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Chevalier ! Montre-moi tes seins !
Par Bruno Normand (Avril 2024)

samedi 13 avril 2024, par Cécile Guivarch

[...] entre deux silences un / suis là / envoyé par sms / âme un peu corps un peu, eau un peu, rivière un peu / oh c’est ondes le monde c’est du / là et du là-bas au même endroit c’est / étrangement dans un même corps / [...] / oh

la pluie née de la dernière pluie oh / la pluie née / et non-née / la pluie où / maintenant / la dernière / la pluie là et [..]

HIER JE REGARDAIS LA RIVIERE FECONDE / CE JOUR JE REGARDE LA PLUIE FECONDE / SUIS où DANS où / [...]dans un coin de lui, des mots, ça joue […] / la force d’être - forge d’être / [...] contour de la Lumière, une se-conde, deux trois […] il l’a vu / puis rien / en un éclair ce qu’il a vu / disparu / […] c’était il y a des années et des an-nées / encore c’est là / (il) le raconte, cela / le Vide là / […] tout est Lumière à ce moment, les mots sont des gestes, les actes sont tranquilles […] juste il sourit à cet, il y a / à ce, sera, […]

déjà c’est de la Lumière caressée, c’est un peu de chair caressée, cela a la force d’un moment véritable encore et encore par le corps cela[…]peut-être fin septembre à nouveau nous serons chant de cela, de l’alouette serons les alouettes cachées dans les herbes, les invisibles alouettes et d’autres choses encore invisibles. Parfois c’est ainsi le QUOI, donne mots, lignes, ailes, à un (je) / une femme le rencontre, le traverse / parfois même le pense pendant qu’il marche […]

/ ce 27 aout, un début d’après-midi, c’est un morceau de, du / quoi [...] / un certain Billy : - tu as peur de mourir Norman ! / l’ado prononce Normane / - les gens se croient autorisés à poser toutes sortes de questions, répond en bougonnant Fonda / un (je), à ce moment n’entend pas trop / il balance un : / se font pas chier les amerloques, et en désignant l’écran, / - tu as vu le bateau ! ajoute-t-il en regardant La maison du lac / ce dimanche après-midi / puis / [...]

au grand Jour la grande Nuit, des mots lui viennent : le grand Jour, la grande Nuit après avoir relu mail de sieur Stolo-wicki / les choses ainsi : nous en existence(s) / jeté(s) là et là / dans une lecture du proche et du lointain, je (s) jeté(s) en ce, quoi / […] un (je) joue à Cela, à rapprocher des corps, des vies [...] un (je) est, au M / monde comme il est, en F.femme / un (je) / est en F.femme comme il est, au M.monde / c’est un round, un de plus avec du Vide, avec le Vide / cela / le Ciel

ne fait pas défaut : chacun s’enivre à sa façon, il y a mille façons de ne pas voir ce qu’il y a à voir, il y a mille façons de voir autre chose que ce qu’il y a à voir / de détourner la Vie [...] un (je) lui, préfère voir ce qu’il y a à voir de hanté en ce qui est / de hanté d’un, nous […] D’un, nous en Jeu - en Lumière - en tenue de Temps : d’hier pareil à du / présent à venir / à un Tout jouant / se jouant de tout. Là t’imagine là en […] / suis du / Ciel plus du corps, je trouve clé / ainsi j’entre en / quelque chose sans borne, en Voie ainsi / cela me trouve cela, m’agrandit d’ être un peu fou avec les mots, avec le corps / de les lier, lâcher dans une même Etendue, de les regarder retrouver un peu de liberté, de les voir mordre Feu, étinceler de cela[…] en bouche cela ciel en bouche, hymne en bouche et entre, étendue en bouche […] faire silence, laisser toute la place au Souffle / voyez / j’écris - je prie : notre embarcation qui êtes aux cieux, que [...] tant de signes beaux, nous écrivons / corps ouverts / nous le voulons pour le plus grand nombre Cela : Plein la bouche de Cela / vivre à grands feux et l’écrire, l’audace parfois.

Faire corps avec Lumière, avec un autre corps faire du / Cela avec la part la plus intime de son être.

/ S’offrir Etendue, d’être entendu […] / Sans fard nos nudités alors, juste proches, juste rapprochées afin qu’elles s’en-tendent / qu’elles entendent la Lumière / tout cela, c’est du / parce que : Une matière à venir, le / parce que / C’est du respirable. Une respiration Une. Se voir / ce

29 aout / c’est souvent ainsi, oui parfois cela arrive, certaines lignes sont données, elles viennent d’où, ceux qui les reçoivent ont juste le mérite d’entretenir un outil, avec leurs corps, ils accueillent un courant en eux, le Réel les con-duit, les guide […] signe /

ce 30 aout […] le copain est là (j’) écoute, parfois (je) lance une phrase, deux et la conversation va son cours / sommes dans le jardin, il y a des grappes de raisins, […] un temps nous avons bossé ensemble : des bulbes, des écubiers, des propulseurs, des étambots[...] cela entre nos mains, c’est un peu loin et c’est là / lui est toujours dedans, je revis ces moments, je l’entends [...] le passé là / le présent là, sa femme barrée sans explication, […] et sa fille devenant / papil-lon - homme […] j’écoute et le raisin, le silence du raisin et le sien entre

ce 31 aout / […] cette grâce / et parfois nous consentons à la percevoir : en un lieu, en corps de deux corps […] le / cœur où / d’un où. L’intime d’un seul, les aimantant toutes alors, les fibres aimantes, les présences filantes / puis une nuit lue et relue, puis un lendemain, j’y suis dans ce lendemain, / en allant faire les courses ce matin, ai aimé entendre pluie sur le parapluie, / 16h07 maintenant / [...] jaune un crayon de bois entre deux doigts à peine, un peu yeux fermés tête en arrière un temps assis en lui silence / pareil à Lumière une Lumière en lui, il l’entend ainsi corps / son corps pareil à lumière dehors à treille / Elle lui tend : - tiens bois / - pas tout / - si tout ! / il s’exécute, c’est de l’am[...]qu’elle lui tend / raisins, jus en lui maintenant, […] / juste un temps il a ouvert les yeux / là il les referme / […] là il médite avec lui ça s’écrit / de la Lumière sur un corps sur ce qui l’entoure sur / lui et le romarin sur / lui le romarin - il est maintenant 16h32 et pas un génie de vendu

un premier septembre / silence de sources multiples l’Océan lui ne dira rien, n’en dira rien de ces discrètes rencontres / puis un 2 septembre, […]narrations diverses, pas possible de lire tout / dommage car surement intéressants tous ces gens, ces romans. / Cela, à un moment que tous les corps en prennent pleine conscience / qu’émane d’eux une simple et profonde veille, un accord possible entre nos quotidiens et nos imaginaires, juste ça et inlassablement le chanter ce possible-là / une Vie pour de vrai, le plus souvent on essaie d’y répondre, d’être à la hauteur. / Certains d’entre nous le savent : il y a quelque chose hors les murs, quelque chose autre, aussi cela prend une forme ou une autre, le raconter cela / le franchissement de ce qui obstrue une vision en soi. / Le raconter le Soi / […] Cela peut prendre une vie, se débarrasser de ce qui vole, voile Présence(s) / les effets, les poses et tout le Saint-Frusquin […] cela peut prendre une vie, parvenir à se fondre en la Vie, l’Eros à l’état pur / Elle en Lui - Lui en Elle / souhaiter vibrer qu’en Cela, ne former qu’un seul mouvement. / Vivre ainsi dressé, tendre vers /

le soleil d’un et d’un / (je) ne sais pas. Tendre vers / un vide ensoleillé / au jour le jour cela peut amener à un certain vertige / […] / aussi signe à nouveau, parmi plein d’autres, un titre m’a appelé, une couverture m’a appelé

Une histoire du vertige. Camille de Toledo. Editions Verdier, 2023.

Ce livre arpente le lieu d’une blessure entre nos vies narrées par les fictions, les langages, les codes humains./ […] et le / comment (nos) fictions nous portent à oublier la vie terrestre.

Heureusement des bienveillants, il y en a quelques-uns, il y en aura toujours / des lanceurs de défis, afin d’accorder corps et sols, corps et ciel. Camille de Toledo a je crois, cette bonne idée de nous ramener à l’essentiel : notre passage en ce monde / Pour ce faire, il va amorcer, Une histoire du vertige par l’étude d’un personnage haut en ombre et en lumière, l’enlaçant à ses réflexions sur notre époque : Les « Vues de Tolède » du peintre dit / El Greco / sont contemporains de la publication du roman Don Quichotte, une machine fictionnelle où un personnage est pris d’une ébriété narrative et ne cesse de désavouer le monde / les choses dont il est peuplé, la nature qu’il traverse. Don Quichotte est l’annonciateur de notre condition vertigineuse, un dévorateur de fictions devenu lui-même, être fictionnel / hantant sa terre pour transformer / ce qu’il y trouve. / Il est l’image même de « Sapiens narrans » : un être qui croit plus aux récits qu’il tisse qu’aux épreuves de son corps et du monde. /

[…] La fiction en lui est un principe de relèvement, / un outil pour éviter l’épreuve de la douleur ; un ressort qui lui permet de désavouer la vie en la transformant par des envoutements successifs. / En ce sens, Don Quichotte, c’est / toi, moi, nous : des êtres d’histoires, d’encodages qui voudraient échapper au verdict de la vie, mais n’y parviennent qu’en produisant des langages, des récits qui la recouvrent. Il faut faire confiance à Camille de Toledo pour entendre ce que Silence, les silences lui ont dit / ce que Vide, qu’un Vide / […]

Lui qui semble avoir toutes les bonnes raisons de ne plus croire à une parole donnée, faisons cela pour lui, ayons l’élégance d’accepter ce qu’il porte et nous tend. / Ses lignes habitées, on le sent nous veulent du bien et souhaitent donner une chance à la Matière (à notre corps visible, à nos corps invisibles, à nos corps en cours), à la, les restituer à un élan de Vie. Selon lui / nous nous éloignerions de la Nature en nous, de ce qui en elle est hors langage et qui pour-tant nous contient /

En son silence notre part de Ciel déjà / Egalement je le crois, nous nous éloignons / - de nous en Elle. C’est un tout allant et il est possible qu’insidieusement une perte d’Eros a infusé nos actes, a éloigné lentement et surement la main du gouvernail / l’abandonnant aux flots, à l’actualité, à la houle d’un monde traversé d’intérêts divers et le re-couvrant le sens de tout cela / Dans notre volonté de tout contrôler, nous aurions trop codifié, normé et déjà se laisse entrevoir ce qui pourrait bien en être l’addition : des catastrophes à répétition, des phénomènes hors de contrôle, ce qu’il nomme, lui / les « colères de la Terre ». Ecoute, le sol se dérobe, les mots dérapent ; partout, nos appuis s’érodent. Nous vivons « au-dessus » du monde, dans des, bulles d’histoires ; ce que nous voyons, au loin, depuis cette hauteur, c’est une Terre abîmée, épuisée. Nous entrons dans un temps vertigineux. Et moi, figure-toi, avec les livres qui m’ont accompagné, j’ai voulu saisir les formes de ce vertige. Comprendre cette guerre, ce combat, et cette blessure, entre les langages humains et les autres formes de vies, il nous propose : un lien au lieu de la coupure, là où des entités et des formes de vies ont disparu.

