Contrairement à ce qu’on croit souvent, un même poète peut avoir plusieurs poétiques. J’entends par là qu’il développe à travers son œuvre diverses formes de sensibilité qui trouvent chacune leurs territoires, leurs écritures, leurs horizons. L’être humain a dix doigts et cinq sens, la poésie bien plus, qui se ramifient sans fin à partir d’un même axe initial. Cette évidence est encore moins perçue quand le poète est une poète qu’on prend aussitôt dans les filets de sa féminité pour lui imposer la fonction de représentante de la prétendue « littérature féminine ».
Prenons l’exemple d’Estelle Fenzy : si l’on suivait la sotte logique des simplifications, femme, elle serait donc destinée à produire une œuvre typiquement féminine dont la poétique serait d’emblée définie autour de quelques thèmes obligés en relation avec son sexe et les attributs symboliques et sociaux de celui-ci. Certes, plusieurs des livres d’Estelle Fenzy revendiquent une identité puissamment féminine : Mère, publié en 2017 par Les Editions La Boucherie Littéraire et récompensé en 2018 par le Prix René Leynaud, Rouge Vive, publié en 2016 aux Editions Al Manar, ou de manière encore plus claire Mon corps c’est ta maison, publié aux Editions la Porte en 2018. Mais si elle assume pleinement ces dimensions de son être, Estelle Fenzy ne se laisse nullement prendre au piège des stéréotypes, loin s’en faut : être soi, elle le sait, c’est investir toutes les dimensions possibles de l’humaine condition que la singularité toujours absolue de la subjectivité permet de connaître, d’explorer en profondeur et d’incorporer. Il ne fait à ce titre aucun doute que les poétiques d’Estelle Fenzy sont multiples, y compris lorsqu’elle nous parle des expériences spécifiquement féminines, notamment celle de la maternité dont on ne saurait contester qu’elle excède les possibles masculins, (même si beaucoup d’écrivains, faute d’avoir eux-mêmes porté un enfant, ont évoqué leur mère, parlant surtout de la relation, positive ou négative, qui les unit à elle).
Mais laissons là les questions de genre et d’identité. Essayons à la place d’explorer quelques-unes des dimensions inattendues que nous propose Estelle Fenzy. Dans les limites de ce petit exercice de méditation poétique, j’en choisirai deux : l’aride et l’humide, en stricte relation avec deux livres que tout oppose par leur géographie concrète et mentale, leurs tonalités, bien entendu leur écriture, mais aussi leurs horloges. Il s’agit respectivement de Poèmes Western paru en 2018 aux Editions Lanskine et de La minute bleue de l’aube publié en 2019 aux Editions La Part Commune. Le premier nous propose à travers des séries de notations sèches, animées d’une sourde puissance visionnaire, un voyage dans les territoires désertiques d’une partie de l’ouest américain, le second, une mystérieuse célébration intime, à voix souvent murmurée, de ce moment si ténu qu’est celui où l’aube commence à sourdre de la nuit par la couleur irréelle de ce qu’on appelle aussi « l’heure bleue » - selon le titre de la première des Quatre aventures de Reinette et Mirabelle, merveilleux film réalisé en 1987 par Éric Rohmer.
