Denise Desautels, Disparaître,
autour de 11 œuvres de Sylvie Cotton
L’herbe qui tremble, 2021 – 150 pages, 18 €
Isabelle Lévesque : Beaucoup de tes livres sont écrits autour d’œuvres d’art. Ils évoquent des peintures, photographies et sculptures, mais surtout la vie, l’amour, la condition humaine… Les œuvres sont-elles des pré-textes indispensables ?
Denise Desautels : Mon premier livre est paru, en 1975, aux Éditions du Noroît, fondées quatre ans plus tôt, où on avait choisi de lier, à chaque parution, poésie et art visuel. J’aimais cette idée puisque mon premier vrai choc culturel s’est produit en 1960 – j’avais 15 ans – au Musée des beaux-arts de Montréal devant les autoportraits de Van Gogh. Cette scène est la dernière de Ce fauve, le Bonheur, l’autofiction que j’ai fait paraître en 1998. Il m’est étrange aujourd’hui de penser que ce ne sont pas les petits carnets noirs que je traînais partout, adolescente, ni même mes premières lectures, qui ont été, dans mon souvenir du moins, à l’origine d’une telle émotion, mais plutôt une exposition de peintures. Je me tiendrai cependant longtemps en retrait de moi-même – sorte de peur inconsciente de ce que je pourrais y trouver – avant de me permettre d’avancer vers une vraie écriture, celle qui cogne et qui poigne, celle qui nous amène loin au-dedans comme au-dehors – où vie, amour et condition humaine composent un douloureux paysage – et dans laquelle s’entremêlent désir, urgence et lucidité. Ce long préambule pour te parler de l’origine de mon lien aux œuvres d’art qui ne jouent pas le même rôle dans tous mes livres. Dans les premiers, je les ai souvent choisies une fois le manuscrit presque achevé, comme un accompagnement susceptible de multiplier les possibilités de sens du texte. Mais très vite les choses ont changé : soit que les œuvres sont intervenues en cours d’écriture, comme ce fut le cas avec l’installation La salle de classe d’Irene F. Whittome, vue quelques années plus tôt, qui s’est imposée de diverses manières, y compris dans le choix de certains mots, de certaines images, dans La répétition, un texte paru en 1986 ; soit je vais vers elles ou elles viennent vers moi, avant même que le projet ait pris forme – car elles l’animeront, s’immisceront partout, bousculeront ma langue, ma pensée, mon imaginaire, m’accompagneront pour de vrai cette fois au quotidien –, comme celles de Michel Goulet dans Leçons de Venise, de Martha Townsend dans Le saut de l’ange, de Monique Bertrand dans Cimetières : la rage muette, d’Alain Laframboise dans Tombeau de Lou et, là maintenant, celles de Sylvie Cotton dans Disparaître. J’ai compris, dans le grand temps de la vie et de l’écriture, que j’avais besoin d’être accompagnée, besoin de ces diverses complicités – comme je l’ai déjà dit et écrit – qui m’obligent à déplacer mon regard, à questionner les liens particuliers qu’entretiennent, à notre insu, l’intime et le politique. Sans elles, j’aurais sans doute hésité à m’aventurer sur certains chemins de traverse, particulièrement périlleux, hésité à regarder de trop près certaines douleurs et certaines violences. J’aurais été sans ressource devant mon propre désarroi. J’aurais peut-être essayé de détourner mon regard, plutôt que de vivre à fond ce redoutable et pourtant essentiel dépaysement. Je me serais mise à me répéter, à réécrire à peu près le même livre — parce que c’est rassurant —, en passant à côté des coïncidences, et des fulgurances, et des audaces surtout que génère ce type de complicités.
Mon corps mon atelier : passion, de la série Mon corps mon atelier, 2004
photographie d’une performance de Sylvie Cotton,
créée pour et à Dazibao (Montréal) pour l’événement La lumière comme surmoi.
Propriété de l’artiste. Photo : Corine Lemieux.
© Sylvie Cotton
Isabelle Lévesque : Une note à la fin du livre fait allusion au long parcours fait par toi avec Sylvie Cotton. Pourrais-tu nous dire comment s’est faite la rencontre et ce qui t’a conduite à développer ainsi ton travail d’écriture ? As-tu choisi toi-même les œuvres, selon quels critères ? Sylvie Cotton a-t-elle suivi ton travail d’écriture et avez-vous échangé sur son avancement ? Certaines œuvres sont-elles nées de ton écriture ?
Denise Desautels : Comme je l’écris, en effet, dans les remerciements à la fin du recueil, je suis allée vers Sylvie Cotton parce que j’ai d’abord été aimantée, au Musée national des beaux-arts du Québec, par l’œuvre Disparaître, qui donnera son titre au recueil, œuvre que j’avais déjà vue ailleurs, dans une galerie d’art, quelques années plus tôt. Cette fois, présentée dans une exposition sur ce type de natures mortes que sont les vanités et entourée d’œuvres fortes, j’ai pourtant été continûment ramenée vers elle. Dans les faits, je venais d’accepter d’être écrivaine en résidence à la revue Relations et de remettre un poème de 700 mots tous les deux mois, et j’étais paniquée par ce que j’appellerais mon audace ou ma folie. Or, la phrase que j’ai mille fois citée de Peter Handke s’est de nouveau avérée juste : « Que de choses ressemblent à ce qu’on cherche quand on cherche quelque chose. » Et je cherchais quelque chose, comme chaque fois, qui réenchante mon désir d’écrire et qui oxygène mon écriture. Ce miroir de cendre – de cendre comme on dirait de sable ou d’eau – m’est soudainement apparu comme porteur d’un concentré d’histoire et d’humanité. De mémoire et de mort donc. Et en ce sens peut-être l’ai-je vu comme une sorte d’autoportrait. Il me permettrait d’aborder mes obsessions, les mêmes, mais différemment, d’avancer à l’aveugle, mais encore une fois accompagnée dans ma propre obscurité et dans celle du monde, en m’appuyant sur tous les possibles de ce miroir. Après, tout est allé très vite : un premier courriel, un premier téléphone, et une première rencontre chez moi qui nous a donné envie de poursuivre ensemble cette résidence. Je me retrouverai donc avec elle, un après-midi d’été, dans son atelier aménagé chez elle à l’étage où elle aura exposé pour moi, sur les murs et sur les tables, des dessins, des photos, quelques installations d’objets, des livres, des cahiers. Du travail ancien et du plus récent. Notre livre à venir a commencé à prendre forme à notre insu ce jour-là, dans la lumière éblouissante qui émanait du lieu, des œuvres mais également du regard, des gestes et de la voix de Sylvie. Celle qui dit « Parfois j’ai peur », qui dit « Contempler la mort » est en fait une femme habitée par une sérénité qui m’a toujours fait défaut, qui me fait du bien. Le choix et l’ordre d’apparition des œuvres dans le livre, nous les avons faits ensemble au fil des semaines, des mois, avec une étonnante harmonie, optant – au moment de la troisième par exemple – pour une photographie de l’une de ses performances, Mon corps mon atelier : passion, sans bien savoir quelle autre la suivrait. Nous allions attendre… que le texte, une première version du texte, advienne. Nous étions liées par ce désir né par hasard de vivre ensemble cette complicité et par la confiance entière qui nous habitait.
