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Notes de Véronique Elfakir

mercredi 9 février 2022, par Cécile Guivarch

Brigitte Maillard- Le mystère des choses inexplicables – Éditions Monde en poésie, 2021

Dans ce dernier recueil qui constitue une sorte de texte testament, Brigitte Maillard nous confie ses dernières pensées face à cette épreuve ultime déjà abordée dans son précédent recueil L’au-delà du monde que constitue la traversée d’une fin de vie… Mais la grâce de Brigitte est d’avoir su transmuer jusqu’au bout cela en don de lumière et en gratitude. Nulle amertume, nulle révolte, sous ses lignes juste le pur jaillissement d’une vie qui s’émerveille encore et toujours jusqu’à bout du bout, aux confins du dernier souffle…

Ainsi nous dit-elle en ses dernières pensées que la poésie est Mystère et combien sa vie se sera approfondie en cette quête. Aux portes de l’infranchissable surgit l’ineffable amour, cet amour qui est « absence de désirs », pur moment de grâce… : « L’amour comme une envolée intérieure, le chant de l’autre, la vie future, le rêve sans fin, la portée des astres, le ciel qui vient vers vous, la douloureuse espérance et le regard sacré des anges. Grâce à lui tout s’illumine. »

« Au stade ultime, nous avoue t’elle, au déclin progressif de son corps se substitue une sorte de « joie cellulaire », un rêve de fusion ou de dissolution dans un grand Tout Immémorial où il ne s’agirait que d’appeler ou convoquer la lumière de ses cellules » Comme si ainsi se résolvait pour elle l’énigme de toute vie se difractant en atomes et comment ici ne pas penser à Rumi ? Ainsi s’interroge t’elle : « Ai-je trouvé en moi ce qui ne meurt pas ? » Rejoignant ainsi également la poignante quête de Catherine Pozzi pour qui la clé se trouvait dans cette atomisation de nos corps qu’elle voyait comme un vecteur d’éternité, fidèle en celà à la physique quantique sur laquelle elle voulait fonder sa poésie et sa quête spirituelle.

Sans cesse irradie dans son œuvre cette constante volonté de ne pas céder à la nuit et de célébrer la beauté, fidèle en cela à la pensée de François Cheng si souvent méditée… « On ouvre les portes du monde avec ses engelures et soudain, au bord de cet immense scénario capté par la lumière du jour, une douceur inaltérable meurtrit l’horizon. Le jour est bleu. Nous sommes de ce monde, mais rien ne le révèle. Le mystère est là. » Et comment ne pas être irrémédiablement bouleversés par la fulgurance de ses derniers vers : « Relève la tête/Étrange beauté des phares/Etrange lenteur de la tortue/Je ne suis pas de ce corps, je suis l’aurore de mes étés. Donne-moi l’appui du vent et des pas cadencés sur le sable. Donne-moi la profondeur du temps, et la joie de renaître au sel de ton odeur. Le soleil t’a nommée liberté, fleur de silence, membre de dieu. Nous ne sommes plus loin de la vérité » Cette vérité couperet qui s’oppose à ce mystère qui est vie… c’est parce que nous ne savons pas que nous pouvons ainsi créer, aimer, avancer à travers ce doute salvateur porteur de désir… Toute vérité est tranchante et cruelle à la mesure de ce qu’elle nous dénude de cette enveloppe d’imaginaire qui nous protège de l’intrusion du Réel… Jusqu’au bout Brigitte aura interrogé cette énigme de la vie qui consiste selon F. Cheng en ce travail de l’âme en quête d’elle-même, de sa propre réalisation : « Nous sommes le but de nous-mêmes, travaillé par l’absence, sculpté par la présence. Un point dans l’infini, uni par un magistral silence. Écoute ce mystère/ta renaissance est là/docile et écarlate. (…) La vie n’est belle que si tu la désires. Elle t’appartient totalement et te donne sa liberté consciente et rêveuse, sa tendresse insoumise, sa transe magnifique. » Jusqu’au bout il ne s’agit encore que de célébrer ou magnifier la vie, fidèle en cela également à la voie frayée par Catherine Singer pour qui il nous appartiendrait avant de partir d’effacer toute douleur lié à notre passage sur cette terre pour qu’il ne reste plus de nous qu’un brasier de joie. Ainsi n’a-t-elle de cesse que de scander ces derniers messages de délivrance : « Sois celui que tu aimes, celui qui tremble à genoux. On va au contact, guidé par la conscience, porté par la joie de l’amour. » Ainsi cet entrelacement entre nuit et jour, mort et vie revêt pour elle la couleur d’un vitrail, un tressage de couleurs dont elle n’a de cesse de célébrer l’énigmatique clarté et j’entends raisonner encore sa voix qui nous exhorte à vivre toujours plus intensément tant que cette joie nous est encore donnée : « Mets-toi au clair du monde sur la paroi du songe/Mets-toi chaque jour devant la vie, reçois ses richesses, elles te sauveront. Pousse dans ton cœur et tes racines cette belle habitude. Rien n’est plus beau que l’amour, il sauvegarde notre être car il est de toute éternité. Son regard est soyeux. (…) Que l’arbre à découvert apporte l’eau fraîche en vos jardins. Chante, dansez, n’ayez pas peur du jour. (…) Rien qu’un peu de blé d’écume, une lumière à couper le souffle, à enivrer mon cœur. »