Prenons toutefois les deux livres d’Estelle Fenzy par un de leurs croisements. A la page 30 de Poèmes Western, on peut lire : « A l’aube, les chiens des rues tournent sans fin dans la ville déserte./ Sur leur truffe sèche, un peu de poussière d’ocre./ Les décisions du vent. » (J’ai choisi de présenter typographiquement cet extrait selon la convention de transcription « horizontale » des poèmes, bien qu’il ne s’agisse pas à proprement parler de vers, mais d’une forme d’écriture hybride, aux frontières de la narration, du poème en prose et de la poésie pure, tout comme le voyage géographique que nous propose l’auteur suit constamment une série de frontières fragmentaires et béantes le long de la mythique « Frontier » de l’ancien Ouest.) Dans La minute bleue de l’aube, Estelle Fenzy écrit page 26 : « A l’aube/ les chats reviennent/ gavés de nuits de batailles/ une perle de sang à l’oreille. » Des chiens d’un côté, des chats de l’autre, chacune des espèces accomplissant les rites matutinaux qui lui sont propres : l’errance et le retour. Les cercles infinis des chiens sont à la mesure de l’espace désertique, quoique d’une ville, où ils ne trouvent pas d’orientation. Le revenir des chats est au contraire lourd des trésors violents qui ont donné sens à la nuit et permettent de rallier sans erreur le bon refuge de l’aube. La truffe des chiens est sèche et poudrée d’ocre déposée par le vent, l’oreille des chats rouge, car tachée de sang frais. L’ardeur et l’errance se croisent à distance entre deux mondes, l’un dévasté par sa nature même de vide minéral, l’autre gorgé d’humidité précieuse dont nous verrons qu’elle est aussi celle de la mémoire, parfois douloureuse, comme le laisse pressentir le sang à l’oreille des chats.
D’un côté, des poèmes de l’aridité solitaire qui prennent la démesure d’un non lieu d’autant plus saturé de vide métaphysique qu’il est présence concrète du rien sans rémission : « On plisse les yeux. Distingue une maison, une camionnette. Très loin. Mirage du vivant. Dans ce lieu qui n’existe que pour dire l’absence la plus seule. » (p.10) De l’autre, un pli dans l’humide secret de l’avant jour où une conscience rassemble et se rassemble, lampe ténue qui veille les enfants, mais aussi les morts et la bouleversante fragilité du jour à venir : « Elle monte du sol/ la rumeur de l’aube/ Elle était à l’étroit sous la terre » (p.9), « Ce matin/ l’aube s’est simplifiée/ Elle portait le parfum/ de la peau de ma mère/ quand elle m’a réveillée » (p.25), « Fragile ce matin/ la lumière est née avant terme/ regarde sous la fontanelle/ déjà le jour palpite/ annonce midi futur/ et ses feux rattrapés/ au temps qui s’impatiente » (p.32). En toutes ces images délicates, pour ne pas dire fragiles, comme le sont les fontanelles, (merveilleux mot poétique unissant en ses syllabes mélodiques la fontaine, le pronom personnel « elle » et le substantif « ailes »), la même source alimente finement naissances et renaissances, restituant même une âme disparue dans un parfum, quintessence de l’eau-mère spiritualisée.
Dans Poèmes Western, l’aride est constamment là, même par temps de neige et de pluie, car il n’est pas seulement météorologique, mais surtout ontologique : « A perte de vue, des brindilles séchées par le gel. Jaillies de la neige. » (p.21), « Empoignade avec le gris./ Un autre nom pour la route du sud. Les camions ont creusé des sillons de bitume. Des rayons où meurt la pluie. » (p.13) La mauvaise saison donne plutôt des boues que des eaux, une substance amorphe qui, si elle n’est pas aridité pure, ramène le monde à l’élémentaire chaotique de ce qui n’est ni vie ni mort, mais constitue une sorte de royaume intermédiaire où formes et substances sont irrémédiablement dégradées : « Un champ de boue, de flaques. Où se dressent des écrans de tôle. Dans une désolation d’après cataclysme. » (p.24) Au fil du voyage, la neige revenant, on pourrait penser atteindre un éden, certes rude, mais gorgé de forces nourricières fondamentales : « Retrouver la neige./ Celle qui dépasse. Barre la route./ Les Rocheuses : une armée de de chutes d’eau. De forêts, de glaciers. Une attaque. » (p.20) On l’a compris, le château d’eau et de neige des montagnes fait bloc. Il n’irrigue pas d’une imprégnation mystérieuse. Au contraire, il est tout entier opposition et se solidifie en infranchissable mur qui repousse aussitôt la tentative d’accéder aux trésors de l’humide : « Battre en retraite face à l’aplomb du blanc ». Il arrive que la route prenne le relais des eaux, mais c’est peine perdue : « La neige a fondu sur les bas-côtés. La route se dessine en négatif./ Elle luit. Comme un fleuve ancien de ses derniers courants./ Se tord. Anguille sortie de l’eau. Rétive à mourir. Que l’on bat sur un rocher. » (p.23)
Dans La minute bleu de l’aube, les valeurs de l’humide se conservent sans cesse en leur mystère, à la fois promesse d’une subtile fécondité, celle du poème et de l’enfance, mais aussi rappel douloureux par l’eau des larmes et expérience de la solitude versée dans la fumée liquide de l’être au monde. Ainsi peut-on lire page 52 : « Un poème/ comme une fraîcheur dans la bouche/ Une gorgée d’eau douce et limpide. » La bouche est elle-même humidité, et s’il en est une dont le don est tout entier de promesse, c’est évidemment celle de l’enfance qui se relie à l’âge adulte par l’exercice du poème, nouvelle minute bleue de l’être : « Écrire/ Tenir ouverte/ la bouche de l’enfance » (p.10). Mais la fraîcheur soufflée par la bouche est aussi un piège tendu par l’humide à l’image de la vie qui, à peine naissante, est aussitôt disparaissante, telle cette minute bleue si précieuse d’être si vite évaporée : « Buée/ Miroir où je m’efface/ L’image fond/ Je suis vivante » (p.21). Le jeu du souffle est ici conjuration, il mime l’effacement de soi en le déléguant à l’image afin de se mieux retrouver, jouant d’une ambivalence essentielle de l’humide. La minute bleue est en effet l’occasion d’un rituel d’approche et de sortie, procurant à celle qui en vit les envoûtements des états médiumniques qui sont à la fois des ravissements, des révélations et des expériences de la mort par anticipation, une mort sublimée aux yeux ouverts dans l’apesanteur : « Le ciel respire/ Et moi/ cheveux en arrière/ dans son haleine grise/ flotte doucement/ comme une noyée » (p.9). Le bleu et le gris, couleurs de l’humide sont également celles d’une indécision aussi trouble que « les décisions du vent » qui déposaient tout à l’heure de la poussière ocre sur la truffe sèche des chiens de Poèmes Western.
Dans le voyage américain aussi, la mort est à l’œuvre, mais elle a tendance à s’objectiver et à nier, une fois encore, l’humide par le minéral : « Comme une pluie de météores. Fichés en terre. Pierres tombales. Les noms plus effacés que les corps. » (p.37) Elle peut prendre des dimensions colossales de pétrification tellurique et mythique qui en font l’unique qualité d’un désolant cosmos contre lequel aucun recours n’est possible, pas même celui des images océaniques et navales : « Plateau du Colorado. Ocre jaune, à perte de vue l’océan-poussière. Lointain courbé. Voilures gigantesques, de la misaine à l’artimon. Goélettes, trois-mâts au moins, taillées dans la roche. Toute une flotte en la demeure. Immobile./ La légende raconte qu’aux quatre coins de l’horizon, des oiseaux de pierre tournent sans fin dans le sens du soleil./ Jettent sur la terre un regard de Méduse. » (p.43) Aussi ne faut-il pas s’étonner que même la nuit soit dans l’Ouest américain une expérience de sécheresse qui fait espérer, non une aube mais un jour : « Hors saison, c’est la nuit qui remplit les piscines des motels. On distingue à peine l’échelle. Le métal luit faiblement./ Se hisser vers le jour ». (p.52) Ici, la vie est absente, la mort, par substitution de nuit, ayant pris la place de l’eau bleu-roi des piscines idéales. Le bassin où l’on plonge afin de se régénérer après une journée de route dans le désert, est devenu bassin de vide envahi d’abîme, dont il faut tenter de péniblement s’extirper, comme d’un tombeau qui fermerait ses puissantes mâchoires de non-être autour des vivants.
