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Deux notes de lecture de Valérie de Marsilly

vendredi 9 avril 2021, par Cécile Guivarch

INSTANT DE TERRES, de Martine-Gabrielle KONORSKI,
avec six illustrations de Colin CYVOCT
à L’ATELIER DU GRAND TETRAS
Préface de Nathalie RIERA

Dans Instant de Terres, Martine-Gabrielle KONORSKI poursuit son interrogation sur le temps, sur la temporalité possible, productrice de vie, nous dit d’emblée la préface. A travers sept séquences l’instant circonscrit nos questions, nous en élisons l’éclat. La valeur de l’instant permet de condenser le temps dans une densité singulière, plurielle et inépuisable, nous dit très justement Nathalie RIERA dans sa préface si lumineuse. Cet Instant de Terres visite notre vie lorsqu’elle devient une juste interrogation. Habiter sous ton âme / y creuser la fin des silences. Les peintures de Colin CYVOCT (décédé), instruisent et consacrent ces instants où nos terres se rendent fidèlement à leurs maturités secrètes. Martine-Gabrielle KONORSKI conte nos solitudes vaines et accidentées. Ni convoi Ni conscience. S’ajourner dans le souffle des oubliés. Une lenteur funèbre dans l’air / l’exactitude effacée.

Propager souvenirs et manques dans la pesanteur turbulente de nos abîmes. Lestée à jamais de ces instants qui la traversent sur toutes ces terres qui résonnent en nous et nous habitent, celle des origines, celle de l’enfance, des souvenirs, des douleurs, de la joie, de l’amour, des drames, celle de la solitude, des paysages, de la création et de tous les imaginaires, l’auteure nous dit je referai le temps. Nous sommes là mis en demeure de vivre, d’assumer et gravir l’espoir parmi le désordre des rêves. Avec Instant de Terres, dans cet écho possible de « L’intuition de l’instant » bachelardienne, se défaire des illusions fugitives, saturées d’insomnies et Respirer au bord de la question. La poète nous transporte dans une poésie comme métaphysique instantanée, portée par l’intensité. Comme il est écrit, Martine-Gabrielle KONORSKI fonde l’instant poétique sur l’instantanéité de plusieurs terres car pour elle écrire est toujours un instant de terres.

 

ELOGE DU SOMMEIL
Lucian BLAGA
Traduit par Jean PONCET
Paru chez Jacques André éditeur

Poète et linguiste, Jean Poncet, a traduit nombre de poètes roumains et anglophones. Son anthologie consacrée à Lucian Blaga, est fondatrice aujourd’hui en langue française. Elle lui a valu de saillants prix littéraires en Roumanie. En 1997, il a obtenu le Prix Lucian Blaga pour l’ensemble de son travail sur la poésie roumaine. Avec Eloge du sommeil, Jean Poncet nous convie aux émulsions de Lucian Blaga où battent les litanies de la lumière comme des incantations.

Les mots de Lucian Blaga respirent sous la plume aigüe de Jean Poncet. Le verbe est vital et donne à boire le mystère comme une encre native. Dans Eloge du sommeil on se soucie des miracles étrangers, de ces rythmes veilleurs chargés d’intensité. Aux rives du rêve, cueillis subitement par nos incertitudes, nous interrogeons la maturité tandis que le monde est un sceau apposé sur un mystère encore plus grand. Avec Lucian Blaga, nous pleurons au milieu des vestiges tardifs de l’étoile qui porte nos pas. L’élan est à vivre dans ce qui nous reste de chant. Dans cette merveilleuse traduction, nous puisons ces inquiétantes lumières ou vacillent et se perpétuent nos hésitations. Je ne sais seul dans l’ombre je me convaincs de croire… Lucian Blaga nous assemble à la verticale de nous-mêmes, espace talismanique ou consistent ces fervents imaginaires qui nous rendent plus vastes. Suivons Eloge du sommeil et vivons nos amplitudes secrètes. L’expérience restera souveraine.

Valérie de MARSILLY


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