/ […] nous, les habitants de cette Terre saturée de fictions[…] La tâche qui nous incombe est tout entière dans ce devoir de reliaison entre les mots et les choses, les nombres et les noms […] / Trop de mental, d’idéologie(s) encombrent les cranes, / Une vivante spectralité hanterait nos vies (ce qui demeure des cartes de la colonisation, des empires […] des encodages du communisme qui ont sculpté des imaginaires / ce qui survit : des cartes économiques, dites keyné-siennes / […] / des récits libéraux des années quatre-vingts, selon lui, nous serions comme figés en des fables /qui chacune ont montré leurs failles, / tout au long du dernier siècle et bizarrement nous persévérons à les croire même en créons de nouvelles. Camille de Toledo nous parle, nous tutoie, je crois, il s’adresse à chacun avec ce qu’il est et porte en lui de Vie, il pense à toutes les démesures du capitalisme / il lit et nous livre ses lectures / Borges, Lewis Carroll, Julien Gracq, il les médite / c’est un (je) - un (nous) / […] / je finis par entrevoir au plus noir de la chute, lorsque après les deuils, on trouve la clef d’une autre narration : un récit à venir qui part de ce qui meurt, de ce qui fut blessé / C’est possible et alors

ce sera, je crois le récit de quêtes multiples / une quête et parfois pour quelques-uns, cela ressemblera à mener une enquête. Elle, a déjà commencé, il cite Claudio Magris, le commente : Grâce à ce lieu branlant entre le langage et le monde, Magris nous aide à quitter les bords trop assurés de la réalité, du savoir. / On pense, dans le sillon de Borges à / cette heure où les cartes sombrent dans la nuit et nous laissent seuls avec « les Animaux et les Mendiants ». / On prend acte du passage d’un, centre meurtrier, / cette Europe des emprises qui a imposé ses codes appelés « Progrès », « Civilisa-tion » / à un centre vide, / entre les langues, où sont l’instable, l’inquiet de la vie humaine, aux côtés des forêts, des lacs, des rivières.
Que tout le Ciel tienne dans un oiseau, dans son vol, je veux y croire / de même que toute l’humanité et ce qui la fonde, que le meilleur d’un homme puisse tenir dans une marche vers. Afin de retrouver la source des mots dans le craquement des branches et écorces, dans la nature des sols, leurs reliefs, dans la nature de l’air, dans des ailes, je veux y croire, aussi j’avance dans ce livre avec Magris / j’accompagne ce qui a été pour un être, contour / des contours

dans un périple le long du Danube, de ses sources à son delta en Mer Noire, « Oui, ce sont les premières eaux du fleuve, là où / tout commence » / Danube / dévoile d’emblée le propre de nos foyers narratifs : une demeure qui ne repose sur rien, / sur rien d’autre qu’une expérience du vertige, où l’on peut mesurer l’intensité de séparation entre le récit et le lieu concret terrestre / et j’ai envie de prolonger :

/ c’est déjà cela / du fictif sans doute mais amenant à un point de rencontre en soi, / amenant à ce sentiment de ver-tige, oui / qui nous re / ssource et nous conduit. Le Réel n’est peut-être pas autre chose qu’une imbrication subtile entre, le Manifesté, (la Manifestation) et l’Invisible qui nous hante, nous fomente. Il est une apparition, il est Soi / il est Âme en Voie. […] / et / même si à certains moments de nos vies, nous pouvons en douter pour des raisons qui nous sont propres, / ces marches-là sont loin d’être inutiles. Camille de Toledo éclaire la sienne de la noirceur de quelques situations, il se positionne, se tourne vers, quelques vraies vies, il s‘entoure, de compagnons de route / Magris est l’un d’entre eux / Magris multiplie ses sources / […] thèses, mémoires […] d’hydrologie. Il traverse des couches géographiques - des cartes, / brasse une double matière / paysagère et livresque / fait avec le multiple. Il se plait à cette constellation indécidable de traités, de savoirs, de fictions, […] En marchant, il nous invite à considérer, une origine introuvable / Probablement pas si introuvable que cela, si l’on se contente à cette hauteur d’une « pente » / d’où proviennent les « filets minuscules » / Lieux de la « relation » donc, ces lieux, qui nous offrent à nous rencontrer, à l’entrevoir la vie nue […] / A l’entrevoir et Cela, entre : transmettre des intensités, des oscillations / donner quelques coups de bélier là, où / des cloisonnements entravent la libre circulation des souffles, celle du / d’un Souffle / à travers nous. L’auteur de Une histoire du vertige / fait corps avec / quelques âmes, venues et non venues : Celan, Musil, la catastrophe, bien avant lui, chacun à leur façon ils ont tenté de la panser, la regarder en eux, de l’habiter le / Com-ment réarrimer le langage à la vie ?[…] je veux te parler d’un livre qui partout m’accompagne, qui fut toujours pour moi comme une pierre, à mon chevet. Il me sert à saisir / l’oscillation entre croyances / à la certitude, / à la stabilité de nos codes et décroyance. / Il s’agit du « Monde d’hier » de Stephan Zweig : « Ce sentiment de sécurité était le trésor de millions d’êtres, leur idéal de vie commun, le plus digne d’efforts. Seule une telle vie de sécurité semblait valoir d’être vécue / et des milieux toujours plus étendus / désiraient leur part de ce bien précieux. » Une période, autour de 1902, et avec elle, la foi, la croyance des contemporains du jeune Stephan Zweig ; le monde certain tenait à cet espoir et, pour beaucoup, à cette certitude que l’avenir serait libéré du risque. […] « Le Monde d‘hier » est le récit de la fin de cette croyance. / la manière dont le tremblement a fini par tout emporter ; devenu paria, il se suicide. On cherche une autre façon de se raconter l’avenir[…] A l’Est, le fascisme vaincu, la narration du communisme s’entête. A l’Ouest, les fictions du capitalisme nord-américain s’imposent. […] Sapiens narrans / est une espèce tenace ;[…] difficile de lui faire recon-naître que ses sémiosols éreintent le sol à qui finalement la vie est nouée.

Après Zweig, de Toledo lit Glissant, Sa marche, est notre marche et nous nous tenons, comme lui sur ce lieu de la blessure, dans un monde qui a été raturé, biffé par les écritures et les fictions humaines il médite des fêlures, erre entre des mots, des silences, il y trouve une constellation à travers l’art, la littérature, des présences dressées en leurs temps, Camille de Toledo les rapproche, mosaïque ainsi par le souffle / des fragments / Faulkner, Sebald, Pessoa, Melville traversent, nourrissent son essai : une relecture d’une forme de capitalisme, d’un libéralisme forcené et, une réflexion sur nos égos dociles, / séparant / séparés et parfois même séparatistes, parés de fanatismes ambiants, / d’actes de barba-ries en découlant. / Et cela, en lieu et / place, au cours des siècles d’humbles et sages présences par le monde qui avaient su cohabiter avec les éléments / avec une Nature qui leur semblait Mère. Un constat à ce moment de notre histoire : le risque est, de nous laisser confisquer le Réel / tout simplement le sens de la Vie. C’est acté, cette possibilité est habilement maquillée (loisirs, divertissements, distractions diverses) et ce n’est certainement pas nos chaines d’informations en continu, / une actualité en chassant une autre qui vont / nous éclairer, nous donner un socle.

/ Tout est fait pour nous la faire oublier et avec elle / cela, nous le faire oublier : nous inscrire en ce lien-là, entre la Terre et, les humains, nous relier à / Âme-Nature, à l’Invisible-Cela. Au nom d’un Nous, nous puisons sols, nous épuisons sols, l’eau est captée au profit de quelques-uns, nous pillons, gaspillons. Bien évidemment cela ne profite pas à un véritable nous. Cela / n’est pas un, nous-cosmique. Alors Camille de Tolédo dans Une histoire du vertige nous amène à nous poser, propose un / du Temps pour être / de l’Etre pour temps, de la Relation pour Lieu. La tâche n’est pas mince, être au monde, au Temps, est un travail de tous les instants. Personne ne nous oblige de le vivre bien évi-demment, ne nous oblige à cela : d’éviter de nous éloigner d’un processus en nous / qui serait la Vie elle-même en Voie. Quand même, il serait dommage de ne point vivre ce que nous aurions à vivre, de refuser une rencontre avec ce que nous sommes vraiment, une essence poétique par / et au-delà des mots, fortement aimantée, une Présence avec un rôle à jouer. / Consentir à être. Eviter les leurres qui pourraient nous en détourner, ce n’est peut-être pas si simple, ce livre en témoigne. Oui, nous sommes dans ce vertige et rien n’est plus risqué / de tendre vers ce qui encore n’a jamais été et qui pourtant, déjà existe pour quelques-uns, donnant parfois à tel ou tel auteur les signes de, ce qui ressemble à une direction. /

/ Peut-être la méditation, la contemplation, l’observation peuvent aussi apporter cela, à / un corps de s’étendre un peu, à / son aura de rencontrer celle d’un autre corps, d’une autre chose : celle d’un lien. / Et plus que jamais pour lieu, / peut-être, cela aimant. / Seule une force d’être / peut amener à un moment à prendre corps dans un mouvement vers un élargissement de la conscience, / peut amener à cela, en fondu enchainé à passer, de l’étroitesse d’une présence à une autre plus aimantée /

[…] / L’évidence d’une solidarité entre, les matières, les éléments, désormais s’impose comme étant / seuil / d’une nouvelle manière d’habiter notre planète. Postulat tentant et nous sommes de plus en plus nombreux à le partager, je crois, là dans ce livre, c’est poétiquement amené : la Poésie dorénavant ne se loge plus forcément là où, nous avions l’habitude de la trouver / des ouvrages comme celui-ci en sont la preuve / […] Ils chantent simplement ce que nous sommes, juste des courants, des forces en Jeu, ils nous préparent à un saut, tout au moins ils nous laissent l’entrevoir, l’envisager / Le sentiment océanique. Avec lucidité, Camille de Toledo nous place devant nos manquements, parle, s’adresse à quelqu’un, ce quelqu’un, ce peut / être / vous. Si vous le souhaitez, c’est vous le sursaut /

C’est du grand Tao, il me semble / juste s’en remettre à une Voie en nous, juste laisser une musique cosmique trouver corps. juste trouver équilibre, entrer en liens. […] S’écarter un temps du monde des hommes, s’approcher de la Terre mère afin de retrouver une santé morale lorsque les mots ne peuvent plus rien, lorsqu’ils ont montré leur limite, alors oui il nous reste ça

/ marcher alors / atteindre sommet ou volcan, suivre un fleuve, longer rivage. Avec ses pas penser autrement la Vie, la voie,

un (je) le comprend tellement bien, même cela le touche, toutes ces marches en ce que qui est, et demeurera un Mouvement

vers l’Océan […] Et là ce jour, signe de Cela, je le découvre : l’ami, outre d’avoir pris le temps de méditer sur notre époque,

/ dès 2019, Camille de Toledo a entrepris de donner à la Loire, un statut[…] / un livre en ce sens en témoigne,

Les auditions du Parlement de Loire / le fleuve qui voulait écrire, Editions Manuella et Les Liens Qui Libèrent, 2021.

avec les voix

de : / Frédérique Aït-Touati / Bruno Latour / Virginie Serna / Bruno Marmiroli / Jacques Leroy / Jean-Pierre Marguénaud, /

de / Catherine Larrère / Catherine Boisneau / Valérie Cabanes / Matthieu Duperrex / Gabrielle Bouleau / Sacha Bourgeois-Gironde / Marie-Angèle Hermitte / Elles, ils sont : paysagistes, architecte, sociologue, philosophe, urbaniste, archéologue, / professeure, chercheure, juriste, artistes […]

/ « Et si un fleuve, Loire, et les divers éléments terrestres écrivaient / une Constitution ? /

Et si les entités naturelles, rivières, montagnes, forêts, océans, glaciers et sols étaient, à force d’exploitation, de prédation, en voie d’inventer leur grammaire, exigeant leur représentation ? Ce livre déploie un récit […] celui d’un soulèvement légal terrestre où, une commission constituante se voit confier la charge d’accueillir / les éléments de la nature dans nos enceintes humaines. / Il suit une expérience collective bien réelle, celle des auditions pour un parlement de Loire qui, entre l’automne 2019 et le printemps 2021, a cherché à définir les conditions dans lesquelles les êtres de la nature, en l’occurrence un fleuve français, doivent accéder à la personnalité juridique. Les lectrices et lecteurs pourront y découvrir un processus instituant / - un théâtre de métamorphoses / - pour établir un plus vaste souverain, ouvert aux éléments de la nature. Ils pourront y suivre, les débats annonciateurs d’un avenir où dans le sillon de la loi néo-zélandaise faisant de la rivière Wanghanui, une personne légale, / les éléments naturels participeront à l’élaboration des règles de la vie commune. » / Intéressant n’est-ce-pas / in Rfi :

La Loire est le plus long fleuve de France. Pour Camille de Toledo, c’est aussi une entité qui mérite des droits légaux, / une personne juridique. Pendant plus d’un an, l’écrivain a animé / les Auditions pour un Parlement de Loire , réunis-sant des acteurs aux profils divers qui côtoient la rivière (citoyens, élus, artistes, experts, riverains...). L’idée : donner la possibilité à des entités non-humaines (faune, flore...) de s’exprimer à travers une Assemblée constituante inter-espèces.

