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Joël-Claude Meffre - Livres d’artistes - Entretien avec Cécile Guivarch

samedi 5 février 2022, par Cécile Guivarch

Entretien avec Cécile Guivarch

Cher Joël-Claude Meffre, le livre d’artiste, qu’est-ce que cela représente pour vous ? Qu’est-ce que cela vous apporte au niveau de la création ?
Ecrire en pensant la peinture, en quoi écrire et peindre s’accordent ?

Réaliser un livre d’artiste c’est avant tout éprouver le plaisir qu’il y a à concevoir un objet unique, singulier, témoignant d’une expérience de rencontre entre deux êtres mus par un même désir : celui de conjoindre leurs sensibilités, leurs ressources émotives, au service d’un projet rassemblant une expérience de création dans une totale liberté d’approche. Cet objet rêvé est alors projeté au-devant de soi comme l’avènement d’une sorte de miracle : un livre réalisé en commun. Joan Miro, ne disait-il pas à ce propos « qu’il s’agit de participer à la réalisation d’un livre et non de l’illustrer. Un livre (s.e. d’artiste) doit avoir toute la dignité d’une sculpture taillée dans le marbre ». Un tel livre doit témoigner de trajectoires artistiques qui s’entrecroisent, se tissent entre elles, conduisant à l’avènement d’un objet affinitaire. Cela n’est rendu possible que si s’instaure une relation privilégiée entre deux créateurs, mettant en jeu, selon des liens subtils, des échos riches d’émotions esthétiques. Le texte (poétique ou autre et la plastique du dessin, de la peinture, du collage, de la photo) résonnent alors diversement dans l’écrin du livre porté au jour. Cela nécessite une sorte d’adéquation, une complicité entre les intervenants sur un terrain d’entente minimal selon des d’exigences éditoriales préétablies.

Le texte poétique destiné au livre collaboratif ne peut trouver sa nécessité, sa justesse, sa vérité, la forme de ses matériaux expressifs, que si certaines correspondances s’établissent donc avec l’univers de l’artiste créateur d’images (dont je suis censé connaître le travail pour l’avoir découvert, exploré antérieurement, préalablement), venant réfléchir les facettes de mon monde intérieur. Le poème (ou la suite de poèmes) pourra alors habiter la page blanche en côtoiement du dessin, de la peinture qui « enluminera » le futur livre. Mais si le poème, en son exister, s’offre en présence comme unité de sens déployée sur la page, cependant c’est le dessin, la peinture qui, le plus souvent, s’offrent aux regards en immédiate saisie, éclairant, magnifiant (mais aussi, possiblement, contrecarrant) avec plus ou moins d’efficience ce que l’écrit du poème, selon son mode d’apparaître sur la page, ne saurait d’emblée révéler de lui-même. En effet, lorsque le « visiteur » ouvre un livre d’artiste son intérêt est d’emblée porté sur l’image (le dessin, la peinture) ; ce n’est qu’ensuite que son attention se reporte sur le texte inscrit dans la page avant ou après, ou à côté de l’image. Ainsi donc, progressivement, l’ouvrage vient à délivrer son intimité, met à jour ses secrets et tout ce qui relie les mots de la langue en regard, en contrepoint, en emportement de la force émerveillante de l’image.

 

Atteinte au visage avec Michel Steiner

 

Comment se passe la rencontre avec les artistes ? L’acte d’écrire précède-t-il celui de peindre ou est-ce l’inverse ? Avez-vous besoin d’un dialogue, d’un échange afin qu’une collaboration s’installe ?

Le désir du livre d’artiste est précédé la plupart du temps par le plaisir de découvrir et rencontrer les artistes plasticiens dont je fréquente les œuvres, pour certains d’entre eux depuis de nombreuses années. Certains, qui m’ont demandé des textes de présentation pour leurs expositions ou leurs catalogues, ont aussi en même temps un attrait, un intérêt marqué pour la poésie et le « beau livre ». Il y en a même qui, parallèlement à leur pratique plasticienne, mènent à bien l’édition de leurs propres livres d’artistes, ayant à disposition les presses à imprimer, aimant les beaux papiers, ayant appris à façonner, relier les livres et concevoir des emboîtages. Mais avec d’autres artistes il faut trouver l’éditeur qui voudra bien réaliser un livre bibliophilique avec le poète ou l’écrivain. Suivant les cas, c’est l’artiste qui choisira le poète ou l’écrivain… En ce qui me concerne, c’est aussi souvent l’inverse.

Avec Bruno Roy (éditions Fata Morgana), avec qui j’ai réalisé quatre livres d’artiste (sans compter les livres d’édition courante), c’est moi qui proposais à l’éditeur le choix de l’artiste avec qui je souhaitais pouvoir mener à bien un projet de livre. Mais c’est l’éditeur, au bout du compte, qui décidait d’entamer ou non une collaboration.