Ainsi tout au bout du voyage, arrive au dernier seuil cette prescience ou cette espérance de la fin : « Ma vie ne sera plus qu’amour. Et dans cet apaisement je me retrouve enfin ». Ce recueil magnifique et poignant nous offre également en partage l’éclat de ses phrases au déroulement de mer et d’embruns, de vent et de sable : « Mer, éveille mes cellules, redonne-moi la beauté. Que le temps se désagrège, que je puisse enfin me voir. Grâce à l’instant, au soleil retrouvé. Mer, redonnes-moi les couleurs du champ éclairé de tournesols. Cet horizon est ton immensité, le ciel de nos joies et de nos jours si peu dévoilés. De sorte qu’il ne s’agirait désormais « que de manger le soleil », une façon de poétiser la mort. Toutefois en ce franchissement dernier, seule l’écriture permet de ressusciter ce qui fut. Écrire pour que la vie redevienne ce qu’elle n’a jamais cessé d’être. Redonner voix à qu’il reste encore en nous d’enfance récusant ainsi toute fatalité car il nous appartient à tous de trouver notre chemin ou de le retrouver : « personne ne nous défait de nos vœux d’enfance : préparer le chemin vers les cimes. » Et sans doute seul cet amour sans cesse invoqué, scandé permet-il d’espérer franchir cette porte avec dignité, force et courage, humains désirants jusqu’au bout, toujours debout, toujours dans la lueur de l’espoir comme s’il ne s’agissait simplement que de franchir un sas où enfin s’accomplirait toute la somme de nos possibles : « Il y a de l’amour dans le rêve dont le corps se saisit pour vivre sa souffrance et aller au-delà, respirer tout en haut des cimes. Respirer l’eau puisé dans ses racines. (…) Quand le corps est épuisé dans sa chair, les étoiles le pénètrent. (…) Si nous sommes, ainsi qu’elle l’écrit le mystère de nous-mêmes, il nous reste à nous accomplir, à trouver notre voie à retrouver l’émerveillement toujours renouvelé d’un regard neuf et ainsi « reprendre un peu de ciel dans sa main ». A travers l’épreuve se dessine enfin la voie de la transmutation comme s’il ne s’agissait que de transformer l’or en plomb : « J’entre jour après jour dans la mystique, ce point de rencontre entre l’absolu et l’homme. Cette connaissance acquise par l’expérience me transfigure. Il aura fallu que je m’immerge longtemps dans la maladie pour en extraire l’essence. »

J’avoue n’avoir pas pu lire ce texte de son vivant car je savais qu’ainsi elle m’adressait son dernier message mais combien à oser affronter l’idée ne notre propre disparition, nous en ressortons plus vivant, c’est ce que je comprends maintenant à ce moment même où j’écris et où j’ai cet étrange sentiment qu’elle me sourit encore par-dessus mon épaule… Merci Brigitte pour toutes ses merveilleuses transmissions….

Extrait

Écrire en poésie

Nous sommes invités à plonger dans le corps du rêve qu’est le poème. Au fil des mots, ce langage du monde vu de l’intérieur nous entraîne. La chanson est douce. Nous la comprenons et il nous prend un coup de féerie. La lampe est allumée. La femme assise, silencieuse. Les mots sont éparpillés sur le sol. De la main gauche, elle tire de son cœur de fines lettres qui allongent le fil fixé à la lune. L’index droit imprime sur le papier un mouvement qui fait tourner les lettres sur la page…et la lune descend. (…) La présence de la poésie nous élève. Il y a quelque chose de mystérieux en nous que l’état de poésie nous permet d’approcher. L’instant est précieux, la respiration aussi. Le poète ne ramène-t-il pas l’homme à la vie ? Au fond, écrire des poèmes n’est-ce pas dépasser la nature du monde ? Découvrir cette frontière entre « Pays rêvé, Pays réel », titre d’une œuvre du poète Edouard Glissant ?

