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Trois nervures d’errance : Jean-Pierre Farines, Raymond Farina, Éric Lanne Luc - par Marc-Henri Arfeux

samedi 31 octobre 2020, par Cécile Guivarch

« Suis-je peut-être ou bien/ suis-je l’étoile l’arbre ou/ le chant d’oiseau de l’autre côté/ de la lumière envolé » (Jean-Pierre Farines, Passant(s), p.9, Collection Surya, Editions Alcyone, 2020). Cette hésitation, si différente du doute cartésien en ce qu’elle détisse précisément le « je » sans lui rendre une assise, témoigne à elle seule d’un climat ontologique spontané qui n’est pas seulement l’expression d’une voix singulière mais, à travers celle-ci, la manifestation d’une des dispositions essentielles de la poésie. Non que celle-ci ne puisse emprunter de nombreuses autres routes, on en connaît quelques-unes : l’épique, l’anecdotique, l’engagée, la galante, la patriotique, la satirique, etc. Mais, à travers les âges, et quelquefois sous couvert de ces autres dimensions, la poésie revient toujours à un centre originel où se formule et se questionne la désorientation des hommes en ce monde. Le « je » désamarré voyage, passe de forme en forme, retrouvant par l’étoile et l’arbre, l’oiseau et la lumière, une même lignée cosmique et métaphysique. Le sentiment d’une transcendance en ce monde même, le fait circuler de forme en forme parmi les êtres et les essences dont il est le double, à la recherche de ce je ne sais quoi qui est peut-être une des clés secrètes de toute poésie. « Quel est le poème qui connaît vraiment ce dont il poursuit la forme » dit en effet Rabindranath Tagore dans une lettre à Yeats. « Il ne fait que désigner des possibles, suivre et frôler de loin, par intuition, de l’invisible à travers le sensible ; et le sensible lui-même est invisible à force d’être présence, vibration pure esquivant nos tentatives. »
C’est sans doute cette conscience aiguë d’une énigme élémentaire qui a conduit un autre poète, Raymond Farina, également publié par les éditions Alcyone en cette chaotique année 2020, à célébrer La gloire des poussières. Écoutons ce qu’en dit l’auteur dans la présentation de son livre : « Plus tard, une fois de plus, sur le versant de ce qui s’anime et anime, elles m’ont aidé à concevoir la fabuleuse activité de la grande Fabrique de l’Être qui d’invisibles particules tombant dans le vide, fait la pierre et le miel, fait la terre et le feu, et même le corps et l’âme des humains qui peuplent le monde. » (La gloire des poussières, Quatrième de couverture, Collection Surya, Editions Alcyone, 2020). On notera qu’ici encore, c’est à des essences qu’aboutit le poète, et plus précisément à des essences substances architecturées par l’imprévisible devenir particulaire. Comme Démocrite, tel que le définit plaisamment Gaston Bachelard dans Les intuitions atomistiques, c’est donc à une « métaphysique de la poussière » que se livre Raymond Farina - dont je ne peux rester sans dire que le patronyme le vouait peut-être à cette attention particulière aux grains premiers du monde. Ainsi, dès le premier poème de l’ouvrage, la compréhension profonde de la poussière et du destin d’errance qu’elle apporte et emporte avec elle, conduit à la célébration de rois inattendus et même fort insolites tant ils diffèrent des innombrables monarques tout puissants et capricieux auxquels nous sommes habitués depuis l’Antiquité : « Impassibles ces rois naviguent/ dans leur solitude tranquille,/ gardant dans leur parure/ les ors de la grandeur ancienne/ (…) ils ont enfin compris/ la gloire des poussières/ la superbe raison/ du silence des pauvres ». (p.5). Cette conscience poussière fait donc de ces rois des Rois Mages, non du Christ, mais de la beauté des pulvérulences qui font de toute chose et de tout être un absolu sujet d’émerveillement. C’est aussi pourquoi, « ils côtoient, sur leur char à bœufs,/ des bouffons et des clowns » (p.6) et « voyagent en Éternel », seulement soucieux de « prendre comme des oiseaux,/ les caprices de la lumière,/ le jeu chatoyant des couleurs,/ les fines gradations de l’ombre. » (p.6).
Un troisième poète publié cette année aux Editions Alcyone, explore à son tour la diversité errante, selon sa tonalité elle aussi très particulière. Il s’agit d’Éric Lanne Luc dont N’Être (chant) est ainsi commenté par l’auteur : « Cette suite de poèmes forme un chant à sa manière, comme une onde, un chant comme une mer et ses vagues – la vague est un fragment de la mer. (…) La parole poétique sort de son enveloppe, elle se libère, que dit-elle ? L’homme sans doute, qu’est-ce qu’un homme ? Un manque certainement, que cherche-t-il ? » (N’Être (chant), p.1, Collection Surya, Editions Alcyone, 2020). Parlant d’Éric Lanne Luc, l’éditeur précise en quatrième de couverture : « Il poursuit désespérément la tâche d’élaborer une écriture poétique singulière, une sorte d’alchimie langagière qui se présente comme une tentative d’approche de la mystérieuse, insaisissable, improbable réalité du monde. » Dès le titre du livre, le centre de cette quête est affirmé : il s’agit bien de l’Être, précédé d’un double indice de négation et de naissance, et c’est pourquoi le livre s’ouvre par la mort et les morts ainsi que par la contamination de leur silence auquel le poète doit donner chant : « presque un mort lequel vient à ta rencontre mon silence chemine à ton silence rien à t’offrir que silence sans pleurs ma mémoire tissée d’usure et questions à jamais une ombre devant toi » (2d, p.4) Le chant est donc ici une prise en charge de sa propre impossibilité, d’où la forme en dérive, si proche en effet de celle d’une vague qui, naissant de rien, s’élance, se gonfle et se porte à travers sa seule substance jusqu’à sa retombée. L’absence de majuscule initiale, comme de toute ponctuation ne fait qu’ajouter à ce sentiment d’une réalité mouvante et éphémère, soudain détachée du vaste flux auquel elle participe. Un peu plus loin, l’auteur ajoute : « sous la lumière crue le vivant s’engloutit dans la béance et c’est la béance en dedans comme une plaie d’ombre qui parle » (3b, p.5) La bouche d’ombre de Victor Hugo n’est pas loin. Mais à son mystère solennel se substitue une plaie vivante de la mort dans le paysage des vivants. Notons d’ailleurs qu’Éric Lane Luc écrit « le vivant », terme qui n’est pas sans faire penser à Épicure, tandis que la succession des numéros paragraphes évoque la pagination des ouvrages antiques, l’ensemble prenant la forme d’un large tissu d’aphorismes, partiellement lacunaire, à l’image des livres des philosophes présocratiques, (auxquels Éric Lane Luc se réfère explicitement à plusieurs reprises), quoique dans le cas de N’Être la suite de paragraphes proposée à l’attention du lecteur ne comporte pas de manque mathématique. Ce sont les textes eux-mêmes qui sont lacunaires, non sous l’effet d’une dégradation de leur forme initiale, mais par essence, en raison même de ce qu’ils tentent obstinément d’acheminer vers la parole – et c’est bien aussi d’une sorte d’ostinato qu’il est question en ce livre chant qui ne cesse de commencer, recommencer, nuancer et déployer selon des formes inattendues ses variations océaniques.
Ces trois poètes ne parlent évidemment pas d’une seule voix, mais s’ils retiennent mon attention, indépendamment de leur publication par un même éditeur la même année, c’est qu’ils sont trois nervures d’une même feuille errante posée à la surface du langage.

