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Péninsule - maison de la poésie du Cotentin

mardi 31 janvier 2023, par Cécile Guivarch

Bonjour chère Adeline Miermont-Giustinati, cet été vous avez créé une nouvelle maison de la poésie, à La Hague, dans le Cotentin. Pouvez-vous nous dévoiler ce qui a motivé cette aventure ? Cette envie de promouvoir la poésie dans le Cotentin ? Et pourquoi ce beau nom : Péninsule ?

J’avais depuis longtemps l’envie de participer, en plus de ma pratique d’écriture, à la diffusion et la mise en valeur de la poésie. Avoir un lieu est également un rêve ancien. Je pensais d’abord à un endroit qui ferait librairie, expo, lectures, rencontres, un petit refuge également pour les personnes qui veulent écrire ailleurs que chez eux et trouver des ressources, échanger avec d’autres qui partagent la même passion. Je n’avais pas d’emblée penser à proprement parler à une « maison de poésie ». Cela me paraissait « trop gros » comme projet, et pensais qu’il fallait être plusieurs personnes, professionnelles de la médiation culturelle, pour pouvoir le faire. Mais j’ai rencontré un groupe de femmes animant des ateliers d’écriture et des siestes poétiques au Moulin Marie Ravenel, du nom d’une bergère meunière poétesse du XIXe siècle, aujourd’hui tombée dans l’oubli. Elles avaient l’idée d’une maison de poésie, d’autant qu’il n’y en qu’une pour l’instant en Normandie : La Factorie de Rouen. Justement ces femmes avait déjà contacté son directeur et nous nous sommes tous rencontrés en 2021. Puis le projet a germé, nous avons appris que nous ne pouvions pas utiliser le Moulin pour en faire une maison de poésie, le groupe de femmes m’ont ensuite confié le projet et je me suis lancée dans l’aventure d’une structure pour l’instant itinérante (et qui je l’espère ne le restera pas), en partenariat avec la Factorie, en 2022. Une première soirée a été organisée dans le cadre des « Poètes n’hibernent pas », en janvier, avec Laure Gauthier et Olivier Mellano, en préfiguration de la création de la maison, qui existe officiellement depuis cet été, et s’appelle La Péninsule. Ce nom m’est venu car je cherchais quelque chose de simple et correspondant à la région. Or le Cotentin est une péninsule, une presqu’île. J’aime cette idée d’ « îlot de résistance » au monde moderne, ultra technologique, rationnel et mercantile. Ainsi que le côté « presqu’île » qui exprime bien la dimension « lien » que la poésie et un lieu dédié à celle-ci peut créer entre les gens et sur un territoire.

Comment s’organisent donc les rencontres, les projets dans le cadre de Péninsule ? Quelles rencontres ont déjà eu lieu ? Comment se sont-elles mises en place ?

Pour l’instant, je porte le projet, je démarche des lieux, je rencontre les collectivités territoriales, les auteurs locaux, les libraires, les bibliothèques, je communique beaucoup dans les médias et sur les réseaux sociaux, afin de faire connaître le projet et organiser des actions. J’ai commencé à animer moi-même des ateliers d’écriture et de découverte de la poésie, dans des lieux culturels de Cherbourg (tiers-lieu, galerie, château). Je fais beaucoup de choses par moi-même, mais j’ai la chance d’être soutenue par la Maison de Normandie ainsi que Normandie Livre et Lecture. En 2022, il y a donc eu cette soirée à la galerie La Bouée, à Cherbourg, pour une lecture-concert, dans le cadre du festival d’hiver de la Factorie. Puis, pour les Journées du Patrimoine, j’ai organisé des lectures et des ateliers au château de Carneville, dans le Val de Saire. Depuis cet automne, je constitue des dossiers de demande de financement auprès des collectivités et je cherche également des adhérents et des bénévoles pour l’association que j’ai créée.

Je suppose qu’il y a quelques poètes ou actions poétiques déjà en place dans le Cotentin, pouvez-vous nous en parler ?

Les poètes que je connais pour l’instant dans le Cotentin sont François David (auteur et fondateur des éditions Motus) et Isabelle Grout (publiée à La Feuille de thé). Ils ont participé aux Journées du Patrimoine en septembre dernier avec des lectures et des ateliers. Il y a probablement d’autres poètes, publiés ou non, que je ne connais pas encore et que j’ai hâte de rencontrer. Une jeune femme bibliothécaire m’a contactée récemment. Elle s’appelle Margaux Etasse et écrit magnifiquement. J’aimerais la faire participer au projet.
J’en profite pour préciser que je souhaite donner un angle, une couleur particulière à cette maison : une place importante sera donnée aux autrices et au sonore - j’ai à ce titre créé un podcast qui s’intitule L’Oreille de la Péninsule avec une première émission sur la poésie de Gabriel Garran, la deuxième mettra à l’honneur Mylène Tournier et les éditions Lurlure (basées à Caen), avec un entretien avec l’autrice, son éditeur Emmanuel Carroux et la lecture d’extraits de Je t’aime comme, qui m’a été offert et constitue le premier ouvrage de la poéthèque de la Péninsule.

Mais je suppose aussi que la Péninsule ne s’arrêtera pas qu’à ces seuls poètes du Cotentin, alors à titre personnel, chère Adeline, quels auteurs aimez-vous et aimeriez-vous inviter à La Hague ?

Bien sûr l’idée est de faire venir des poètes de partout, et comme je veux faire la part belle aux autrices, j’aimerais en inviter. Il y en a beaucoup que j’aime. En Normandie, il y a Nathalie de Courson, Mélanie Leblanc, Lara Dopff, Isabelle Grout. Plus loin, j’aimerais faire venir Élisa Darnal, Florentine Rey, Laure Gauthier, Estelle Fenzy, Perle Vallens, Jeanne Benameur, Hélène Dorion, Caroline Boidié, Perrine Le Querrec, Maud Thiria, et bien d’autres que je n’ai pas encore lues.

Et enfin, pour conclure, quels sont les projets à venir ?

Cet automne, j’ai rédigé un programme 2023 avec quatre temps forts :
Les Poètes n’hibernent pas, le 13 janvier à l’Autre lieu, avec Pascal Dubost, Marie-Christine Gordien et Alexis Pelletier.
La Journée de lutte pour les droits des femmes, le 8 mars, avec une performance de la slameuse rennaise Rouge feu, et un podcast sur les revues portées par des femmes.
Le Printemps des poètes sur le thème « Frontières » avec des ateliers d’écriture ouvert à tous en amont (février) et un rendu public en avril (car je suis en résidence en mars et participe au festival Les Incarnés au Havre), avec la lecture publique des textes écrits par les participants.
Les Journées du Matrimoine organisée par la Région Normandie en septembre, avec des ateliers et des lectures avec notamment Laure Gauthier.


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