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Recours au Poème éditeurs

lundi 20 octobre 2014, par Cécile Guivarch

La revue Recours au Poème est entrée dans sa troisième année d’existence. C’est un succès, essentiellement grâce à vous tous, lecteurs, collaborateurs et amis.
Le moment est venu de prolonger l’action poétique menée dans les pages de la revue en créant une maison d’édition associée à la revue, Recours au Poème éditeurs, dédiée exclusivement à la poésie et au format numérique.
La revue et la maison d’édition, deux actions menées conjointement et ayant pour seul objet une extension du domaine de la poésie. Car nous croyons profondément en la nécessité contemporaine de la poésie.
La revue Recours au Poème demeure librement accessible et poursuit son aventure hebdomadaire.
La librairie virtuelle de la maison d’édition Recours au Poème éditeurs est accessible ici. Rien de plus facile que de lire des livres numériques, toutes les explications sur cette page.
Recours au Poème éditeurs, c’est huit collections à découvrir. Quatre de ces collections proposent déjà des ouvrages numériques : Poètes des profondeurs, L’Atelier du poème, Premiers poèmes et Ailleur (s). Nous vous laissons le plaisir de découvrir leurs spécificités éditoriales, ainsi que les autres collections à venir sous peu.
Nos six premiers livres numériques sont disponibles et à découvrir, ainsi qu’un autre mode de relation entre lecteurs et éditeurs grâce à deux formules d’abonnements aux livres édités : abonnement découverte et abonnement illimité. Recours au Poème éditeurs publiera soixante livres cette année.
Notre revue et notre maison d’édition en ligne sont deux modes simultanés et indissociables de l’action poétique que nous croyons nécessaire dans ce monde comme il ne va pas :
« Tout est à recommencer », Octavio Paz.
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Matthieu Baumier & Gwen Garnier-Duguy

Extraits de Septembre déjà, Pascal Boulanger


Septembre s’allonge sur la ville
les morts les vivants les protègent
Tu rêves midi n’a pas d’âge tu rêves
d’un feuillage de liège
d’une fontaine sous les verrous du soleil
Tu détaches une à une les étoiles
tu peux dormir en paix
tes enfants n’oublieront pas
la musique les dimanches
le silence du hameau
Des clartés temporisent

*
Septembre dans ta paupière
cogne sans fin
Les jours sans ton prénom
tu ne pleures pas
tu longes comme une ombre
le fleuve où veille Cerbère

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Extraits de La marche de l’aube, Gérard Bocholier

Les vendangeurs se relèvent
Au bout des rangs presque sombres
Les oiseaux du ciel attendent
Leur départ au crépuscule
Graines perdues écrasées
La mort prépare l’épreuve
De vérité qui transperce
Le dernier instant d’enfance

*

Le soir vient le vent s’apaise
Dans la mémoire aussi tremblent
Parmi la brume des flammes
Des morts flottant les visages
Notre nuit avec eux semble
Moins seule un sourire d’ange
Glisse le passant avise
Un porche pour nous attendre

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Extraits de Le bel amour, Michel Cazenave

POÉSIE ?

Il ne sert à rien de dire. Et encore beaucoup plus :
on se perd en parlant,
On s’exile de soi-même. Même si c’est nécessaire.
Ou à peine de l’autisme.
La poésie, ne serait-ce pas dès lors la parole qui
nous dit sans pouvoir rien nous dire, le
langage du silence où s’exprime le silence – de
devoir se briser ?

*

Une feuille qui balance : le crissement de sa tige :
vraie parole de poète.

*

La Nature est poète – qui se fabrique sans cesse.
Natura : le participe futur de nascor – ce qui est en
passe de naître.
Ce qui va toujours advenir en se forçant à venir à la
lumière du soleil.

