Alain Roussel, Le Texte impossible, suivi de Le vent effacera mes traces
Arfuyen, 2023 – 112 pages, 13,5 €
Isabelle Lévesque : Une première version du Texte impossible a été publiée en 1980 par Pierre Vandrepote. Or ce texte retrace une quête du sens (ou du Sens ?). Qu’est devenue cette quête en plus de 40 ans ? Quelles modifications as-tu apportées au texte ? Es-tu sur le même chemin ?
Alain Roussel : Le Texte impossible est la quête d’un sens qui se dérobe continuellement, qui nous soumet à rude épreuve avec ses chausse-trappes, ses impasses, ses non-dits, ses promesses non tenues, mais aussi son ouverture exaltante sur la vie et l’énigme insoluble d’être au monde. C’est en cela, du moins en partie, que le texte est impossible. Comme le Sens ultime est inatteignable – il n’est d’ailleurs pas sûr qu’il existe –, il reste sa quête que j’aime à pousser jusqu’à l’absurde, parfois même le néant. Le plus important, c’est le chemin, avec ses surprises, ses rencontres et ce « je ne sais quoi » qui fait toute la beauté de l’existence et le bonheur d’écrire. En filigrane, cette intuition fondatrice – je ne trouve pas d’autres mots – innerve toute ma démarche. Ceci dit, dans cette quête insensée du Sens, plusieurs voies sont possibles. On peut même les inventer. Je n’avance donc jamais sur le même chemin. Quand j’écris, je ne sais pas où je vais et j’attends tout de la découverte, de l’étonnement au détour d’un mot ou d’une phrase. Cette nouvelle version, publiée par les Éditions Arfuyen, est fidèle au texte premier. J’ai juste supprimé quelques passages que je trouve inadéquats ou trop digressifs et apporté quelques modifications de forme, en créant des chapitres et en revoyant la ponctuation. J’ai aussi ajouté des poèmes de nature autobiographique dont certains apportent un éclairage sur le texte.
I.L. : Le poème liminaire, « Lettre-poème pour un amour perdu » finit par :
« je suis venu ici pour un reflet
je ne sais pas si c’est pour me perdre ou me trouver
demain je repartirai pour Bordeaux
avec le sentiment d’avoir été oublié au fond de l’impasse
il me reste ce chant qui me traverse
qui m’accompagne dans le pépiement des jours
indice peut-être d’une nouvelle naissance »Tu évoques dans ce poème le souvenir d’un amour disparu, rapproché de celui de Guillaume Apollinaire et de Lou, et du chagrin qui s’en est suivi. L’écriture du Texte impossible, ou des poèmes, est-elle une façon de surmonter un deuil et de reprendre la route ? Pourquoi ce Texte est-il impossible ? Parce que le chagrin ne peut disparaître ?
A.R. : Le Texte impossible a été écrit en 1975. Pour l’équilibre de cette nouvelle version, nous avons fait le choix de commencer par un poème, puis le Texte impossible qui est en prose, puis de nouveau des poèmes. La femme du Texte impossible n’est pas celle du poème liminaire, mais ma première épouse avec laquelle je vivais des moments compliqués, avec le sentiment douloureux d’un éloignement, d’une perte de communication. Si le Texte impossible cherchait à donner du sens à ma vie, entre les mots et la vie, c’était aussi la tentative d’essayer de réinventer avec les mots cet amour qui se perd, sans y parvenir vraiment. Le Texte impossible est donc, aussi, la quête d’un amour devenu impossible. La rencontre avec la femme du poème introductif a été plus tardive. Liaison clandestine, certes, mais capitale : avec elle, l’amour redevenait possible.
I.L. : « La croyance du poète est de pouvoir reconquérir l’amour par les mots. Pour ma part, plus je parle et moins j’aime. Vous allez voir qu’à la fin de ce texte, j’aurai fini par haïr. Ce texte, d’ailleurs, je le déteste déjà. Ça dure trop longtemps et ça me fatigue. Je n’ai jamais été aussi seul que devant cette page. On n’écrit pas pour rompre une solitude mais seulement pour l’exprimer. »
Le Texte impossible, p.24Le « tu » que tu emploies semble souvent s’adresser à toi-même, ou peut-être plus exactement à ton double. Tu dis parfois te regarder écrire. Le vocabulaire que tu présentes comme obstacle à la perception directe et véritable du monde empêche-t-il la communication ? L’écrivain, comme tout locuteur, ne peut-il que s’exprimer pour lui-même ? Les moyens de la poésie peuvent-ils « revivifier » la langue au point de rétablir la communication ?
A.R. : Je suis mon premier lecteur. Je suis donc le mieux placé pour être mon propre interlocuteur ! Par le « tu », je m’interroge, je me houspille, me secoue et même – disons le mot – je m’engueule, dans un dialogue de moi à moi qui ne manque pas d’humour et d’autodérision.