 

Dans les souffles avec Jean-Gilles Badaire

 

Ventoux, montagne en mémoire avec Anne Slacik

 

Parmi toutes vos collaborations avec des peintres, est-ce qu’il y en a une qui serait particulière pour vous, et en quoi ?

Toutes mes collaborations avec des artistes ont été d’intenses moments d’enthousiasme et de joie. Cela tient à chacun des différents intervenants, dont est toujours magnifique la diversité des œuvres, des sensibilités, des trajectoires, expériences et histoires personnelles... Les plus exaltantes expériences que j’ai pu vivre dans ce domaine c’est bien avec Bruno Roy (décédé aujourd’hui) et sa maison d’édition, qui m’a permis de réaliser ces livres durant les années 2001 et 2010.

Parmi ces expériences, je peux citer celles qui sont le fruit d’une connivence particulière entre l’artiste et le poète. Par exemple, ce livre réalisé avec la complicité du peintre Jean-Gilles BADAIRE. Il s’agissait d’effectuer en commun une marche dans un paysage choisi dont nous frappe la force et la singularité de son relief, et d’en ramener des matériaux prélevés sur le terrain : le peintre, en dessinant des esquisses comme sur le motif, moi, en prenant des notes au cours de nos haltes. C’était dans les Dentelles de Montmirail, au pied du Mont Ventoux (ces mêmes lieux dont il est question avec le poème « Les Dentelles de Montmirail » de René Char, faisant partie du recueil « Le poème pulvérisé »). L’expérience sensible de cette marche a donc donné lieu au livre DANS LES SOUFFLES, avec trois peintures de Badaire, publié en 2009.

Autre exemple : avec le peintre Michel STEINER nous avons réalisé un grand livre d’artiste où il fut convenu que je pose devant lui, dans son atelier : il fit un portrait de moi au crayon, partant de l’idée que je souhaitais vivre cette expérience consistant à poser tout en fixant le peintre droit dans ses yeux et sans bouger. Cette expérience a ensuite donné les poèmes d’ ATTEINTE AU VISAGE (2004). Quant à la participation du peintre, elle a consisté à choisir pour les besoins du livre, un même modèle féminin qui posait nu. L’éditeur lui a demandé ensuite de dessiner trois planches originales par livre figurant ce modèle sous diverses attitudes (pour un total de 30 exemplaires numérotés), ce qui lui a donné plus d’un de travail acharné.
Dernier exemple, c’est le livre LIEU avec la graveuse Claire Illouz (qui nous a valu de recevoir le prix Jean Lurçat de l’Académie des Beaux-Arts). C’est en allant chez elle, en Basse-Normandie, en vue du travail pour ce livre, que j’ai remarqué des falaises blanches dressées le long d’une rivière. He bien, ce sont ces mêmes falaises dont il est question dans les poèmes écrits pour LIEU, et une des planches de gravure représente la forme de ces mêmes falaises… Voilà encore une réalisation liée à l’intériorisation d’une perception commune à l’artiste et au poète.

 

Dix poèmes sur les ronds noirs (autour des dessins sur panneaux de bois de Michel Barjol)

 

Et pour conclure, quels sont les projets sur lesquels vous travaillez actuellement ?

J’ai trois projets prévus en 2022 : l’un avec le peintre et graveur Dominique-Pierre Limon et un autre avec Jocelyne Clémente, artiste plasticienne établie à Saint Etienne. Il s’agit d’un projet de leporelli (dépliant) en quatre volets distincts ornés de sa main. Sur chacun j’inscris un court poème sur le thème du jardin. Le projet sera présenté en mars dans une exposition dans l’Indre. Enfin, j’ai un projet, à un peu plus long terme, avec l’artiste graveuse Florence Barberis.

 

Enchaînement avec Youl

 

Né en 1951, il est issu d’une famille de viticulteurs comtadins, il a passé son enfance en milieu rural et réside près de Vaison-la-Romaine. Retraité. Etudes d’archéologie et de littérature. Docteur de l’université. En 1978, les rencontres avec le poète Bernard Vargaftig puis, plus tard, avec Philippe Jaccottet , ont été déterminantes dans le développement de son travail d’écriture poétique. Son écriture est actuellement orientée dans une approche de géopoétique/cosmopoétique, selon la définition de Kenneth White.