Son livre restitue ces auditions et donne au fleuve l’occasion de s’exprimer / […] D’aucuns pourront dénigrer ce projet, s’en moquer / qu’ils le fassent si ça leur chante. Pour ma part, c’est plutôt un sourire qui me vient pour saluer ce tra-vail, même si cela peut paraitre dérisoire face aux difficultés que nous allons rencontrer / cela reste une belle démarche et elle me touche / il faut bien commencer par quelque chose et cette attention à un fleuve pourrait être l’amorce d’une résonnance plus grande et rencontrer d’autres belles énergies, de belles présences. Il est écrit encore : […] / / et si les blessures, les douleurs, les éreintements de la nature étaient langage, […] et si les divers dérèglements de la Terre étaient également mots / mots de colère, mots politiques / exigeant d’être entendus et institués dans nos formes humaines, dans nos lois / et si les séche-resses que l’on voit là, tous les étés le long de la Loire et là-bas dans les grands feux d’Australie, de Californie étaient le graphein d’un langage, d’un parlant du monde, nous obligeant à l’écoute, à la traduction/ […]et si cette colère du vivant, de la Terre forçait / à élargir nos enclos humains, à sortir de nos solitudes, et si ce qui nous arrive comme bruits, souf-frances et peurs / exigeait de fonder d’autres formes d’assemblées ?[…] « C’est une triste chose de songer que la nature parle et que le genre humain n’écoute pas. » Victor Hugo. Depuis le début du siècle, de la Nouvelle-Zélande au Canada, de l’Inde à l’Équateur / de nombreux écosystèmes, des vies animales, végétales accèdent, au statut de « personnes juri-diques ». […] Ainsi, la vieille partition entre « les sujets » – humains – et les « objets » – non humains / s’érode et laisse passer une fragile lumière. C’est, un changement profond de nos systèmes légaux, qui porte l’espoir d’une réanimation : / une nouvelle ontologie où /

des rivières, lacs, océans, espèces animales, végétales pourront / plaider leurs causes et écrire / avec nous, les humains, les termes de la vie commune. Avec ces nouvelles « personnes » - êtres juridiques émergents / l’hybris humaine, qui sous le nom de Progrès, de Technique, de Capita / a conduit à / un épuisement de la Terre, à / une réification de la vie / […] /, rencontre sa limite et aussi son juste complément. Les absents sont invités à la table des négociations, les muets au dire, les silencieux à la parole. Ce monde des subjectivités en devenir par une nouvelle division juridique, organise une réponse aux emprises / des intérêts humains et annonce l’ère d’une nature sujette et suffragette, un temps aux perspectives mul-tiples, un jeu de rôle étendu sur une scène légale et politique reconfigurée, / une science écopolitique est en train de voir le jour / où / les entités naturelles feront petit à petit leur entrée dans nos tribunaux et nos assemblées pour affirmer leurs droits.

C’est à partir de cette toile de fond / que nous avons travaillé à, ce livre-processus, pour penser cette bascule / […] / depuis nos lieux, ici, en France, en Europe, pour : donner des outils, à celles et ceux qui voudront dans l’avenir, / mettre un peu de leurs forces dans une transformation de nos écritures. Car le monde est écrit. Les États, le capitalisme sont le fruit de la loi, d’une certaine écriture de la loi. Et quand la loi change, quand un imaginaire légal nouveau apparaît, c’est l’écriture, donc les termes de nos habitations, qui sont modifiés.

Certes ce sont des mots et je le crois, pas que des mots / ils portent élans et énergies de quelques-uns, déjà ils étincel-lent de ce que nous sommes chacun, de ce que nous portons d’eau, d’air / de ruisseaux, de courants. Cette mise en récit inspire :

Comment écrire la loi pour que l’avenir soit autrement habité, animé ? Quelle écriture du monde peut-on déployer pour que la balance entre les intérêts humains et non humains soit plus juste, plus équilibrée ? / mettre ces questions en mou-vement. / Nous l’avons fait depuis la Loire, soit depuis un bassin-versant encore en partie sauvage ; un lieu de conflits entre le fleuve et ses usages, mais aussi un lieu d’attaches et de liens sensibles. Que veut écrire le fleuve ?[…]. Quelle langue parle-t-il ?

souhaiter l’entendre, le traduire, ce n’est pas si banal et dénote que quelque chose se passe, là, on ferait preuve de bon sens / on chercherait à retrouver Sens, une direction : / nous avons ainsi voulu poser une archive pour l’avenir / quand les enfants de demain réussiront à vaincre les inerties et les rentes du présent, nous nous sommes dit / et si nous avions à écrire une loi nouvelle. […] Partir du topique, repenser / sans trop s’élever dans les hauteurs, demeurer avec ce qui est là, sous nos yeux, à portée de nos sens. La Loire est une lumière, elle prodigue la vie, elle nous électrifie en plus de bercer les jours des humains et non-humains qui vivent en elle et sur ses rives. Elle est dans ses eaux puissantes, puis dans ses retraits. Elle fut notre lieu d’élan, dans un dialogue incessant avec d’autres rivières, d’autres milieux. La Loire comme Lieu donc et Moyeu de plein d’autres qui partiraient d’Elle / nous sommes là dans / du Beau, une approche sensible, contemporaine d’un fleuve : / L’un de ces partis pris de ce processus emprunte plutôt à une autre approche : là où l’on prend acte de ce que les diverses sciences du vivant révèlent. C’est ici le volet de la « biosémiotique » ; cet élargissement de la notion de langage qui montre que les humains ne sont pas seuls à produire des signes ; que les autres qu’humains sont aussi de très prolixes et puissants émetteurs et récepteurs et transmetteurs d’informations. / […]C.T / Vous l’aurez remarqué, c’est une démarche poétique, se laisser peser, penser par un fleuve

Tout est un éternel recommencement / en échos aux Cahiers de Géopoétique, désormais des terriens, des tribus pren-nent en charge leurs destins, tentent le Ciel en eux, son cycle, convoquent le cycle de l’eau, lui accordent siège – parlement :

on y vient, on retourne doucement à une manière d’être au Monde / à une pensée simple / à peut-être moins d’activisme et à / plus d’éros, de poésie dans nos jours, entre nos mains / à du ciel, de la terre entre nos mains, à de l’amour, à plus d’amour, de sens en nos corps, à plus de force. Allez savoir, laissons-nous cette chance. Entrelaçons nos marches, nos u-topies.

un 03 septembre / parfois ce (je) retrouve estran, marée basse, là / il en vient, il se remémore, il a ramené des palourdes, des moules, il les a lavées dans plusieurs eaux / il se remémore la baie, la Lumière était belle encore / sommes un di-manche [...] c’est un texte sur des moments qui s’entrelacent avec tout ce qui est / les veilles, les taches, les perfor-mances, d’ailleurs pour ce (je) / tout devient / est devenu performance / le moindre moment, dès lors qu’il est, par ce corps vécu / c’est / un texte sur / parfois un corps sur / une présence sensible, tellement sensible, […] / là 13h45, ce (je) se dit, que les semaines passent si vite / il y a une semaine […] / il y était dans la baie comme il y était ce matin

/ [...] nous étendre à plus vaste que nous / cet outil-là / les, nos poèmes n’expliquent rien n’expliquent pas le M / monde […]

/ parfois cela arrive, ils / parviennent à le chanter un peu / cela arrive parfois, laissent entrevoir une direction : la com-plexité de nos élans répétés, la belle simplicité également de nos / entêtements multiples, tenaces rapprochements entre, un mot et / un autre / une scène de vie et une autre
why tout cela / quelque chose en nous obéit et désobéit tour à tour / le Mouvement est là / est entretenu, c’est ce qui importe et l’œuvre n’est qu’écrin à ce Mouvement d’être, à l’intérieur d’un[...] oh mais je vois je converse / je converse et / il est tard […] somme déjà un /

5 septembre,10 h23 / [...] le marcheur parfois ne ressemble pas à un marcheur : il semble assis / il peut l’être / cela lui arrive ou alors il répond au téléphone avec amabilité / cela arrive / ne se laissant pas faire / il aime que les souffles circulent / que / le Souffle circule / le marcheur fait mille autres choses comme veiller à ce que le balcon d’une ma-dame Brodut soit repeint, / elle habite loin, elle prend de l’âge, elle a besoin qu’on l’aide un peu dans ses démarches / le marcheur est dans la Vie – est en Vie, le plus souvent il répond présent / souffle et sang il est fait aussi d’invisible / de fidélités qu’il entretient en envoyant là / ondes belles et là, ondes belles / lieux, personnes, choses, événements l’habi-tent / il vit cela, le marcheur il se reconnait en l’autre, il le reconnait l’autre comme étant d’un même corps / corps d’un même élan / le marcheur est de cette matière / là et là / vous savez cette matière à peine : la peine, et vous savez cette matière à peine : la joie, et entre[…] des, ô, des, ô / un 9 septembre, 8h10 / cette fois ils sont quatre / ah non, l’un s’envole / ne sont plus que trois les moineaux […] à nouveau ils sont là sur la tête carrée de ce pilier, sur son extrémi-té carrée […] mouvement d’eux (je) me vois, me sens en ce mouvement d’eux […] un autre s’en va, ne sont plus que deux / puis

un 10 septembre, 9h57 […] ciel un peu couvert, / aller dans la baie et nager un peu / là, un (je) / il y pense, il l’entrevoit / le temps ne s’y prête pas trop, aussi il ne sait pas trop / d’ailleurs ces jours il ne sait plus grand-chose, il aurait bien de la peine à dire quoi que ce soit à une jeune âme, à l’enchanter / Si peut-être, à l’âme d’un jour plus un jour, à une âme ainsi réceptive, et disposée à l’entendre un peu, à vouloir partager un peu avec lui […] / il lui parlerait, lui lirait ces jours : des moineaux sur une tête de pilier, il lui signalerait qu’aujourd’hui, ils n’y sont pas[…]il faut dire que si ce (je) raconte un peu ces moineaux, c’est que d’une certaine façon leurs allées et venues l’habitent, le traver-sent / de même ils habitent, traversent le romarin là / juste devant, et que jour après jour, ce (je), il le devient ce roma-rin / ces mouvements d’eux, d’ailes en ses branches / ce n’est peut-être pas grand-chose ce qu’il devient, cela ressemble pourtant à un corps véritable, et celui-là / personne, rien ne pourra l’abimer / Soit, cela semble de l’imaginaire, mais de l’imaginaire porté par / la Vie en lui. C’est de la Vie portée à ébullition / [...] / Le ciel est maintenant dégagé, il y a eu orage, cela n’a pas duré […] / c’est une lumière de septembre, une de celles qui guident les âmes vers / un mieux-être, […] tu vois, te donne nouvelles de ce pilier et ce qui l’entoure / tu vois, nous sommes avec le Ciel, corps / un corps avec ce qui advient, un corps de gestes dans le Geste. Nous-cela, sommes / en Voie, / en corps / ainsi en Voie / il n’y a toujours pas de moineaux, (ils) sont où

14 septembre / tiens ils sont de retour les amis, sont là les moineaux ! / six, ils sont six et cette fois sur le muret, sur la crête du muret / ont-ils entendu, perçu que je parle d’eux, hop, maintenant en voilà deux ! / c’est étonnant, chacun se ressemblant, ressemblant à l’autre, chacun un peu clone de l’autre, on dirait ça / là maintenant sont tous sur le carré de la tête de ce pilier, sont nombreux en mouvements ils s’aimantent on dirait / là sms de l’ami Louis, je le reçois et miau-lement de la petite chatte / je le reçois / but pas grand-chose de toi Muse où, tu fais la gueule, non je n’y crois pas, […] il est 9h50, un (je) laisse venir ce qui vient, heureusement il s’immisce, d’une manière singulière sans doute mais il s’immisce l’océan. / N’est pas toujours traduisible le moment qui va, chargé de tout ce qui tombe, de tout ce qui monte, alors cette fois encore j’écris : romarin, le / romarin là, comme il est lui et ses multiples brins dressés vers le ciel là dans / un même là, […] / les yeux tantôt ouverts, les yeux tantôt fermés, le regard tourné vers / le ciel sous et à travers les paupières, / la Vie là, l’intraduisible là

ce 08 octobre / là, le romarin, la Lumière, l’un dans, en l’autre […] là, ni le romarin, ni la Lumière / […] suis dans, en Cela / ce 09 octobre / est une lumière d’octobre, c’est un arbre là / eau-air / vierge, est le son qui vient pour le dire cela, le romarin, ses brins levés / […] / quoi, secrète en un corps, une conscience telle qu’elle se fond à ce qu’elle voit / à ce que corps voit et trouve sur le chemin / à cet endroit, à ce moment conscience et corps sont un, une seule matière à la fois visible et invisible, / [...] / BANDE DE GAZZA : 75 ANS DE CONFLIT / c’est là entre les branches du romarin, ce n’est pas si loin /