La perception directe est forcément celle des sens, avec leurs limites. Malgré nos prétentions, on ne saisit jamais qu’une partie du réel. Chez l’homme, cette perception est aussitôt traduite en mots. En nommant les choses, nous les faisons entrer dans le monde de la pensée, mais comme une copie non conforme que nous pouvons, selon notre créativité, modifier. Nous pouvons, si nous le souhaitons, entraîner les mots dans un espace imaginaire, en jouant sur le registre des connotations et des métaphores, ou s’en tenir à la désignation : un arbre est un arbre. Mais évidemment ce n’est pas si simple : l’arbre nommé n’est pas l’arbre réel. Telle est la duplicité du langage. Pourtant, sans lui, il n’y aurait pas de sens possible et la réalité qui nous entoure ne serait qu’un vaste chaos incompréhensible. Si la poésie fait usage de la langue, elle réintroduit le corps par le souffle et le rythme, cette vibration particulière que l’on ressent à la lecture ou à l’écoute comme un frisson. Mais elle reste indéfinissable et ne se laisse pas si aisément enfermer dans un genre. Son objet peut être le réel, l’imaginaire, la pensée. Elle peut aussi bien utiliser une langue pauvre, qui rôde aux abords du silence, ou une parole exaltée, mais un poète se reconnaît à la justesse, l’authenticité qui lui est propre. Sa vocation est de donner à sentir et à voir autrement. Pour ma part, la poésie me fait voyager entre les mots et les choses, tantôt plus près des mots, tantôt plus près des choses. Appelons ça si l’on veut une incapacité chronique de choisir. Mais est-ce vraiment une maladie ?I.L. : « Il y a aussi quelque chose d’insaisissable dans les mots : c’est précisément la poignée de porte ! C’est pourtant elle qui, inaccessible à la parole, donne de l’élan à ma parole. Elle est ma meilleure excuse pour parler. Mais pour dire quoi ? Qu’en définitive il n’y a rien à dire. »
« La poignée de porte », in La vie secrète des mots et des chosesTu affirmes parfois ton « goût du rien », prolongeant une perception de l’absurde.
« M’examinant, et là encore m’examinant avec des mots, je dois par exemple me reconnaître une tendance un peu morbide à l’inutilité, au rien. Pourquoi j’écris, si je m’interroge, je dirai que j’écris parce que je n’ai rien à dire. »
Le Texte impossible, p.18
La réponse que tu fais dans cet extrait est-elle une sorte de provocation ? un trait d’humour ? Ou s’agit-il justement de dire « rien », de le distinguer de « néant » ?A.R. : Concernant la poignée de porte, elle est insaisissable dans son insolente présence, si j’oublie son utilité pratique. Et si elle est insaisissable, donc innommable et incompréhensible, il n’y a en effet rien à dire. Pourtant, le paradoxe est qu’elle me fait parler tout autour, avec gourmandise et volubilité, qu’elle soulève en moi un tourbillon de paroles.
Par ailleurs, qu’il y ait chez moi une part d’humour et de provocation, c’est indéniable. Dans la mesure où je ne peux individuellement le changer, le monde tel qu’il est aujourd’hui, dans son absurdité et sa violence, mérite au moins un immense éclat de rire, teinté de colère et d’indignation. Le deuxième extrait que tu cites relève de l’autodérision, mais pas seulement. Quand je commence à écrire, je suis devant une page blanche, un rien. Mais un rien, c’est déjà quelque chose. Ce n’est pas le néant. Et en définitive, ce rien se révèle généreux et accueillant en offrant l’hospitalité au premier mot, à la première phrase, et ainsi de suite. Il faut dire qu’il y a de la place dans la grande maison du rien ! Et puis ce rien implique une sorte d’humilité, empêche de partir trop vite avec grandiloquence – le « m’as-tu-vu-isme » littéraire –, et donc rater cette justesse que l’on se doit à soi et aux autres. Et de nouveau l’humour : si l’homme est poussière, ce qu’il écrit l’est aussi, avec seulement quelques grains d’or qui scintillent !I.L. : Dans La vie secrète des mots et des choses, tu présentes ta collection personnelle de mots, que tu décris selon différents points de vue : qualités phonétiques et graphiques, mais également parfois étymologiques. Tu montres comment l’un entraîne l’autre, comment ils se combinent « impliquant les ressources de l’anagramme, du calembour, de l’étymologie, de la graphie et de l’imagination ». Les mots sont alors personnifiés et semblent agir hors du contrôle du poète. Des jeux de « mots laids » naît une « Molly » aux beaux « mollets », mais aussi une « Anna » et une « Lise »… Tu dis aussi que ta démarche est « une sorte de psychanalyse des mots ». Est-ce une auto-psychanalyse ? Une psychanalyse de notre civilisation ? Où se situe la maîtrise de l’auteur ?
