1. Quelques considérations, d’abord.
La caresse de l’écorce, dès le titre, évoque le toucher rugueux. Que touchons-nous, qu’est-ce donc qui nous touche - arborescences multiples de la vie en nous, de la vie avec les autres, dans un monde étrangement reconfiguré par le confinement. Dans le retrait, la solitude, la distance obligatoire, comment « rejoindre le chemin du geste » ?
Irina Dopont, dans le Préambule au recueil, nous éclaire sur la question :
De ce rapport de soi à soi, de soi à l’autre, d’une promiscuité sans échappatoire qui cristallisait en chacun la possibilité du mal est née cette réflexion sur la sauvagerie. Cette gangrène que seul un homme peut infliger à autrui.
Ecrire
la violence infligée aussi à la nature
la violence faite au grand corps social ou au petit groupe privé
violence banalisée au corps intime et sexué
si petit celui de la femme ou de l’enfant
[...]
Comment, ensuite, penser l’après ? Y avait-il l’espoir d’un équilibre nouveau, celui d’une utopie de fraternité ?
Sauver l’homme de lui-même, gageure plus vaste encore
jusqu’au plus petit fragment de certitude
caresser l’écorce
que le fragile lien d’humanité ne se brise
La caresse de l’écorce, poème après poème, explore le toucher dans toutes ses déclinaisons. Car toucher peut tout autant être caresser, palper, effleurer, frôler, cajoler que blesser, entamer, attoucher, affecter, frapper, heurter. À la douceur des caresses s’oppose les plus violents débordements, et des poèmes tels « barbarie ordinaire », « simple stimulus », « n’être femme », « la femme et la putain » deviennent eux aussi des gestes à part entière : des textes sans concessions, engagés, militants.
2. Enregistrement
Dans ce document sonore, Irina Dopont et Monique Lucchini mêlent leurs voix pour lire des extraits de La caresse de l’écorce. L’accompagnement musical est assuré par Marie-Pierre Forrat.
Pour en savoir plus :
http://musimot.e-monsite.com/pages/auteurs/de-a-a-g/irina-dopont.html
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