[…] j’ai vue sur la Lumière, j’ai vue sur le Ciel, sur l’Immense / parfois un (je) se dit, qu’il a vue sur un corps de pas-sage sur une nudité / alors ce (je) se sent bien, trouve un moment, apaisement [...] avoir vue sur un corps de passage, sur un corps en mouvement sur / ce qu’il est et devient c’est un peu écouter de l’Or, écouter un corps / écouter nudité, / […]

RAVE PARTY / UN « BATACLAN A CIEL OUVERT » dans le désert s’est passé ça / là un (je) est avec tous les corps, toutes les présences abimées / il est, suis souffle avec, […] Suis. mouvement(s) vers / trajectoires, toutes ces trajec-toires / en corps de romarin, en brins de pas grand-chose je le sais bien, j’accompagne / comment, je ne sais pas j’ac-compagne quelque chose / suis triste ma nue - ma nue amie / je n’ai pas votre main là [...] / puis sommes

un 10 octobre / un (je) se dit quoi faire, à part envoyer bonnes ondes à d’autres (je) / semer là et là, une petite idée d’un Ciel. / Le, ce Ciel d’ailleurs, il n’attend pas qu’on soit prêt / en Lumière déjà il se dépose là et là, sur les feuilles de pissenlit, / sur, les feuilles d’ortie, sur celles des chênes, [...] ce (je) aime bien le voir, le regarder Ciel, ce Ciel et nourrir lien(s) là et là […], lui aussi parfois il se pose sur feuilles de femme(s) / avec ses lèvres pose / du cela […] il est

08h56 / là on mesure en heure et en minute, le Temps est mesuré ainsi, par endroits il y a des pendules sur des poi-gnets, des montres, des cadrans, des écrans où défilent des chiffres, des nombres, il y a des morts au milieu des vivants, des vivants au milieu des morts / il y a de l’effroi et ailleurs pour les mêmes faits, il y a de la Joie, des rires / il y a beau-coup de violence et, / [...] par endroits dans un même temps
il y a des sous-bois, il y a / des museaux humides, des fougères[...] il y a même des corps qui s’aimantent, qui s’aiment / oui, / cela arrive, certains corps, ils ne font pas parler beaucoup d’eux, ils sont juste des présences là et là / ils mangent du Ciel, / ils s’en nourrissent / en silence ils applaudissent tout ce qui fait liens, dans l’élan / sont ainsi / juste une éner-gie

12h01, signe de là c’est à dire de là-bas, t’envoie de la beauté, de l’air, du chemin qui mène à la rivière, j’entends croas-sement et feu, suis sur le seuil, c’est / élan un sms dans un silence d’octobre, un puissant silence d’octobre, à part caresser un peu un corps, une nudité / entrechoquer nos chairs, nos matières / à part trouver eau et air en nous deux / là et là / quel sens y a-t-il à tout cela / là et là, on / à tour de bras, on décapite, ce on-là / […] qu’est-ce cela ce on / ce n’est pas un nous, ça / Pour faire un nous d’abord, il faut être deux, puis trois / plus encore faut être mille corps et plus encore / […] Faudra bien commencer un jour / le commencer ce Grand Corps / à un moment être à la hauteur d’un silence d’octobre, le mériter / Cela / en nous : / la force du Vide la grâce d’être là / un nous / [...] Cela / vivre de lumière mûre et d’émerveillement frais / c’est là / [...] /

11 octobre, 17h15 / une forte Lumière, / c’est vrai, j’insiste sur quelques sons / comme le son / là / j’
insiste sur le fait de vivre là / c’est, tellement étrange être au Monde entre toutes sortes d’événements et / être l’invité parfois d’une Licorne invisible / elle est là pour vous, seule, elle se tient dans / une belle Lumière - un beau Silence, elle vibre là / et absente, elle répond par le Vide, elle est notre présence au plus près de la Vie[…] parfois comme hier elle donne à ramasser quelques châtaignes […] une Licorne et avec elle s’amorce quelque chose, une sorte de lien avec le jour, la Lumière du jour / on se surprend à accepter le fait d’être dans / une sorte d’apprentissage, l’apprentissage de la Lumière,
d’une Matière de cette nature, une Nature autre là et là / on ne sait pas vraiment si, on devient plus sage ou plus fou / au jour le jour, on s’aperçoit de ce qu’on aime vraiment, par exemple / entre deux estrans, deux marées écrire ce qu’il y a d’Océan en soi : par exemple entre deux écrits, marcher sur un rivage, écouter ressac, écouter Parole de ressac(s) […] aimer ce Vide-là, / son odeur / son iode,

14 octobre, […] ai médité / aucun message venant de vous, Muse, c’est étrange, si étrange, cela ne te, ne nous res-semble pas ce truc-là / un (je) se dit cela, c’est en lui, nul n’entend : […] les silences parfois sont des jardins oubliés dans des vignes, des vignobles oubliés / ils sont des haies, des ruches bleuies par les intempéries, ils ont leurs vies, leurs propres vies, ils parlent. Ce (je), il se sent ce jour, lui aussi comme ces jardins, il se sent un jardin oublié, ça parle en lui […] cette nuit ai rêvé à vous / vous m’appeliez / nous avons échangé des banalités et / gardé en nous, gardé pour nous, / ce qui nous traverse fort / nous / nous sommes bien gardés d’évoquer la tristesse infinie parfois, la joie infinie parfois qui je crois, vous habitent comme elle / m’habitent. D’habitude on se tutoie, on se…, mais là je préfère vouvoyer, d’ailleurs je vouvoie tout le monde en ce moment, / en posant du, vous, entend, entendez, à ma façon je pose du, nous [...] Ô un sourire me vient, / trois, quatre moineaux dans les branches du romarin […] heureusement cela, trois, quatre moineaux dans les branches du romarin / et c’est, sans nombre pourtant ce qui source sourire, là c’est une marche oui, une marche dans un oui / c’est un vrai corps, ce qu’il devient ce corps / je crois qu’à un moment même, lui aussi amènera sourire à nouveau sur nos lèvres / il arrive qu’un silence soit, / beaucoup d’amour / il arrive qu’un silence soit

18 octobre / […] dépêche AFP / « Libération » a recueilli / via leurs familles, leurs collègues, les témoignages de personnes bloquées dans la bande de Gaza soumise à un siège total depuis sept jours, après l’attaque massive du Hamas contre Israël / le 7 octobre » / […][…] d’autres nouvelles que celles des Gazaouis / [...] tôt à 6h l’alarme de mon portable m’a réveillé, puis l’alarme s’est répétée à 6h05 puis à 6h10, me suis levé, ai médité, me suis accordé à [...] j’
avais rendez-vous dès 7h45 chez la jeune dentiste […] / pluie son d’elle sur le toit du Ford / pluie, ville sous la pluie, j’y suis à 39 / phares, circulations, heure d’embauches, [...] trottoir, haie, un rez-de-chaussée éclairé, un premier sas, un second, suis entré / suis aussitôt ressorti, cela n’a pas été long, juste le temps d’entendre / son, de Mlle Masson, / puis l’avenue principale, pluie, un kiosque fermé / un kiosque ouvert, ai pris du pain puis / [...] ai dit à un escargot : Oh pardon !
/ car sans le vouloir ai écrasé un escargot / ai demandé pardon à une petite vie / là (je) viens de t’écrire quelques lignes / les ai enregistrées dans brouillons, voilà ce qu’on peut dire en direct du Tao [...] Des matières là, des matières comme elles sont et deviennent / c’est Jeu, c’est Danse / d’un Ciel qui est / d’un Ciel qui va […] / oh une, ma main c’est hier et c’est maintenant et déjà, c’est à venir [...] / sous ma main, une femme dressée, dressant regard, toi ainsi dans / avec ta chair / âme au sein - au corps / toi te rendant à Ciel - à Nous, avec nos moi(s), cela

20 octobre, / [...] là, entendre Pluie, / aimer de Nuit, c’est : plus qu’un corps, un corps augmenté de Pluie, de Nuit / […] suis là Présence ainsi am-ie / là 14h49 / pluie et pluie tout le matin, j’ai aimé. / la pluie me parle / là maintenant lu-mière, j’aime / la lumière me parle, […] 22 octobre, 10h12 / suis un peu sa chair à ce goéland qui passe qui me traverse corps (je) l’entends [...] les non-dits / après bien des silences, il arrive que des mots les traduisent, que des mots finis-sent par apparaitre / parfois ils donnent à ce qui n’a pas été dit, une chance, ce qui n’a pas été dit alors révèle la force d’un lien, / silences alors s’enlacent comme s’ils étaient des corps, / s’entrelacent comme s’ils étaient des / membres, des langues, des bouches, des salives nées, / les sangs et les souffles de deux corps aimantés / [...] pendant qu’ailleurs, flaques du corps là / et là / attentat(s) / Douves de sang / c’est quoi ce bourbier, […] / comme vous, (je) prie pour des chairs / tords des canons / avec salive entoure des chairs, avec ma langue (je) dresse Vie sous tissu, cela ne pèse guère pourtant, s’il nous, m’est donné de le faire, d’ôter effets / alors / faisons-le / (je) ne suis pas le dernier à oser déshabiller, à oser tendre nudité à une autre nudité, histoire de prendre Feu, cela / d’entrer en Cela / le temps d’aimer un peu, de se bruler un peu à un corps / voyez suis chair avec ce qui n’en est point aussi / suis ouvert à ce qui (me) contredit, j’aime ainsi, l’autre / […] TREIZE HEURES TREIZE, voyez je m’AVE – enture [...]en syllabes - en sons / (je) flappe flappe, j’appelle Ciel, le provoque le boss / faut faire quelque chose, il faut qu’il fasse quelque chose ! […] des enfants, des femmes, des hommes pleurent / des chairs meurent / CRI / des cris là où / il(s) devrai(en)t être Silence / […]

28 octobre / [...] Pluies de bombes à Gaza / un (je) entend / Pluies de bombes à Gaza / un (je) entend / ça / […] s’échappe de sa bouche, un / c’est immonde ! suivi d’un / pauvres gens / c’est tout bas ce qui s’échappe d’une petite présence, d’une âme / cela ne fait pas le poids sous un / Pluies de bombes à Gaza[…] un (je) ferme les yeux, juste ça / et là, en lui il voit, il voit du silence, c’est de l’infini en lui qu’il entend, [...] quand il ouvre les yeux, il lit sur son ordi 08.21 / et en dessous 28 / 10 / 2023 / il entend cris de goélands - il aime - il vit-aime / tente d’unir [...] un jour

se lève lentement, le passage d’une voiture et encore cri mouillé, un goéland, un temps un peu gris / [...][…] il y a des pleurs sous des bombes, des cœurs, des sangs, des chairs, des souffles / on abime-on abime, ce on-là / […] / un 05 novembre, / là / on vit / mes doigts aiment effleurer extrémités, tu le sais, toi […] bouts les effleurer, bouts les tendre vers, les dresser vers / […]là, à nouveau j’écoute Marcello -Bach / cet adagio m’aimante, m’aime et je lui rends à ma façon / là je ferme les yeux, le chemin est un peu boueux, le ciel est nuageux / ai dans la poche / une vis, un jeton, un crayon de bois, rouge, mangé, / aussi dans la poche ai / une demi-noix, tes deux petites narines vues du dessous (je) ne la vois pas, / je le sais, elle est là / sont là, tes deux petites narines vues du dessous[...] entre mes doigts ce sont extré-mités, c’est un peu de vie ramassée là : on, les ons / c’est encore du / nous balbutiant, un / nous balbutiant, […] c’est encore là et là / une guerre d’amour, le Monde est lourd ! / mais si lourd ô / je pose un ô / je mine ainsi / […] là médi-ter à ce moment, méditer la Marche / […] un

06 novembre / cela marcher plus haut, à un moment planter ses os, son squelette dans le vaste Ciel / le prendre pour Vide, le prendre pour corps, la prendre pour corps, la marche, les marches, c’est une démarche poétique, se surprendre sourire à rien, et s’en étonner / marcher là, en Soi, en maintenant, en sol de lui, jouer à quoi, à cet ensoleillé possible […] un 07 novembre / les mots parfois nus eux aussi, offrant Voie, une voie possible : une fidélité / par les lieux, par la Lumière, et / cela fait du bien […] je reprends / hier, au courrier ai reçu deux livres / Partir et

Postier posté. Jacques Josse. Editions Folle Avoine, 2023.