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Extraits de Vent sacré / Anthologie de la poésie féminine amérindienne, Béatrice Machet

DIANE GLANCY

Indian Summer

There’s a farm auction up the road.
Wind has its bid in for the leaves.
Already bugs flurry the headlights
between cornfields at night.
If this world were permanent,
I could dance full as the squaw dress
on the clothesline.
I would not see winter
in the square of white yard-light on the wall.
But something tugs at me.
The world is at a loss and I am part of it
migrating daily.
Everything is up for grabs
like a box of farm tools broken open.
I hear the spirits often in the garden
and along the shore of corn.
I know this place is not mine.
I hear them up the road again.
This world is a horizon, an open sea.
Behind the house, the white iceberg of the barn.

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Été Indien

La ferme en haut de la route est vendue aux
enchères.
Le vent annonce son offre de feuilles.
Déjà les insectes se ruent en nuées dans les phares
entre les champs de maïs la nuit.
Si ce monde était permanent,
je pourrais danser en plénitude comme la robe de
squaw
sur le fil à linge.
Je ne verrais pas l’hiver dans le carré de lumière
blanche
projetée par la lampe de jardin sur le mur.
Mais quelque chose me tire.
Le monde va à sa perte et j’en fais partie
puisque je migre quotidiennement.
Tout est à portée de main à saisir
comme dans une ferme une boîte à outils éventrée.
J’entends souvent les esprits dans le jardin
et le long des rivages de maïs.
Je sais que ce lieu n’est pas mien.
Je les entends en haut de la route de nouveau.
Ce monde est un horizon, une haute-mer.
Derrière la maison, le blanc iceberg de la grange

Extrait de L’ordre du silence, Gérard Bocholier

La ville s’est coupée les veines
Et son cœur bat
Une horloge sous la mer
Sonne le glas
Tout est désert
La campagne s’est peuplée de vent
Voici que l’on apprend l’usage du silence
La maison n’a plus rien à elle
Ni toit solide
Ni chevrons
Les portes s’ouvrent sur l’herbe
Les rideaux plongent dans les airs
Au bord approchent les provinces
Toutes routes bien rassemblées
Talus dressés pour les offrandes
Grottes et champs
Hautes moissons
Les arbres grimpent dans les chambres
Quand on entre
Une odeur surgit
Un peu comme l’âme du monde
Puis des escortes de pierrailles
Les feux de l’automne
L’ongle de l’hiver
L’incendie commence
Il ronge l’herbe
Le toit du monde

Extrait de Aragon/La fin et la forme, Lucien Wasselin

Le Fou d’Elsa : Poème ou roman ?

La question n’est pas inutile : poèmes et longues proses apparaissent au premier coup d’œil. De plus Aragon n’a-t-il pas intitulé Le Roman inachevé, un recueil de poèmes publié en 1956 ? Une lecture plus minutieuse met en évidence des textes aux statuts divers. Le premier texte du Fou d’Elsa, dont l’incipit est célèbre (« Tout a commencé par une faute de français »), relève de l’essai, du récit autobiographique
en tout cas, même si parfois le lyrisme emmène le lecteur sur les rives de la poésie en prose : « Pourquoi créons-nous des pays légendaires, s’ils doivent être l’exil de notre cœur ? » Mais ce texte est vite interrompu par un poème (Chant liminaire) laissant apparaître un JE qui peut être Boabdil ou Aragon lui-même.
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7 nouveaux livres paraissent début novembre, avec comme auteurs entrant dans notre catalogue : Danièle Faugeras, Horacio Castillo (l’un des trois plus grands poètes argentins du 20e siècle), Dara Barnat (Israël), Michel Cosem, Sabine Huynh (au sujet de Ginsberg), Barry Wallenstein (Etats-Unis) et Gaspard Hons (réédition de son premier recueil).

Puis en décembre : Réginald Gibbons (Etats-Unis), Leandro Calle (Brésil), un impressionnant volume d’entretiens sur la poésie entre Armand Gatti et Claude Faber, la réédition du premier recueil de Gwen Garnier-Duguy, une anthologie des poèmes d’Elie-Charles Flamand, une anthologie de la poésie corse actuelle orchestrée par Angèle Paoli, un Atelier du poème consacré à Perros par Jean-Marie Corbusier.


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