A.R. : La Vie secrète des mots et des choses commence par un pari inutile autant que dérisoire : constituer une collection de mots, alors que tous les dictionnaires en regorgent. Mais là où les dictionnaires apportent des définitions en usage dans notre culture, mon but était de faire parler les mots d’une autre façon à partir de leur morphologie qui est constituée de sonorités et de formes graphiques, les lettres. En d’autres termes, les mots ont une existence propre, derrière l’utilisation que nous en faisons ordinairement. Du coup, les mots sont des personnages à part entière, avec leur caractère, leurs émotions et leurs pensées. Dans mon livre, ils se mettent à vivre pour eux-mêmes et peuvent même procréer. Ainsi le mot psychanalyse va-t-il enfanter, par accouchement phonétique, Anne et Lise qui vont jouer un rôle insolent et facétieux – Freud en fera les frais – dans ce qu’il faut bien considérer comme un roman de la langue. De même que des « mots laids » donneront naissance à Miss Molly, aux beaux mollets ! Moi, je laisse les mots s’allonger sur le divan de ma pensée et, un peu en arrière, à moitié somnolent, je les écoute. Je suis leur psychanalyste et ils sont le mien, en investissant les territoires secrets de mon inconscient et en ravivant des souvenirs enfouis. Qu’il y ait de l’humour dans cet exercice, c’est évident, et j’attends du lecteur qu’il rie en même temps qu’il s’interroge sur les secrets de la langue.
I.L. : « Alors pourquoi cette collection ? Et si celle-ci n’était qu’un prétexte : un pré-texte ? »
« La vie privée des mots », in La vie secrète des mots et des choses
Le « dire » est-il plus important que le « quoi » qui serait illusoire ?A.R. : « Prétexte » est à prendre dans ses deux sens. La collection de mots est un prétexte pour écrire la première partie de la Vie secrète des mots et des choses, qui est à sa façon un roman où les personnages sont les mots, voire les lettres de l’alphabet. Mais chaque livre que j’écris est un « pré-texte » du Livre à venir, un peu à la façon mallarméenne. Le Livre est presque là, c’est presque ça, mais il reste quand même à venir. Et tant mieux ! Si je l’avais écrit, quelle raison aurais-je d’écrire encore ? Qu’il reste donc, comme dans Le Texte impossible, inatteignable, que je puisse écrire encore, le plus longtemps possible, pour mon plus grand plaisir !
I.L. : « S’il y a dans ma démarche une originalité, elle consiste le plus souvent à débusquer le sens directement à partir des signifiants en agissant, par le biais de la cabale phonétique et d’une interprétation symbolique de la forme des lettres, sur leur morphologie orale et écrite. »
« La vie privée des mots », in La vie secrète des mots et des choses« Je ris avec eux. Je danse avec eux. Je pleure avec eux. Ils m’apportent de la lucidité, du rêve, du légendaire, de la volupté et une sorte de spiritualité à ciel ouvert, en dehors des religions qui ne sont trop souvent que des caricatures et des moyens d’asservissement. »
« La vie privée des mots », in La vie secrète des mots et des chosesTon chemin a traversé toutes sortes de paysages poétiques, philosophiques mais aussi métaphysiques. As-tu abouti à une forme de syncrétisme ou reparcours-tu toujours des zones diverses et paradoxales ? Quelle importance donnes-tu à l’humour et à l’érotisme ?
A.R. : En fait, j’ai horreur des systèmes, qu’ils soient poétiques, philosophiques, religieux ou métaphysiques. Ni syncrétisme, ni synthèse. Je prends ici ou là ce qui m’intéresse et je le réinterprète à ma convenance pour le relancer ailleurs. Mais je cite toujours les auteurs, sans jamais plagier, ce qui serait détestable. Pourquoi irais-je m’enfermer dans la prison d’un autre ? Je ne fais pas table rase : tels passages de Barthes, de Eco, de Husserl m’ont fait avancer sur l’un de mes propres chemins, mais « à ciel ouvert ». Ce que j’écris est difficilement classable. Dans un même livre, du moins quand il s’agit de prose, je peux faire appel à plusieurs genres, si cela m’aide à aller de l’avant. C’est avec la poésie que je respire le mieux. J’avais à peine dix-huit ans quand j’ai découvert le surréalisme. Ce fut une révélation. D’un coup de baguette magique, surtout celle d’André Breton, je pouvais ainsi réconcilier mon amour de la poésie et mon intérêt pour l’ésotérisme. Cela ne m’a pas empêché de m’ouvrir à d’autres courants et à d’autres poètes, Michaux, Ponge, Juarroz, Munier, Daumal, Saint-John Perse, Malcolm de Chazal et d’autres encore, sans oublier les voix venues d’ailleurs et des temps lointains, Sohravardî, Attar, Rûmî, Hallâj, les Upanishads, Li Bai, Du Fu, Bashô... Et puis n’oublions pas que j’écris de nombreuses notes de lecture sur des auteurs d’aujourd’hui dans EaN, la revue Europe, « à la littérature », le site de Pierre Campion et mon propre blog, « Passager clandestin de la pensée », bien délaissé depuis quelques mois, faute de temps.
