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Jean-François Agostini - Le sentiment du hasard

lundi 13 janvier 2020, par Cécile Guivarch

Jean-François Agostini, parlez-nous de vous.

Né à Paris, pendant la seconde moitié du vingtième siècle, j’y ai vécu les merveilleuses années de l’enfance. Depuis l’adolescence j’habite en Corse. Il ne m’aura fallu qu’une semaine d’intense réflexion pour quitter, à trente-deux ans, ce que l’on nomme un bel avenir professionnel et recouvrer un peu de liberté, échapper à la tyrannie de l’ego, de l’ambition et du consumérisme, et me consacrer aux arts, notamment la poésie et la photographie.

Vous avez publié de nombreux livres, comment articulez-vous poésie et photographie ?

Il y a des bonheurs de l’image comme il y a des bonheurs de l’écriture, des « moments donnés » qui transcendent l’ordinaire. Le photographe les traque, le poète de par sa nature contemplative les attend, l’un et l’autre doivent voir avec plus d’intensité et conserver puis cultiver l’étonnement de l’enfant qui découvre le monde. Leurs yeux sont des collecteurs d’apparences, dès lors s’apparient le réel, l’imaginaire, le souvenir qui permettent souvent le geste créatif : le déclenchement de l’obturateur ou le poème.

Procession

Vous nous avez confié quinze photographies, quel est votre thème préféré ?

Je serais tenté de répondre mon « patrimoine » culturel, tout ce que j’ai vu, entendu, lu et que je peux reconnaître, sans vraiment, parfois, en avoir conscience, au détour d’un chemin, d’une rue, d’un paysage, du ciel.
Prendre une photographie c’est prélever un instant de lumière dans ce qui arrive autour de soi et le suspendre, c’est suspendre le temps, sa continuité, c’est également comprendre que le seul temps qu’elle contient est l’instant isolé de ce qu’elle montre. Cet instant révèle une forme qui n’est plus et ne se renouvèlera, il est cependant la preuve que cette forme a été là, a impressionné le regard puis le papier ou l’écran, preuve consultable à chaque autre moment du futur, qui elle-même nous regarde. Rompre la continuité du temps c’est courir le risque de perdre le sens de cet instant, de la forme figurée et de son interprétation, il faut par conséquent que l’instant photographié étire le temps, lui signifie un passé, un futur et ainsi donne à qui le regarde la possibilité d’un sens. C’est assez rare mais j’ai légendé les photos qui suivent, non pour les enclore dans une interprétation personnelle mais pour inciter le « visiteur » à chercher et trouver en lui ce qui suscite émotion.
Le boîtier est toujours à portée de main, je touche du regard, plus précisément j’effleure ce lieu, le monde, qui m’est consubstantiel, les « phénomènes » qui le traversent, me traversent et m’imprègnent, j’entends par phénomènes toutes les apparitions, : formes, mouvements, couleurs, graphismes, y compris naïfs ou communs, qui parfois s’allient et constituent une esthétique furtive de l’expression que l’on pourrait nommer : le sentiment du hasard. Ce sentiment ne peut s’élever s’il n’est nourri d’une pure et profonde empathie et d’un fort désir de partage, sans la moindre arrière-pensée.

Propos recueillis par Isabelle Lévesque

Transparence de la Femme solaire
Chevelure nue

Poursuite inverse

Otium à l’ombre des formes en suspension

Verticalité du mystère

Origine de l’ange

Le poids du crépuscule

Blues du réverbère

Dialogue

Fugue

Maëlstrom

Le rêve d’Aphrodite

Trilogie solaire

Ces lumières fossiles qui nous maintiennent

Solitude de l’île

Propos recueillis par Isabelle Lévesque


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