Dès les premières pages in Postier posté , Jacques Josse plante le décor, […] Après des mois ponctués de brèves escales d’un bord à l’autre du périphérique parisien […] / Je me tiens fermement agrippé à une barre de fer dans un train bondé, qu’il me faut quitter en gare de Trappes. / Nous le savons, l’auteur a dû gagner sa vie ainsi, employé à trier les courriers, / sa présence sensible, toutes ces années durant n’a pu qu’enregistrer des atmosphères, au fil de ses déplacements. Là, il nous les raconte un peu, ces banlieues, ces tours : […] /

/ C’est au septième étage de la dernière d’entre elles, / que se trouve le logement qui m’est réservé, / au milieu d’une plaine où subsistent encore plusieurs hectares de terres agricoles. / Trois autres postiers logent là / L’un, famille polo-naise, arrive du Nord. Le second d’Avignon. / Et le dernier de Nice, d’où les flics vont bientôt rappliquer pour le coffrer, un matin / […]

Ça sent le polar / des voies ferrées, des horaires décalées, des heures de nuit / une vie décalée / des grilles, des camions, des quais de déchargements, des sacs postaux, des chariots jaunes et des petits chefs, des chronomètres, nous sommes loin d’un temps intime, de temps pour soi. Quand même, lui, semble y parvenir un peu / il lit, il glane des fragments : les écrits de ses frères de papiers, un Franck Venaille (Papiers d’identité) et / il y aura ce copain, ce Jeannot, qui lui donnera quelques pistes de lecture, John Coltrane, Robert Desnos. Il n’est pas le seul à trimer ainsi, il le sait cela / le traverse / à bord d’un chalutier, les heures agitées et froides de son ami Alain Jégou, ou à Rungis, les porteurs de carcasses / toutes ces fourmis de nuit, lui, il le sait, il en fait partie et cela le fait grandir, fait grandir en lui, une sen-sation de plus en plus prégnante, celle d’Etre / dans une vie âpre certes / celle d’Etre ainsi en vie. Dans le polar de Jacques Josse, le meurtre ne se montre pas vraiment, juste il hante les pages. / Car oui, on tue quelque chose en ces femmes, ces hommes, / quelque chose de précieux. En apparence tout semble normal, / des vies vont leurs cours, pourtant derrière ce fond banal de / labeurs, de tâches répétitives, combien de petites lueurs dans des corps, une à une finissent par s’éteindre, heureusement il y a quelques vieux bougres qui eux ont réussi, réussissent là où d’autres se sont épuisés à survivre. Eux ces héros comme ils sont, ont trouvé matière à les écrire ces vies de galère avec ce qu’ils sont, sans tri-cher, sans masquer leurs faiblesses et leurs forces / les Fante, Bukowski et compagnie, […] ils le transforment en écri-ture, ils le magnifient le quotidien, le / ce qui fuit. En littérature, même ils ont leur place, cela ne serait-ce donc pas réservé qu’aux bourgeois, qu’aux corps bien nés, le fait de transmettre ce qu’on voit, vit / et même ce qui fâche, en mots, tout cela trouverait sens. Cela devient pour Jacques Josse, un apprentissage : les nuits, les jours comme elles, ils sont et se succèdent / Il la récolte sa nature d’écrivain, de poète, tout s’approche autrement / l’ennui même lorsqu’il est suie, du feu, des flammes des heures pauvres, / l’absurdité même de certaines situations, / là dans le cours d’un livre, les pires moments trouveraient donc lignes pour, les raconter, les dire les forts instants. / Ceux aussi passés dans quelques bistrots où / enfiler un demi, des demis, c’est un peu comme nager, retrouver en soi l’océan d’où l’on vient, le lieu-dit d’où l’on vient / la mère d’où l’on vient / la femme que l’on cherche… / l’autre, qui nous trouverait bien pour elle, […] tout cela contenu dans une bière, dans un lieu, un bistrot / avec des gens, des gens qu’on regarde, qu’on observe parce que… vies, la Vie en eux. Ce qu’ils sont, ce qu’il est / c’est désormais devenu un / seul anneau : une vie de prolétaire, une vie d’écrivain, / cha-cune enrichissant l’autre, / parvenant à ce petit miracle / les unir enfin, les brimades des faillis chefaillons et les pé-pites des grands auteurs. Il va les engranger ces heures sans, ces mois sans […] / A un moment il les racontera, il aura les phrases pour. / Désormais il s’est éloigné de tout cela et, tout lui revient : son engagement syndical, les combats, les rendements aussi cette fois où / lui et ses copains découvrent dans l’entrepôt / cheval de Troie, une machine : Un soir de septembre, après les congés d’été, une nouvelle machine, imposante, colorée, rutilante / bourrée d’électronique […] Elle est dotée de mini-doigts mécaniques. Elle happe […] on nous rassemble près de la bête / pour nous expliquer ce / qu’on attend de nous. / La dame jaune et bleue est, affamée et / il faut lui donner sans compter / la satisfaire en lui faisant bouffer des lettres par milliers, […] La garce nous secoue, nous malmène, nous harangue et nous / surveille. Nous sommes à son service / Au prétexte d’une sacro-sainte productivité, des employés contraints de se soumettre à ce qui a été décidé sans eux. S’y refuser, ce serait prendre le risque de perdre l’emploi qui les fait vivre / alors oui Jacques Josse là s’offre ce petit plaisir tailler costume à des méthodes de management préférant la rentabilité d’une machine et ne se souciant guère de ce qu’éprouvent ceux qui n’ont rien demandé. / On le voit, le lit en ces murs une essence poétique semble manquer, là où pourtant elle amènerait du respirable. Et ce ne me semble pas une utopie hors de portée cela, juste envisager le Beau comme règle de base / principe de bon fonctionnement d’une société, d’une tribu de terriens. Voyez-le l’auteur a du talent, il nous, (m’) entraine à partager ce qui fut un temps ses préoccupations. Au-delà de l’atmosphère d’un travail de nuit, décrite avec subtilité, c’est une inquiétude sous-jacente qui, semble sourcer des corps abimés. Il nous laisse entrevoir dans / son texte, les fatigues physiques et, morales d’une catégorie de la popula-tion exerçant / les tâches essentielles à la vie d’une communauté. Ce genre de livre est indispensable, il peut amener à quelques têtes bien faites à reconsidérer leurs actes.

Il ne s’agit pas là de morale, plutôt d’une santé morale à retrouver.

C’est bien qu’un poète et pas des moindres témoigne d’un vécu, le sien. L’auteur aura donc passé une partie de sa vie, posté / comme il le note, alternant donc, cette vie de banlieue parisienne / avec quelques allers- retours dans son ha-meau natal des Côtes du Nord / ne se rappelant pas toujours lorsqu’il se réveille fatigué, s’il se trouve encore en / le frêle hurlement de la hulotte dans l’hiver breton ou de retour dans cette tour au beau milieu de la plaine de Neauphle, […] / Ne pas sous-estimer la beauté tranquille, la beauté autre de ces quelques pages simples. Avec les moyens du bord elle / est / celle de l’amitié, de la révolte, de la non-violence / elle est cette fidélité aux siens qu’il entretient.

Preuve en est, un clin d’œil sous forme de pli, une idée de son ami Philippe Marchal, une lettre manuscrite de Jules Mougin / un vieux briscard, postier lui aussi, pour la gagner sa vie, un militant, qui / commença en tant que préposé au bureau de la rue Dupin (Paris 6), avant de devenir facteur rural / […] / Mougin poète à toute heure du jour et de la nuit et, épistolier au long cours. / « Je me trimballais dans les rues qui avoisinent les rues Bon Marché […] j’entrais au Lutétia et je pénétrais au bordel de la rue Saint-Placide. Je recevais dix sous du maquereau / […] / une bouffée de fumée de la dame en déshabillé du grand hôtel. » / Des rues, des mots de la rue, accompagnés d‘un petit coup de gueule sur le démantèlement de la Poste et du service public, Jacques Josse rend hommage à ses pairs. C’est son, Sur la route / à lui ce, Postier posté, ce livre et les autres d’ailleurs. / Il touche en nous confiant sa vie, en la mettant en scène ainsi : il donne sa voix / à tous ces silences rencontrés / ces vies de silences mâchés, / et toutes ces petites humi-liations au jour le jour, Jacques Josse lui / il leur dresse avec ce titre, une solidarité qui l’honore. Il cite un compagnon de route / Alain Malherbe / […] lui aussi triant, écrivant, écri-ant : « Au fait combien de lettres je trie / par nuit, A trois barquettes d’une / contenance de 600 par heure / / grosso modo 13000 / […] putains d’enveloppes / ». Le trimard donc, et tout cela jusqu’à la mort du copain Jeannot. Jacques Josse raconte ses derniers moments, lui témoigne une, sa gratitude. / Il aime le faire cela : dresser des mémoires, comme saluer ce collègue, ce poteau, c’est sa manière de saluer des âmes. Il est une voix, elle est trempée à / notre monde comme il est / à sa forge, à ce qui brûle et ce qui refroidit. J’aime de temps à autre, avoir à vous souligner sa constance. / L’ensemble reçoit les pastels à l’huile de : Georges Le Bayon / en forme de timbre, chacun amorçant les chapitres de ce livre.

Sommes un 09 novembre, il est 08h2 / un (je) a une pensée vers / une petite mère / […] il y a plus d’un an, elle s’ab-sentait. / Là, il la salue. C’est une performance, c’est très contemporain, signer ainsi de l’invisible, être ainsi nourri par l’invisible et le nourrir. Encore un (je) là, en silence s’adresse à, ce qui souffre, aime en matière et hors à, ce qui vibre mal et envoie ce qu’il a recueilli de / nudité, en lui / de fougères, de pluies, de [...] / c’est / une performance qui ne se voit pas /

un 12 novembre, 08h27/ […] aujourd’hui un (je) découvre l’existence de / Mélodie blanche, de Perpetuum mobile, de Flow / […] une payse Fabienne Verdier car à un moment c’est un pays le Silence, la marche / la méditation / le regard pour corps, / le ressac pour corps, les ressacs, l’évanouissant rivage, l’évanouissant corps […] / sommes un di-manche, il est tôt, […] dans la boite mail, il y a un message d’un Enfant par la main, il dit : j’ai le droit d’avoir les mains propres ! Un cadeau solidaire / le (je) clique, le (je) vois un gamin se laver les mains, / il lit / [...] aux enfants privés de droits, une lueur d’espoir, [...] / un
13 novembre, 9h40 / là / [...] / y a du monde qui attend, Monsieur ! / la jeune caissière a un visage de perdrix / avec douceur / elle s’adresse à un vieil homme courbé / qui a mille peines à faire entrer une boite de pâtée pour chat dans son sac à dos / il grommelle quelque chose, la jeune femme me sourit, maintenant j’aide cet homme à trouver bre-telles, il me parle et n’ai pas compris / - pardon, vous me disiez / il me répète : une fois avoir oublié son fusil dans le train, c’est le contrôleur qui / [...] / - que faisiez-vous avec un fusil dans le train / vous alliez à la chasse ! / - non / non / je faisais une période ! / - ah vous étiez militaire, c’est ça / - je suis, franco-suisse / il fait une pause [...] et marocain[…], / à Agadir, le tremblement de terre, j’étais dedans /, il est rendu où le lapin ! / Un grand hall, j’en sors / dehors il tombe de l’eau /, le parking noir, le sol, les chaussures noires / […] / un (je) / - Te ferais-je part de la construc-tion d’un […] à l’endroit même où, une première fois, nous / [...] / un premier ô / de surprise dans votre bouche suivi d’un second sur / [...] quand doigt dans fourreau / Tu vois, je continue de te / raconter la Vie, ce qu’est la Vie, les heures, le nombre d’Or, même si[…] encore lui parler à ce corps […]

puis un 14 novembre [...] il y a, en bas à l’extrême gauche de l’écran une loupe, il est écrit Taper ici pour rechercher / il y a, une caraque dessinée et colorée, il y a une série d’icone, un renard enroulé à la droite de l’écran, une heure pré-cise / 08h54 / en dessous une date 14.11. 2023, il y a un avion de ligne, une charge de batterie, une prise, un pluie fine, il est indiqué pluie fine / maintenant il y a un vent violent, il est indiqué vent violent, bientôt suivi d’un la pluie arrive, / il y a un petit parapluie bleu dessiné, un petit parapluie ouvert / et quelques gouttes de pluie, elles aussi, bleues / maintenant un nuage a remplacé le parapluie, il est écrit 13° Nuageux, j’entends plusieurs fois un goéland, c’est perçant, […] il n’y a aucun mail de toi, c’est con […]17 novembre, habiter quoi, le quoi du monde / c’est un autoportrait voir ce qui est / approcher une énergie c’est, je crois / assez fidèle à ce que nous sommes, nous avec ce regard tourné vers / une origine devant [...] oh là, ciel dans brins dressés / ciel en ces verts amis / La Force est belle et / âme d’elle