Disparaître, de la série Rester/Partir, 1995,
cadre de métal, verre convexe et cendre, 43 x 35 x 5 cm.
Collection du Musée national des beaux-arts du Québec.
Photo : MNBAQ, Patrick Altman.
© Sylvie Cotton
Isabelle Lévesque : Le titre, Disparaître, est celui de la première œuvre reproduite, un miroir doré ovale empli de cendre. On pourrait penser à un euphémisme, mais on comprend très vite que ce ne doit pas être le cas puisque le mot « mort » est employé dans le titre de deux poèmes. Disparaître, c’est échapper à la vue, c’est se fondre dans un ensemble, une matière, une couleur… Cela maintient une possibilité : réapparaître. Si l’idée de mort s’impose dans ton livre, celle des autres, des proches aimés, de soi-même, une force contraire y est aussi très présente, celle de ne pas disparaître :
« Je dis ton cœur mon cœur à l’unisson.
Silencieusement ne pas disparaître. »
« Ne plus s’abandonner à disparaître.
À un mètre de moi la solitude.
À un mètre l’ample vertige. »Denise Desautels : J’aime répéter que pour moi écrire est un geste de grande vivante, qu’on peut poser… même dans la plus profonde obscurité. Dès le départ ici, avec cette première œuvre qui a donné son titre au recueil, j’ai sans doute souhaité – était-ce inconsciemment ? – cette confrontation entre mon désir de grande vivante et ce miroir de cendre qui sonne, à première vue, le glas de tout espoir d’éternité. Comme une sorte de rappel de ce qu’on sait pourtant : ne rêvons plus, la fin est là, notre fin, et nous pouvons nous exercer à la regarder de près. À « contempler la mort », comme l’écrit Sylvie. De toute manière, la une des journaux nous oblige quotidiennement à l’affronter, bien que la cendre nous arrive parfois de loin, de très loin. J’aime aussi cette « possibilité : réapparaître », cette façon que tu as de la nommer, qui me ramène à Sisyphe et au nombre infini de ses chutes et de ses remontées, car, comme l’écrivait Camus, « Une littérature désespérée est une contradiction dans les termes » ou encore, comme le laisse entendre ce vers d’Ingeborg Bachmann, « Toute personne qui tombe a des ailes ». Je me sens continûment écartelée entre désespoir et utopie bien qu’au fond une petite voix me rappelle sans cesse l’extrême fragilité-faillibilité de cette utopie. Son côté dérisoire surtout. Or, je veux encore croire que l’art peut nous sauver… même de façon éphémère. Ici, il y a par moments, je crois, dans des vers, tels « vis crie ris gravis » et « Aujourd’hui je suis morte plusieurs fois », comme un grand appel à la vie et aux multiples possibilités de renaissance qu’elle porte en elle. Le critique de poésie Hugues Corriveau disait récemment à la radio, parlant du titre de ce recueil qu’on pourrait – beau clin d’œil à Cixous ! – lire ainsi : « dis paraître », ce à quoi je n’avais pas pensé, je dois bien l’avouer, mais qui me semble fort lumineux.
Isabelle Lévesque : Chaque partie du livre est précédée d’une à trois épigraphes. Quelle est leur fonction ? Ont-elles précédé l’écriture de chaque poème ou arrivent-elles après-coup, alors que les jeux sont faits ? S’agit-il simplement de traces de tes lectures pendant la composition de ce livre ? Ou est-ce un signe amical adressé à des auteurs qui sont presque tous actuels ?
Denise Desautels : Leur principale fonction – du moins c’est ainsi que je vois les choses depuis un certain temps : me permettre, comme je l’ai écrit plus haut, de me sentir accompagnée, moins seule avec mon écriture de douleur et de mort, ou avec leur recréation dans un miroir ovale rempli de cendre, par exemple. D’autre part, tous les cas de figure sont possibles : ces épigraphes précèdent parfois l’écriture du texte, ou se présentent à différents moments en cours d’écriture, ou encore elles interviennent après-coup. Il peut m’arriver d’en retirer une, qui me semble tout à coup inutile, selon l’évolution de la matière et de la forme du texte. Elles sont effectivement des traces de lectures, mais pas nécessairement des livres lus pendant l’élaboration du livre en train de s’écrire. Or, je crois qu’elles sont toujours beaucoup plus qu’un « signe amical », car je souhaite chaque fois qu’elles me proposent – et par le fait même aux lecteurs/lectrices – de nouvelles pistes de lecture, qu’elles ajoutent des nouvelles possibilités, de nouvelles strates de sens, qu’elles me déjouent, me questionnent, me heurtent, s’il le faut. Toujours cette nécessité – comme une exigence – de saisir toutes les chances, que m’offrent les mots des autres, d’aller ailleurs, plus loin dans l’espoir mais également là où l’irrémédiable se fait insistant.
Isabelle Lévesque : Annie Dillard affirme dans En vivant, en écrivant (tu cites ce livre dans un poème) : « L’écrivain étudie la littérature, pas le monde. Il vit dans le monde ; il ne peut pas le rater. […] Il fait attention à ce qu’il lit, car c’est ce qu’il écrira. Il fait attention à ce qu’il apprend, car c’est ce qu’il saura. » (Annie Dillard, En vivant, en écrivant, trad. Brice Matthieussent – Christian Bourgois, 1996) Te retrouves-tu dans ce principe ?