Tu n’en peux plus de vivre ?
Détache-toi du monde
Remets ton corps en mémoire de lumière

Marc-Henri Arfeux – Verger du cercle dévoré – Editions Alcyone – 2021

Le titre d’emblée nous indique la tessiture du recueil : il y sera question de deuil, celui de la mère plus qu’aimée, adorée et du paradis perdu de l’enfance, ce verger dévoré par le temps et dont seul le souvenir peut ranimer quelques reflets. A ces « matin de mère tissant les roses/Par don de source et d’alouette », ces matins d’amandier et de parfum de robe ouvrant l’été se substitue désormais l’image de la mère devenue « cierge étonné » tandis que sur le siège la robe s’évanouit… La délicatesse ou la grâce des images vient contrebalancer l’effraction redoutable de ce réel de la mort où de la présence il ne reste que quelques vêtements comme oubliés dans les armoires du souvenir… Avec la disparition de la mère s’enfuit l’enfance, celle qui portait baisers, lilas, devient la « transparente ». L’hiver devient alors la saison d’une douloureuse absence : « Silence est le santal/Un seuil cherche visage/à l’invisible de la neige. » La blancheur de la neige évoque le givre de la disparition, la blancheur d’un vide douloureux mais qui peut aussi se lire en une sorte d’espoir comme une porte, un seuil ouvrant sur une autre dimension. Peu à peu à la douleur terrible, à cette soif sans fin de sa présence, se substitue une sorte de vénération élevant la défunte au statut d’idole ou de déesse… Un tissu de métaphores subtiles vient masquer et contrebalancer ce couperet inéluctable du départ comme un coup de scalpel. Ainsi se referme le jardin de l’enfance « sur la brûlure de l’amandier. » Au fur et à mesure que le travail de deuil s’opère, les images s’allègent, la mère devient « l’étoilée », sa voix d’eau pure surgit dans infinie de cette tendresse maternelle. Les souvenirs heureux ressurgissent à l’image d’une sorte d’Eden perdu : « Une aile à tes paupières/Et le jardin rouvre les seuils. » Le recueil se termine sur une floraison de sensations retrouvées évoquant subtilement la luminosité du foyer disparu, traces vacillantes et précieuse de ce qui reste encore de présence, quelques fragments à retrouver, à cultiver dans ce verger de l’enfance indéfiniment cultivé à travers le souvenir de l’absente. Un magnifique recueil pour convertir la douleur en un jardin lumineux et délicat, aux couleurs du ciel et de l’amour retrouvé en une écriture évanescente et raffinée.

Extrait

Le monde fut cercle
Entre les doigts
Qui lui donnaient azur,
Matin de mère tissant les roses
Par don de source et d’alouette.

Et l’amandier d’alors,
Agile et mince comme un danseur,
Les yeux de cils et de lumière
Liant d’un trait,
Parfum de robe ouvrant l’été.

Puis à l’épée d’une heure,
Le cri du toit rompu,
Et celle qui était mère
Devenue cierges étonnés,
Chemin sous le soleil,

Blancheur des nuits
Infiniment sableuses
A dénombrer les nombres,
Tandis que sur la chaise,
La robe évanouie.

Et toi, fiancée du sel,
Portant le non enfant,
Tu regardes venir
La longue vallée des jours
Conduisant au bûcher.

L’enfant de la lumière
Ouvre l’amande,
Et le verger devient
Ce double fruit d’espace.

Voici les roses, le chat couleur,
L’eau pure baguée de neige,
Et la bougie,
Très pâle, devant ce jour
Qui se souvient d’immémorial. »

Silvaine Arabo – Capter l’indicible – Paris, Rafael de Surtis, 2021

Comme le titre nous l’indique, ce recueil nous ouvre sur cette dimension autre, cette limite ou cette frontière que Silvaine Arabo nomme « l’indicible » vers lequel tend le poème. « Trésorière de la lumière », elle ne veut plus désormais qu’aimer ce qui s’offre au regard dans sa magnificence ténue et délicate : une aile et son reflet, l’éternel automne parmi la blancheur nue des chrysanthèmes, l’eau fluide et bleue, les arbres dans le vent, les étoiles lointaines, la voie claire de l’aimé. Peut-être ne s’agit alors que de se fondre ou fusionner avec l’univers, devenir à son tour paysage, passage ou seuil dans une perpétuelle célébration de la vie : « Narcisse reflété sur la tige frêle du temps/La rose en ses pétales concentrée te le redit/L’univers est en toi. » Pour qui sait regarder de tous ses yeux, « l’ici devient alors un ailleurs » qui nous embarque vers la beauté, un festin qui nous est offert à travers d’infimes détails : « ces miettes d’argile et d’eau ». L’objet de la quête ultime serait alors de se fondre dans cet univers, redevenir aussi léger qu’une bulle dorée, une particule de joie revenant à son origine… retrouver la mer, l’enfance, « les grands portiques sous la lune », passer la porte d’un jardin pour arriver en cet espace innommable où il n’y a plus de métaphores, où se dissout le langage, où il n’y a plus qu’une simple transparence de cristal, un « pointillement aux lois inconnues » comme un reflet d’or pur sur l’eau, un scintillement évanescent. En cette profondeur bleue, mer originelle, tout devient alors signes, souvenirs retrouvés de la flamboyance de l’été, des éclats de rire dans la mer, de l’amant… Ainsi s’offre cette fleur unique de la mémoire qui assembles toutes les images pour en faire un bouquet, un chant jubilatoire « parmi les feuilles » où se rejoint enfin toute la vibration du monde, où le moi se dissout en de subtiles couleurs ou modulations… où tout devient plus précieux de n’être qu’éphémère… En ces pétales tournoyantes de la vie étreinte en ses plus infimes détails, enfin ressaisie dans toute sa splendeur, en ce grand océan cosmique, il convient de capter, de transcrire ce bruissement du monde pour atteindre ce que Sylvaine Arabo nomme « le chant des Transparents »… Ultime métamorphose qui s’apparente ici à une permanente célébration de ce qui fut donné, éperdument recueilli, aimé, afin de rejoindre enfin cette sorte de clarté initiale où toute chose se dissout en particules de lumière. Et ainsi de tenter alors d’effacer la souffrance, la convertir en une sorte d’aube triomphant de la nuit, de musique ajourée pour ne garder que la flamboyance : « Et puis/marcher dans la forêt/Tout seul/Descendre doucement vers le fleuve/Pour s’y infuser/Mine de rien/Pour s’y dissoudre/Pour entendre de nouveau/La musique inaudible de son enfance…/ Et tout oublier – même soi -/ Devenir/ La mémoire des choses, des êtres, du silence/, De ces étranges vibrations colorées qui traversent l’espace/Pour le nourrir. »
De ce magnifique recueil, qui aurait pu tout aussi bien s’appeler « le Chant des transparents », de ces poèmes, à l’écriture à la fois ciselée, épuré et incandescente, l’on voudrait tout citer, tout retenir pour ne garder nous aussi que le pur flamboiement de l’amour.