/ [...] là il fait soir / parfois les sons ont de la tempe, à terre les mots parfois, pied sur le coup, sur le bord d’être étran-glés, de l’étranglement / souffles, Souffle, pareillement malmenés et entre. Pourtant ne rien céder, parler, écrire vrai, tenter Lumière, / […] la servir / tiens t’offre fougère et dessous d’elle, dessous le vert c’est orange regarde / t’offre un instant du chemin, de […] / C’est du corps ému, il faut le croire / au fil des tendons, des nerfs, des chairs : un (j’) entre en quoi et / quoi le traverse […] Rim-Baud-delaire et d’autres gars, c’est un vaste chant au fil du temps, du / (je) vis, (je) meurs et entre, (j’) aime parfois / (j’) entre, un (je) entre en chair(s), en mot(s) / quoi ( m’) l’éclaire ou (m’) l’assombrit / suis cela : corps outil / âme en âme / avec / [...] 18 novembre, 08h49 / la Poésie, le 08h50 / elle peut ça, le Temps le dire le 11h 02, le Midi, le 13, le 17h09 d’un / corps, d’un lieu et entre / tout ce qui trame Monde et entre, / Lumière surtout, Lumière sur tout / Vide / la robe du Vide sur / le Vide sur la robe, la robe où, le Monde où, la rose où / là, tu vois, suis dans un matin mouillé, un matin humide de partout, / un matin comme ça / te le raconte cela : la Marche un peu, le Vide un peu, le Vide en voie d’apparition et Oh cela me vient / […] dans les années fin 80 / 90, me traversent des routes tristes après Nantes, en fin de semaine / des bourgs en allant sur / la Roche sur Y[...] c’est un roman d’Amour cela existe, avec de la violence il y en a / avec des crimes, des camions de vente de pizzas dans des bourgs / des, du vendredi(s) et samedi(s) soir, des choses pas roses et roses, ce n’est pas que du personnel / lorsqu’on écrit sur le Soi, / on écrit sur / tu sais l’autre / en nous [...] cela traverse un (je)

19 novembre, 9h56 [...] est un dimanche matin comme je les apprécie, presque pas de bruit, déjà ai médité plusieurs heures, là je ne fais rien / rien d’autre que regarder un ciel assez lumineux, il me donne l’envie de marcher, d’entendre océan / un bol de café noir, je le bois, là il est un cercle noir, il y a une minute il en était un autre, plus grand, dans un petit moment il en sera encore un autre plus petit[…] les extrémités du romarin ont un doux balancement, / parfois un, parfois deux moineaux, / TOUT me reçoit et j’accepte l’invitation, je crois à ces moment j’aime vraiment / j’aime vraiment vivre / [...] / j’aime quoi / 11h57 / la lumière est bien là, le romarin s’ouvre / ouvre son vert / qui à vrai dire n’en est pas un / […] je le sens, le romarin, / il n’est pas très différent des grands textes de nos anciens, il éclaire, il se dresse, ses brins dressées, (je) les aime / flottant, / sensibles à l’air / comme eux me sens, (je) le suis sensible à l’air […] la lumière est une lignée, elle engendre et des cimes et des cimes d’elle / engendre la lumière / là un (je) plante regard en elle

01 décembre / [...] le Merveilleux Cela, sur la pointe qu’est un corps chaque seconde en ce qui le fait corps [...] / sou-vent t’ai invité à Lui, à Cela / à aimer le Vivant de ton vivant, à aimer avec nudité, / à t’approcher […] avec en bouche, des sons, [...] d’abord il l’a devina nue puis il l’a devina pluie / à un moment dans une complicité elle fut bouche ou-verte, nue sous la pluie et pluie sous / la nue

07 décembre / [...] Jean-Pierre Marielle ! prononce-t-il, en faisant d’un coup d’ongle, d’un comprimé de Sotalex, deux demi / - que dis-tu ! / - oh rien, je cherchais le nom de Jean-Pierre Marielle et il m’est revenu ! / à ce moment il a une pensée pour / lui mort […] / c’est un matin de pluie, cela aussi le traverse, préparer bolide [...] les courriers pour cette copro, ce rdv dans, / [...] cris de mouettes et son venant de la petite chatte, juste le petit son d’exister

08 décembre, [...] il peut arriver cela, il y a un tel vacarme dans ce monde, il peut arriver cela, un chant ne reçoit plus échos, / ni d’un chemin qui mène à une rivière, ni des berges d’une rivière, ni de la rivière / ni de celle de la Lumière qui d’habitude répond à son chant / [...] / aussi il répond au silence par le silence, donne ainsi chant par le silence, il trouve silence, l’entend [...] 23h31, tout semble en suspens / attendre un juste retour, le juste retour des choses, at-tendre que chant reprenne et, main retrouve toucher menant au large / là, il y a val entre un silence et un autre / à ce moment un (je) pourrait écouter La Callas, il ne le fait pas, cela le traverse, écouter Nuit en Elle, confier ce qu’il est à ce moment / à son chant s’émouvoir, ne le fait pas il / [...] 08h32, ce 09 décembre / à un moment oui cela arrive, rien ne peut, ne pourrait trahir ce, que corps / qu’une présence a semé / une, deux présences ont semé / avec des mots, des souffles, des effleurements de bouches, d’herbe, d’eau /

à un moment le chant, un temps peut être, cela, absence de chant, peut être silence et silence / contour ainsi de ce qui fut, de ce qui est et ce qui se fomente en [...], Vide ainsi

/ là encore fenêtre ouverte sur la pluie, une pluie menue sur / tant d’âmes patientes et ô cris pagayant tout haut dans le Ciel / encore ce sont cris de mouettes, c’est chant / dans l’après-midi brille quoi / à nouveau brille quoi / un (je) conti-nue de veiller sur un élan pur, sur ce qui fut et demeure / un élan pur ce qui est /

/ ce qui demeure lorsque seuls cris la haut s’entendent, cris pagayant, pagayant en Ciel comme s’il était Eau, comme s’il était Corps / j’aime, juste ça... j’aime, je crois : ai cela pour corps / cela, d’aller aimant, d’aimer allant / [...] sommes un dimanche, dans l’après-midi dans le Ciel il monte, il tombe du romarin, / cela vient du Ciel ce qui va à lui / là il pleut sur ce qui monte, sur : ce qui est romarin, j’aime quoi je persiste à / vivre

[...] 23h20 / percevoir / quoi, comme s’il était sur un lit de fougères, un dieu blessé et pour une raison inconnue, le veiller ce / quoi, le regarder jusqu’à, je ne sais pas […] juste l’écrire, le regarder être là. A cet homme qui lui écrit, il ne lui répond pas : quelque chose me dit que / vous êtes un compagnon du dressé et / cela me suffit pour vous envoyer ondes amies […] / puis plusieurs fois il a appelé
l’Âme par son petit nom, amie, amie, amie, les prénoms de quelques âmes rencontrées, aimées, de quelques âmes écrites / […] puis 11 décembre, 00h20 / ce dieu sur les fougères / ce dieu blessé / c’est le son Amour / il fait nuit c’est possible / je / un (je) s’est endormi un peu et ce son lui est venue, / cette phrase sur […]

12 décembre, 23h25, c’est la nuit, il pleut, une pluie que j’entends par intermittence, une pluie douce avec des mo-ments plus forts / j’écoute, je récolte / l’impression en écoutant l’eau, d’entendre un secret / de partager un secret / de l’entendre quoi / le / comme il est en pluie

13 décembre, [...] les fleurs, celles que tu aimes, celles que j’aime semblent muettes, elles le sont d’une certaine ma-nière, et / d’ailleurs le silence leur va, leur va bien / et il arrive que nous les chantions, nous le chantons ce qu’elles sont, nous / offrons chant, traduisons lien avec / nous, le traduisons le silence sur tiges, sur les sentiers, les dunes / sommes là pour cela : tendre nos mots, nos doigts, nos bouches à, ce qui porte Ciel : nos chairs, nos souffles, nos chairs ouvrantes, nos souffles œuvrant / Ô pour rien / Ô parce que c’est terriblement fort / l’éprouver cela, en corps, ce sont flammes ce que vous voyez c’est silence qui tient et brûle la création / tant de disparitions dans ce qui apparait, ce qui s’entend ressac(s) / ce qui se voit, / tout en lien avec une seconde suivie d’une autre / tout ainsi en matière. […] un (je) vous l’envoie, onde de cela, onde forte, elle est aussi ma main sur / elle est également votre être sous / ma main sur […] / Tout se tient, se lie / rien n’a été prononcé pourtant cela / a été entendu, c’est une onde envoyée, une onde reçue, c’est l’hiver. La présence, la vôtre, la mienne ont des joues d’hiver, / cela joue à, nous : parfois sans le, nous / parfois avec le, nous / parfois cela joue à être en jachère, à se montrer ainsi en quoi ainsi /dans un champ vibre une perdrix, dans un chemin vibre ce que nous sommes, des extrémités en accord avec ce qui va / Marche, ce qui arche toutes présences, le / quoi / nous tournons autour, nous, l’apprenons au jour le jour, à la main le corps / au corps la main, comme ça nous vient parfois : Ô, c’est d’un fourreau qu’il dégaine cri(s) et jus en plis, en chair il est ainsi / le quoi / il est ami des corps en marche, de nos corps apprentis, de nos âmes apprenties il est / ami

16 décembre / [...] on n’écrit pas toujours ce qui est / je veux dire, on ne décrit pas forcement la scène qu’on devrait écrire / on écrit, on décrit parfois ce, qui l’entoure et

ce, qui l’entoure alors devient très étrangement la scène qu’on aurait dû écrire / il est comme éclairé d’elle, chargé d’elle / ce, contour / ainsi avec le temps, tour à tour / tout ce qui est / est traduit par ce qui l’entoure : chaque cœur dessine son contour / chaque contour dessine son cœur / tout importe / et tout ce qui est tu, alors s’entend dans le simple pas-sage d’oiseaux marins / dans un matin, dans le début d’un jour, le commencement et l’extrémité d’un corps tenant sur

la seule pointe de ces cris traversés de ciel, d’air, d’humidité / c’est, un jour de décembre pauvre en paraitre

17 décembre, / […] cela semble venir de loin pourtant / il l’entend venir à sa rencontre, la Callas in norma, il l’entend brûler d’amour / c’est en lui / à ce moment car il n’y a aucun son, à ce moment, aucun enregistrement [...] / juste c’est en lui, enfoui

19 décembre, [...] se faire petit, je crois / là 08h47, / un je) découvre in Le tuishou ou l’art de la poussée harmonieuse : [...] L’exercice se pratique à deux, face à face. Chaque participant lève une main et la pose contre celle de son parte-naire, puis, / l’un des deux commence à pousser doucement la main de l’autre, lequel reçoit cette poussée avec fluidité, l’accompagne / sans y s’opposer. Lorsque cette poussée est parvenue à son maximum, intervient le grand retourne-ment[...] le retournement de l’un en l’autre, surtout du Yang vers le Yin [...] Entrer en Soi, en Vide, en quelque chose de bon, de bienveillant en / quoi […]c’est une foi indéfinissable, j’avoue c’est une voie, une voie où / dans où, une présence qui donne et une autre qui reçoit, c’est lien / c’est Vie en Cela /