 

Signe d’encre, avec Youl

 
Au début des années 1990, il découvre l’enseignement du soufisme. Il s’initie alors à la culture et la spiritualité du monde arabo-musulman. Puis il publie plusieurs essais sur le soufisme, notamment - sur la pratique du soufisme aujourd’hui (avec Faouzi Skali) ; - sur le calligraphe lirakien Ghani Alani ; sur le saint soufi Mansur al-Hallaj. Il est membre de l’association « Conscience soufie » (président Eric Geoffroy).
Il publie ses premiers livres aux Éditions Fata Morgana. Dans les années 2000, il noue des liens étroits avec des poètes et écrivains tels qu’ Antoine Emaz , James Sacré, Emmanuel Laugier, Hubert Haddad, Joël Vernet, Claude Louis-Combet, Jean-Baptiste Para, Michaël La Chance. Il écrit des notes de lecture pour la revue Europe. Il a aussi des échanges et des collaborations des écrivains tels que Pierre-Yves Soucy, le physicien cosmologiste Renaud Parentani, et les compositeurs Christian Henking et Gérard Zinsstag.
 

Dans la chambre du silence avec Simone Pellegrini

 
Joël-Claude Meffre s’intéresse aux artistes : ses complicités avec les peintres lui ont donné l’occasion de réaliser des livres d’artistes. À ces tirages limités, accompagnés d’estampes, il faut ajouter les productions monographiques de livres manuscrits à exemplaire unique ou tirages limités avec des inclusions de métal, de verre, de fibres. Il écrit des textes de commande pour les artistes plasticiens (catalogue, textes en ligne).

Il est membre de la Maison des écrivains et de la littérature ; il contribue régulièrement dans des revues : Europe, Revue de littérature alsacienne, N4728, Revue de Belles Lettres Suisses, Propos de Campagne, Revue Sorgue, Moriturus, Autre SUD, Conférence, Nunc, L’Étrangère, revue Nu(e), Triage, L’Animal, Faire part, Le Frisson Esthétique, Lieux d’Être, Osiris. Revue en ligne Recours au poème, etc...
Outre ses lectures de poésies, il manifeste un intérêt pour les groupes Protocole Meta avec Jean-Paul Thibeau.

Il est consultant pour les éditions Les Alpes de Lumière.
Directeur de publication de la revue de photographie en ligne TERRITOIRES VISUELS https://emav.fr/revue-territoires-visuels/
 

Le monde des filtres, avec Youl

Livres d’artistes
De la chaux sur les ombres, Fata Morgana, 2003, 24 p., peintures de Michel Causse.
Délivrée, Atelier des Grames, Gigondas, 2003, conception et réalisation de Bernard Souchière.
Dénouant, poèmes, Éditions de l’eau, Céret, 2002, manières noires d’Albert Woda.
Atteinte au visage (poèmes), dessins Michel Steiner, Fata Morgana, 2004, 24 p.
Trois poèmes heurtés, texte manuscrit, trois peintures de Bertrand Vivin, Editions L’Attentive, 2007.
Les derniers papillons ont soif auss…, 10 proses avec des peintures de Youl, Youl éd., 2008.
Dans les souffles, poèmes avec 3 peintures de Jean-Gilles Badaire, Fata Morgana, 2009, 24 p.
Ventoux, montagne en mémoire, poèmes, avec des peintures d’Anne Slacik, éd. Rivière, 2009.
Nue, la tombe, 14 poèmes avec une peinture et une conception de Béatrice Lacombe, éd. B. Lacombe, 2009.
Là où est l’arbre, avec des découpagesçà de Ian Tyson, Encres et Lumière, (édition de la galerie Eric Linard, La Garde Adhémar) 2010.
Deux ou trois îlots de neige, avec des peintures de Sylvie Deparis, SD Éditions, 201
Dix poèmes sur les ronds noirs, peintures et photographies de Michel Barjol ; boîte peinte par l’artiste contenant le livret. Édition de la Galerie Annie Lagier, 2010.
Filicrânes, avec trois encres d’Hervé Bordas, (édition de la Galerie Bordas, Venise), 2012.
Lieu, avec trois eaux fortes sur soie de Claire Illouz, Éditions Claire Illouz, Paris, 2012. Cet ouvrage vient d’obtenir le prix Jean Lurçat de l’Académie des Beaux-Arts, novembre 2013.
Dépliement, avec un dessin à l’encre de Michel Barjol, Propos2 Éditions, 2013.
Dans la chambre du silence, avec 3 peintures-estampages de Simone Pellegrini, et traduction italienne, Fata Morgana, 2013.
Cyprès, 5 poèmes avec une peinture originale en technique mixte sur intissé et plusieurs photographies numériques de Sylvie Deparis, éditions S.D., 2013.
Vers les puits, suite de poèmes, avec 2 peintures d’Hervé Bordas, Approches Éditions, 2013.
Dans la chambre du silence, dans Une semaine de silence, livre bibliophilique réalisé par Jean-Noël Lászlό, avec d’autres poèmes de Marie-Claire Bancquart, Jean-Paul Daoust, Antoine Emaz, Alain Freixe,Lionel Ray, Richard Rognet ; chemises gaufrées par Sacha Stoliarova ; sérigaphie 1 couleur ; 17 exemplaires numérotés. La Ciotat, 2018.