Extraits

Trésorière de la lumière dans l’ombre bleue des soirs
Use
Tes dernières forces
A n’aimer désormais
            Encore et encore
Que l’aile et son reflet
Et l’eau de la rivière
Quand reviennent les grands oiseaux blancs
Qui te font chavirer
            Tout près des miroirs
Cet éternel automne
Parmi la blancheur nue des chrysanthèmes

Tu voudrais aujourd’hui
Que de la psalmodie des cendres
Renaisse un oiseau léger
Que la syllabe habitée
De nouveau vibrante
Fasse éclore sur le sang
Des roses de neige

Tu voudrais relire le passé
A la lueur des signes
Posés à présent comme des vagues
Sur le manteau
A double-face de ces vagues
Des orgues vibrantes
Dans de longues nuits obscures

Ainsi voudrais-tu témoigner
A travers les jours qui courent
Vers leurs sommets splendides
Et leurs proues rauques
De marins féroces
Et leurs lunes désertées
Roses à l’envers
Ainsi voudrais-tu dire
Ces voix jadis familières

En un abîme
Perdues

Afin que puisse éclore
-Vertige oublié-

Le chant des Transparents

Silvaine Arabo – Au fil du labyrinthe suivi de Marines résiliences – Paris, Rafael de Surtis, 2018

Ce recueil du deuil, ce temps de pause où le temps se fige, s’arrête sous la mousse du souvenir, Silvaine Arabo en déroule le fil dans ce texte multiple… A cette mort qui coupe le souffle en une image saisissante, « étouffer dans un cercueil tout neuf » s’oppose une vision florale qui vient contrebalancer cette lucidité tranchante qu’aucune image ne saurait pouvoir suffisamment recouvrir, cette réalité d’un corps soudain déshabité… comme vidé de sa substance. Il conviendrait alors pour réparer cette insoutenable blessure, de « Voir le monde du regard de la fleur », le convertir en musique pour oublier que la terre un jour nous reprend et s’acheminer ainsi dans cet espace d’ombre et de lumière où ressurgissent d’anciennes mélodies…Il faut toutefois continuer à vivre, à avancer et proclamer que « rien n’était plus beau que le rire ». L’écriture tente de suturer l’absence, de porter en soi pour mieux la faire revivre celle qui s’en est allé : « Tes yeux sont comme un faux sur le revers de ma vie/Tu t’absentes et je suis là présente pour deux/papillon dansant sur le rebord de tes absences. » Des images s’imposent alors pour tenter de nommer la perte, de l’apprivoiser : « il me reste tes mains/tes mains seules » Il reste cependant un sentiment de fracture irréparable : « on ne ressent plus rien comme autrefois », « sous les feuilles l’absente fait un grand trou » Peu à peu toutefois surgit un certain apaisement : « Ainsi parmi les aubes, une autre fleur qui se lève, et l’unique, pour saluer, pour naître : une aile d’écume et d’oiseau » S’accomplit alors enfin ce long et difficile travail de deuil, avec le retour progressif de l’acquiescement à la vie, à l’amour tel qu’il s’exprime en fin de recueil en une vibrante et sensuelle adresse afin qu’en définitive ne soit pas le ce réel tranchant de la mort qui ait le dernier mot mais bien cette douce suavité de l’existence tel qu’elle ne peut se découvrir qu’à travers l’être aimé. Ainsi s’inscrit sous forme de marines ou de tableaux subtils une certaine forme de résilience : « Et puis les mouettes sur le désert de sable mouillé, muet comme au premier soir du monde, /muet de cris d’oiseaux ivres et solitaires./Derrière, c’était plus intime : des dunes dores sur un ciel d’encre percé de petits points brillants. C’était le baiser nuptial où la seule vérité qui vaille la peine d’être assumée se montre à nu, claire et vivante comme le baiser d’un homme et d’une femme. »

Extrait

On pourrait dévisager la route rien n’arriverait
Tu dors au sommet de toi-même tu dors
Aux coupures des arbres tu dors Ton sourire
Me fige
Au milieu du ciel et des fleurs inattentives.

