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Geneviève Guétemme & Heather Dohollau : lire la poésie en dessinant

vendredi 3 avril 2015, par Sabine Huynh

HEATHER DOHOLLAU (1925-2013)

Heather Dohollau, originaire du Pays de Galles, a passé cinquante années de sa vie en Bretagne. Elle écrivait ses poèmes en français, à la grande admiration de ses amis Louis Guilloux, Pierre Jean Jouve et Yves Bonnefoy, pour ne citer qu’eux. Les éditions Folle Avoine (dirigées par Yves Prié) ont publié la totalité de son œuvre poétique, à commencer par le recueil La Venelle des portes (1981).
(portrait de Heather Dohollau à Cambridge : G. Guétemme)



GENEVIÈVE GUÉTEMME

Artiste et maître de Conférences à l’Université d’Orléans (France). Elle mène un travail de recherche sur la poésie française contemporaine et a produit plusieurs livres d’artistes en collaboration avec des auteurs vivants.

Sélection de livres et articles produits avec des poètes contemporains :
• Un choix de mots, Folle avoine, Bédée, 2002
Poèmes de Heather Dohollau avec des dessins de G. Guétemme, édition limitée.
• Cambridge pieces, Texte de Heather Dohollau, photographies et dispositif de Geneviève Guétemme, boîte de 28 cartes, 2005.
• Charges, Livre pauvre, coll. N+1, dir. Daniel Leuwvers, Tours, 2007
• Heather & Cerisy, Portes, chaises, panneaux, Blurb, 2009.
• Toul est courbe comme le monde, Poèmes de Bernard Vargaftig avec des dessins de Geneviève Guétemme, Blurb, 2009.
• Apples and chairs, Tea time at Grantchester, Blurb, 2009
• « ‘Passant de la lumière’ : un texte photographique de Béatrice Bonhomme », French Forum, acts of the Conference « Poetic practice and the practice of poetics in French since 1945 », London-Cambridge, 16-17 July 2010, Vol.37, Nos1-2, 2012, p.195-210.
• « Au Seuil du texte », in Cherchez la femme : Women and Values in the Francophone World, Cambridge Scholars, 2011.

Elle mène également un projet artistique sur la mobilité, à la limite entre photographie et sociologie, image et écriture : « Follow the fellow ».



Cartes postales inédites

Peintures : Geneviève Guétemme.
Textes poétiques : Heather Dohollau.



Heather Dohollau – Impression d’artiste, par Geneviève Guétemme

J’ai frappé pour la première fois à la porte de Heather Dohollau en octobre 97. Nous devions discuter d’une lecture qu‘elle devait faire à l’occasion d’une exposition sur les îles, mais nous avons vite parlé d’autre chose.
Pendant les trois ans que j’ai passés à Saint-Brieuc, je suis venue m’asseoir toutes les semaines sur le petit canapé rouge de son salon. Nous avons parlé lectures, peintures, recherches. Nous avons partagé des souvenirs de villes italiennes et avons fait des projets, le tout arrosé d’un doigt de whisky irlandais – en hommage à Beckett !
Nous ne parlions pas spécialement de sa poésie que j’ai commencé à la lire doucement, à ma façon, c’est-à-dire en dessinant. J’ai choisi des phrases de différents recueils et les ait insérées dans des collages de papiers colorés, de format « carte postale ». Je n’avais jamais « illustré » de poésie et jamais fait de choses aussi petites. Il me semblait nécessaire de pouvoir tenir les dessins, comme les recueils, dans le creux de la main. La luminosité des couleurs, l’ambiguïté tactile des figures-paysages me sont apparues comme une évidence. Heather a aimé ces cartes et m’a fait lire des textes qu’elle avait écrits en pensant à des tableaux. Puis elle m’a proposé de faire une série d’images en regard de douze mots : c’était le début d’Un Choix de mots.
Elle m’a remis douze feuillets avec douze poèmes aux mots-titres emblématiques de son univers poétique : maison, poussière, olivier, jardin, ocre, ciel, roc, enfant, automne, lumière, mer, retour. Chaque texte rappelait ses séances d’écriture dans sa chambre, baignée de lumière du matin et j’ai perçu l’ensemble comme une somme de paysages. J’y ai lu ses émerveillements, son immense culture et tous ses enfantements. J’ai eu beaucoup de mal avec le mot « enfant » justement. Elle essayait de me décrire sa surprise de jeune maman découvrant les mains délicates et parfaites de sa première fille. Elle voulait une image qui contienne toutes les images !
Les couleurs des cartes postales jouaient déjà sur un écart entre l’espace du spectateur, le plan de l’image et un au-delà de l’image. L’encre noire a eu cette capacité de contenir la profondeur lumineuse de l’univers d’Heather. La superposition des coups de pinceaux a produit des variations de surface. Le dessin ancré sur la page – en partie délinéé au calame pour l’enclore et l’accrocher davantage – s’est ouvert sur des creux que j’ai voulu rendre blancs et noirs, inaccessibles et soyeux.
Chaque dessin était observé et discuté avec Heather qui en acceptait d’emblée certains – l’olivier, le jardin, le retour – mais en refusait résolument d’autres : la lumière n’était pas assez incisive, les rochers trop durs… Heather n’a jamais imposé sa vision. Chaque remarque m’ouvrait à l’espace de ses mots. L’idée était d’entrer en contact et le travail méticuleux de l’éditeur Yves Prié a très précisément matérialisé l’épaisseur de cet entre-deux. Le choix du papier épais et crème et le système de feuillets ouverts et tactiles est venu naturellement mettre en relation des mots apparemment sans rapport avec des dessins qui s’y rattachent et s’en écartent en même temps. Les mots, les dessins et les feuillets, mais aussi Heather et moi-même, nous sommes retrouvés ensembles, en attente du lecteur.
Cette expérience a généré d’autres travaux avec Heather : Cambridge pieces et Heather & Cerisy où cette fois la photographie s’est imposée. Elle m’a également permis d’entrer en contact avec d’autres auteurs et j’ai été conduite à d’autres collaborations : avec Bernard Vargaftig et Béatrice Bonhomme par exemple. Ce travail continue et actuellement et de nouveaux croisements entre textes et images sont en cours.



Un choix de mots , éditions Folle Avoine, 2002 (épuisé)

Merci à Yves Prié, directeur de la maison d’édition Folle Avoine, d’avoir autorisé Terre à ciel à reproduire des extraits d’Un Choix de mots.



Page préparée avec la complicité de Sabine Huynh.


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1 Message

  • I can read/speak French but I feel more comfortable writing in English. I have always been more interested in prose than poetry but I am getting more into poetry, especially through a local writers’ group where we read poetry.

    I read, savour and think about the verse. I re-read and I see something different the second time round. Having illustration really enhances the verse because my mind takes another journey among the colours, the contrast, while the words filter back through the paint lines.

    A really interesting combination.

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