Revenons à Jean-Pierre Farines. Le titre de son livre, Passant(s), avoue, lui aussi, d’emblée le projet de l’œuvre. Entre participe présent : ce qui passe, est en train de passer en ce moment même, et le substantif, au singulier comme au pluriel pour désigner celui et ceux qui précisément passent, c’est donc de transition et d’éphémère qu’il est question : « Passant, sais-tu/ que la beauté cherche/ ton regard qui s’éloigne/ te demandant souvent », (p.20). De même, lit-on à la même page : « Profil perdu cherchant/ tu imagines croiser/ des regards vivants/ dans les vitrines du hasard », puis à la page suivante : « Beautés trop douces/ passent des ombres/ mannequins égarés/ hors des nuits blanches », ainsi que : « Tu ne vois pas les rues/ la place la fontaine/ l’arbre ni le vent/ tu es seulement pensant ». Savourant l’un après l’autre chacun de ces poèmes, le lecteur ne sait s’il doit en maintenir l’autonomie individuelle ou les relier. N’est-ce pas en effet un même poème en errance qui passe ainsi d’un quatrain à l’autre entre ces deux pages, selon les étapes d’une flânerie verbale, offrant également l’histoire de cette promenade improvisée d’un passant dans les méandres de ses désirs et des rues d’une ville ? Le poète n’écrivait-il pas, légèrement en amont : « Traversé de désir/ attendant sans comprendre/ ce rien animé qui respire/ entre les mots », (p.19), définissant au passage, (c’est le cas de le dire), avec une rare élégance, l’art poétique de ce beau livre. Le désir est donc passage, aimantation vers quelque chose qui échappe, soit qu’il reste aveugle au réel et aux essences, soit qu’il n’en saisisse que les εἴδωλον, (eidolon), c’est-à-dire les images ou les spectres. Le passant ne remarquerait donc que les ombres du sensible, qui l’empêcheraient de « comprendre ». Mais, contrairement à ce qu’une interprétation platonicienne pourrait laisser croire, c’est finalement d’être « pensant » qui le rend inattentif et incapable de démêler le mystère qui le traverse et dont il est réciproquement traversé. D’où ce rappel qui, lui aussi, évoque les philosophies antiques : « N’oublie pas que tu es/ seulement de passage/ et sage seulement/ à l’instant où tu aimes » (p.26). Il en résulte naturellement une métaphysique de la diversité dont l’errance est la méthode : « Passant regarde les couleurs/ des regards et des fleurs/ jupes soulevées des roses rouges/ pour toi aussi dansant » (p.39). De ce « carpe diem » poétique naît cependant une certaine expérience de l’intemporel, dont la formulation semble évoquer la magie immédiate d’un cinéma naturel de l’âme et du corps : « Éternel présent quand/ trois battements de paupières/ n’en finissent pas d’effacer/ l’étonnement d’être » (p.28). La mobilité nue l’emportera pourtant : « Instant qui se défait/ trois battements de cœur/ et devient un autre/ trois mille fois par jour » (p.48).