L’humour et l’érotisme, voilà le couple le plus mal assorti que je connaisse ! Ils ne font vraiment pas bon ménage ! Il faut que je précise que l’érotisme comme mise en scène du corps de la femme ne m’a jamais fait vibrer. Qu’il y ait de la sensualité dans Le Texte impossible et dans Rite pour l’aurore, je ne saurais le nier. Mais si la femme vient illuminer l’écriture et y allume des brasiers, c’est moins d’érotisme dont il s’agit que de sensualité, et disons-le d’amour, avec son côté à la fois charnel et sublimé. Il y avait ce frisson quand j’écrivais ces textes, et j’aurais voulu que les mots soient une caresse…
Quant à l’humour, c’est un compagnon fidèle. Maintenant que je vieillis, il ne me lâche plus d’une semelle. Il mord même mes chevilles quand elles ont tendance à enfler ! On a beau nager comme on peut dans le grand fleuve du Devenir, emporté contre son gré vers les fins dernières, l’humour nous donne l’impression d’être sur le rivage, hors d’atteinte, à regarder passer le courant d’un air dubitatif et moqueur ! Un éclat de rire n’empêche rien, mais ça soulage !I.L. : « Il y a des pays qui vous retiennent, qui appellent en vous le sédentaire et vous font oublier que vous n’étiez que de passage ; des pays qui résument toute la lumière et vous donnent l’impression d’en occuper le centre ; des pays bleus et jaunes pour vos amours et vos rires, et des pays gris qui s’harmonisent avec votre ennui. Il y a des pays intimes dont vous portiez déjà l’image à travers vos rêves […]. »
Chemin des équinoxes (Apogée, 2012)Quels sont tes lieux, ou quel est-il ?
Les lieux où tu as vécu apparaissent au fil de tes livres : Boulogne-sur-Mer, Arles… À quel point comptent-ils pour toi dans ton écriture ?
S’ils sont parfois nommés et décrits, leurs noms ne semblent pas générer des suites ou concaténations d’autres noms. Pourquoi les noms propres n’entrent-ils pas dans ce dictionnaire personnel dont tu contes la naissance dans La vie secrète des mots ? L’onomastique et la rêverie sur les noms de lieux (si chers à Marcel Proust) échappent-elles à l’univers verbal de ton dictionnaire personnel ? Pourquoi ne pas leur appliquer la cabale phonétique si présente dans ton écriture ?A.R. : J’avais bien pensé à m’engager dans une démarche analogue pour les noms de lieux. Ç’aurait été passionnant. Mais d’autres l’ont fait avant moi, du moins par l’étymologie et par l’Histoire, et d’une façon documentée et fort savante. Il suffit d’aller sur Internet, dans Lexilogos par exemple, pour avoir accès à de nombreux travaux dans ce domaine. Je l’avais envisagé aussi pour les noms de personnes qui évoquent souvent des métiers, des lieux, des qualités ou des défauts physiques, des anecdotes ou des sobriquets. Mais j’ai renoncé, faute de temps.
Les lieux où j’ai vécu ont joué un rôle déterminant dans mon écriture. Le Texte impossible ne pouvait trouver toute sa respiration que dans la lumière provençale. Il y a, dans Le Labyrinthe du Singe, des descriptions de Bordeaux et d’Arles. La Voix de personne a été écrit à partir de ce que je voyais de ma terrasse, à Paris, notamment un hôtel avec tout ce qu’il peut suggérer de vie passagère, intense ou morne. Ma ville natale, Boulogne-sur-Mer, est bien présente aussi, surtout dans La phrase errante, sans oublier Marseille et Rennes où je vis aujourd’hui. Par contre, le lieu où se déploie le récit de Chemin des équinoxes est un lieu imaginaire, planté au milieu de nulle part, que j’ai inventé en partant du célèbre tableau de Jérôme Bosch, Le Jardin des délices. Ce récit picaresque se déroule dans l’immense salle d’un manoir où des personnages plus extravagants les uns que les autres viennent jouer leur rôle allégorique dans la grande comédie humaine.I.L. : Les mots dont tu révèles si bien la vie privée sont essentiellement des noms, parfois des verbes, des adverbes ou des adjectifs. Mais tu sembles tenir à distance tous ces mots-outils qui permettent de les employer dans les phrases, qui les déterminent, qui construisent un développement logique, situent dans le temps ou l’espace. Pourquoi les exclure de cet univers ?
A.R. : Il était difficile d’épingler les mots-outils comme des insectes dans la collection. Ils sont trop turbulents et ne se laissent pas capturer aisément. Ils bougent tout le temps, ne tiennent pas en place. J’aime leur tempérament espiègle et ils ne sont pas du tout absents de La vie secrète des mots et des choses. Ils font voyager les noms, et c’est grâce à eux que mon livre n’est pas un dictionnaire figé mais un récit où les mots, y compris les lettres de l’alphabet, sont des personnages qui mènent une vie intense, souvent à mon insu.