Denise Desautels : Ma lecture de ce livre est lointaine, il faudrait sans doute que j’y revienne pour répondre à ta question de façon pertinente. Mais je plonge… en disant d’abord que, citant Dillard cette fois, c’est plus le titre et ses sonorités qui lient fortement les deux faits, vivre et écrire actualisés par le participe présent, qui m’intéressaient. Au moment où je m’installe à ma table d’écriture, le monde extérieur immédiat n’arrête pas d’exister. Cependant, sauf à de rares moments, je l’oublie presque – mon bureau est dans le coin le plus sombre de la pièce de travail – et je me retrouve en plein cœur de ce qui s’est implanté en moi, toutes les répercussions des calmes ou ravagés paysages de mon monde ou du monde, leur représentation recréée dans les œuvres d’art, et le comment et le pourquoi rendre concrète en écriture cette recréation de la vie. Plus les œuvres d’art et les livres sont nombreux à nous habiter et à nous questionner, plus notre pensée et notre imaginaire à la fois s’aèrent et se complexifient, et par voie de conséquence notre langage lui-même que notre nouveau regard aura déplacé.
Isabelle Lévesque : Vingt des vingt-quatre épigraphes ont été écrites par des femmes. Est-ce une prise de position ?
Denise Desautels : Au sujet de D’où surgit parfois un bras d’horizon, publié en 2017, le critique québécois, Sébastien Dulude, a utilisé l’expression « constellation d’alliées », choisissant le féminin pour parler de toutes ces voix – en exergue ou dans les textes mêmes – qui m’accompagnent dans ce livre parce qu’il avait noté qu’elles étaient pour la plus grande part des voix de femmes. Est-ce une prise de position ? En partie sans doute, mais surtout un profond besoin d’entendre du féminin. Je me suis dit il y a déjà longtemps que, si je voulais que la poésie québécoise existe ailleurs qu’au Québec, il fallait qu’on en parle beaucoup à l’extérieur et qu’on la cite beaucoup, nous-mêmes. Au même moment ou à peu près, je me suis mise à penser qu’il en allait pareillement des œuvres écrites par des femmes. C’est à nous, femmes, de les faire exister sur la place publique, ailleurs que dans la marge, de telle sorte qu’elles deviennent incontournables pour toutes et… tous. Ce qui était loin d’être le cas, il y a plusieurs décennies, quand j’ai passé le bac – je suis de la génération d’avant les cégeps – et que j’ai fait des études de lettres à l’université. Tous les chefs-d’œuvre, ou présentés comme tels, étaient écrits par des hommes. Les choses ont changé, mais à quel point ? Et pour combien de temps ? La vigilance reste à mes yeux essentielle. Or aujourd’hui, ce n’est même pas par devoir, c’est par nécessité intérieure que je me tourne le plus souvent vers des écritures de femmes, plus conscientes du lieu d’où elles parlent, conscientes d’être des femmes qui écrivent et qui, au bout du compte, ont peut-être moins de prétention à… l’universel.
Waterpod, 2009, encre, crayon et larmes sur papier, 35,6 x 27,9 cm.
Propriété de l’artiste. Photo : Guy L’Heureux.
© Sylvie Cotton
Isabelle Lévesque : Les poèmes de Disparaître sont ponctués d’une façon qui t’est propre : on remarque d’abord la profusion des points simples, qui sont « la marque de l’irréversible » selon Jacques Drillon (Traité de la ponctuation française – Gallimard, 1991). Ces points qui, avec les tirets, constituent la seule ponctuation, ont-ils pour fonction de retenir ce qui s’écoule, de ralentir le flux de façon un peu brutale ?
« Compte. Promptement compte.
Monts hauts d’amour et de fruits affamés.
Âme en arme clinquante
vis crie ris gravis. »Denise Desautels : Après quelques ouvrages dans les années 1980 où je laissais couler sans contrôle, souvent dans une sorte de flux délirant, sensations, affects, pensées, je me suis mise à surponctuer, à mettre partout des virgules, des points-virgules, des deux-points, des barres obliques, façon d’aller au fond des choses, en tentant d’expliciter, de mettre en évidence certains détails, tout en tentant de relier ce qui m’apparaissait trop isolé, trop fragmenté : l’univers des femmes. Puis, plus tard, j’ai eu envie de me donner des contraintes – même nombre de fragments et de même longueur, par exemple, pour chacune des parties d’un livre – mais cela sans être aucunement oulipienne. Ici, tous les poèmes, interlignes inclus, occupent le même espace sur la page, comme s’ils étaient des tableaux d’une même série. Ici également, comme tu le notes, des points et des tirets, mais aussi ces deux autres ponctuations, si je peux le formuler ainsi, que sont les blancs à la fin de chaque vers et les interlignes. Après avoir lutté contre la fragmentation, voici que je rends tout encore plus « irréversible ». Façon d’insister sur tout ce que découpe le regard, de saisir peut-être plus longuement ce qui risquerait de s’échapper ; d’insister sur les différentes longueurs de silence auquel on peut être confronté. Or, je n’ai pas pensé à cela au moment où le choix s’est imposé. Peut-être ai-je tout simplement répondu à un désir presque inconscient de reproduire à ma manière les durs silences que nous impose, lui-même, le réel.
Isabelle Lévesque : Parmi les ponctuations inutilisées, on trouve bien sûr les virgules, mais aussi et peut-être surtout les points d’interrogation, alors que les questions sont toujours très nombreuses dans tes poèmes. Pour qu’elles soient perçues comme telles, tu devais donc utiliser des structures syntaxiques clairement interrogatives. Pourquoi ce choix ?
« Pardonnerons-nous à la vie de s’achever déchirure.
Lui pardonnerons-nous de continuer
j’ose – sans toi. »Denise Desautels : Je reprends là où j’ai laissé ma réponse précédente. En effet, je ne peux m’empêcher d’interroger tout ce qui entrave notre « dur désir de durer » ni ce qui se présente en moi sous forme d’inexorable. Et pourtant, peut-être parce qu’au fond je sais mes questions inutiles ou du moins je sais qu’elles seront toujours laissées sans réponse, je les pose – et la formulation sera étrange – comme si je voulais entendre le bruit qu’elles font dans l’air quand je les murmure en écrivant, car j’écris à presque haute voix. Ainsi, je fais de fausses demandes. Je murmure plutôt, sous forme de questions déguisées, des constats de douleur ou de désir. Car j’écris aussi avec ma voix, et j’aime entendre l’effet des sons et des rythmes répétés en elle. On ne sait jamais, son écho pourrait peut-être être porteur de quelque chose… d’inouï.