La diversité est un art exigeant qui demande une vertu fondamentale, celle de l’enfance. C’est à elle que nous initie Raymond Farina dans Ce qu’écoute l’enfant : « Il sait presque tout de la terre/ sa rumeur sibylline, ses semences secrètes,/ ses intentions fertiles/ ses fureurs éruptives/ ce qu’elle exige des racines, des feuilles caressant le ciel/ & son étonnement devant/ les saisons qui ont oublié/ les rythmes qu’elle avait fixés,/ en accord avec les étoiles.// Voilà ce qu’écoute l’enfant/ lorsque, couché dans l’herbe,/ il pose son oreille,/ à côté du grillon » (p.15). L’enfant est en effet le médium par excellence puisqu’il sait recevoir la leçon de la terre et saisir la profonde unité du multiple, y compris dans les dérèglements de son horlogerie secrète – serait-ce le grain de sable qui perturbe le mécanisme admirable du monde, mais d’où vient-il ? Raymond Farina en suggère la possibilité, mais ne répond pas à la question. L’enfant, en tout cas, sait entendre le regret de la terre contrainte à la blessure de l’hiver qui « la fige lui donne/ la dureté des pierres. » (p.15). Il perçoit même « à peine/ les confidences des défunts/ blottis dans leur nuit tellurique,/ leur nostalgie de neige,/ d’amour& de soleil/ de paroles humaines » (p.16). C’est donc bien à la poussière que nous sommes reconduits. La perception cosmique l’affirme, secrètement dans les êtres et les cycles de la vie terrestre, mais aussi, ce à quoi nous préparait la tristesse hivernale de la terre, dans la confidence de ceux qui sont retournés à la poussière, selon la formule consacrée. Ainsi nous rappelons-nous que tout est bel et bien poussière, non pas seulement funéraire, mais aussi vitale, cosmique, dans la mesure où tous les phénomènes et toutes les réalités sont de l’aveu même du poète dans sa présentation, les créations des « invisibles particules tombant dans le vide. » Mais l’enfance a ce don, quoique couchée à même la terre, d’opposer à la chute des éléments premiers « la légèreté des nuages/ qui dessinent pour les enfants/ des légendes célestes » (p.15).
Toutefois, s’il veut préserver ces dons, l’adulte doit prendre garde à ce que l’infinie diversité des créatures et la singularité vécue de chacune d’elles, telle une rose ne « se perde dans les prés abstraits/ d’un herbier qu’on feuillette/ comme on égrène un chapelet/ que sa vie sorte d’une histoire/ pour se figer à tout jamais/ dans une langue morte ? » (p.18). Ici, l’urgence est donc de de préserver les vies de cette autre pulvérisation qu’est leur incarcération dans le monde des idées. Ce dernier n’est en effet que prairie abstraite, simple herbier verbal où l’on imagine que les vies desséchées tombent progressivement en poudre, tandis que les mots ne sont plus que les grains d’un chapelet mental ânonner sans fin ni but. La suite du poème le dit encore plus clairement : « Se peut-il que cette mésange,/ qui me détourna de son nid/ en mimant un oiseau blessé,/ se perde dans un dictionnaire/ où désespérément l’Oiseau/ ne vole plus mais signifie ? » (p.18). L’enjeu de la poésie est donc de sauver les êtres du désastre conceptuel, comme du désert des nomenclatures. Elle doit inventer une langue de célébration qui chante la gloire des poussières, ces êtres éphémères et absolus que sont toutes les réalités de ce monde : oiseaux, insectes, tableaux du rêve, pour n’en citer que quelques-uns. C’est pourquoi « le poète a besoin/ d’une ombre à ses côtés,/ d’un ange familier,/ besoin de sa voix pure/ pour accepter l’impasse,/ caresser la douleur/ endormie à ses pieds/ tout près du chien qui rêve./ Il a besoin aussi/ de solitudes vastes/ comme des Sibérie./ Le poète a besoin/ de l’oiseau quotidien,/ de l’affection des arbres. » (p.35).