I.L. : Les mots sont-ils pour toi l’essentiel ? Tu affirmes souvent la nécessité de « revivifier » la langue (ou le langage). Ne pourrait-on le faire également par la syntaxe ? Les poètes qui ont choisi cette voie sont nombreux. Les formes de la poésie n’ont-elles pas toujours été dans l’écart par rapport aux normes de la langue courante et même littéraire ?
A.R. : Il n’y a pas d’écriture sans syntaxe, même si celle-ci peut être brisée. J’ai publié une trentaine de livres, surtout de la prose. Chaque fois, j’ai essayé de ne pas reprendre le même chemin, de ne pas marcher dans mes propres traces. Ainsi y a-t-il des textes d’une seule phrase, Le récit d’Aliéna et La phrase errante, ou avec des phrases longues, d’autres avec des phrases courtes, par exemple La Légende anonyme. Plutôt que de chercher à revivifier la langue, j’attends de la langue qu’elle me revivifie. Quand j’écris des poèmes, c’est la même chose. Chaque recueil ne ressemble pas à un autre, et pourtant c’est la même voix, celle qui me vient derrière le langage ordinaire, de je ne sais quelle « bouche d’ombre » ou de quel « autre », que chacun porte en lui parfois sans le savoir, parce qu’il n’est pas assez à l’écoute.
I.L. : « […] l’horloge de ton cœur dans ta poitrine ouverte réglant avec précision la marche de la planète et probablement aussi, à chaque battement s’élevant plus haut vers le soleil qu’il parvient à mettre en éclipse sous ses ailes brassant l’air du temps […] »
Rite pour l’aurore (Lettres vives, 1998)Rite pour l’aurore est composé d’une seule phrase qui se déploie sur une cinquantaine de pages. Donc sans pause pour le lecteur, le temps de la lecture y est continu.
Pour toi, quel est le temps de l’écriture ? S’agit-il en général d’un flux continu, celui de la parole ?
Ce « rite » de la naissance du jour est-il érotique, sexuel, amoureux ? S’agit-il de la naissance du poème ?A.R. : Après Le Texte impossible, première version, j’ai écrit plusieurs livres d’une seule phrase ou presque : Le récit d’Aliéna, La lettre au petit homme noir, et Rite pour l’aurore. C’était une volonté délibérée de créer une sorte de halètement ponctué néanmoins par des virgules. Les points auraient étouffé ou du moins atténué le souffle, alors qu’il y a dans ces livres un vent de révolte qui ne cherche pas le repos. Et puis j’avais des exemples en la matière. L’idée m’en est venue en lisant La route des Flandres, de Claude Simon, et Le Singe grammairien, d’Octavio Paz, deux écrivains que j’apprécie particulièrement. Tu as raison de souligner que Rite pour l’aurore suggère un renouveau. Pourtant son premier titre était écriture suicide. Alain Robbe-Grillet voulait le faire publier aux éditions de Minuit et Jérôme Lindon l’appréciait, mais il le trouvait trop court et me demandait de l’étoffer, ce dont j’étais bien incapable. J’avais écrit ce texte en poète et non en romancier, et s’il y a une force en lui elle tient à sa densité justement. Quand j’ai eu de nouveau l’opportunité de le publier, plusieurs années après, ce fut chez « Lettres Vives » où j’ai eu grand plaisir à publier six livres. J’en ai profité pour changer le titre écriture suicide en Rite pour l’aurore, mettant ainsi l’accent non pas sur un amour qui se meurt mais sur un renouveau.
I.L. : « Je n’en préserve pas moins, quelque part en moi, un petit coin de transcendance où je viens de temps en temps, quand le péril menace, me mettre hors d’atteinte et où, durant quelques instants, je peux me livrer en toute impunité au plaisir d’être divin et incompréhensible. » p.12
« Je ne sais pas si ma démarche est d’ordre poétique ou métaphysique, ou même d’un autre ordre plus mystérieux qui entretient avec les deux autres des rapports de proximité et de distance. Ce que j’aime dans la poésie, c’est la quête du Sens par les sens. » p.61
Un soupçon de présence (Le cadran ligné, 2015)Si ta démarche semble parfois philosophiquement plutôt phénoménologique, tu évoques le monde des choses à distance des mots, mais aussi des réalités qui seraient au-delà des choses mêmes. Dans sa Phénoménologie de la transcendance (Éditions d’écarts, 2022) Sophie Nordmann a évoqué un « monde troué de transcendance » en établissant une « phénoménologie de la trace ». Ce qu’elle nomme « révélation » « ouvre dans le monde une brèche : altérant le statut ontologique du monde, elle troue sa parfaite autosuffisance, elle le fracture, elle en rompt la texture puisqu’elle est surgissement au monde d’autre chose que du monde. Autrement dit, elle l’in-achève. » Ta perception des mots, de leurs pouvoirs et de leurs significations, crée-t-elle de ces trouées dans le monde ? La cabale phonétique les révèle-t-elle ?
