Histoire d’Iris
J’avais demandé à Bruno de filmer une « lecture », mais Bruno me l’avait refusé, désirait plutôt et éventuellement collaborer à une œuvre filmique-poétique (lui-même ex-auteur de bd, photographe et cinéaste animalier), en elle-même. Dans un ensemble de textes de moi qui s’appelait « ciels », il a trouvé un passage… sur Iris, auquel j’ai joint un autre passage et nous sommes partis sur ces quelques pages dont j’ai modifié le cours et le mot en même temps que nous trouvions des correspondances à mes lignes sur les plans image et voix off et textes en incrustation et écrits ou lus par moi… acteur (l’écrivain ou poète du récit). Au fur et à mesure, selon nos plans-synopsis de plus en plus détaillés, tels que dans l’intérieur du texte, Bruno a filmé éléments (comme eau, ciel, récurrents), plans intérieurs.. et particulièrement, à partir d’un dessin de moi (filmé), il a composé plusieurs passages d’animation (énorme travail… du graphiste). Nous avons adopté des séquences imprévues (2 journées de neige sur un plateau, filmées par Bruno, donnèrent des correspondances inespérées avec le récit) ; la musique, choisie par moi dans diverses œuvres de mon frère, Jean-François Estager, s’est intégrée… Et au-delà : nous avons trouvé tel son isolé au moment d’un bond du chat Baba et nous avons élaboré de telles simultanéités sonores et visuelles (eau…). La fin du film devant être un chant, j’ai composé toute une nouvelle « Iris » pour une musique que Peter Klencke a composée et chantée… Au total, travail en commun avec tel logiciel très perfectionné… Bien-sûr essentiellement travail de mises au point de Bruno. Le film s’est décidé durer 32 minutes… Nous-mêmes, et des spectateurs dans des projections nous ont parlé dans ce sens, sommes convaincus que le film était, par toutes ses correspondances… ou oppositions, « à revoir au-delà de voir »… dans son cercle…
Jacques Estager
le vent ne les touche pas :
transparent aux pas de la reposée dans la brise déjà : les corps,
les corps, les corps
on ne voit pas, on est leur, qu’ils sont nus,
le sien, Iris, qu’il n’est en robe bleue
mais déjà nue Iris
il est
d’entre les blés immobiles, blés immobiles !
le vent
de très vastes chemins,
Iris perdue blanche dans la soirée robe déchirée bleue
de dans des buissons
là, son Corps est tapi dans des violettes,
de dans les jardins ?
et orange et rouges Couleurs que des nuages
et le vent, le vent ! n’est allé dormir que dans la robe bleue d’Iris,
sous son Ventre, dans ses jambes à toutes jambes, Iris de Iris,
les feuillages,
et en personne feuillages je suis,
mêlé à la voûte du ciel :
doigts et voix
et voix déchirure du ciel contre la Fresque,
Iris
le vent n’a passé les portes,
et lèvres,
n’est resté dans les chambres du fond,
toutes rien qu’une la même chambre du fond le vent n’a trouvé,
pendant le vent,
du vent à jamais
sur nos repos,
sur son corps,
jusqu’au jardin à jamais
et une porte dehors n’est pas toujours entrouverte,
d’ailleurs le ciel Iris n’a pas trouvé les portes fermées
pour moi, il n’est plus de portes chez moi,
que chez moi à jamais
attablée : Iris
près d’Iris au fond du jardin
il n’est
sauf moi dehors qu’on appelle des jardins
personne
au milieu Iris coucher là
au milieu air et jardin ce serait dans ses pas marcher dans sa
robe.
Qui est elle et moi, et ce sera,
quand jusque marcher sur moi et, elle, me relever
à leur respiration, dans l’ombre, aux lèvres, de ventées en ventées
et lambeaux et brisées,
Béatrice et Iris, et de moi et elles se marchent,
les pieds comme des lueurs des verres au vin répandu blanc à travers les tables,
et se coucher à travers les et les
figures et hôtesses, et le sol, leur,
déjà la terre la même
dans l’ombre
mes ressouvenues les quatre mains
dans les nuages, des nuages et
bercées, baignées, glissées sur moi
Pour se procurer le DVD : Iris derrière le voilage :
Jacques Estager, 24, résidences Saint-Benoît, 43750 Vals
ou
Bruno Loisel, « Images de la terre de nature », Chemin de la Galoche, 43800 Beaulieu