Isabelle Lévesque : Les poèmes ont parfois l’allure d’une sorte de conversation : « je dis », « tu dis »… Mais qui est l’interlocutrice ? L’artiste ou son œuvre ? Dans un autre de ses livres, Annie Dillard évoque l’un de ses voisins qui cherche à apprendre à parler à un galet. Mais ce que le galet, comme chaque partie du monde, « nous crie, c’est, précisément, rien » (Annie Dillard, Apprendre à parler à une pierre, trad. Béatrice Durand – Christian Bourgois, 1992). L’œuvre n’est-elle pas en grande partie un écran sur lequel projeter nos propres images, inventions, souvenirs et pensées ?
Denise Desautels : En fait, il me faut résister à ce « rien » qui m’habite, avec et dans l’écriture, en me servant de stratégies qui impliquent l’autre, les autres, la présence de voix et d’œuvres qui me font être et me gardent ardente – ce qui est loin de m’être naturel. Dans un texte de commande sur le thème de la solitude, publié récemment dans Format papier, revue des membres de l’Union des écrivains et des écrivaines du Québec, je disais ceci : « Écrire me sort de ma solitude. Écrire ne me sort pas de ma solitude. Au mieux me protège contre son envahissement destructeur. Armure de mots et de mémoires contre effrénée terreur – cœur cœur tourment d’os qui tremble. Écrire place mon désir au premier plan. Je dis nous rejointe secourue par des voix amies et par des lots d’objets de tableaux de livres précieux. » Pour Disparaître, Sylvie et ses œuvres sont arrivées au bon moment dans ma vie alors que quelque chose – mélange de douleur et de colère, présent dans D’où surgit parfois un bras d’horizon – continuait de faire des ravages en moi et m’empêchait en quelque sorte de me remettre au travail. Notre rencontre – et tout ce qu’implique une vraie rencontre – s’est retrouvée mêlée à l’écriture, et je ne sais plus très bien aujourd’hui distinguer ce qui est vrai de ce qui relève de la fiction dans mes mots. Tu as sans doute raison, l’artiste et son œuvre, où la mort semble auréolée de souffle et de lumière, m’ont permis de voir défiler mes « propres images, inventions, souvenirs et pensées » alors que je me croyais perdue. L’autoportrait aperçu dans le miroir de cendre, dont je te parlais précédemment, a peut-être choisi alors de sortir de l’ombre, de doucement s’illuminer.
Isabelle Lévesque : Parmi certaines images ou scènes qui apparaissent dans plusieurs de tes livres, on reconnaîtra ici celle de la nage, ainsi que celle de la noyade. Dans Le cœur et autres mélancolies, par exemple, tu évoquais « la Nageuse de l’abécédaire, celle que [tu es] devenue, celle qui a dû apprendre à nager ne pouvant plus compter sur personne, mais continûment prise entre mille remous, encore attirée par le fond » (Denise Desautels, Le cœur et autres mélancolies – Apogée, 2007). Dans Noirs, nous lisons : « Un ciel de cobalt – vois / la faiseuse de poèmes y pénètre. / Gourmande à tâtons / elle pourrait s’y noyer. » (Denise Desautels, Noirs, dessins d’Erika Povilonyté – L’Atelier des Noyers, 2020). Et puis il y a bien sûr D’où surgit parfois un bras d’horizon (Éditions du Noroît, 2017) qui place la nageuse au cœur du livre. Quelle est l’importance de cette image complexe dans tes poèmes ? Sa configuration a-t-elle évolué au fil des livres et des années ?
Denise Desautels : L’eau est, depuis toujours, d’abord présente dans ma vie, bien que je sois une urbaine : lac, rivière, océan… piscine. À l’origine, j’ai trois ans et mon père me sauve d’une noyade en se jetant dans l’eau du lac près duquel nous passons l’été. Quelques mois plus tard, il aura une première attaque cardiaque, puis une autre qui l’emportera alors que je viendrai tout juste d’avoir 5 ans. Le souvenir de cet événement ne me reviendra que beaucoup plus tard, car je serai devenue entre-temps une nageuse. J’ai eu la chance très tôt de me baigner dans l’océan, la sœur ainée de mon père habitant, dans l’État du Maine, au bord de l’Atlantique. Mais, comme si la mort m’attendait toujours au tournant, je verrai – alors que j’ai peut-être 12 ou 13 ans – un jeune homme entrer dans un lac, où encore une fois je passe l’été, et une heure plus tard son corps sera ramené par des plongeurs sur la plage. Jeune femme, enceinte de mon fils, je verrai un jeune ado qu’on venait de sortir des eaux du fleuve et qu’on avait tenté de ranimer… mourir sous mes yeux. Je relis la dernière phrase interrogative de ta dernière question – L’œuvre n’est-elle pas en grande partie un écran sur lequel projeter nos propres images, inventions, souvenirs et pensées ? –, et je comprends que, même sans préméditation, j’ai toujours intensément lié vie et écriture, c’est-à-dire lié ce qui me vient du plus intime, peut-être aussi du plus privé, du plus personnel, à ce qui, projeté à l’extérieur, peut s’ouvrir devant moi. Cela dit, sur presque cinquante années d’écriture, j’ai beau affirmer que je reste fidèle à mes obsessions d’écrivaine, elles ont bougé, comme le temps m’a fait bouger à l’intérieur, comme le monde alentour, de manière hallucinante et à un rythme effarant, s’est transformé. Ma nageuse ne nage plus autant qu’avant, et les torrents sont plus puissants que jamais, et les eaux tumultueuses de l’océan m’effraient de plus en plus – comme elles effraient sans doute tout le monde depuis que sont présentées en boucle certaines violentes images de migrants à l’abandon, de corps d’enfants morts rejetés sur le sable. Comme si, sauf celles des lacs – où je sais la joie encore possible –, les eaux me semblaient désormais chargées de remous à l’image de ce qu’est la vie elle-même. Dès 1990, j’ai travaillé avec sous les yeux des reproductions d’immenses tableaux d’une artiste canadienne, Betty Goodwin, des « nageurs » qui pouvaient aussi ressembler à de grands noyés. Et je reviens sans cesse au Torrent de l’écrivaine Anne Hébert, un torrent bruyant qui par moments m’habite aussi fort qu’il a habité François, le narrateur – de la nouvelle éponyme – qui avoue dès le départ qu’il est « un enfant dépossédé du monde » et qui, fasciné par cette présence houleuse et bruyante des eaux du torrent, par toute cette vie bouillonnante finira par y plonger et s’y noyer. Il y a là, certes, de la mort, mais aussi de l’élan, du mouvement. Est-ce que vivre, affronter au quotidien la vie, ce n’est pas affronter au quotidien aussi la possibilité de s’y jeter à corps perdu, de se noyer dans ce qui est violent mouvement d’eau et de vie ? Comme on se jette peut-être en écriture. Je n’aurais sûrement pas achevé ma réponse de cette manière il y a vingt-cinq ans, bien que cette nouvelle d’Anne Hébert soit en quelque sorte mon livre de voûte.
