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Lost Seasons / Saisons oubliées, Andrea Moorhead

mercredi 30 décembre 2015, par Cécile Guivarch

#1

this dizziness around you
plaguing the sky also
the limpid refrain after a storm
when ground becomes saturated with music
you are telling everyone anything that comes to mind
slowing down as you progress
and the lightning that invaded the barn
cannot seize any further illumination
rapture around the throat
still convalescing.

#1

cet étourdissement m’étonne
me fait rêvasser entre les coups de tonnerre
trébuchant sur les cailloux que tu avais
éparpillés sur les chemins,
un coup de foudre t’abîmera, tu sais,
ta gorge écorchée va continuer
des cris d’émerveillement
sans comprendre le désastre qui t’a saisi
oscillant entre le noir
et cette lueur qui me frappe.

 ? #2

you can’t see the line of the hills anymore
it’s foggy and cold,
your skin snakes along the ground
wanting to be absorbed in the darkness
as a shadow in the sun
when the heat builds along the spine
of an unpredicted summer snow.

#2

comme l’ombre absorbée par le soleil levant
ta peau glisse dans la brume chaude
des collines estompées
par une neige d’été
qui ne veut que disparaître
dans l’obscurité qui nous entoure.

 ? #3

sometimes the thought of snow
brings back the sound of your voice
the slight inhalation before speaking
as leaves fall onto the roof
raining somewhere in your heart
as the last disaster destroys any hope
of recalling the soft blue mist
rising around the rain.

#3

quelquefois la neige m’apporte ta voix
ton souffle brumeux avant de parler
et les feuilles tombent sur le toit
comme la forme bleue d’une ombre
au seuil du dernier désastre
et tu retrouves la pluie
luisant dans les chambres de ton cœur
où s’étouffe paisiblement
toute pensée de nos corps endormis.

 ? #4

endless
darkness
the sheen of a tamed
fire
and the rain won’t let up
far into the night
under the shattered ice
of imaginary summits,
darkness
under your eyes
marks of thought
aborted
by the insistent pressure
of incoherent
whiteness.

#4

noirceur
sans arrêt
l’éclat d’un feu
apprivoisé
et la pluie continue
tard dans la nuit
sous la glace éclatée
des cimes imaginaires,
noirceur
sous tes yeux
des marques de pensée
avortée
par la pression lourde
d’une blancheur
incohérente.

Andrea Moorhead est directrice de la revue internationale Osiris. Elle a publié plusieurs recueils de poèmes dont De loin et Géocide aux Éditions du Noroît, et Terres de mémoire aux Éditions de l’Atlantique. Guernica Editions a publié ses traductions d’Hélène Dorion, de Madeleine Gagnon et d’Élise Turcotte. Photographe amateure et naturaliste passionnée, ses photographies ont paru dans de nombreux livres édités par Anterem Edizioni en Italie.


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