De fait, comme l’écrit Eric Lanne Luc dans N’Être, l’être humain est : « fragile et vulnérable une matière d’homme au commencement venue du plus loin des lointains une poussière chair ici-bas parcourue des lumineuses oscillations de la vie mystère de la chair ». (15a, p.9) Cette physique en raccourci, tout en réaffirmant la poussière, la sublime d’une virtualité lumineuse, celle d’une poussière chair comparable à la substance dont sont constituées les étoiles et les galaxies, non seulement en raison de leur origine commune, mais aussi par cette propriété d’être lumière. Cependant, cette même lumière vivante est irrésistiblement attirée par son antithèse, étant en effet : « proche de la chair obscure de l’autre un jour une rencontre une nuit la rencontre la matière qui gîte en nous vient s’enfoncer en l’opacité du grand silence. » Pulsion de nuit et de silence se conjuguent alors pour abolir la poussière chair par inversion de sa pulsation initiale. Elles sont en quelque sorte l’antimatière ontologique où tout, y compris la poussière, devient absence. Ce destin matériel et métaphysique n’a rien d’une mésaventure. Il est inscrit dans le principe même de ce que nous sommes, car nous « n’existons presque pas sommes si peu qu’une trace une absence pour ainsi dire » (114, p.54). Mais l’homme est aussi l’être d’une voix qui lui assigne un devoir être et l’enfante, proclame le fragment 119 dans une registre haletant, incantatoire, qui n’est pas sans rappeler parfois les aphorismes lyriques de Jean-Luc Parant – mais aux yeux, si chers au poète plasticien, Eric Lanne Luc substitue l’injonction du verbe à l’état natif : « la voix me dit va libère la voix déplie la parole dans la voix gîte l’homme et le destin de l’homme son compagnon de route la voix est la source de l’homme son l’origine sa matrice et la voix est chemin la voix est rouleau de sa vie déroulée comme les pas d’un chemin » (119, p.57). Cette « voix des origines » est aussi celle qui « porte le souffle du chant » (121, p.57). Elle est donc l’instrument privilégié du poète, car elle est medium cosmique, harpe éolienne dont se transmet directement l’incantation, de la nature au poète : « le vent vaste s’engouffre dans les branches des pins très hauts le chantre est à l’écoute du cosmos lequel parle sa parole il entend les vents les vents ce sont des paroles vivantes le vent vaste s’engouffre dans les hauts pins et c’est la mer entendue dans les branches la bouche de la mer parle » (124, p.58). Nous n’en restons pas moins « êtres d’errance et de doute aux libertés chancelantes un peu de lumière et portons mort ». Celle-ci est père et fin de tout, comme l’affirme puissamment l’ultime fragment du livre, dans une vision paroxystique où le langage devient une rotation sans cesse accélérée à l’instar de celle qui anime l’être, depuis son origine, jusqu’à sa destruction totale : « le père péril dans l’ère d’une vie tourner autour de l’astre le grand mystère obscur elle tourne autour de l’astre la frêle comète à chevelure de lumière et son noyau de glace et de poussière fond toujours un peu plus aux abords du soleil noir terrible (…) et la comète tourne encore aujourd’hui son noyau de glace autour de l’astre éteint et encore jusqu’à la nuit ultime. » (167, p.78).
L’errance est donc le cœur, qu’elle prenne les accents paniques de l’étrange et fascinant traité poétique d’Éric Lanne Luc, capte et réfracte au plan poétique la gloire des poussières, selon ce « passant de l’infini » qu’est de son propre aveu Raymond Farina (Quatrième de couverture de La gloire des poussières) ou, célébrant les multiples silhouettes de la beauté, tienne en chacun de nous « réconciliés/ le cœur brûlant des aurores/ et l’invisible feu noir/ autour du présent » (Passant(s), p.61), comme le dit subtilement Jean-Pierre Farines. C’est à ce dernier que je laisserai finalement la parole, peut-être pour cette raison que sa lucidité, moins terriblement verticale et apocalyptique que celle d’Éric Lanne Luc, parle tout particulièrement à ma sensibilité de chercheur en mystère : « Solitude extrême/ l’accepter l’aimer peut-être/ accueillir enfin ce vide/ qui est Moi » (p.62).

Texte et peintures de Marc-Henri Arfeux


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