J’allais m’arrêter ici alors que ta question s’achève sur l’évocation de l’œuvre de l’artiste américaine Dana Schutz, Swimming, Smoking, Crying, pour laquelle j’avais éprouvé un vrai coup de foudre – comme pour celle de Sylvie quelques années plus tard – au Musée d’art contemporain de Montréal et que j’ai choisi de mettre en couverture de D’où surgit parfois un bras d’horizon . Cette petite nageuse à la tête démesurée qui fume et qui pleure en tentant, avec son minuscule bras droit, d’avancer alors que le gauche – mon bras de gauchère qu’on ne voit pas – vrille, acharné, toute cette matière obscure qui l’empêche d’avancer. Si petite, cette nageuse avec sa tête gigantesque, sa tête-monde chargée des douleurs de la terre entière. Non, je n’aurais pas, non plus, achevé ma réponse de cette manière il y a vingt-cinq ans.
Isabelle Lévesque : Parmi les figures féminines marquantes de Disparaître, on trouve la « pietà », mater dolorosa, mais qui attend la résurrection de son fils, et Proserpine, déesse des Enfers mais aussi du printemps, qui est une figure maternelle à travers la chanson de Kate McGarrigle que tu cites. Le pouvoir (ou devoir) de « Revenir. Retenir. » est-il d’abord féminin, maternel ?
« Faire barrage
border les enfants et les mères inconsolables.
Proserpina ! Proserpina !
Come home to mother, come home to mama now. »Denise Desautels : « Revenir. Retenir » « Faire barrage / border », toutes ces exigences et tous ces gestes me semblent appartenir, comme tu le dis, au féminin et au maternel, ce qui ne veut néanmoins pas dire, selon moi, que ces exigences et gestes sont aujourd’hui encore la propriété exclusive des femmes, mais plutôt de cette partie de plus en plus grande de l’humanité – composée de femmes et d’hommes – qui ne se perçoit plus comme divisée en deux clans, qui refuse de perpétuellement se retrouver dans un ring, face à l’autre, qui partage ce « pouvoir (ou devoir) », cette tâche ou cette nécessité de la présence et de la douleur qui souvent l’accompagne. Je crois qu’on peut jouer ou déjouer les personnages mythologiques, les dieux et déesses, entre autres, les faire bouger. Cela relève, me semble-t-il, de notre responsabilité de poète.
Isabelle Lévesque : Dans L’heure violette, tu écrivais : « Viens avance. Vengeons / nos voix d’ombres. Vouons-nous / à recoudre avalement et amour. » (Denise Desautels, L’heure violette, peintures d’Erika Povilonyté – L’Atelier des Noyers, 2020).
Comment « recoudre avalement et amour » ? Le poème y aide-t-il ? (ou le permet-il ?).Denise Desautels : Le poème aide sans doute à tout, y compris à recoudre les forces contraires, à nous faire imaginer, rêver de réconciliation utopique. Le temps d’un livre tout au moins, le temps de poser ce geste de grande vivante dont je parlais précédemment. J’écrirai pourtant quelques pages plus loin dans L’heure violette : « Dévorons-nous. Vite. / C’est la vie. Dévorons-nous. » Je n’arrive pas toujours à éviter l’ironie ou le cynisme, ni à trancher. Je me tiens souvent en équilibre instable, entre les deux pôles, qui forment le titre de l’autobiographie, publiée après sa mort, de Gabrielle Roy, La détresse et l’enchantement. Je suis à peu près de la même génération que Réjean Ducharme, cet autre écrivain québécois, dont tous les romans ont été édités par Gallimard, depuis le tout premier – inoubliable – L’avalée des avalés. Peut-être n’est-il pas nécessaire de « recoudre avalement et amour ». Peut-être sont-ils inexorablement liés dès le départ. En tout cas c’est précisément cette question de l’amour et de l’avalement qui est au cœur du texte sur lequel je travaille en ce moment et qui a pour titre Ulysse vieillissante, dans lequel je féminise cette figure mythologique qui devient la fille de… Pénélope ! Après Homère est morte, pourquoi pas ?
Isabelle Lévesque : Tes poèmes montrent parfois, même si un démenti souvent suit, une certaine confiance, ou un espoir, dans le poème : « [J]e porte en moi une enfant inconsolable que le poème, parfois, illumine. […] Cette enfant n’a d’intérêt que pour les mots. » (Denise Desautels, Leçons de Venise (autour de trois sculptures de Michel Goulet) – Éditions du Noroît, 1990). Trente ans plus tard, cette enfant est-elle toujours présente ?
Denise Desautels : Elle est partout présente, dans la vie comme en écriture. C’est elle encore la petite nageuse du tableau de Dana Schutz, et ce pourquoi elle m’a immédiatement aimantée. Dans Écrire. L’horizon du fragment, Nicole Brossard dit qu’il y a deux catégories d’écrivains : ceux et celles « qui utilisent leur mémoire d’enfance, sa lenteur vivace de reconstruction, ses blessures », et ceux et celles « qui utilisent la matière rebelle et inquiète de l’adolescence avec tout ce qu’elle comporte d’emportements et d’excès » (Éditions Trois-Pistoles, 2004, p.13). Je fais partie de la première catégorie, arrivée si tardivement à être rebelle, excessive et emportée, et toujours aux prises avec ce qu’un autre poète québécois, Paul Chamberland, appelle « ce sentiment de l’inguérissable ». Je n’ai pas choisi de porter cette enfant inconsolable, je ne peux que border son inconsolation, tenter, de livre en livre, de lui offrir un peu de lumière.
