Trio boulons
à S. G-L.
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Le soleil projette l’ombre des boulons sur un incertain cadran solaire
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Combien de matin ?
Combien, avec leurs chaussures de sécurité, construisant les grues ?
Combien, silhouettes bleues sous le casque jaune, ou vert ?
Et combien de tours de clef ?
(é-crrou, é-crrou, é-crrou, é-crrou, é-crrou…)
Combien de soirs, retour fatigué, toute sève donnée ?
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Les pièces alors brillaient d’un éclat neuf
et les bords parfois tranchaient un bout de peau boucanée
Machines cannibales, asséchant les corps
Machines possessives
Bras creusant le ventre des navires
Nourrissant la faim d’autres machines
Dévorant d’autres hommes liés par des rails scarifiant la terre
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Ils sont depuis longtemps partis
Mais leur travail est resté
Plus loin, d’autres paient leur tribut à ces géants d’aciers
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Marques
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Sur la planche
un khôl farde les courants
du fleuve caché
Large bleu-dur, au pochoir
la voile raidie par le sec
Traits noirs à gros grains
l’orient que la courbe souligne
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Nord ou sud
A ou G
Les nœuds du bois observent l’énigme
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De nos laisses
reste le silence
le temps compté
et si vite l’oubli
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L’imperceptible glissement vers l’effacement
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Ateliers Joseph Paris – Les gants jaunes
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Les gants jaunes
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L’équilibre
le fragile
le mouvement juste avant
avant le posé
Se souviennent - gardent forme
attendent
Flou, derrière
ce qui déjà passé
Doigt tendu vers
le dé-
part
ce qui devant vient
l’a-
venir
Pont
tendu DANS le présent
Pour
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Gants pour mains
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Maintenant
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Photographies argentiques d’Isabelle Louineau, Trentemousine du quai de Loire, Port de Nantes (2003, 2007, 2010), Port de Brest (2006), Port de Concarneau (2010).
Textes de Roland Cornthwaite, Nantais, Septembre 2011 - Février 2013