Pourrais-tu préciser quel est cet « ordre plus mystérieux » que poésie et métaphysique de ta démarche ?A.R. : Je n’ai pas lu Sophie Nordmann. La citation que tu fais de son livre ne peut que m’intéresser. J’ai surtout lu Husserl, du moins ses Méditations cartésiennes où il remet en doute le « je pense, donc je suis », de Descartes et explique sa fameuse méthode de la « réduction phénoménologique ». Sa démarche me semble rejoindre par certains côtés la métaphysique vécue du Vêdânta, voire du Bouddhisme. Je ne suis pas un philosophe, mais un voyageur sans bagage qui vagabonde par monts et par vaux entre la poésie et la métaphysique, en quête de ce « je ne sais quoi », un frisson peut-être, à partager avec l’univers. Un soupçon de présence, dont tu cites des extraits, est complémentaire de La Vie secrète des mots et des choses. J’essaie de comprendre dans ce livre comment fonctionnent nos sens et comment ils interagissent. C’est une sorte d’apprentissage de la perception, tout en sachant qu’une perception pure est impossible, car elle est aussitôt traduite dans la pensée avec des mots. Ce que je vois, ce que j’entends, ce que je touche reste très subjectif. Cependant, l’impression domine que je ne connais qu’une petite partie de l’univers et que celui-ci est troué, avec de larges zones de silence, de non-dit, d’impossible à dire. Ces brèches, ces fractures ouvertes donnent-elles accès à la transcendance ? Je ne pense pas. On ne sort pas de l’immanence. On y est plongé jusqu’au cou, parce que tout simplement nous sommes nés au monde et que nous nageons comme nous le pouvons dans le courant du Devenir.
I.L. : « Si tu écris pour te trouver, les mots, alors, jouent ta perte d’écho en écho jusqu’à ne plus rien te faire entendre de ta présence. Mais si tu écris pour te perdre, les mots te raccrochent par le sens à un morceau d’épave qui te tient lieu d’identité provisoire dans la tempête que tu t’es à toi-même soufflée. » p.50
Fragments d’identité (Lettres vives, 1995).
« « Qui es-tu ? », se demanda-t-il alors, et il se répondit : « je suis toi ». C’était déjà un duo pour l’aurore, et ils repartirent ensemble dans l’inconnu, l’un traçant le chemin et l’autre portant témoignage, sans autre écho que leur propre durée. » p.63
La Légende anonyme (Lettres vives, 1990).Dans tes récits, les personnages se sentent souvent doubles, voire multiples. Ils sont à la recherche du sens de la vie, au moins de la leur, et de leur identité. Les titres comme Fragments d’identité ou La légende anonyme le montrent bien.
Roger Munier remarquait très justement que « [tu] serr[es] de près une énigme qui est celle de notre fragile identité dans l’incertaine réalité ».
Le personnage, « interprète » d’une langue qu’il ne connaît pas, cherche à « se raccrocher à quelque bord ». Nous y rencontrons fréquemment « rien », le néant, l’absurde et l’exigence de silence. Dans quelle mesure la poésie, écriture ou lecture, permet-elle de dépasser cette exigence ? Les nombreux poètes, philosophes et maîtres de sagesse que tu cites ont-ils laissé plus que des traces ?A.R. : On naît, on vie, on meurt. C’est une chance inouïe d’exister, et c’est si peu de chose dans l’univers. Les peintres chinois de la dynastie Song l’ont très bien compris qui montrent souvent l’homme perdu dans l’immensité, cheminant péniblement sur un sentier de montagne. C’est cela « la fragile identité dans l’incertaine réalité » qu’évoque Roger Munier dans une lettre. La question du « qui suis-je » m’a toujours préoccupé, et ce n’est pas par des concepts et des mots qu’on peut y répondre. C’est en regardant au dedans de soi, par la méditation et en laissant la pensée s’apaiser comme la vague sur la plage. Face aux nombreux pèlerins qui venaient le visiter et lui posaient des questions alambiquées et théoriques sur l’être, Râmana Mahârshi les renvoyait sans cesse à eux-mêmes, non pas dans le passé ou le futur, mais à l’instant présent : l’important n’était pas la question, mais celui qui la pose. Cette ascèse ne relève pas du langage. Celui-ci est même un frein. Au contraire, le poète a à voir avec la parole. Il est un être dans le Devenir, dans ce monde flottant dont il ressent l’absurdité et où il est sans cesse ballotté, parfois au bord de la noyade et cherchant à s’accrocher à ces quelques bribes qu’il écrit tant bien que mal sur la page. Du moins, c’est ainsi que je le vois.
