Pour Hubert, mon père, brillant papetier.
1.
Où l’ombilic
En quel point concentré
La blancheur s’enroule
Veut garder la main
Au pourtour les limbes
Une enfance de papier
2.
À temps perdu nos instants brouillons
Jonchées de lin chanvre coton
Tas de fripes vieux chiffons
La mémoire se retire on voudrait déplier
Nos ébauches de vie nos minutes froissées
Tout ce qu’on n’a pas su raconter
Comment saisir comment démêler
3.
On reprend tout au début
Dans ses étagements
La matière brute patiente
Garde les arbres au secret
Pins sapins épicéas peupliers trembles bouleaux hêtres chênes châtaigniers
Les sèves n’ont pas fini de chanter
Discrètes éclosions parfums d’âges premiers
4.
Feuille courante feuille suivante
Les moments qu’on a voulus ceux dont on a rêvé
Les filigranes inventent des romans entiers
Raisin soleil cloche couronne cavalier
Un monde volatile coquille aigle colombier
En nous tout est silence hésite parle à voix blanche
On traque les souvenirs on attend une remontée
5.
Lent goutte à goutte d’argile blanche
La mémoire élabore d’étranges concrétions
Le temps prend son temps
Est-ce que je pourrait sortir
Il faudrait reprendre les conjugaisons
Savoir ce qui se condense dans ce pronom
6.
Complets enroulements
Chambres d’intuitions
Les taies parfois se déchirent
L’image arrive cherche un passage trouve la jonction
Enfin l’on se souvient
Plus de doute qui tienne
Je peut commencer
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