Roselyne Sibille a découvert les sculptures d’Yzo lors d’une exposition à la galerie du Bourdaric à Vallon Pont d’Arc en Ardèche. Elle a écrit, en écho à ce travail, le poème que vous trouverez suite aux photos ci-dessous.
Renaud Vincent, le galeriste et éditeur de bibliophilie (Les éditions du Bourdaric) a réalisé trente exemplaires d’un livre dont Yzo s’est emparée pour faire, sur chacun des exemplaires, des interventions plastiques différentes. Elle a ciselé, percé ou griffé le papier, gravé à l’encre, utilisé résine, rouille et découpes.
De ce numéro 20 de la collection « D’un jardin à l’autre », il a été tiré 30 exemplaires imprimés en édition originale sur papier vélin reina 300 g. tous signés par les auteurs.
Quelques photos parmi toutes celles qu ‘il aurait été possible de vous montrer :
On arrache la paille incompréhensible du monde
la jette ___ avec force ___ dans l’incendieOn calcine l’attente avec les cauchemars
On emplit les bidons des orpailleurs d’espoir
forge des réminiscencesOn érige avec acharnement ce qui ne peut se dire
On ouvre des interstices
des fissures fêlures et déchirures
On guette l’obscurité
On soude les rameaux ___ les aide à s’enlacer
Les volubilis enserrent avec obstination ce qui est délaissé
On persévère dans l’incombustible
Tout peut être à ce point mort ou vivant
On invente des pointillés de lumière pour l’autre côté du réel
On écoute les ciels du matin pour se reposer des orages
On ne sait pas ce qu’il adviendra
On crée précisément du lierre sur les piliersToutes les géométries sont emportées dans les naufrages
On imagine des passerelles et des volutes
On observe ce qui résiste
On attend que décroisse la fureur du feu
On décide on s’engage
On pose nos incertitudes sur les vaguesL’odeur de la mer se mêle à celle des plantes sauvages
On voit des barques sur la plage et la tempête
On aimerait des rituels d’urgence et de survie
On voudrait tout emporter plumes cendres feuilles et sable doré
On descend on s’agrippe
On devient algues ___ lichens ___ coraux peut-être
On a peur bien sûr ___ on le sait
les nénuphars ont presque fini d’envahir l’étang
On est laminés par l’implacable
On danse encore un peu
On attend les bourgeonsOn cherche à entendre ce que disent les yeux des arbres
On étale ___ allège ___ arrondit
On atteint le bord rouillé de l’existant
On se jette en avant ___ bras tendus vers l’inconcevable
On regarde le vol des oiseaux qui tournent tous ensemble
le ciel blanc au-dedans
On voudrait s’envoler
Hérissés d’appels ___ on regagne un abriOn aspire aux racines aux certitudes à la respiration
On croit encore à quelque solidité des grottes
aux aventureuses échappées ___ au goudron qui se fige
On continue à vivre
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