Une voix m’interpella par mon nom, mon nom secret, celui que m’a donné la pierre du ruisseau.
Sur elle je m’asseyais, souveraine des eaux.
Dans l’éparpillement des ombres et des reflets, j’attendais d’être source ou bien oiseau.Je la voyais, peau de pétales fanés, doigts vibrants comme des papillons.
J’entendais la musique de son souffle, de sa voix d’autrefois.
Je restais immobile jusqu’à déplacer les arbres, devenir mésange ou morceau d’émeraude. Je m’habillais de vent, d’écorces fines et du soleil des après-midis d’automne.
Elle était recroquevillée, fragile et endurante, hampe sèche de fougère avec un éclat, une lueur venus de sa mémoire.
Je déposais ma main sur le rocher blanc, je caressais les mousses, dessinais des cercles fins, des arabesques, des entrelacs de lettres inconnues. Je parlais avec le soir et il me répondait.
Sa petite tête frêle s’appuyait sur sa paume. Je ne savais si elle s’était endormie pour retrouver son rêve ou si sa mémoire était en repos.
A l’aube, un jour, j’ai reçu une visite. Derrière moi est apparu un cerf, majestueux. Nous étions seuls dans la lumière. Il a prononcé tout bas mon nom, mon nom d’eau vive, et j’ai su alors qui j’étais.
Elle a tout inventé. Je la crois désormais.
Pour en savoir plus sur l’Atelier des Monteils, lire l’interview donné par Marc Granier ici : http://www.terreaciel.net/Atelier-d...