes
l’œil du requin au regard d’acier
j’irai au fond comme un cétacé
fouiller dans la vase intime des fosses...



Extrait de Rose d’Espace (Le Petit Pois, 2015)

Plongeant mes yeux
au sein des galaxies
je sentirai l’ivresse des espaces
je verrai l’ombre portée de l’éternel
les labyrinthes de la matière révèleront leurs
__________ __________ __________ mystères
le minotaure du temps poussera ses cornes
__________ __________ au cœur des nébuleuses
embourbé dans mes phrases comme dans
les ornières meurtries de la lune
j’attendrai que se révèle
l’or-réel
les chemins multiples
vers le poème



Extrait de De cendre et d’écume, une ville (La Rumeur Libre, 2016)

AVANT LA PLUIE (RÉCIT)

Dans le vieux cimetière celte
_____où sont des hommes endormis
sur le gazon frais
__________& vert
_____elle s’était étendue

Dans le vieux cimetière celte
_____parmi les croix de granite
les tombes couvertes de mousses
_____& les ombres qui chantent

Dans le vieux cimetière celte
_____elle s’était étendue
sur un tapis de crocus
_______________& de myosotis
sous le chêne millénaire

Dans le vieux cimetière celte
_____qui fait face à la Mer
_____toute la nuit les follets dansèrent
au son des cornes
__________& des conques

_____Elle s’était étendue
dans le vieux cimetière celte
le dos contre la terre_____yeux tournés vers le ciel
__________en attendant le matin

Elle avait eu froid_____peut-être mais
avait dormi dans la tiédeur des feuilles
_____protégée par les mains des Grands Transparents
_____dans le vieux cimetière celte

_____Toute la nuit avait écouté
le chant des morts
__________& lu sur les lèvres
des constellations
_____dans le vieux cimetière celte

Elle qui aimait les enfants
_____morts-nés__la servante au grand cœur
les marquis
__________& les vieux loups de mer
avait dormi toute une nuit parmi les tombes

Le petit matin la trouva__si belle
la lumière de l’aurore la recouvrit d’un linceul
_____de roses__la lumière si douce de l’aube
elle qui aimait tant les enfants pauvres

_____Une fine pluie ensuite la fit fuir
elle reprit son ombrelle
_______________& ses désirs innocents
& retourna parmi des hommes bien vivants
elle qui adorait les morts
_______________& leur indomptable lumière.



Extrait de Corps magnétique (avec Bruno Geneste, Rafael de Surtis, 2016)

le rivage écoute
tout semble écouler dans l’estran
tout ton être fin mesuré
ineffable
vacance
tu règnes à l’orée des nuages
prêtre encapuchonné
de songes
 
biefs
lignes
brèves sueurs de signes
le sel sipide marque ta face
d’une peau de craie
rituelle
[…]



Extrait de Tristesse de Robinson (La Lune Bleue, 2017)

Il y a des rivages,
La virginité des coquillages.
Le vent marin déploie sa voile
De chair pure.
Ô visages marins !
Nos visages !
Mouvement perpétuel des vagues.
La mer,
Éternel métronome,
Vigueur,
Paupière fermée,
Ensevelie,
Flux et reflux,
Conque vivante.

[…]



Extrait de Ce monde inachevé , 150 odes (K’A, 2017)

ODE SOIXANTE-QUATORZIÈME

À Anna

Les canaux glacés & clairs
de Pétersbourg en décembre
figent la Ville dans un silence
qui laisse pressentir les crimes
les plus sombres & les suicides
dans les cours de pénombres
des quartiers de Dostoïevski

La troïka est ressortie
pour amuser les touristes
de l’île Vassilievski jusqu’aux aux
abords de la Forteresse jaune
on salue au passage le Pont-aux-Lions
& l’église Saint-Nicolas-des-Marins
ses flèches bleues & d’or qui frisent

La Ville de Pierre auprès de la Baltique
aux sombres flots de démence aiguë
(ô grande Folie d’un despote !)
conserve les lueurs anciennes & pâles
des cierges fins & jaunes des églises
les croyances orthodoxes ou païennes
les vieux popes barbus qui marmonnent

Elle me disait regarde
c’est ici que prend fin
la longue avenue Nevski :
tu peux toucher le socle
du cavalier de bronze
sans te prendre pour Essenine
sans te prendre pour Goumilov
.



Bibliographie

Solitude des rivages (éditions Encre et Lumière, 2006).
La Haute Folie des mers (éditions Cheyne, 2007).
Coquillages limitrophes (éditions Rafael de Surtis, 2009).
Blasons (éditions Encres Vives, 2010).
Femme-Océan (tirage limité, éditionsTrames, 2010).
Continuum amoureux (éditions Rafael de Surtis, 2011).
Principe d’indétermination (éditions Gros Textes, 2012).
44 grenouilles (éditions du Petit Pois, 2013).
Rose d’Espace (éditions du Petit Pois, 2015).
De cendre & d’écume, une Ville (La Rumeur Libre éditions, 2016).
Corps magnétique (avec Bruno Geneste, éditions Rafael de Surtis, 2016).
Dit du vampire (livre d’artiste, avec André Robèr, éditions K’A, 2017).
Sur ciel (Cordes) (livre d’artiste, avec André Jolivet, éditions Voltije, 2017).
Tristesse de Robinson (tirage limité, avec Lydia Padellec, éditions de la Lune Bleue, 2017).
Ce monde inachevé, 150 odes (éditions K’A, 2017).

À paraître :
Nouvelle solitude des rivages (Encre et lumière, 2018).
La Révolution se fait dans un lit (préface d’Aymen Hacen, éditions Gwen Catalá, 2018).
Hellébore (éditions du Petit Pois, 2018).
Visages de l’Autre (éditions de la Maison de Poésie de Quimperlé, 2018).
Ce sont de drôles de types, les poètes (double CD, avec le musicien Félix Lacquement, éditions Gwen Catalá, 2018).
Ce sont de drôles de types (Color Gang, 2018).

Le travail de Vincent Calvet a aussi été publié dans de nombreuses anthologies et revues, dont : Inédit-Nouveau, Le coin de table, Lieux d’être, La revue du Rouergue, Arachné, Bacchanales, Écrits du Nord, Sémaphore, Centre Presse (quotidien régional), Invece.


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