Isabelle Lévesque : Le dernier mot de Disparaître est le très beckettien « encore », adverbe qui apparaît 25 fois dans le livre, formant souvent un vers à lui tout seul. Cependant tu luttes contre la complaisance pour le « pire ». « Ne plus nous enliser dans le pire », exhortais-tu dans Noirs. La poésie et les œuvres d’art peuvent-elles y aider ? L’affirmation : « La couleur rend le vide – j’allais écrire la mort – supportable. » Est-elle solide ?
« Avant que le noir du pire recouvre tout.
Avant l’inventaire vain
des violents désastres de l’ordre.
Nous nous serrons les coudes
nous nous aimons. »Denise Desautels : Encore une fois – oui, encore, j’aime ce mot qui sonne un peu comme cœur –, je veux te répéter – et y croire – que le poème aide à tout, du moins est-ce mon désir le plus vibrant. Sans doute est-ce là une des raisons qui m’amènent à l’utiliser comme un leitmotiv et à le mettre souvent en évidence, et à faire en sorte que les sons à eux seuls répétés presque à outrance vrillent tout ce qui risquerait de nous mener au pire. Cependant je repense souvent au film Amour de Michael Haneke, dans lequel rien ne sauvera Anne – professeure de musique comme son mari Georges – après deux attaques cérébrales. Musique, livres, tableaux, tout s’avère soudain inutile. On la retrouvera au lit, complètement dépouillée d’elle-même en train de feuilleter une revue ou un journal très quelconque qui n’a rien à voir avec ce qu’elle a aimé, a été, et qui l’entoure encore. Voilà où j’en arrive : à cette tristesse qui monte en moi quand je pense à cette dévastation qui me/nous guette. Or je ne veux pas mettre un point final à notre entretien sur cette noirceur. Plutôt continuer, comme Sisyphe, à rouler – et je sais que je me répète –, à remonter sans cesse mon rocher, malgré ses multiples chutes, avec dans mes mots et dans mon regard l’énergie d’une voleuse de feu qui veut croire encore que de petites éclaircies sont encore possibles ! Lumière et couleur donc, en lutte – mais sans illusion – contre le même ennemi.
EXTRAITS
Ce qui s’en va se perd ce qu’on
cherche à contenir
cœurs et ombres en croix.
Encadré de mémoire.Je dis la cendre ne laisse aucune syllabe
approcher. Je dis c’est l’épouvante
dans l’ovale cœur.
Bloc. Cendre unanime.Tu me regardes.
Nous sommes debout
nous empilons nos peurs nos morts.
Il y en a toujours eu trop.
Leur vacarme – tu le sais
jusque dans ma voix. Comme un ventre.Et nous dénombrons ensemble
nos épuisements. Les os de nos disparus.(« Disparaître », p.16)
*
Petit pan de ville et d’instants aveugles.
En solitaire s’y ancrent
certaines silhouettes silencieuses
fractions fanées de foule.Comment décoder la peur et l’euphorie
des lents bruits tropicaux
des lents cahiers
des lentes pages de meurtrissures et d’ailes
qui rampent en pleines ténèbres plein jour
juste avant un premier essai d’envolée.La traversée sera lourde. Au fond
nos phrases le savent
leur écho froissé sous la énième doublure
d’océan de cuir et toujours là l’accroc.
Là ce quelque chose d’implacable
s’impatiente.(« Valise et chaussures », p.25)
*
On fait semblant d’être morte.
On porte à la fois novembre
et l’hiératique froid d’avril.Vois. Le milieu du monde défait à force de pleurs.
Treillis d’absence.
Ton corps.
De quoi au juste a-t-il besoin. De quelle issue.
Tu dis j’aime et je broie.
Tu dis j’aime et je croule.
Improviser.
Visser chevilles et cheveux dans le même cadre.
Tu dis je suis la Jeanne d’Arc
de Dreyer et la moindre pietà.Ton corps.
Comme s’il lui fallait brûler lui-même
quelque chose.
Quoi.(« Mon corps mon atelier : passion », p.40)
*
M’enfoncer vagabonde dans les blessures de la couleur.
Longuement nageuse.
Respirer sous cache d’écailles et de pensées.
Respirer.
Mon crawl courageux
cherche là un contrepoison.Tout serait docile soudain.
Jusqu’à la masse d’insomnie.
Le geste simple.
Flotter.
Nourrir.
Imaginer.Et je demanderais – derrière. Quoi.
Tu dirais presque rien. Cet organe toujours ravage
cogne. Clos.
Un grand désert occupé.(« Sous les paupières », p.109)
BIOBIBLIOGRAPHIE
Née à Montréal, en 1945, dans le même quartier ouvrier que le dramaturge et romancier Michel Tremblay, fille de l’Est donc, comme toutes les femmes des Chroniques du Plateau Mont-Royal, Denise Desautels s’est longtemps sentie plus à l’aise au parc Lafontaine – en un seul mot comme autrefois – que sur le mont Royal, situé à l’Ouest, sorte de pays étranger, plus anglophone et plus riche, qu’elle a mis du temps à apprivoiser. Mémoire, douleur et deuil – intimes et universels – sont au cœur de son écriture, celle d’une auteure engagée dans le milieu littéraire québécois, mais aussi plus largement francophone, dont les livres sont marqués par sa conscience d’être une femme qui écrit et par sa passion pour les autres arts. Elle a publié plus de 40 recueils de poèmes, récits et livres d’artiste, qui lui ont valu de nombreuses distinctions, parmi lesquelles le Prix de poésie du Gouverneur général du Canada, en 1993. Après avoir obtenu, en 2005-2006, la bourse de carrière du Conseil des arts et des lettres du Québec, elle a reçu, en 2009 et 2010, pour l’ensemble de son travail, le Prix Athanase-David – la plus haute récompense accordée par le gouvernement du Québec – et le Prix européen de Littérature Francophone Jean Arp. En 2017, elle faisait paraître D’où surgit parfois un bras d’horizon, aux Éditions du Noroît ; puis, en 2018 et 2020, deux petits livres, Noirs et L’heure violette, avec l’artiste Erika Povilonyté, à L’Atelier des Noyers. Son dernier ouvrage Disparaître – dont une première version du premier chapitre a été éditée, en 2018, au Petit Flou –, élaboré en complicité avec l’artiste Sylvie Cotton, est paru en septembre chez deux éditeurs, L’herbe qui tremble et Le Noroît. Denise Desautels est membre de l’Académie des lettres du Québec et de l’Ordre du Canada.
