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Jean Azarel

mercredi 6 juillet 2016, par Roselyne Sibille

Jean Azarel est né en 1954 « dans l’octobre blond du Saint Laurent » (Montréal / Canada). Réside près d’Uzès (Gard). 2 enfants, compagne peintre et céramiste.

Dans la filiation d’un père journaliste, poète et écrivain, gribouille des petits romans policiers et des histoires de cowboys et indiens des l’âge de 8 ans.
Après un long silence, retour à l’écriture en 1997 dans une veine poétique. Puise son inspiration dans la comédie spectacle du quotidien, la musique pop-rock et le cinéma d’auteur, la baie d’Audierne, les pentes granitiques du Mont Lozère pour fabriquer des œuvres initiatiques et éclectiques (poésie, récit, nouvelles, biographie) où se côtoient humour acide, témoignages de vie, et romantisme quasi mystique. L’écriture est pour lui un mode de survie où comme dans le patinage artistique les figures imposées alternent avec les figures libres.

Ecrivains de prédilection : Jack Kerouac, Bob Kaufmann et les auteurs de la Beat Generation, la littérature scandinave, Arthur Rimbaud, Luc Diétrich, Alain Jégou, Jack Alain Léger, Roger Boutefeu, Perrine Le Querrec.

Invité pour des lectures et performances, seul ou accompagné de musiciens, un peu partout et plus récemment : Zone d’Autonomie Littéraire et Comédie du Livre à Montpellier, Festival Nomade en Lubéron, Maison de la Poésie de Rennes, Cabaret poétique de la Tour d’Aigues (84), Beaux Jours de la Petite édition à Cadenet (84), La Maison Vieille à Rosières (43), La Claranda à Serres (11) ….

Finaliste du prix Hemingway de la nouvelle en 2006 (Erreur de casting) et 2011 (Juré Crashé)

Membre de l’Association « Autour des Auteurs » du Languedoc Roussillon.

Extrait de Trois trous dans la fièvre

Vous rêviez que nos baisers toujours sur vos bouches
Ne laissent qu’un débordement du ciel
Un pêcheur d’éponges aurait séché vos larmes
Combien de silures hantent vos eaux profondes
Belles pucelles tardives…
Voilà l’instant rêvé dont rêvent les mômes
Quand la nuit jette son encre prude sur la chair blanche
Et que dans le bâillement de la chemise de l’aimée
La fatigue s’oublie

Extrait de Passage du mortel

Le long des allées ventées
toute cette souffrance qui n’a pas dormi
l’angoisse calleuse, la forge des vices platinés
Sortie des portraits d’anges impurs ou d’une gorgée de velours sombre
la rétine tisseuse de mort sculpte
tant et tant de regards

Extrait de Papy Beat Generation

Philip ton sang coule dans mes veines. Je ne crains pas qu’il soit pourri.
Ta déveine colle bien un peu à ma peau mais je suis libre de te pleurer en secret.
La vie reste un mystère même pour le sage qui relit les lettres du yage. Je pars en balade en moto sur Highway Sixty One. Une fleur au cerveau cloque ses pétales en récitant des passages de « Satori in Paris ».
Les symboles sont faits pour faire chier la mort.
La faucheuse peut nous coller au cul comme une sangsue, nous gardons la tête haute, la parole fraîche, l’accent gai.
D’ailleurs, qu’est-ce que cette vérole sinon une légère altération de la réalité qui n’empiète pas sur l’espoir des hommes ?

Extrait de Marche Lente

Peu d’hommes ont le cœur pivoine. Pour beaucoup l’amour est provisoire. Tu ranges tes fiancés comme des parchemins fiévreux dans le désordre des choses. Premiers butins charnels. Déshabillée, haletante dans un tempo de caresses, tu t’acharnes à penser que tu n’es pas nue et que tu t’appartiens.

Extrait de Itinéraire de l’eau à la neige

Escale. Tu regardes ton slip petit bateau recroquevillé au port du fil à linge. Saison de colle blanche. Plus de technicolor, même plus de noir sur l’écran du ciel où s’apaise la transparence. Sur tes épaules le cocon de pâleur éparpillée grandit. Ce n’est pas le « beat hôtel » où tu crèches, mais il n’y a ni bon dieu ni eau chaude. Tu as punaisé au mur de ta chambre une photo de Catherine Spaak dans « La noïa » de Damiano Damiani. Sa sensualité à fleur de corps dans la scène où elle danse et vampe Horst Buccholz te hante. Ce n’est pas que tu tiennes particulièrement à elle mais les hommes comme toi ont toujours une dame de cœur dans leur jeu. Ils ne cherchent pas à gagner la partie, juste à laisser planer le doute.

Extrait de Love is everywhere

S’en aller devant
S’en aller derrière
Une odeur de verveine
Sur la peau mate
Gorge sèche
Ventre rond
Courir le monde
Saluer les baleines
Sentir la paille
Poussés par un air de blues

Extrait de Le ciel du dessous

Se dire que la souffrance
appartient à la vie ;
se rendre plus bas que mort
avec le fardeau blême
du cœur en rondelles.

*

Le temps s’est égaré
où je traçais unique
mon chemin de semence.
Il reste le vague au corps
quand l’âme a renoncé.


Bibliographie

  • Trois trous dans la fièvre, poésie - Editions Saint Germain des Prés, 1997
  • Passage du mortel, poésie - L’Itinéraire des Poètes, 2006
  • Papy Beat Generation, récits, coécrit avec Alain Jégou et Lucien Suel - Editions Hors Sujet, 2010
  • Marche lente, prose poétique - Samizdat, 2011
  • Itinéraire de l’eau à la neige, prose poétique, avec des images de Gaspard R. - Editions Gros Textes, 2012
  • Jean Azarel texts and poetry, CD audio avec musique originale de Kérity, 2013
  • Love is everywhere, poésie et photos - Gros Textes 2014
  • Le ciel du dessous, poésie - La Boucherie Littéraire (automne 2016)

En revues : Dissonances, Squeeze, Microbe, Nouveaux Délits, Traction Brabant, Souffles, Contre Allées….

(Page réalisée grâce à la complicité de Roselyne Sibille)


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