Instable j’erre d’oiseau en oiseau
Tu es verticale et très grande tu coupes
Mon cœur en deux je pleure
Comme jamais je n’ai pleuré

Sans une larme
Immobile
Et penchée

J’ai dormi sous les arbres anciens, près des étoiles : il n’y avait pas de puits mais l’eau était profonde, semblable aux sources que, jadis, j’avais rencontrées dans mes rêves ou dans une vie qui m’échappait. (…)
Dans l’isolement du sommeil j’ai cru reconnaître la Beauté du monde : tu n’étais pas différent de lui. En t’aimant, j’aurais pu percer son secret. Mais il commençait à faire froid. Et nous sommes rentrés.

…le silence est le fruit caché de la parole

Odes de Victor Segalen

L’idéogramme est le fantasme du poète en son rêve d’une impossible plénitude. La calligraphie réalise ce mythe d’un langage pris à la lettre qui fait bord à l’inaccessible d’un savoir oublié, perdu entre terre et ciel :

« Ils dédaignent d’être lus. Ils ne réclament
Point la voix ou la musique. (…) Ils
N’expriment pas ; ils signifient ; ils sont »
 [1]

A travers son graphisme, le signifiant garde une trace de l’objet représenté, il ne s’efface plus devant le sens mais le sublime. En lui le monde se reflète comme un cosmos en réduction :

« Leur graphie ne peut être que belle. Si près
Des formes originales (un homme sous le toit
Du ciel – une flèche lancée contre le ciel, - les
Trois pics d’un mont). » [2]

La calligraphie emporte avec elle cette vision d’une langue qui ne serait plus arbitraire, où le fond et la forme seraient indissolublement liés : « Le japonais parfois, comme un art d’emprunt porté à son comble et sur la corde unique d’un viel instrument, réussit à ne faire plus jouer, dans de brefs récits, que la neige, une lettre, un lacet, ou quelque fétiche nommé d’un mot. Mais la poésie seule, vraiment inouïe, redevient « chinoise » comme je l’entends. » [3]

Ainsi, ce que Victor Segalen déclare rechercher en Chine, ce sont des formes esthétiques nouvelles dans l’espoir toujours renouvelé d’atteindre le noyau secret de l’être à travers cette mystérieuse figure de l’altérité qui hante ses poèmes : « Je cherche délibérément en Chine non pas des idées, non pas des sujets, mais des formes qui sont peu connues, variées et hautaines. »

A la façon d’une stèle, le recueil qui lui est dédié ne se contente pas simplement de l’évoquer métaphoriquement mais l’incarne dans la lettre même du poème et sa présentation. Le texte se déplie et se dresse à la verticale tout comme celui de Peinture se déroule comme une estampe dans la plus pure tradition chinoise.

L’idéogramme apporte avec lui comme une vision de l’absolu mais seulement à la façon d’un rêve. Il n’est pas le mot définitif mais bien au contraire attire le poète à la mesure même de l’énigme qui semble l’habiter. Comme l’écrit G. Macé : « la fascination devant la langue la plus étrangère est parente encore du premier éblouissement devant le poème : offert et chiffré lui aussi. » Il semble plus proche en cela du rébus à déchiffrer que d’une quelconque vérité. » A l’image de ces signes chinois encartés dans les poèmes de Stèles qui sont l’illustration même de ce « Nom caché » qu’évoque Segalen :

« Celui-là même qui en tant que mot de la fin ne peut s’atteindre que dans la mort et doit donc à jamais demeurer celé, encrypté sous la voûte de nos désirs : « Quand le vide est au cœur du souterrain et dans le souterrain du cœur, -où le sang même ne roule plus, - sous la voûte alors inaccessible se peut recueillir le Nom. Mais fondent les eaux dures, déborde la vie, vienne le torrent dévastateur plutôt que la Connaissance. » [4]

Comme nous l’indique un autre écrit de V. Segalen, Ode, le Réel, c’est l’indicible même. On retrouve dans ce poème, cette fonction symbolique de l’idéogramme qui vient représenter l’inaccessible même du désir. Loin d’être un simple ornement exotique, il est l’objet poétique par excellence. Toute poésie n’est-elle pas par définition une langue étrangère dans sa tentative désespérée d’atteindre tout l’infini et l’inconnu du monde ? Ainsi ce texte semble être tout entier construit autour d’un signe, le caractère « Ciel » qui est, selon Segalen, l’un des plus purs et des plus beaux :

« Un homme, jambes déliés et souples, les bras tendus horizontaux sous l’implacable trait plus haut que lui qui le limite ou l’écrase. C’est ce trait, ce dôme, cet arrêt, cette voûte, ce toit du monde, de toit du front que le poète a prétendu percer. » [5]

L’essence et le projet même du poème se trouvent donc ici résumés en un seul trait, une image tout à la fois picturale et métaphorique.