I.L. : « Je peux t’aimer partout, sous la pluie, dans le vent qui balaie tes cheveux et dans la brume où parfois tu disparais pour revenir plus rayonnante que jamais. J’essaie de te capturer, de te retenir dans les filets de cette écriture érotisée qui tourbillonne autour de ton corps. Tu es en moi et tu ruisselles. Tes cheveux tombent en averse sur ma pensée. Tes doigts déchirent les pages de ma mémoire, effacent mes souvenirs comme si je venais de naître à l’instant de ta caresse, au milieu de territoires brûlés par la lave de tes baisers. » p.53
Le Texte impossible (Arfuyen, 2023).Amour et érotisme sont très présents dans ton écriture (ou dans ta démarche ?). Ils apparaissent même au présent dans cet extrait. Dans La vie secrète des mots et des choses, tu vas jusqu’à publier la correspondance amoureuse que s’échangent deux lettres, l et r. Les mots d’amour ont-ils plus de vérité que les autres ? Correspondent-ils mieux aux réalités vécues, ressenties ? ou bien les créent-ils ?
A.R. : Le texte impossible est un texte amoureux plutôt qu’érotique, vécu dans la perte et dans l’espoir presque désespéré d’une reconquête. L’érotisme, du moins tel qu’on le considère trop souvent, m’apparaît comme un simulacre du désir, une forme dérivée de la société du spectacle, pour saluer au passage Guy Debord. L’amour engage l’être plus complètement, avec sa gravité et sa légèreté. Le pouvoir d’attraction de l’amour irradie en soi et en dehors de soi, et il suffit d’un sac à main ou d’une jupe repliée, comme dans Le Texte impossible, pour faire tournoyer l’univers…
Le texte Lettres d’amour, qui fait partie de La Vie secrète des mots et des choses, peut être considéré comme relevant de l’érotisme, mais c’est un érotisme de langue, complètement débridé et qui est totalement inaccessible aux pauvres humains que nous sommes. Même le plus libertin des libertins serait bien incapable d’accomplir les prouesses, j’allais dire physiques, de ces deux lettres de l’alphabet, la lettre l et la lettre r. L’humour y tient une place essentielle.
En poésie, ce qui compte c’est le « Rasa », la Saveur qui se dégage d’un texte. Cette Saveur peut être, selon les grands auteurs de la tradition poétique hindoue : Érotique (pas dans le sens que ce mot a ordinairement), Furieuse, Héroïque, Horrible, Comique, Pathétique, Merveilleuse, Terrible. Telles sont, selon eux, les « réalités vécues » par le poète…
Biographie
Alain Roussel est né en 1948, à Boulogne-sur-Mer.
Dès l’adolescence, il s’intéresse à l’ésotérisme occidental (plus tard, il lira les livres de René Guénon) et surtout aux spiritualités orientales. Pour l’hindouisme, son approche n’est pas seulement spéculative, et il pratique assidûment la méditation et le hatha-yoga, discipline qui l’amènera à faire des démonstrations publiques, à Bruxelles (journées internationales du yoga au Palais des Congrès, 1967) et Paris.
À la même époque, la poésie l’attire. Après avoir lu Baudelaire, Rimbaud, Verlaine, Mallarmé, il découvre le surréalisme. Il n’a pas encore dix-huit ans. Il se met alors à lire Breton, Desnos, Éluard, Péret, Aragon, Soupault, Duprey, et commence à écrire.
Son premier texte sera publié dans la revue « Créaction » en mars 1969, le deuxième en mai de la même année dans la revue « Phases » que dirigeait Édouard Jaguer.
En 1968 et 1969, il fera des voyages en stop, l’un au mont Athos dont il sera refoulé, faute d’un visa. L’autre le conduira en Inde pour un voyage d’étude sur le yoga.
De 1970 à 1974, il vit à Calais. Il imprime régulièrement sur sa ronéo des textes d’une page sur l’art et la littérature, envisagés sous un angle critique, très inspirés de mai 1968. Cette activité s’inscrivait dans le cadre du mail art, avec de nombreux échanges postaux, en France et à l’Étranger.
Pierre Restany s’intéresse à son travail et l’invite, en 1972, à participer, avec « les nouveaux réalistes », à une exposition qui circulera dans plusieurs pays d’Amérique du Sud.
Vers la fin de 1974, âgé de vingt-six ans, il se remet radicalement en question : pourquoi donc écrire sur l’écriture et sur l’art, et souvent contre eux, alors qu’il a surtout envie d’écrire pour lui ? Il revient donc à la poésie en écrivant « Le poème après le naufrage » qui sera publié plus tard, par PJ Oswald et dont il envoie les pages dactylographiées à quelques correspondants dont Jehan Mayoux qui lui répond aussitôt par une longue lettre. Ce poète trop oublié aujourd’hui fut l’ami de Breton et de Péret, et joua un rôle important auprès de toute une génération de poètes, dont Pierre Dhainaut et Jean-Paul Michel. Sa lettre fut le déclic qu’il attendait : « …Vous avez le don (le talent d’écrire) avec plaisir, avec facilité. Ce don, en lui-même, est sans valeur, on peut en faire un bon ou un mauvais usage… Mieux vaut l’avoir qu’en être dépourvu. Au lieu de perdre votre temps à vous demander ce qu’est l’écriture, s’il faut écrire ou non, écrivez puisque vous en avez envie… »
Dans la foulée, il écrivit directement sur stencil « Le Texte impossible », suivi de nombreux textes. Il aura ainsi publié une trentaine de livres ou plaquettes, notamment chez Plasma, Lettres Vives, Cadex, La Différence, Apogée, Le Cadran ligné, le Réalgar, Maurice Nadeau, Les Lieux-Dits et, cette année, Le Texte impossible, chez Arfuyen.
