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parcs et Parques - Jean Palomba

vendredi 19 juin 2015, par Roselyne Sibille

Le réveil


Le réveil. Il pleut. (Est-ce lui qui pleut ?)

Il pleut. Il voit

sa vision filée comme un sirop d’images, voit les seins de soie d’opaline - substance vitreuse de la Parque. La bien-aimée, dérangée rêveuse sur l’île, l’oreiller d’herbes et de murmures. Là, jeune à la respiration

____fla
_______ nu
__________ euse

flâneuse entre les pensées. La Parque nuée, la peau naviguée nue dans les pensées flânées...

________ Pensées
_______________________ pensées
_pensées

Chute de ses reins d’argent, la femme, là ferme, la pneumatique à son jour d’or.

Je marcherai au parc, les lèvres-feuilles. Je serai fait où je m’éveille.
Et j’y boirai. Aux seins mes lèvres où il y orée. La Parque, la naviguée au fil-
l’étoffe faite des rêves. Des beaux.

Faites de beaux rêves

Entre nous les vents 3


Il avait commencé, le roman des vents, quelques jours dans l’hémisphère Ouest.
Auparavant, ils circulaient du Nord au Sud.


Phrase après phrase, absorbant généralement la volatile alternative où se débattent les protagonistes qu’ils éventent, on dit que les vents se laissent prendre aux nuages qu’ils organisent, leur insufflant progressivement couleur et vie. Il leur faut dix jours pour faire le tour de la Terre, être ainsi témoins de la dernière rencontre des cabanes avec la broussaille, des femmes et des hommes aux visages griffés par les épines des branches. Généralement, ils étanchent de leurs baisers le sang des égratignures. Les dérobant, elles, et tous les harassant. Revenus pour répéter leur sec cérémonial, aux passions des fruits, à la persistance des feuilles, ils préfèrent les sentiers furtifs, les poignards dépris des poitrines, les dessous haletés au rythme des cœurs battants, la liberté convoitée de leur vitesse et de leur altitude.

Au dialogue enroulé au hasard des berges, au cours des fleuves éclaboussés de reptiles, au poids des particules qu’ils transportent, on reconnaît la qualité de leurs caresses. Enveloppantes ou dissuasives, elles dessinent les contours des corps qu’il est nécessaire de voir s’ébattre. Rien ne saurait être oublié : alibis, hasards, erreurs possibles.

Parce que


M’étendre à la longue, tirer ma langue à tous les angles de terre, pour que vous finissiez par comprendre, marchant, coursant, rêvassant à dos de ce moi presqu’île, plus vraiment je, mais

presque il

à peu près lui, très peu un autre, c’est-à-dire à peu près lui, presque il, mais peu s’en faut, absolument pas, absolument un autre

lui,

Parc naturel


Vous seriez
Vous êtes à peu près
Ou peu s’en faut
Maintenant naturellement dans mon parc
Où je peux dire

Il

Il en isthmes


Il sort de la côte, il saille, rattaché par un isthme. A peine rattaché. De l’utérus, de l’encéphale – si fin, celui de l’encéphale, qu’il pourrait définitivement, oui, la perdre, la tête. Mais pour l’heure, rattachée.

Et l’isthme du gosier par où faire passer la voix. Son fil dans ce chas pour la coudre à la terre.

Il sort de la côte, il saille, rattaché à peine à la chair par sa voix : il entre corps et ciel, mer, terre, chair.

Nuit lointaine


Le mot visage
Dont la voix n’a pas l’accent des mortels

Le mot vision
Dont les yeux n’ont pas rêvé

Le mot voyage
Dont les paupières n’ont pas cillé

Les mots Naples et Alger
Tous ceux-là font rêver

Non pas les villes
Celui qui dit je en moi respire celui tu en moi
Ces deux-là
Ignorent ce qu’elles sont

Mais les voix de Naples
Les voix d’Alger
Mon oreille dans mon cœur les perçoit
Ces percées

Entend comment ce rire des enfants derrière les vitres
Et leurs prénoms
Leurs projets vagues
Autour de la mer

Voguent jusqu’à nous
Incarner

Mes sœurs, mes cousins, mes frères et nos enfants
Loin arrivés

Loin arrivés


Et la rive lointaine,
Où est-elle ?