Dans la tradition chinoise, selon F. Cheng, la composition d’un poème est régie par la recherche quasi mystique d’un mot clé appelé Zi-Yan « mot œil » qui, en « éclairant d’un coup tout le poème nous livre le « mystère d’un monde caché ». [6] Le « Zi-Yan » du poème Ode est donc ce caractère et cette figure du Ciel que Segalen a mis en page sous forme d’un dessin placé au début du texte, avant même la préface qui en propose un commentaire. Il est divisé en deux parties séparées par une sorte de grille. En bas, d’une main s’échappe une larme et une flamme, en haut un homme agenouillé est représenté :

« La barrière est la limite des deux mondes de l’Oblateur et, celui qui reçoit. Elle est hérissée, menaçante mais entr’ouverte. Elle permet cet appel et ce passage au Lieu supérieur. Là-haut, dans ce lieu, un être nu (l’Offrant) s’agenouille devant quelqu’un de plus haut que lui (souffle, esprit, moment, présence aimée ou repoussée). Ce quelqu’un est nu lui-même et tout s’accomplit. » [7]

Ainsi dès l’orée du texte, tout est déjà presque dit à travers cette calligraphie dont il semble n’être que le simple prolongement. Pourtant pour Segalen, ce poème n’est pas une peinture comme Stèle mais un chant « éphémère et périssable ». Car en fait ce qu’il tente de nous faire partager en une sorte de jaillissement incantatoire, c’est cette magie d’un simple instant où tout nous a semblé être possible, où le temps même s’est arrêté pour laisser place à l’extase. C’est autour de cet éclair de sens que gravite le poème qui retombe aussitôt, impuissant à retenir ou à traduire cet ineffable et pur vertige :

« ni battements, ni tablatures, ni mètres officiels, ne contiennent l’indicible qui exige alors d’être dit : l’ode naît. Mais, à peine : elle est disparue, laissant un vide, une chute, une dérobée ; laissant dessous elle le cinglement d’un coup, -ce sillage épuisant. Il y a eu la montée et l’éclat, - le Mot. Et puis soudain le silence, la torpeur, la nuit sans nouvel espoir, sans sommeil. Rien ne retient et ne fixe. Rien d’un accomplissement. L’Ode, qui fut ; s’est enfuie ; n’est plus. » [8]

Au-delà du mot suscité par l’émotion qui est feu et larme à la fois, il y a toujours un reste inqualifiable et opaque qui résiste à toute tentative de signification. Mais c’est ce manque même ou cette absence qui donne au poète la liberté de chercher et de créer, d’inventer ce Réel qui ne peut se décliner en aucun alphabet terrestre. Tout le propos poétique de Segalen se trouve ici défini de façon lapidaire. Ainsi écrit-il dans une lettre à Jean Lartigue du 10 février 1917 :

« L’idéal de la poésie restera une intuition inexprimable qui s’accumule en silence et se fait voir sans qu’aucun mot ne soit prononcé. »

Comme une partition, le poème va crescendo puis retombe et se referme sur le mystère de ce qui fut à peine entrevu. Il gravite autour de paliers successifs qui nous décrivent le chavirement d’une âme qui veut croire à cette figure de l’absolu que Segalen ne nomme pas mais invoque seulement :

« (…) on évoque : on interpelle de bas en haut, quelqu’un, Celui-là : un souffle, un esprit, une figure imaginaire, un moment, une présence aimée ou repoussée, - le ciel enfin. »

Ce caractère « Ciel » reste donc indécidable. Seule demeure, dans la partie intitulée « Prière au Ciel sur l’esplanade nue », la trace d’un chemin qui nous décrit en un mouvement de balancier les errances du poète qui passe du doute à la résolution, de la contemplation à l’attisement, de l’extase à la méditation avant de chuter. Le poème nous maintient dans l’attente, au bord même d’une révélation qui ne dit pas son nom mais qui se présente comme l’expérience d’une jouissance illimitée, presque dévastatrice :

« Comme le noyé affleurant l’autre surface
Mon front nouveau-né vogue sur les horizons.
Je pénètre et je vois.
Je participe aux raisons.
Je tiens l’empyrée, et j’ai le Ciel pour maison.
Je jouis à plein bord.
De tous mes esprits. J’imite
Mes sens élargis au-delà des sens, plus vite
Que l’esprit, que l’air. Je me répands
Sans limites,
J’étends les deux bras ; je touche aux deux
Bouts
Du Temps. »
 [9]

L’homme, sous peine d’en mourir, ne peut se maintenir longtemps à une telle hauteur. La médiation ne peut se faire sans le véhicule de ce corps terrestre qui est précisément ce qui fait obstacle à la fusion, tout comme le signe ne pourra jamais être le Tout de l’Univers :