Poésie
Disparaître, autour de 11 œuvres de Sylvie Cotton, Le Noroît, 2021 ; L’herbe qui tremble, 2021.
L’heure violette, avec des œuvres numériques d’Erika Povinolyté, L’Atelier des Noyers, coll. « Carnets de Couleurs », 2020.
Noirs, avec des images d’Erika Povilonyté, L’Atelier des Noyers, coll. « Carnets de couleurs », 2018.
Disparition (détail), Le Petit Flou, coll. « Dans la cour des filles », 2018.
D’où surgit parfois un bras d’horizon, Le Noroît, 2017.
Cimetières : la rage muette, photographies de Monique Bertrand, La Genouillère, coll. « Les Classiques du XXIe siècle », 2016. (Version retouchée du texte publié en 1995 chez Dazibao.)
Le Baiser d’Hélène, Le Petit Flou, coll. « dans la cour des filles », 2016.
Sans toi, je n’aurais pas regardé si haut. Tableaux d’un parc, avec des photographies d’Emmanuel Martin et de l’auteure, Le Noroît, coll. « Lieu dit », 2013.
L’angle noir de la joie, Arfuyen / Le Noroît, 2011.
L’œil au ralenti, postface de Lise Lamarche, Le Noroît, 2007.
Le cœur et autres mélancolies, Villa Beauséjour et Éditions Apogée, coll. « Piqué d’étoiles », 2007.
Mémoires parallèles, anthologie (choix et présentation de Paul Chamberland), Le Noroît, coll. « Ovale », 2004.
Pendant la mort, Éditions Québec Amérique, coll. « Mains libres », 2002.
Tombeau de Lou, autour de Visions domestiques, photographies d’Alain Laframboise, Le Noroît, 2000.
« Ma joie », crie-t-elle, avec huit dessins de Francine Simonin, Le Noroît, 1996.
Cimetières : la rage muette, autour de photographies de Monique Bertrand, Montréal, Dazibao, coll. « Des photographes », 1995.
Le saut de l’ange, autour de quelques objets de Martha Townsend, coédition Le Noroît et L’Arbre à paroles, 1992.
Leçons de Venise, autour de trois sculptures de Michel Goulet, Le Noroît, 1990.
Mais la menace est une belle extravagance, avec des photographies d’Ariane Thézé, suivi du Signe discret, Le Noroît, 1989.
Le signe discret, avec des dessins de Francine Simonin, Éditions Pierre-Alain Pingoud, 1987.
Un livre de Kafka à la main, avec des photographies de Jocelyne Alloucherie, suivi de La blessure, Le Noroît, 1987.
Écritures / Ratures, « textes d’atelier », avec des dessins de Francine Simonin, Le Noroît, coll. « Écritures / Ratures », 1986.
La répétition, avec des photographies de La salle de classe, installation d’Irene F. Whittome, La nouvelle barre du jour, 1986.
Nous en reparlerons sans doute, en collaboration avec Anne-Marie Alonzo, à partir de cinq photographies de Raymonde April, Trois, 1986.
Dimanche : textualisation, La nouvelle barre du jour, 1985.
L’écran précédé de Aires du temps, avec deux dessins de Francine Simonin, Le Noroît, 1983.
En état d’urgence, avec un dessin de Francine Simonin, Estérel, 1982.
La promeneuse et l’oiseau suivi de Journal de la promeneuse, avec une gaufrure et un dessin de Lucie Laporte, Le Noroît, 1980.
Marie, tout s’éteignait en moi, avec des dessins de Léon Bellefleur, Le Noroît, 1977.
Comme miroirs en feuilles, avec un dessin de Léon Bellefleur, Le Noroît, 1975.Poésie jeunesse
La marathonienne, avec des reproductions d’estampes de Maria Cronopoulos, La courte échelle, coll. « Poésie », 2003.Traductions (de ses livres)
D’on sorgeix de vegades un braç d’horitzó, présentation et traduction en catalan de D’où surgit parfois un bras d’horizon par Antoni Clapés, LaBreu edicions (à paraître mars 2022).
Lessons from Venice, traduction anglaise de Leçons de Venise par Alisa Belanger, préface de Louise Dupré, Ekstasis Éditions (à paraître 2022).
Cementerios : la rubia muda, traduction espagnole de Cimetières : la rage muette de Claudia Schvartz, Leviatan, 2018.
Una felicitat imposada, traduction catalane de Ce fauve, le Bonheur d’Antoni Clapés, Labreu edicions, 2017.
Sepulcro de Lou, traduction espagnole de Tombeau de Lou de Silvia Pratt, Mantis editores, 2015.
Sense tu, mai no hauria mirat tan amunt, traduction catalane de Sans toi, je n’aurais pas regardé si haut par Antoni Clapés, Cafè Central, 2014.
Negras Palabras (antologia poética), traduction de Black Words par Myriam Montoya, Paso de Barca, 2013.
Things that Fall, traduction de Tombeau de Lou par Alisa Belanger, Guernica Editions, 2013.
Tomba de Lou, présenté et traduit par Antoni Clapés, Cafè Central / Eumo Editorial, « Jardins de Samarcanda », 2011.
The Night Will Be Insistent, Selected Poems : 1997-2002, traduit par Daniel Sloate, Guernica Editions, 2007.Traduction (du catalan)
L’architecture de la lumière, traduction de L’architectura de la llum d’Antoni Clapés, Le Noroît, 2014.Récits
Ce désir toujours, Un abécédaire, Leméac, coll. « ici/l’ailleurs », 2005.
Ce fauve, le Bonheur, L’Hexagone, coll. « Fictions », 1998.Correspondance
Lettres à Cassandre, en collaboration avec Anne-Marie Alonzo, postface de Louise Dupré, Trois, 1994.Livres d’artistes
La dictée des vents, avec cinq encres originales de Danielle Loisel, Signum, 2019.
Crépuscule, avec une œuvre originale de Maria Desmée, Éditions de l’artiste, 2019.
