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Ailleurs debout - Textes et photographies de Jean-Marc Barrier

lundi 28 octobre 2019, par Roselyne Sibille

Sefrou, Maroc, 2017

Tenir dans ce regard. Et se brandit le miroir des ruines. Belle déchirure à mi-chemin. Les mots que je m’arrache quand toi tu parles cette autre langue. Le mieux serait sans doute de laisser du blanc. Tu me dis oui tu me dis non ah ces instants où l’on n’a plus de peau, où l’on caresse des futurs sans vouloir quitter ce qui nous aime. Et merci pour la beauté. Le matelas.

Sefrou, Maroc, 2017

A toi d’attendre dans ton ombre. Et à chacun son oasis. Son plan désert. Personne n’agite les palmes, c’est déjà ça. Tu ne sais pas qui je suis, je n’entends pas ce que tu dis. Un peu de fraîcheur et de mystère, voilà qui nous rapproche. Foin de tout ce qui nous appelle, notre domaine à nous c’est l’étendue. Et puisque nous avons ce temps de rien, j’aime ton véronèse. Je voulais te le dire.

Pisang, Népal, 1987

Le dernier c’est toi, le dernier c’est moi. A goûter les brindilles, le froid. Ce que tu ne vois pas s’appelle rivière, notre repos. Et les premiers ne remercient jamais, c’est bien noté... A nous le soir, les petites chaleurs qui font du bien aux hommes, et demain les étoiles. Tiens, couvre-toi.
Oublions ce que la nuit défait.

Kagbeni, Népal, 2017

L’être-pierre de la pierre. L’être-prière de ton corps, et la recherche de l’équilibre alors que justement tu passes. Un pas, leur chant, le souffle qu’elles n’ont pas te brûle. La pensée des souffrances et des louanges. La triangulation de l’être quand chaque pas est un déséquilibre qui s’efface dans la poussière. Chemin et destination. Ici et ailleurs la
joie d’en être.

Grand erg oriental, Tunisie, 2016

Marche lente, lumière dorée, le silence règne sur nos visages. Chacun sa place, le ciel dessus. Ce peu de gestes qui nous dessine. Nous sommes le pas, le dénuement, le temps souple et tranquille de s’arrimer au nécessaire. Tout ce qui passe par les yeux, sans la corde des mots. Le repos d’être. Et le scorpion couleur de sable.


Bio-bibliographie

Jean-Marc Barrier a 66 ans, il vit dans les montagnes de l’Hérault, où il se consacre à l’écriture, au dessin et à la photographie. Il anime un atelier d’écriture mensuel, La table d’écriture, et co-anime une émission mensuelle Les Arpenteurs poétiques sur Radio Pays d’Hérault.

Fin septembre 2019 a paru Ailleurs debout , aux éditions Phloème,
textes et photographies qui dessinent une poétique du voyage.
Une exposition prolonge le livre, qui sera présentée à la médiathèque de Béziers
(novembre 2019-janvier 2020) puis à celle de Narbonne (février-mars 2020) puis celle d’Uzès (avril-mai 2020).

Publications

La Traversée, poème et photographies, éditions Les Cents Regards, Montpellier, 2011
Western, poème, avec une peinture de André Aragon, La voix du poème, 2014
Virga, recueil de poèmes et encres, éditions Les Cents Regards, Montpellier, 2018
Ailleurs debout, textes et photographies, éditions Phloème, Le Havre, 2019

Et des livres d’artistes, et de nombreuses parutions en revues et anthologies, notamment dans les revues La main millénaire, Décharge, Recours au poème, Terre à Ciel, et Tema. Certains de ses poèmes ont été traduits et édité en russe, en italien et en croate.

L’esprit du livre par J-M B.

Dans nos yeux, dans le cadre, les spectacles du monde croisent nos propres obsessions et ce que nous voyons alors, c’est notre théâtre d’images intimes… On est soi-même dans ce que l’on voit. Et simultanément quelque chose d’autre, d’irréductible, est là devant nous et nous décale, nous invite ailleurs – un ailleurs où l’on se sent bien ; où nous nous sentons parfois plus intègres que dans nos décors assignés.
Ce qui importe alors, ce n’est pas l’anecdote du voyage, ni les circonstances, mais bien la singularité de ce que nous rencontrons, ce qu’elle révèle en nous – et cette sensation d’innocence retrouvée lorsque nous sentons nos sens à nouveau éveillés.
Ce livre donne peut-être corps à cette impression de nous reconnaître en l’autre, d’y toucher une dimension que nous n’avions pas développée mais nous est intime – et qui s’ouvre dans la rencontre, nous élargit.

Autrement dit…

« Ce livre est né d’images qui se rappelaient à moi d’une manière insistante, et j’ai senti qu’elles cristallisaient quelque chose – un sentiment essentiel de la vie, dans sa dimension de passage, dans son humanité. Ces photographies que j’avais prises lors de mes voyages à pied étaient devenues des archétypes personnels, et un jour je me suis mis à écrire de courts textes serrés, avec une énergie qui m’a étonné moi-même. Certains sont adressés, d’autres comme des méditations, avec la vivacité des traits de pensée qui nous traversent. Entre le texte et l’image, un écart et des correspondances naissent, qui évoquent les mouvements, les vibrations, les médiations entre le réel et mon intériorité, (« espace dedans, espace autour ») ma vision de la vie, mes obsessions, mais aussi l’altérité radicale du monde, qui me nourrit et m’élargit, me transporte. S’y retrouvent mon goût de la marche, des grands espaces, de l’essentiel, de la photographie (qui reste une magie à mes yeux) et de l’écriture, là où je suis le plus libre. » J-M B.

Un texte de Danielle Sallenave qui éclaire la démarche :

« Lorsque nous levons les yeux afin de contempler l’éclat du monde,
ce que nous voyons d’abord c’est nous-mêmes : les minuscules mouchetures de l’humeur vitreuse, dessinant dans le ciel de capricieuses constellations. telle est la difficulté où nous sommes enfermés : comment saisir ce que nous sommes, sinon dans le monde où nous sommes jetés ? Mais qu’est-ce que le monde, sinon ce que j’en vois, donc ce que je suis ?
Il n’y a d’autre moi que la voix qui fait tenir ensemble ces morceaux désassemblés, dans la mélancolie, la nostalgie, l’observation aiguë, l’humour, la distance. » Danielle Sallenave

Phrase en exergue du premier chapitre :
« Je me mis à réfléchir, c’est-à-dire à écouter plus fort » Samuel Beckett

Le livre

Le livre comprend 80 pages, 28 photographies couleurs et noir-blanc de l’auteur, 28 textes inédits et une postface de l’auteur. Couverture rigide, reliure cousue-collée avec élastique.
ISBN 979 10 96199 24 2 | 23 euros

Editions Phloème (+33)679454468
94 rue Bernardin de Saint Pierre, Le Havre, 76600, France
editions.phloeme@gmail.com
www.editionsphloeme.fr
Facebook : Editions Phloème

Liens

Site général [http://www.jm-barrier.com]
Photographie http://www.flickr.com/photos/autre_rive
Instagram et Facebook jean-marc barrier

(Page réalisée grâce à la complicité de Roselyne Sibille)


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