La minute bleue de l’aube propose d’autres relations à la mort, la dialectisant toujours avec la vie, d’une façon qui tente de la détourner, mais aussi de l’incorporer dans l’espoir incertain de l’apprivoiser : « La mort somnole dans son enclos/ Entends-tu sa respiration de bête qui rêve/ La mort n’est pas plus morte que moi » (p.55). Mais la mort, devenue faussement familière, ne perd rien de son inquiétante étrangeté. Si elle ne fait que dormir et rêver, se révélant en fait aussi vivante que la vivante, c’est pour mieux manger celle-ci quelque jour futur. Contre sa menace latente, on peut cependant compter sur une vie frémissante, celle de la pluie, véritable thérapeute qui sait apaiser et donner joie : « Aiguilles liquides/ les gouttes d’eau/ traversent les flaques/ Acupuncture de pluie » (p.39) Avec cette pluie réparatrice, on est loin des menaces diluviennes et des vies déjà mises au tombeau de Poèmes Western : « A Seboyeta, un enfant vit sous la terre ; Dans une caravane à demi-enfoncée. Derrière un talus planté d’arbres squelettes./ Sous un ciel de boue. Sous un futur déluge. » (p.47)
Toutefois, l’humidité de La minute bleue de l’aube réserve des surprises tout aussi inquiétantes : « Mon poème avait soif/ J’ai pris la cruche/ J’ai versé/ C’est mon sang/ qui a coulé » (p.61) L’eau promise à la soif du poème est en définitive un breuvage bien plus obscur et de nature ambiguë, entre vie et mort. L’écriture, malgré son désir de source, ne peut en effet éviter la rencontre intime des plaies cachées. Comment s’en étonner si l’on comprend qu’Estelle Fenzy puise aux plus profondes citernes existentielles, celles qui connaissent douleur et travail du deuil. Toute vie, en s’éclairant de poèmes, libère inévitablement des épanchements d’inguérissables blessures. Il n’est pas que le sang pour en témoigner : « Cette nuit j’ai dormi dans tes draps/ Tes draps de fleurs de lait de larmes/ Tes draps d’encore enfant/ Ton doudou penchait la tête tristement/ Je me suis enveloppée et j’ai eu mal/ Cette nuit j’ai dormi dans ton chagrin » (p.62). Quelle réponse peut-on donner à cette agonie de tristesse ? Il faut tenter de libérer le corps, et l’âme avec lui, par l’expérience de l’apesanteur, comme dans Poème-pain-piscine, l’un des très rares poèmes du livre à porter un titre : « Flotte mon corps/ Fais la planche/ et sur la planche/ accueille le pain des mots/ la mie poésie » (p.74). Estelle Fenzy relie subtilement l’eau avec le corps, la poésie et la nourriture, une nourriture qui conserve d’ailleurs en sa substance la valeur de l’humide mué en souplesse à travers la mie. Par l’intermédiaire du mot « planche », le poème passe de l’eau au pain, selon une logique qui est moins celle d’un mot d’esprit que d’un mot valise et pivot permettant d’ouvrir les significations, comme on en trouve toujours dans les tankas chers à la poésie médiévale japonaise. Faire la planche, c’est donc se mettre en état de survol immobile, être porté sur la chair de l’eau, contre sa peau ferme et satinée, et vivre étendu à la surface de la vie, par et pour le poème lui-même écrit pour la vie, véritable pain d’allégresse et d’alliance par les mots. Point de rencontre entre La minute bleue de l’aube et Poèmes Western, l’un des textes américains évoque lui aussi l’image de l’apesanteur, mais dans un contexte hivernal : « La maison de Peter flotte sur le lac./ L’hiver, quand les grands froids fixent les eaux, elle flotte sur la neige. Qui flotte sur la glace. Qui flotte sur le lac. En apesanteur. » (p.8). Mais revenons à la dialectisation de l’eau et du pain. Elle dit en filigrane que toute minute bleue et tout poème venu d’elle aspirent à une