Joie, Refus global (1948–2018), avec une eau-forte de Françoise Sullivan, conception et réalisation Jacques Fournier Roselin, 2018.
Bibliothèques des douleurs, avec une œuvre originale de Maria Desmée, Éditions de l’artiste, 2017.
Intimités, avec quatre œuvres originales de Michel Côté, et des textes de Michelle Alleyn, Marc André Brouillette, Denise Desautels et Paul Chanel Malenfant, conception et réalisation Jacques Fournier, Roselin, 2016.
Nuits, avec une peinture et six estampes d’Yves Picquet, Double Cloche, 2016.
Une déploration, avec deux gravures sur bois de Jacky Essirard, Atelier de Villemorge, 2015.
dans la folle matière du monde, en collaboration avec Françoise Ascal (texte) et Jacqueline Ricard (eau-forte), La Cour pavée, 2015
Déjouer, avec des œuvres originales de Marie-Claude Bouthillier, et des textes de Martine Audet, Louise Cotnoir, Denise Desautels, Louise Dupré, Diane Régimbald et Élise Turcotte, conception et réalisation Jacques Fournier, Roselin, 2013.
Petite musique de nuit, avec cinq linogravures de Gabriel Belgeonne, Tandem, 2012.
du blanc à étreindre, avec un dessin à la colle thermofusible de Louise Viger, conception et réalisation Jacques Fournier, Roselin, 2012. (Une partie du tirage a été traduit en anglais par Alisa Belanger, sous le titre de some white to hold onto.)
Place Colette, avec des sténopés de Frédérique Riba Sarat, Éditions de l’artiste, 2012.
il neige – inventaire des absences, avec une impression numérique (et une manière noire dans les exemplaires de tête) de Donatella T., Tanguy Garric, 2011.
Étonnamment ici, en collaboration avec Bertrand Dorny et Jacques Clerc, La Sétérée, 2011.
Quai Rimbaud, en collaboration avec Gabriel Belgeonne et Jacques Fournier, Tandem et Roselin, 2009.
Rose Désarroi, avec cinq impressions numériques de Bonnie Baxter, conception et réalisation Jacques Fournier, Roselin, 2009.
Sainte Sébastienne II, hommage à Louise Bourgeois, en collaboration avec Hélène Dorion, Jac-ques Fournier et Françoise Sullivan, Roselin, 2007.
17 complices de Julius Baltazar, avec des poèmes de Paul Bélanger, Jacques Brault, Michel Butor, Georges-Emmanuel Clancier, Guy Cloutier, Philippe Delaveau, Denise Desautels, Guy Goffette, Thierry Laget, Luis Mizon, Pierre Oster, Yves Peyré, Lionel Ray, Roumanes, James Sacré, Bernard Vargaftig, Joshua Watsky, et quatre dessins de Julius Baltazar sur pierre litho-graphique, tirés sur les presses de l’Atelier Arte-Maeght, 2006.
Quinte et Sens, coffret édité par BPI d’après une idée originale de Christine Jeangrand et Hugues Saint-Gaudens, avec cinq gravures originales de Jean-Paul Gaultier, Issey Miyake, Jacqueline Ricard, Narciso Rodriguez et Donatella T., et cinq textes inédits de Philippe Delerm, Denise Desautels, Charles Juliet, Dominique Noguez et Chantal Portillo, 2005.
Apparitions, avec des estampes numériques de Bonnie Baxter, conception et réalisation Jac-ques Fournier, imprimé à l’atelier Sagamie, 2005.
Une solitude exemplaire, avec sept aquatintes en relief de Jacques Clerc, La Sétérée, 2004.
L’enfant mauve, en collaboration avec Jacques Fournier et Jacqueline Ricard, Roselin et La Cour pavée, 2004.
« Avant l’aurore », poésie, in Noir, portfolio réalisé en collaboration avec les artistes Tony Soulié, Axel Cassel, Charles Bezié, Malgorzata Pazko, Liliane Muller, Nacer Adjer et Jacques Clerc, Noria Éditions/Karin Haddad, 2002.
Novembre, en collaboration avec Jacques Fournier et Jacqueline Ricard, Roselin et La Cour pavée, 2001.
Architectures, en collaboration avec Gabriel Belgeonne, Jacques Clerc et Jacques Fournier, Tandem, La Sétérée et Roselin, 2001.
Parfois les astres, en collaboration avec Louise Dupré et Jacques Fournier, Roselin, 2000.
De la douceur, en collaboration avec Jacques Fournier et Jacqueline Ricard, Roselin et La Cour pavée, 1997.
L’écho, La chambre, La nuit, triptyque dont chaque titre comprend deux gravures de Jacqueline Ricard, Raina Lupa, 1996.
L’acier le bleu, avec une gravure de Jacqueline Ricard, Raina Lupa, 1996.
La passion du sens, en collaboration avec Sylvia Safdie et Jacques Fournier, Roselin, 1996. .
Le vif de l’étreinte, avec vingt aquarelles originales de Claire Beaulieu, reliure Jacques Fournier, Roselin, 1996.
Théâtre pourpre, avec dix peintures originales de Jean-Luc Herman, Éditions de l’artiste, 1993.
Black Words, avec trois dessins originaux et sept impressions laser de Betty Goodwin, Collectif Génération, 1991.Sur internet :
https://www.nouvelle-quinzaine-litteraire.fr/mode-lecture/du-cote-des-vivants-1213
(article d’Isabelle Lévesque sur D’où surgit parfois un bras d’horizon)
https://www.labibleurbaine.com/litterature/lentrevue-eclair-avec-denise-desautels-poetesse-qui-perce-lobscurite
https://www.erudit.org › revues › 2001-v26-n2-vi1330
https://blogs.mediapart.fr/edition/edition-des-rencontres-europeennes-de-litterature-strasbourg-erels/article/070311/denis
https://www.recoursaupoeme.fr/denise-desautels-dame-noir-de-poesie-quebecoise/
https://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/2018/01/denise-desautels-do%C3%B9-surgit-parfois-un-bras-dhorizon-par-ang%C3%A8le-paoli.html
https://www.recoursaupoeme.fr/denise-desautels-dame-noir-de-poesie-quebecoise/
https://www.franceculture.fr/personne-denise-desautels.htlmRevue Rumeurs N°6 - Mai 2019
Le grand entretien : « L’œuvre au noir de Denise Desautels », par Jean-Pierre Chambon