Terre à ciel
Poésie d’aujourd’hui

Accueil > A l’écoute > Eclats de voix, éclats de rire. À propos de « Rhône », de Claude Vercey, par (...)

Eclats de voix, éclats de rire. À propos de « Rhône », de Claude Vercey, par Florence Saint-Roch

samedi 31 octobre 2020, par Florence Saint Roch

Les Cahiers des Passerelles, pour leur numéro 43 publié en plein confinement, ont eu une bonne idée (comme ils en ont si souvent) : offrir à Rhône, ensemble de textes que Claude Vercey publia en mars 2008 dans la revue Décharge, une seconde vie. Et le poète d’établir une nouvelle version de ce recueil, qui se voit désormais illustré, page après page, d’estampes infographiques de Jean-Cyrille Etourneaud.

Le propos de Claude Vercey n’a (hélas) pas pris une ride. Car si le Rhône « ce 10 octobre 2007 » a été « déclaré mort cliniquement [...] au terme d’une longue agonie et à la suite d’un coma prolongé », en 2020, rien n’a changé : le cours des choses, tout comme le cours du fleuve, ne s’est pas inversé, loin s’en faut. D’où la confondante actualité de cette nécrologie fluviale. L’eau peut bien couler sous les ponts, le fleuve meurt toujours et encore, n’en finit pas de décéder - quelque chose comme une logique infernale dans cette mort qui s’éternise.

Ce livre de Claude Vercey est un faire-part de décès. Si la mort « biologique » du Rhône le laisse inconsolé (et nous avec lui), reste que ce constat clinique donne lieu à une gymnastique verbale alerte et souriante. Oui, dans cet ouvrage, le poète pratique un militantisme allègre, souple et réjouissant. Les éclats de voix, la consternation, le dépit que peut susciter toute irréversible catastrophe écologique se doublent d’éclats de rire - jeux de mots, proximités amusantes, pieds-de-nez et coqs-à l’âne que le poète excelle à susciter. Face aux laideurs sidérantes que génère le progrès, Rhône facétieusement note, pointe du doigt - nous engage, dans les limites de notre « maigre existence » de « poète et irresponsable », à prendre la mesure de ce que l’inertie ou l’ignorance autorisent. À le lire, on se sent portés à donner de la voix - sans tarder je m’exécute, dans cet enregistrement de quelques fragments de Rhône, puisqu’il coule encore...

titre documents joints


Bookmark and Share


Réagir | Commenter

spip 3 inside | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0 Terre à ciel 2005-2013 | Textes & photos © Tous droits réservés