« Voici la rançon et la médiation rude ; (…)
Vertige alourdi de chairs et de sang terrestres.
Inanité de
Voler si haut sans appât :
Vautour pris au bleu ; agonisant sans trépas ;
Couper les liens ? Un géant n’oserait pas.
-Et puis tout s’écroule, et puis tout est clos et morne.
Le jaune reprend. Je suis à genoux. A plat
Ventre, les yeux lourds, les yeux vides sans
Éclats,
L’esprit épuisé, le cœur essoufflé d’un glas. »

En une sorte de circularité, le poème se referme sur la répétition de la première strophe de la séquence simplement modifiée d’un vers sans que l’on sache si « véritablement » l’expérience fut vécue :

« - Véritablement il a été que tu fusses,
Chang-Ti Souverain, Seigneur Ciel au Temple
Clair,
Qu’on dit étreignant le bol renversé de l’air
De ta majesté d’azur de jade et de fer. » [10]

Ce doute est inhérent à cette humaine condition d’exilé du ciel qu’à l’orée du poème, un simple idéogramme avait suffi à évoquer. Peut-être ce « Lieu supérieur » auquel aspire le poète n’est-il que la figure simplement inversée de la terre qui, en une sorte de théologie négative, définit à contrario ce qu’il ne saurait être :

« Ce Lieu supérieur est rempli par quelque
Chose de différent de tout – qui participe à tout,
Que jamais on ne pourra connaître : quelque
Chose d’infiniment Autre. Et sait-on parfois si
La barrière entr’ouverte ne s’est pas soudain
Refermée ? (…) Si la Voix porte ? (…) Si le
Lieu supérieur n’est pas le mirage seulement,
Tête en bas, du lieu d’en bas ? – Car rien de
Ceci n’est réversible -Il n’y a pas de
Répons. » [11]

Ce vide du ciel qui ne répond pas, du nom caché, est ce qui permet en fait à l’homme de s’inscrire dans le cycle d’un univers en perpétuel devenir. C’est pourquoi seul compte le rythme et la scansion des mots, leur flux et leur reflux car c’est ce qui nous permet d’épouser au plus près ce principe cosmique où il n’y a plus d’oppositions mais simplement des complémentarités : le manque est nécessaire à la plénitude, le même s’éprouve à travers l’Autre et réciproquement… Cette médiation n’est rendue possible que grâce à cette blancheur au cœur de toute chose qui nous ouvre à l’infini du désir :

« Le Vide-médian transforme le sujet
En projet, en ce sens qu’il le projette en avant de
Soi, tendu toujours vers l’inattendu, vers
L’inespéré, c’est-à-dire vers l’infini. » [12]

De sorte qu’en définitive si Segalen semble admirer dans un premier temps le caractère profondément figuratif de l’idéogramme, il ne l’emploie paradoxalement dans ses poèmes que comme le symbole de l’indicible même. L’écriture calligraphique est ce qui vient border le texte d’un halo de mystère et, d’une certaine façon, l’annule en ruinant toute velléité de certitude. En inscrivant au cœur même du poème des fragments d’illisibilité, il participe à ce processus de déconstruction du sens ou d’effacement de la représentation si caractéristique de l’œuvre poétique de Segalen :

En puisant dans ce réservoir de signes inédits, il s’ouvre à l’inconnu de la langue et du monde pour créer des formes esthétiques nouvelles. De la même façon, R. Barthes, quelques décennies plus tard, écrira dans L’Empire des signes : « Le rêve : connaître une langue étrangère (étrange) et cependant ne pas la comprendre (…) connaître, réfractée positivement dans une langue nouvelle, les impossibilités de la nôtre ; apprendre la systématique de l’inconcevable ; défaire notre « réel » sous l’effet d’autres découpages, d’autres syntaxes ; découvrir des positions inouïes du sujet dans l’énonciation, déplacer sa topologie. » [13]

L’idéogramme aimante donc le texte de Segalen à la mesure de la charge fantasmatique qui l’entoure. C’est en quelque sorte la lettre de son fantasme, le chiffre secret de son désir. La calligraphie est cette écriture du ciel qui délimite le territoire de l’inconnu en faisant bord entre l’imaginaire et le Réel.