Il lit beaucoup : Michaux, Paz, Henein, Ponge, les grands poètes et théosophes persans (Sohravardî…)
Si la poésie est essentielle à sa démarche, celle-ci comporte aussi des récits, deux romans, un recueil de nouvelles, des essais.
Il a participé à de nombreuses revues : Phases, Opus International, Poésie d’ici, Surréalisme, L’Autre, Phréatique, La Polygraphe, Supérieur Inconnu, in toto, Voix d’encre, Mai hors saison, La Revue Alsacienne de Littérature, Alcheringa…
Il publie régulièrement des notes de lecture dans « En attendant Nadeau », la revue « Europe » et le site de Pierre Campion, « à la littérature ».
Il a vécu à Boulogne-sur-Mer, Calais, Arles, Bordeaux, Marseille, Paris. Il vit aujourd’hui à Rennes.
Il se considère comme un passager clandestin (nom de son blog) et sa devise est : L’homme qui marche pieds nus dans sa pensée a l’univers entier pour sandales.Bibliographie
- Le poème après le naufrage, PJ Oswald,1977.
- Rétropoèmes (lettre-préface de Pierre Vandrepote), inactualité de l’orage, 1978.
- Les aventures d’Aluminium (couverture de Marianne Van Hirtum), inactualité de l’orage,1979.
- Le Texte impossible (frontispice de Christian Hibon), inactualité de l’orage, 1980.
- La lettre au petit homme noir, Plasma (collection en dehors, dirigée par Jean-Michel Goutier), 1983.
- Le temps d’un train, inactualité de l’orage, 1983.
- La légende anonyme, Lettres vives, 1990.
- Il y aura toujours des gardiens de phare (couverture de Bruno Mathon), Poiein,1992.
- Fragments d’identité, Lettres vives, 1995.
- L’ordinaire, la métaphysique (dessins de Yvon Guillou), Cadex, 1996.
- Rite pour l’aurore, Lettres vives, 1998 (première publication aux Cahiers du Tournefeuille, 1989, avec des collages de Christian Hibon)
- Somnifère d’indien, Wigwam, 1999.
- La poignée de porte, Cadex, 1999.
- L’œil du double, Lettres vives, 2001.
- Ils (monotypes de Florence Barbéris), Cadex, 2003.
- La voix de personne, Lettres vives, 2006.
- Le récit d’Aliéna, Lettres vives, 2007.
- La vie privée des mots, La Différence, 2008.
- Que la Ténèbre soit ! (couverture de Sébastien Hayez), La Clef d’argent, 2010.
- Le gardien des voyages (couverture d’Anna Epp), Pièces à conviction, 2010.
- Chemin des Equinoxes, Apogée, 2012.
- Petit manuel du savoir-vivre en une seule leçon, Le Cadran ligné, 2012.
- Ainsi vais-je par le dédale des jours (dessin de Catherine Waller), Lieux-dits (collection du Loup bleu), 2013.
- Le Labyrinthe du Singe, Apogée, 2015.
- Le boudoir de la langue, (dessins de Georges-Henri Morin), Pierre Mainard éditeur, 2015.
- Un soupçon de présence, Le Cadran ligné, 2015.
- Le livre des évidences (encres de Georges-Henri Morin), éditions des Deux Corps, 2016.
- La phrase errante (desssins de Sandra Sanseverino), éditions le Réalgar (collection l’Orpiment), 2017.
- La Vie secrète des mots et des choses (couverture de Chris Voisard), éditions Maurice Nadeau, 2019.
- Arachné (dessin de Marie Alloy, en quatrième de couverture), éditions Les Lieux-Dits (collection du Loup bleu) 2022.
- Le texte impossible, éditions Arfuyen, 2023.
Sur internet :
Le blog personnel d’Alain Roussel : Passager clandestin de la pensée
https://alainroussel.blogspot.com/
Page wikipedia :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Alain_Roussel
Entretien avec Gérard Noiret du 12 septembre 2023 sur En attendant Nadeau :
https://www.en-attendant-nadeau.fr/2023/09/12/le-texte-impossible-alain-roussel/
Entretien sur RFI avec Pascal Paradou au sujet de La Vie secrète des mots et des choses :
https://www.rfi.fr/fr/emission/20190708-esoterisme-lexicographie-le-poete-alain-roussel