22 décembre / […] peut-être c’est un monde usé, notre Monde / un (je) ne dit pas : approche tes mains, aimante tes paumes / et joins-les comme si tu allais prier, juste ça / peu importe si tu pries ou pas / juste, aime être ainsi […] / en position de prier / ensuite ce qui adviendra, devrait aller dans le bon sens, le silence sera fruit de ces mains rapprochées / t’ai transcrit : onde venue, me suis laissé faire, entend ce (je) / et encore il entend : notre Terre qui est aux cieux /

déjà ce sont, c’est ressac(s) d’une Onde quelque part, d’une Onde-là qui nous veille / je crois / souvent il a remarqué ce (je) / qu’un / je crois / vibre en chaque extrémité des choses visibles et invisibles de ce monde ci / encore il en entend des silences autres et dérangeants, / […] cela vient d’où /

parfois cela l’autre, un / autre le traverse, ce (je) / le traverse le cœur sans-abri, le démuni, le plus démuni que lui, […] / cela le traverse parfois une onde et une autre qui attend, il y a un M /monde qui attend, / il se dit ça, alors ce (je) /

[...]en ouvrant les volets moineaux, quelques-uns, quelques moineaux entre les branches du romarin, Lumière et peut-être, pluie un peu, ciel teinté ainsi,[…] / sommes un 25 décembre, 9h40 / fenêtre grande ouverte sur le dehors, il ne fait pas froid, / un café refroidit / ai ce corps-là, ai l’autre en ce corps[...] là-bas ça meurt, ça souffre / douleur dans une épaule, dans toutes […]peur dans une épaule, dans toutes, chagrin dans reins, œil manquant dans un visage, œil au sol pourtant dans ce merdier / quelque chose complètement à l’opposé / lui souffle de s’émerveiller et alors il s’émerveille d’un rien, d’un romarin, ce (je), / même il croit ce (je) que cela combat l’ignorance, s’émerveiller […] c’est étrange il croit à l’Océan, au(x) corps simplement nourri(s), à Cela, / il est peut-être à côté de la plaque ce (je), car partout ça continue, ça n’arrête pas de merder partout / c’est à celui qui enculera l’autre, c’est grossier partout / là où, pour ce (je), tout se résume à quelques moineaux entre les branches d’un ciel en sève et en en brins, mais que faire, à part de temps à autre, faire l’Amour avec son âme, son corps, avec son rien / donner mots / offrir main sur / […] nous sommes là pour Cela, tendre notre souffle, nos souffles / alors alors ce [je) il tend / il tend […] / un 27 décembre, 17h14 / [...] encore nous / nous combattons / nous combattons
le, nous / nous n’y renoncerons pas. Un jour, Tout sera juste et, nous l’appellerons Corps d’un Merci, alors la matière de tous les corps / la chair en chemin, en voie de tout ce qui se voit / la chair ensemencée enfin d’une simple et juste présence / […]. Vivre sera prier, prier sera vivre / vivre avec sensibilité / déjà cela, tenter de ne rien abimer […] / à
cet endroit du, Cela / une haie semble être une haie, un buisson, un buisson, un arbre, un arbre et rien de tout cela superposé à leurs bois, à ce qu’ils semblent être / […] / juste en, entre eux / quelque chose d’invisible / les solidarisant par les sols, par le Ciel, les cieux croyants au-dessus d’eux

28 décembre, 9h39, […] oh des mots se reconnaissent et c’est écrire alors ce qui se reconnait comme étant vivant, du vivant / oh des atomes se reconnaissent, parfois on le dirait bien, on marche dans du paysage, on marche en Soi, il le semblerait. A ces moments, il ne faudrait pas grand-chose pour que le M / monde bascule dans une force aimante, / […] 10h13,
marcher en, dans une matière sourire, faire en sorte que cela arrive : que la présence, qu’une présence seule en amorce tant / autour d’elle / que tout ce qui est et se montre / en devient les fruits. / Qu’il en soit ainsi, en chaque sang, en chaque sève, en chaque souffle / qu’une Âme Une se montre, s’offre autant aux bois qu’aux chairs / qu’une Âme ainsi trouve corps d’Elle / là, et là / en chaque recoin des matières là / […] / et Rose, / alors alors sera vue telle qu’elle est, Nue en Ciel, en Sol, / en quoi / élevée là en réponse élevée en pétales et en cœur d’une simple rose / là (je) parle d’une fleur, ce que ce (je) dit d’elle, ce (je), pourrait le dire de chaque chose qui est et, se montre / comme une peau nue à même l’herbe nue, à même le ciel nu, à même une main nue et / eau et air et voie et / Cela […] / en elle, Cela déjà pour extrémité / d’un corps en aimantant un autre, d’une présence en aimantant une autre, chant ainsi et / danse ainsi / en l’invisible Ainsi

[...] hauteur :186 cm – largeur : 132 cm / Psyché recevant le premier baiser de l’amour fut montré en 1798, c’est une toile du Baron Gérard, du peintre François-Pascal Gérard / si tu voyais ça ! / dit ce (je) à un autre (je), deux jeunes êtres presque nus, deux entités / Psyché et Cupidon / surmontés d’un papillon, d’une Âme, / les sexes sont là / des corps sont la Lumière / ils ne sont là que des bourgeons qui n’attendent que cela, s’ouvrir […]Là, le (je) demande : - tu m’écoutes toujours, il entend /- oui, cela te prend souvent de décrire une toile comme ça, un matin / - non pas vraiment, là oui suis tombé sur cette œuvre nue, elle est Porte / il entend rire amusé, hennissement, c’est un cheval / - suis dehors / dit-elle […] /
/ - te laisse je dois aller chercher un drive / te laisse avec l’hiver, avec l’humidité / - c’est drôle quand tu parles parfois / c’est comme dans un film ! / - ah possible, parfois la vie, on dirait ça ! / Là il est 11h12, un (je) aime des secondes, cela lui vient : est-ce possible ça, qu’en Terre de renoncements, on reçoive tant et tant / là, 11h17, […] un peu plus tard, il entend, il reçoit : /Allez viens, je t’emmène loin / Regarder le monde s’écrouler / il roule / Y aura du popcorn salé / Y aura un nouveau monde à nos pieds / J’pourrais jouer les beaux mots au milieu des femmes / Le premier domino de ton cœur qui s’emballe / J’pourrais t’regarder dans les yeux, te dire qu’avant c’était mieux / Remettre la musique plus fort pour plus entendre nos remords, / J’entendrai les bravos, étouffer les flammes / J’éteindrai le chaos, tu seras ma femme / Et en se regardant dans les yeux, / dire que demain / sera mieux / Je chanterai toujours plus fort pour qu’on m’entende dehors / Allez viens, je t’emmène loin, / regarder le monde s’écrouler / Y aura du popcorn salé / maintenant il entend, cela vient d’une femme mûre « - il manquait juste les pommes de terre, on les a remplacées ! » et entre cela Y aura un nouveau monde à nos pieds [...] puis il croise une veuve, elle traverse la voie, ne le voit pas, […] / puis à 12h19, il se retrouve face à une fleur blanche dont il ignore le nom, / puis il est face à un Ford Transit, un Connect blanc, puis face un évier inox, il entreprend de le charger parce que, il le faut ! / 29 décembre, 09h56, [...] à cet instant précis, là / par-tout ce sont traces de la Lumière / me reviennent ces heures avec vous amie, avec toi / où nous parlons peu, juste nous / nous plaisons à être, à partager ce que nous sommes au plus profond, / des solitudes debout, / […] bien-sûr à ces moments ça vibre / ça chair(s) de partout / ça libère des zones du, des corps, / ça aime grandir, jouir / ça aime devenir / revenir au / Souffle par les souffles, les gestes comme ils sont / ça aime se revoir parce que […] en ces moments il y a crête de vivre, il y a désir de poursuivre quête, il y a lance(s) d’être, lancer(s ) d’être et course(s) / alors alors de joies lactées / c’est du subtil, ça passe par le toucher, les touchers, c’est pour vos pétales alors OR entre / JUS / par tout le corps, sang, les sangs comme devenant, devenus souffles en un Souffle / le dedans, le dehors d’un, de deux corps alors alors comme chemin de terre, fossés, herbes, arbres / tout un territoire, tout ainsi / sous le toit du ciel / sous une main / vous effleurant amie / là vous touche oreille, encore là c’est pétales, chair émue et chair qui jappe Vie, chair qui ne sait plus / si corps il y a / ou plutôt / si juste un Ciel il y a pour corps, juste ce qui va / […]

Des voix des voix, il y en a, ce n’est pas ce qui manque / elles parlent, écrivent toutes en même temps alors pas sûr qu’on les entende toutes, chacune pourtant élan, ici et là des tentatives d’envol et là où certaines paraissent échouer, d’autres semblent réussir à dégager de ce fatras, du fatras du monde, raison d’espérer. Espérer / que d’une marche vers, (en chaque corps), qu’une marche vers plus d’espace, continue sa route. Alors que le Monde gronde en de multiples endroits, dernièrement, peut-être fatigué de négociations qui n’aboutissent pas, / notre Président a planté des arbres avec des enfants, certains lui ont reproché ce moment / Est-ce là un grand crime. / Soit, il a préféré planter des arbres, y croire, il a fait un pas de côté, / puisse t’il persévérer dans le Geste et rejoindre ainsi de Toledo dont j’ai souligné le travail, plus haut, et continuer de planter de l’homme, un peu d’homme, d’Âme dans la nature, du, des G.geste(s) juste(s) / parce que

10 janvier, 16h40, […] ô ce titre, ô ce petit livre (je parle de son format en le voyant, cela m’est venu) / aussi m’a trouvé le, ce choix de la minuscule / et ces mots, en tenue de bribe de conversation, de conversion :

peut-être pas immortelle. Frédéric Boyer. P.O.L / 2018

/ Je l’ouvre page 11, je lis : « oh petite reine dans le trou » / c’est prolongé d’un « vA » / parfois cela commence comme ça / un chagrin. / C’est un chagrin et, il continue comme ça / ce chagrin : « oh petite sœur voyageuse maculée de boue / vA », / la boue, les oh, la petite voyageuse cela, entouré de blanc. Dans la présentation de son livre, l’auteur nous confie qu’il s’agit de trois textes intimes rédigés comme des notes personnelles dans la noirceur de la perte et de la séparation, les jours et les semaines qui ont suivi la mort d’Anne, la noyade soudaine de sa compagne voulant porter secours à deux enfants. Il ajoute : le sentiment curieux de m’être fait voler mon deuil / Alors à un mo-ment, le transmettre, le graver ce qui semble irréel, avec des mots ou pas de mots peut-être, avec des, peut-être, avec / peut-être pas immortelle , Frédéric Boyer se remémore mort, reprend la main, reprend le gouvernail de sa dou-leur, une disparition qui a la force d’une apparition vive : celle de l’absence / […]tout renait disaient les Anciens tout recommence / les feuilles le jour et les abeilles / la nuit aussi / et toi non peut-être pas immortelle[…] et d’un coup la forme d’une évidence, il va falloir vivre, survivre, vivre sans fard(s), sans petite héroïne,
avec une présence autre, se montrer héros pour les plus faibles, les plus démunis encore devant l’effroi / : […] partie déjà sa première voix de la / journée / Maud serrée contre moi me dit toi ne / meurs pas / je suis là / je suis là /

A-t-il le choix, l’homme épris choisit le « vA » afin de l’aimer encore / tout le long de ce premier texte, pour parler encore à celle qu’il aime / l’homme seul choisit le « vA » et le « vA » à tout va, il sème Amour, en même temps qu’il sème larmes, / […]la mort n’est quoi / il fait face à quoi, / […] il faudra recoudre vivante la vie / le fil pour ce faire sera « vA » / encore et encore / larme de l’amour / toujours et tous les jours : oh à présent oui je sais / rien ni per-sonne ne vit longtemps / que la terre et le ciel / pour quelque temps / mais tout de même humanité demeure là, […] tu me disais deviens, le poète que tu es / […] oui (ma très chérie) je chanterai l’arbre / devenu vie ton cœur […]ton avenir inconçu […] oui je vois la mort faire ses petits […], l’homme voit la vie faire ses petits / quoi l’aimée, peut-être lui souffle d’aimer, ce qui demeure, ce qui l’entoure, comme s’il s’agissait d’un cœur / du sien, du leur / un seul là. A-t-il le choix, l’homme ému choisit le « vA » pour viatique / il choisit le mouvement, c’est une lettre à / quoi l’aimée. C’est, Un petit livre peint dans la nuit totale, Frédéric Boyer laisse les souvenirs survenir : Dans le chagrin vivant, notre petit sous-marin dans le ciel. / laisse des lignes comme elles viennent, / répondre à quoi-la Vie. Avec un / peut-être pas immortelle / Frédéric Boyer se remémore Vie.