Extrait de Le ravissement de la langue : la question du poète, Paris, L’Harmattan, 2008

Jean-Pierre Siméon – Une théorie de l’amour – Paris, Gallimard, 2021

Cette « théorie » de l’amour que nous propose J.P. Siméon en ce recueil n’a en réalité rien de théorique… position qu’il soutient avec ironie précisément dans la préface car comme il s’en explique « La vérité est qu’aujourd’hui plus que jamais sans doute la pensée du monde, de la vie et de ses circonstances, otage des manichologues en tout genre, s’asservit pour notre malheur à la souveraineté d’une abstraction qui s’épargne les démentis du réel. Seule objecte à mes yeux à cette emprise délétère ce que la poésie depuis toujours fomente : une compréhension des choses non surplombante mais impliquée, sensuelle assurément, qui a aussi pour moyen la main et le pied. La pensée dans le poème a du corps enfin, et c’est le corps du monde, et c’est le corps de chacun. En quoi elle s’accroît d’un souffle, d’un rythme, d’un dynamisme, pulsations du sang et du vent. Le poème réchauffe le concept et soumet ma pensée au vivant contrordre que recèle la liberté native du réel. Mouvement perpétuel, mort du dogme. Il est temps de repenser poétiquement la vie. »
Ainsi aimer serait le contraire de penser, l’antithèse même de tout savoir et s’oppose en sa sensualité corporelle à la froide abstraction : « Que nous importe une pensée qui ne trouverait pas sa loi dans la chair exténuée du plaisir ? Pensée froide, pensée sèche, et plus grave encore, pensée qui ignore sa fatigue. » En des strophes magnifiques se déploie la saveur d’aimer : « Pourquoi inexplicablement un regard épousé par l’amour a-t-il une saveur, une saveur pour de vrai ? Un goût, comment dire ? d’arbre penché sur la rivière de l’été… »
L’amour en quelque sorte nous conduirait à faire l’expérience d’une sorte de dépossession ou d’oubli de soi bienheureux, où on épouse les contours de l’autre, où l’on se déprend de soi : « On ne vit le plus souvent qu’à la surface de soi-même. Puis on aime. Alors on se déprend de soi comme d’une neige : soi-même à la surface tombe, fond et bientôt court avec les rivières. Ne reste que ce qui peut aimer : un autre. » Ce dénuement intérieur permet alors de « devenir innombrable », de se démultiplier… C’est également un fin exercice d’équilibre où il ne faut « ni peser ni se dissoudre en danse d’abeilles » mais trouver la bonne distance et tenter de « demeurer l’étonné du premier baiser. », de trouver enfin ce que l’on ne cherchait par une grâce inespérée, de « donner corps à un mystère » lequel serait « d’éprouver un dehors au plus profond de soi »
Pour J.P. Siméon en définitive qui marche sur les sillages de R. Juarroz, poésie et amour finissent par se confondre : « Au-delà de certaines limites, la pensée et l’amour sont presque la même chose. La poésie le sait et le montre. » Le poète devient ce « chercheur de ruisseaux » cher à Rûmi dont le poème est le chant, car « aimer ne peut-être que poésie », retour à la source perdue. C’est également une forme de la question qui restera toujours sans réponses car répondre serait mourir, la vie ne se relançant que de mystère, d’incertitudes et de manques. De sorte que l’amour serait ce qui subsiste de la vie en nous… au-delà de toute fatigue… au-delà du temps lui-même et ainsi il serait ce qui nous ouvre à une dimension autre… objet ultime de toutes les métamorphoses. On passe alors de l’amour pour un être incarné à une dimension plus universelle de l’amour sur laquelle se termine ce recueil aussi incandescent que le sentiment qu’il décrit… : « Il y a une eau, je ne sais pas, comme une eau de source au-dessus de chaque être – et la percevoir ce serait cela être en amour. »

Extrait

Aimer ne peut-être que poésie
L’amour nous fait chercheur de ruisseaux
Dont le poème est le chant
Un feuillage de métaphores bruit
En chaque baiser
Aimer ne peut-être que poésie
Qui enchante un destin
De quels ruisseaux perdus
L’amour est-il le nom ? »

Ne jamais être l’assis de sa vie
Précepte simple mais violent
C’est comme : que se répande en nous sans cesse
Le vol des oiseaux !

Telle est précisément
La violente demande de l’amour

Un poème donc
Qui fait récit d’un corps
Jardin de souffles et de gestes affranchis
Et nous monterions jusqu’aux étoiles
Pour accompagner son sommeil
Et nous donnerions toutes les sources
Pour boire à ses seules lèvres

Le rejoindre
C’est être enfin au sein du temps hors du temps
Au cœur des choses hors des choses
Et peut-être est-ce là
La définition ultime de l’amour


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Notes

[1V. Segalen, Stèles, Paris, Mercure de France, 1982, p. 38.

[2Ibid, p. 38.

[3G. Macé, Un détour par l’Orient, Paris, Gallimard, 2001, p.44.

[4 Stèles, op. cit., p. 268.

[5V. Segalen, Ode, Paris, Gallimard, 1986, p. 35.

[6F. Cheng, L’Écriture poétique chinoise, Paris, Seuil, 1996, p. 17

[7V. Segalen, Ode, op.cit., p. 24

[8V. Segalen, Ode, op. cit., p. 23

[9V. segalen, Ode, op. cit., p. 34

[10Ibid, p. 35.

[11V. Segalen, Ode, op.cit., 1986, p. 25.

[12F. Cheng, L’écriture poétique chinoise, op.cit., p. 139.

[13R. Barthes, L’Empire des signes, Paris, Flammarion, 1980, p. 11.



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