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Un oubli de neige de Francesco Scarabiccchi par Hervé Martin

mercredi 15 juillet 2020, par Cécile Guivarch

Une citation de Ciro di Pers en écho à la mort et un vers de Dante qui me fait songer à la fuite du temps, débutent le livre et soulignent comme une urgence pour l’auteur. Celle peut-être d’écrire pendant qu’il est encore possible et que pourrait illustrer ce tout premier vers :

Je mets à l’abri du froid les mots/… .

Présenté ainsi sous le signe de la mémoire que les mots protègent de l’oubli, le livre se compose en parties inégales. Le poème, « cette chose de l’art » a ce pouvoir de protéger de l’éphémère du temps la richesse des émotions vécues.

il y a un air de laurier-rose qui préserve/ le nom des voix, le lieu, l’année.

Les sept ensembles de la première et principale partie sont précédés par un poème prélude puis par un vers en guise de Seuil. Des astérisques accompagnent parfois un titre ou un vers et renvoient en fin d’ouvrage aux notes de l’auteur. Une forme ainsi s’amorce qu’il conviendrait d’interroger plus longuement au regard des subtilités de la composition du livre.

il n’est pas là, pas encore,/ mais distant/le chemin qui solitaire/ mène à la mer

Les poèmes, courts, qui circonscrivent des sensations, des sentiments, des moments particuliers… semblent tracer un chemin intérieur dans le grand paysage des jours. Morceaux de lumières s’inscrivant au rythme des pas d’un marcheur, ils balisent le temps qui passe avec une émotion contenue.

l’ami qui me parle / d’une voix naturelle/ en marchant ne voit pas/ mes pensées blanches/ comme le sel.

Pris par les sensations qu’il éprouve dans sa rencontre avec le monde, Francesco Scarabiccchi est à l’affût de moments de clarté qui éclaireraient les jours dans l’été de saisons disparues, en quête peut-être, des échos de son enfance.

De l’ailleurs/ du sommeil/ ou de quel côté/viennent-ils,/ ces souffles brefs,/sans nom/ murmures de mémoire/ au susurrement qui pose / sur l’histoire/ la gaze de la lumière/ ou son ombre ?

La nostalgie, la mélancolie et la présence de la mort imprègnent ce livre en de brefs poèmes saisis aux portes de l’intime et du temps immuable.

Hervé Martin


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