La rive, la lointaine,
La plus familière de nos langues.

Et la nuit lointaine,
La rive la moins familière de ma raison,

La nuit lointaine
Qui tient par le cœur la maison ouverte aux vents,

Aux six fenêtres, aux quatre vents
– La saison perdue.


Bio-bibliographie

Jean Palomba (1964) est bibliothécaire musical et anime des ateliers d’écriture à Arles où il vit. Il collabore avec des écrivains, musiciens, plasticiens et met en voix, sur scène et ondes, ses textes et ceux d’auteurs contemporains. Après un poème romanesque, Rage Mue (2013), parcs & Parques est son deuxième livre publié aux éditions Moires. On ouvre les parcs, on suit les Parques, en vers, en prose. La poésie de Jean Palomba est unique.

Parutions

• Juillet 2015, parution de parcs & Parques (Les Editions Moires, collection Clotho) ; contient parcs & Parques, suivi de Muihr, faire-part de texture et de Dictionnaire non réaliste : Rage Mue et repentirs
• Décembre 2013, parution de Rage Mue, bréviaire du poète mort (Les Editions Moires, collection Clotho) http: //www.leseditionsmoires.fr/
• 2007, avec Manuel Salvat : Au Travers, catalogue d’exposition, musée-museum départemental de Gap, 2007. http://www.librairiedialogues.fr/pe...

Collaborations

• Terre à Ciel (2013-2014)
Croire Au Jaguar, chronique expérimentale, une émulsion d’écrits à sons, chuchotée fort et criée doux, sur Radio 3DFM (2012-2015) http://www.radio3dfm.com/podcast-croire-au-jaguar/
• Avec le metteur en sons Nicolas Baillard, matières sonores et guitares (2014-2015) :
* Performance-lecture « Poésie plein air » (Arles) http://www.ciqlaroquette.com/#!poesie/c15y7
* Installations sonores pour « Les nuits de la Roquette » (Arles)
* Performance-lecture, Festival « Trace de Poète » (Isle sur la Sorgue) http://tracedepoete.fr/wordpress/?p=1878
• Avec la compositrice Maïté Erra :
A Dum Dum, pour chœur de 180 enfants et orchestre http://cfmi.univ-amu.fr/
• Avec la psychanalyste et poète Simone Molina :
Spectacle au Chapiteau Théâtre Fou : L’Indien au-delà des miroirs, lecture performance, Festival off d’Avignon 2011
• Avec Louis Hautefort et Stéphane Nowak (Association Magma) :
Lectures - performances, Festival « Assauts Poétiques » (Arles 2009, 2010, 2011)
• Avec le photographe plasticien Manuel Salvat :
2005, Une Année de Rêve  : résidences, lectures, performances, ateliers d’écriture, début de la collection de l’amateur de rêves, adhérent au RêveClub (http://www.reveclub.org/), Médiathèque d’Arles, 2005.
L’Apéritif Stimule L’Appétit : création à la galerie Dortindeguey-Regal, Arles, en juillet 2001.

Quelques dates de lectures :

• Hiver 2014 : Lecture librairie Forum Harmonia Mundi (Arles) - Lecture au café littéraire Paul’s Place (Bordeaux)
• Printemps 2014 : Escale du livre de Bordeaux - Lectures au Grenier d’Abondance (Salon de Provence),
• Eté 2014 : Lecture au Festival de poésie Voix de la méditerranée (Lodève)

Vous pouvez retrouver des extraits de Rage Mue ici : http://www.terreaciel.net/ecrire/?e...

Quelques notes de lecture sur Rage Mue :

http://www.terreaciel.net/Jean-Palomba-extrait-de-Rage-mue?var_mode=calcul#.VYcRaVKuq9Y
http://journaljunkpage.tumblr.com/post/80780432900/des-pintades-a-venise
http://martin-ritman-biblio.blogspot.fr/2014/04/jean-palomba-rage-mue.html
http://eclairs.aquitaine.fr/les-nouvelles-parutions-des-editions-moires.html

Et aussi des extraits inédits, et plusieurs notes de lectures écrites par Jean Palomba pour Terre à ciel en recherchant par son nom.

Et pour écouter un extrait sonore audacieux de « parcs et Parques » :

titre documents joints


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