Alors peut-être pas mortels les souvenirs, les siens à Frédéric Boyer, les nôtres, le Temps partagé, le Temps vécu / les êtres, les lieux, les hiers lorsqu’ils vous parlent encore / des uns, les Yellow Submarine, Abbey Road, zebras crossing, / des autres, les Paint It Black mêlés à Un petit livre peint dans la nuit totale, le « It’s not easy facing up when your whole world is black / ça n’est pas facile de faire face quand tout ton monde est noir, […] I could not foresee this thing happening to you / Je ne pouvais pas prévoir que cette chose qui t’arrive / […] » / mêlé à / […] m’en souviens cela, l’endroit précis où / en Triumph, en Spitfire in / un matin très froid avec Patrick, chaussée gelée, passer écluse, juste la largeur de la voiture, passer sas / sous base sous-marine, se rendre au boulot en écoutant Paint It Black et voir tout en noir. Mémoire une seule, cela qui a été, cela qui aime / est, demeure. Merci à cet auteur de nous le rappeler.

Là où il n’y a rien à comprendre que nous devons comprendre. De nous / d’un nous allant vers…

Le chaos comme nid du Monde, dans la matière à un moment un sursaut de vie, / un coup de foudre au sein de ce qui est là, et potentiellement là, cela arrive : / un élan fondateur / et amorce de tous ceux qui la conduiront, la signeront / cette matière jusqu’à son terme. Est cela, à un moment du temps et de l’espace, l’histoire d’un trouble en eux, quelque chose d’amoureux / les solidarisant, nous solidarisant, je ne sais pas. Probablement les livres, cela arrive s’écrivent et échappent à leurs auteurs. Ces derniers, juste il leur est demandé d’être là, en eux, en leur nature avec ce qu’ils sont / alors juste cela, leur est dicté : le, Cela. Alors elles, ils expérimentent, éclairent leurs corps ainsi, d’un aller vers et d’un autre, juste ils jouent à Cela / là dans :

Homme parfait / 53 proses pour une guérison rapide / Isabelle Pinçon. Editions L’œil ébloui. 2022.

Isabelle Pinçon se laisse trouver, rêver : pour ce faire l’angle de l’homme, plutôt celui (d’un) Homme parfait pour amorcer
une période de sa vie et se consoler du temps qui file, du temps qui mord corps parfois […]

Hier mon corps opéré s’est absenté un peu du / tarmac des vivacités. Aujourd’hui l’homme de tous les jours m’énerve pour un oui et un non, pour une broutille et un ouragan […] Homme parfait surgit dans l’encadrement, un sauvetage impromptu cueilli comme une fleur[…] / selon elle : Homme parfait / écoute les oiseaux autant que moi, surtout le matin. / Son adjectif calé comme le colt des cow-boys dans le Grand Ouest. / Ce pourrait être un homme qui aurait su ré-unir en son corps sa propre nature et celle amie, d’une nature autre, féminine / et celle-là, lui accordant / don, de charmer chair qui attend / don, de recevoir signe(s) d’elle. Homme parfait a ce don de vous trouver parfaite, même là où il y aurait manquement Jamais ne pose de questions ni de conditions, ce don, de vous accorder chair(s) et quoi, Homme parfait, est un homme simple, il arrive qu’il existe quelque part, qu’il (apparaisse) / cultive un jardin qui descend jusqu’à l’étang où
bavardent les grenouilles (la carpe maintient silence). Homme parfait
a ce don, de vous prendre

comme vous êtes / Ne bronche pas, si je suis en retard / même si je laisse des gouttes d’eau sur le bord de l’évier, / même si
je brûle le fond des casseroles
/. Au fond Homme parfait / se saurait mourant, vous saurait mourante, se saurait de passage /
alors alors / il vous laisserait vivre ce, qui vous reste à vivre, / il vous laisserait aimer ce qui vous reste à aimer. Ô à la lire, /
Isabelle Pinçon, la Vie, une vie digne de ce nom ne devrait s’envisager qu’entouré d’un tel contour qui ne serait qu’amour. /
Comment lui donner tort, d’ailleurs elle n’a point besoin qu’on l’adoube, elle a appris de la vie, que tout est là, Œuf d’elle :

[…]Homme parfait a gagné mon cœur le jour où j’ai décidé qu’il était parfait […] Homme parfait lit Rimbaud, Michaux et Ovide à voix haute pour moi seulement, devant le feu crépitant, Cela arrive au moment ou cela doit arriver, Homme parfait a replié ses ailes sous mes yeux, c’est une marionnette aux fils distendus / Le rêve, le fantasme était là, à portée de regard. /

J’appuie mot à mot sur /l’extinction de sa perfection. Depuis que / je me suis raccordée à / l’homme qui attend / les baisers derrière la porte vitrée. Le jardin tout proche, la nature mouillée, et un homme comme il est, pour le relier le / four à pain, au poulailler, à la terrasse, à la vieille bâtisse, aux chouettes, corbeaux, buses faucons, à Vie parfaite,

ce 12 janvier, 10h43 […] le Signe fait les choses, j’ouvre un livre de Colette Soler, l’inconscient réinventé, y trouve Lacan :

« L’inconscient, c’est que l’être en parlant jouisse. / Je parle avec mon corps. / Le Réel, c’est le mystère du corps par-lant /
c’est le mystère de l’inconscient. » / Je le referme, je médite, j’entretiens le Vide, la Lumière / c’est une Lumière de janvier.

/ Isabelle Pinçon écrit avec son corps, je crois / avec le corps de l’autre, elle apprend trajectoire, lance des phrases, regarde / des phrases lancées, des courses, des silences arqués / elle a choisi l’homme pour matériau / dans son Journal un peu vrai, / on découvre / Lhomequicompte et encore, Lhommequiacompté / il(s) n’en forment qu’un, il(s) se superposent, elle les, (le) / superpose(nt) / il est, ils sont Temps, le Temps en elle, par elle (par lui, l’homme qui la prend, la traverse) / L’homme qui / la regarde entièrement, qui regarde sexe / et regard comme s’ils n’étaient qu’un. Celui-là en elle, compost / en elle, Ciel / en elle, corps ainsi, c’est Ciel aussi qu’il amène : Homme parfait sillonne mon ciel avec doigté / il y a vol en elle, l’Amour elle le rêve, le vit / la Vie elle la rêve, l’aime / le rêve, elle le vit, l’aime / l’Homme, comme il traverse ses heures, ses jours, elle, le sève autant qu’il la sève, la sauve, elle l’écrit cela, non pas l’homme parfait mais Homme parfait est son de lui, des forces / des ondes qui le constituent, elle le conte ce qui la rencontre, cette part de lui en elle. Homme parfait cela pourrait être une femme qui aurait su réunir en son corps sa propre nature et celle amie, d’une nature autre, masculine. Cela la traverse, cela :

Par averse l’homme par averse celui qui apporte eau, nature en elle mots c’est possible, sous averse une femme sous averse
/ c’est une manière de faire l’amour autrement, écrire, / c’est une manière d’écrire autrement, faire l’amour. Elle joue à cela,
/ A s’accorder, à aimer et semer âme, corps, Temps / les rendre à un petit territoire autour d’elle, leur offrir cela, plus d’aise.

C’est bord d’une femme qu’elle chante Isabelle Pinçon, / Homme parfait, la dessine au plus près, la dévoile, débor-dante […]
elle est profondément femme, fendue et elle le sait, elle source ses mots à ce qu’elle est ainsi, émue de son corps - de celui / de l’autre qui l’honore, c’est du mystère allant aussi qu’elle s’émeut, qu’elle s’éprend si d’aventure, aventure lui prend. Elle
oscille, tend être, son être, l’offre. J’avais été très sensible à, deux pages en miroir dans Lhommequicompte : ( pages 24 / 25 )
/ et plus particulièrement à ces lignes : /Me suis laissée prendre en photo très nue très écartée puis scannée cachée dans ton
disque dur
, et / Tu me demandes si ça existe d’autres mots pour dire je t’aime. Une pudeur qui s’expose, c’est élan de / Vie.
Par la petite, la grande porte d’Homme parfait Isabelle Pinçon entre en, Faille parfaite / en cela, qui interroge nos existences.
C’est trouble amoureux la solidarisant à une chair, dans l’Immense, c’est juste un peu d’Immense, un corps qu’on chante, là.
/ Des mots pour se pincer qu’elle ne rêve pas, Isabelle Pinçon n’en manque pas / Ni non plus, ne manque je vois, de fidélité :
l’attachement au Jaune, à, la note jaune de Van Gogh (d’ailleurs Michèle Riesenmey / en donne échos face à certains de ces
poèmes,) / Tout au long de ce recueil, ses peintures accompagnent au plus près l’auteure, l’imagine l’inconscient, je crois.

/ […] sont parfois ainsi les mots / désenchantements, enchantements, chants se côtoient, se frôlent, parfois s’interpénètrent /
/ […] laisser traces de vies qui portent poids du M /monde : confessions on le dirait, phrases comme échappées d’un divan, /
A l’image de ce qui se vit là et là, dans certains musées, le mental étalé / toujours et toujours, le / quoi du Monde / et parfois
Même flingué à bout portant, le Vivant, gisant tel une peau mouchetée, entachée. Et également là, résistant à ce qui pourrait
l’anéantir / l’âme de l’une, l’âme d’un autre pour nous la, le raconter l’Âme / l’Aum. / Et encore ailleurs, planqué le Vivant,
lui ne gisant pas, ne se montrant pas pourtant plus que vivant, lui vibrant […]

et ne se montrant pas / comme s’il était absent, / lui l’Absent, pourtant tellement là, aimant, aimanté

à Daniel Giraud

[…] / le 18 janvier / ai commencé une lettre ainsi : le soleil a beaucoup de force / c’est un après-midi de Janvier / l’envie de
l’écrire à un ami […]. Puis lui avais demandé / s’il était toujours dans la vallée, en lui souhaitant d’être bien, avais terminé
avec ces mots : / là, souvent une belle lumière, le vent chasse tout. / Trop tard mes ondes vers lui, n’en avais pas été avisé /
et ces jours son amie m’écrit, « il est parti à l’automne » / Elle n’a pas vu le truc venir, selon elle, il se serait donné la […] /
« il m’a tenu secret la volonté d’en finir, nous devions nous revoir les jours suivants. / N’hésit[…] » conclue-t-elle. / […] il
se serait donc donné le Ciel, Daniel Giraud, Dan pour les fidèles. / Féru d’astrologie chinoise, jamais il ne manquait d’offrir
vœux à sa manière, j’acceptais volontiers ses mots, sa bienveillance, c’est ça, il veillait bien. / Lui rendre hommage.

[…] / Pour ceux qui le désirent, in un précèdent Terre à Ciel, (juin 2022), j’avais souligné / Le passager des bancs publics /
(Les Editions Libertaires) l’un de ses livres, afin d’inviter à la lecture de ce rebelle, / j’avais noté alors :
Passons-nous encore longtemps de main en main, de corps en corps, le Lotus d’être là, en vie, en mots, en Jeu. C’est ce que s’est efforcé de faire Daniel Giraud en traduisant les écrits des Anciens. Après s’être intéressé au Yi King, aux poètes Li po, Hi Kang, c’est à Han Shan qu’il apporta son attention, Le fils de la montagne froide (Orphée / La Différence). / Cela nous le partagions, cette saveur de l’air cru, de l’ouvert, écrire à main(s) nue(s). Pas seule une fois, il ne manqua de conclure ses courriers par un / « Ami en tao » / je comprends ces mots, j’en reçois aujourd’hui tout le sens. / Transmettre, c’est exister / au-delà de la forme. Transmettre la moelle du Réel, la fraicheur d’un moment passé, le retrouver là, tel quel, flottant... aussi puisse cela vous rencontrer un peu lecteurs, là où vous êtes comme vous êtes / vous amener à goûter cet extrait d’un poème du « Mangeur de brume », grâce à la très belle traduction de ce cher Dan :

/ […] disparaissent les berges du torrent glacial / tsieou, tsieou, toujours nombre d’oiseaux […] si, si le vent souffle au visage / fen, fen, la neige s’amasse sur mon corps […] /

Exister / au-delà de la forme / cela,

Bruno Normand

Vignette Sans titre / Technique mixte, Févier 2024.


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