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Fadwa Souleimane

mercredi 11 octobre 2017, par Cécile Guivarch

La poète syrienne Fadwa Souleimane, refugiée en France en 2012, nous a quittés en août 2017 à l’âge de 47 ans...
Nous avons été touchées par ses lectures publiques, par ses poèmes... Nous sommes tristes de cette disparition... Elle avait reçu le prix des Découvreurs en 2016 pour son recueil A la pleine lune édité par Le soupirail.

« Être une preuve de lumière et de nuit. Tel serait si l’on en croit le grand poète d’origine syrienne, Adonis, l’état le plus haut de la poésie. Et c’est dans cette perspective, sans doute, qu’il faut lire le livre de sa jeune compatriote Fadwa Souleimane, que les toutes neuves éditions du Soupirail viennent de faire paraître sous le titre A la pleine lune.
Il y a des pays où vivre une vie simple, libre, parmi les siens ne va pas de soi. Où tout conspire au contraire à vous défaire de votre humanité. Vous déposséder du sentiment de votre vérité. Où chaque plongée dans la réalité vous entraîne un peu plus dans l’évidence de l’absurdité et de la folie du monde. » (lire la suite sur le site Les Découvreurs)

De multiples sites, revues et journaux ont rendu hommage à Fadwa Souleimane... France Culture retrace son parcours et aussi le journal Le monde

(Photo S. Allant : Fadwa Souleimane et Roselyne Sibille, membre de Terre à ciel, Festival de Sète, le 25 juillet 2017)

Extrait de A la pleine lune

en moi la puissance du papillon
et la faiblesse d’un taureau
en moi la fragilité des montagnes
et la solidité du fil d’araignée
le vacarme des pattes de fourmis
et le silence de la mer
en moi la vie mourante dans le cocon
et la mort vivante chez les passants
en moi le vert des feuilles d’automne
et le jaunissement de l’herbe en mars
en moi juillet
il ne reviendra pas en juillet
en moi l’instant
où le cœur prend son repos éternel
pour que tout finisse
pour qu’en moi advienne
ce qui n’est pas encore

Extrait de A la pleine lune

pluie sur pluie
argile sur argile
elle inclina sa nuque au vent
et son buste devant le tronc d’un arbre mûr
ses genoux elle les plia devant les cailloux
et son front elle l’abaissa devant la terre
elle offrit ses doigts aux abeilles
ses dents à la vérité
ses chansons aux roseaux
et ses pieds aux racines
elle donna son sang pour la noce du pollen
et laissa tomber sa chevelure sur le récit

Extrait de Dans l’obscurité éblouissante

Nuit

Dans l’obscurité éblouissante

mon visage est un charbon en fleurs

dans la blessure de la mémoire

et ma mémoire

est faite des villes qui meurent

effacées

par le déversement du temps dans un autre temps

Dans l’obscurité éblouissante

ma main droite est un pont formé des têtes de mes amis

et ma main gauche de forêts de bras coupés

qui continuent à réclamer la paix

dans l’obscurité éblouissante

Mon dernier souffle comme la chute de l’argent sur les villes

de cendres endormies brûlant

de Rome à la Palestine

d’Hitler à Daech

Extrait de Dans l’obscurité éblouissante

La fille s’enfuit
de la fenêtre donnant sur un nuage bleu
comme les rêves d’un enfant qui dort au sein de Dax

Damas
attend le retour de la fille dans la vieille maison

une paume comme le secret du jardin du Petit Escalère
un visage comme une paume de la maîtresse de la mort

La fille viendra avec ses cheveux de nuit
ô nuit longue ô fille

la fille viendra avec sa blessure qui enfantera
ô enfant malheureux ma fille
à la vieille maison la fille viendra

sa fenêtre donne sur des nuages semblables au rêve d’un
enfant à naître
qui est encore caché au sein de Dax


Bibliographie

  • Le Passage, Lansman, traduction de l’arabe par Rania Samara (2013)
  • À la pleine lune, Le Soupirail, traduction de l’arabe par Nabil El Azan (2014)
  • Dans l’obscurité éblouissante, Al Manar, traduction de l’arabe par Sali El Jam (Juin 2017).

Calou Semin lui rend hommage en poésie dans ce numéro de Terre à ciel : https://www.terreaciel.net/Hommage-...

Terre à ciel se souvient de la lecture de A la pleine lune, par Cécile Guivarch ou encore de L’I.D n°668 de Claude Vercey sur le site de la revue Décharge


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