Livres objets
Sans cesse / tu en / visages, dans, Le livre l’autre, Atelier des Grames, Gigondas, édition 2004, (collectif).
Dix poèmes sur les ronds noirs, livre-objet avec une peinture sur panneau de bois de Michel Barjol, éd. Galerie Annie Lagier, L’Isle-sur-Sorgue, 2010.
Murmure d’Hallâj, livre-objet, couverture en verre de Laurence Bourgeois, livre manuscrit, 3 exemplaire, Montagnac, 2010.
Trompe-l’œil - Adieu aux lettres disgraciées, livre manuscrit dans un écrin de verre, Laurence Bourgeois, 2012.
A-ornos, poème manuscrit, orné par Alberto Zamboni, pliage carton, 2009
Lignes, traces, surfaces, Sortilège, trois photographies de Catherine De Clippel, Ferme des Arts, Vaison-la-Romaine, 2015.
• Collection de livres-objets manuscrits conçus par YOUL avec des peintures de l’artiste. Enchaînement, 2007, 3 exemplaires La livrée des signes, 2007, 3 exemplaires Sous la huée des vents, 2007, 3 exemplaires Signe d’encre, 2008, 3 exemplaires Notations sur l’ombre, 2008, 4 exemplaires Les mots errants, 2008, 4 exemplaires La ronde des filtres, 2008, 3 exemplaires Soleil sans feu, 2009, 3 exemplaires Triade, 2009, 3 exemplaires Chaque instant, 2010, 3 exemplaires Gîte, 2010, 3 exemplaires.

Textes sur les artistes plasticiens, photographes, écrivains
• « Vers l’ennuagement du monde » (sur le peintre Albert Woda), Catalogue Galerie Visconti, Paris, 2004.
• « En posant pour Michel Steiner, Remarques sur le regard », La revue Nu(e), 2007.
• « Sept poèmes offerts » (autour des œuvres peintes d’Albert Woda), Catalogue de la galerie Arthus, Bruxelles, 2008.
• « Offertes à l’homme du texte », in Visions, Visitations, Passions, Hommage à Claude Louis-Combet, Éditions De Coulevour, 2008.
• « Sur la peinture d’Alberto Zamboni », Catalogue de la Galerie Carzaniga, trad. en allemand et italien, Bâle 2010.
• « Poème-affiche à propos du film de Hannes Schüpbach, « Contour », traduit en allemand par E. Frey, Zürich, (conception H. Schüpbach), 2012 »
• « Une humanité de tôle », Catalogue des œuvres du sculpteur Julien Allègre, 2012
• "Anamnesis, initiatory for artist Haythem Zacharia, Goodman Gallery, Johannesburg, 2015 (texte en ligne) ; http://futurelabafrica.org/events/
• « Notes sur quelques œuvres d’Haythem Zacharia », Paris, 2015 ; http://www.haythemzakaria.com/text/notes-sur-quelques-œuvres-de-haythem-zakaria/
• « Théopolis » : texte de présentation sur l’œuvre photographique du photographe Philippe CALANDRE, 2017
• « Mains et corps dans l’œuvre sculptée de Davide Galbiati » ; (texte de catalogue), 2017.
• « L’instant d’un geste », texte sur l’œuvre peint d’Annick Reymond, Catalogue 2017
• « Notes sur l’œuvre peint de Jean Chollet », texte inédit, 2017
• « Des sculptures tombées d’une étoile », texte pour un catalogue de Julien Allègre, 2017.
• « La force introspective du dessin », texte pour un catalogue de Julien Cassignol, 2017.
• « Gustave Roud et l’éternité des grandes routes blanches », dossier Gustave Roud, dans : les carnets d’Eucharis ; 2018, pp. 45-47.
• « Les sculptures de Dominique Coutelle : un rêve d’espace et de liberté » ; catalogue de l’artiste, 2018.
• « Forêt de pinacles : une poétique de l’ensemencement », texte pour l’exposition « pinacles » de l’artiste Anaïs Lelièvre, cloître des Augustins, Toulouse, 2018.
• « Yan Morvan, BKK », 12 photographies", in Territoires Visuels V, 2019.
• « Photographies-souvenirs constructions/déconstructions », à propos de Abd el Ghafour Essafi in territoire Visuels VII, 2020
• « Dériver vers l’imaginaire », à propos des photographies d’Agnès Fornells, in Territoires visuels VIII 2020
• « La pensée de la lumière dans l’architecture religieuse », dans : Les vitraux de la cathédrale haute de Vaison-la-Romaine, Fondation Pierre Gianadda, Martigny, Suisse, 2020, pp.95-99.


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