puissance solaire. La source secrète qui filtre la clarté naissante veut le plein jour : « Peut-être/ le jour attend/ que j’allume/ ma petite chandelle/ pour se lever/ un signal un accueil/ un poème. » (p.52) Luminosité solaire et luminosité poétique sont jumelles universellement cherchées puisque « mon poème/ commence par une aube/ une extrémité du jour/ une lisière du temps » (p.59), dans un appel à la clarté, tandis que le soleil est quant à lui la vraie raison des escalades félines : « Si les chats grimpent aux arbres/ ce n’est pas pour le nid/ ce n’est pas pour l’oiseau/ c’est pour aller dormir à côté du soleil » (p.70). La vie en dormition solaire, quelle meilleure arme contre la mort ? C’est pourquoi Estelle Fenzy ajoute un peu plus loin, en cet autre poème : « Oh soleil/ tes rayons me cousent des rubans/ autour du cœur ». De fait, le soleil peut associer l’humide et le doré dans cette substance mixte, infiniment nourricière, délectable et chaleureuse qu’est le miel. Alors, loin de l’aride aux horizons démesurés, en réponse aux espoirs incertains de l’aube, naît la possibilité du bonheur, c’est-à-dire d’une stabilité en liesse : « Le bonheur c’est/ le miel du goûter/ sur tes lèvres/ et ton rire changé/ en rayon d’or. » (p.92)
Mais le soleil conduit à l’été dont le paroxysme est peut-être secrètement funèbre en sa dépense frénétique, autant qu’il est une délirante exultation d’amour : « Procès verbal d’été :/ Flagrant délit de lumière/ Vol d’insectes/ Tapage nocturne de cigales » (p.90). Il peut même devenir sauvage et directement menaçant : « Alerter le jardin/ le soleil est parfois cruel » (p.85). Une nostalgie s’empare alors du jour lui-même. Il n’est en effet jamais si pur ni si vrai qu’en son origine : « Aube/ enfance du mot jour » (p.30). Un autre poème de la même page précise d’ailleurs : « L’aube est une marque d’amour ». Du lien du jour et de l’aube, il faut peut-être conserver et cultiver l’essence la plus fine, la plus spirituelle : « Prend soin/ de cette lumière/ en toi/ qui repousse/ les assauts/ de la nuit » (p.94.) Le désir d’échapper au temps qui bat dans la lumière d’été en témoigne : l’équilibre n’est que précaire entre toutes les attractions élémentaires qui sollicitent l’attention. C’est pourquoi à la fin, l’humide revient par l’automne et les larmes de la pluie, modifiant ses valeurs, dans cet admirable distique si proche de l’esprit de Bashô par sa tonalité tendre et sa compassion : « Elle est triste la pluie/ Jamais elle ne retournera au ciel » (p.113). C’est aussi sur un acte de compassion désolée que s’achève Poèmes Western, dans les vagues du Pacifique, qui ne suffisent plus à protéger de l’aridité mortelle leurs créatures les plus émouvantes et les plus démunies : « Sur le sable, les vagues. Dans le ciel, les vagues. Les vagues meurent. Les baleines s’échouent. » (p.62)
Une alliance réconciliatrice de l’humide et de la lumière reste toutefois possible quand leurs deux qualités se conjuguent en un trait jaillissant capable de répondre au plus fondamental de nos désirs, ainsi que le proclame ce très beau poème de La minute bleue de l’aube : « La lumière se faufile/ entre les branches/ Flaques de ciel/ où étancher nos soifs » (p.55). Puissions-nous suivre cet élan et guetter à notre tour, comme Estelle Fenzy nous y invite, la minute rare où l’eau et la lumière s’unissent en un poème. Peut-être vivrons-nous en récompense la plus haute expérience, celle de l’écho trouvé dans la méditation d’une fenêtre inconnue qui veille avec nous : « Une fenêtre est allumée/ à la maison d’en face/ Quelqu’un écrit peut-être/ le même poème » (p.17)
Marc-Henri Arfeux (texte et peintures)